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COMPTES RENDUS DES SÉANCES

DE

L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

ET BELLES-LETTRES

PENDANT L'ANNÉE 1908

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST BABELON

SÉANCE DU 3 JANVIER

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST BABELON.

Avant de quitter le fauteuil de la présidence, M. S. REINACH prononce l'allocution suivante :

«MES CHERS CONFRÈRES,

« Il me semble que, depuis deux ou trois semaines, je sais mon métier de président. Votre bienveillance m'a permis de l'apprendre sans qu'il en coûtât à mon amour-propre; vous avez même paru ne pas remarquer les fautes qu'un zèle inexpérimenté me faisait commettre. J'ai encore d'autres raisons de vous témoigner ma gratitude. L'année de ma présidence a été plus heureuse que la statistique de la fragilité humaine ne le laissait espérer; elle m'a valu la joie de rendre hommage, en votre nom, à la robuste et glorieuse vieillesse d'un confrère. Nos séances ont été très suivies, remplies de communications intéressantes;

1908.

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je n'ai pas été obligé d'en lever une seule, faute de lecteurs inscrits à l'ordre du jour. Grâce aux modifications apportées à nos règlements ou à nos usages, les courtes lectures, faites au début des séances, sont devenues plus nombreuses; bref, l'activité de notre ruche ne s'est pas démentie, et j'ai même le sentiment très net qu'elle s'est accrue.

« L'an dernier, à pareille date, j'exprimais le regret que nos séances commençassent toujours trop tard; ce répit initial, qu'on appelle ailleurs le quart d'heure académique, était déjà devenu une demi-heure et tend, je le crains, à grandir encore. Notre inexactitude hebdomadaire ne se manifeste qu'au début de nos réunions; elles se terminent toujours régulièrement à cinq heures. Cela n'est pas une excuse, mais plutôt une aggravation de nos torts. Aussi n'est-ce pas sans surprise que j'ai lu dans l'histoire de notre Compagnie, publiée récemment par son Secrétaire perpétuel, cette phrase troublante: « Nous avons tous une même passion, celle de l'exactitude. » Réflexion faite et après examen du contexte, je me suis assuré que M. Perrot entendait par là cette précision scientifique qui, en effet, nous tient fort à cœur; mais avouons que l'autre espèce d'exactitude nous préoccupe moins. Il est malaisé de remonter les pentes où l'indolence se laisse glisser; je m'y suis employé sans succès; si mon successeur réussit là où j'ai échoué, je l'en féliciterai bien cordiale

ment.

<«< Laissez-moi dès aujourd'hui, Messieurs, féliciter notre nouveau président, mon vieux compagnon des fouilles de Gightis et de Carthage, où nous apprîmes, il y a vingt-quatre ans, à nous connaître et à travailler ensemble. Le meilleur souhait que je puisse former pour lui, c'est, quand à son tour il rentrera dans le rang, de garder de sa présidence des souvenirs pareils à ceux que j'emporte, avec la conscience d'avoir maintenu ces traditions courtoises et laborieuses qui font le charme et la dignité de nos

travaux.

« J'invite M. Babelon à occuper le fauteuil du président, et M. Bouché-Leclercq, vice-président, à prendre place à côté de lui. »

M. BABELON, en prenant le fauteuil de la présidence, prononce le discours suivant :

«MES CHERS CONFRÈRES,

<< L'honneur très grand auquel viennent de m'appeler vos suffrages, et qui m'échoit aussi par mon rang d'ancienneté à l'Académie, m'impose un premier devoir qu'il m'est agréable de remplir c'est de remercier en votre nom le Président sortant.

« Il y a quelques semaines, en ouvrant notre séance publique de rentrée et tout à l'heure encore, le confrère de qui je reçois l'investiture, jetant un regard d'ensemble sur l'année écoulée, constatait avec complaisance l'abondance presque débordante des communications faites à nos séances, la variété et l'intérêt des découvertes scientifiques qui nous ont été apportées par notre correspondance hebdomadaire, l'ampleur qu'ont prise nos Comptes rendus, enfin le travail particulièrement fécond de nos Commissions. Vous reconnaîtrez avec moi, Messieurs, que l'activité personnelle de votre Président n'a pas été étrangère à ce développement de notre vie académique.

« Il a si brillamment rempli sa tâche qu'il rend la mienne moins aisée. Je ne saurais me flatter de prodiguer, dans l'exercice de la magistrature académique, une pareille bonne grâce, une ardeur aussi entraînante et surtout une compétence aussi universelle. Vous subissez aujourd'hui, Messieurs, l'inéluctable loi du changement, et j'appréhende de vous en faire éprouver quelque regret. J'espère au moins, et c'est bien là mon vœu le plus cher, qu'il me sera épargné la douloureuse épreuve que mon prédécesseur a, une fois, subie, celle de dire l'adieu suprême à quelqu'un de mes confrères.

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La vice-présidence, qui est une si agréable période d'initiation, m'a fait comprendre que, pour être un bon président, il ne suffit pas de se montrer l'interprète scrupuleux et circonspect d'un règlement que personne ne songe à violer. Il faut deux autres qualités que toute votre bienveillance ne saurait me donner c'est l'expérience et le sentiment de la dignité de l'Académie.

« Je songe que la Compagnie aux travaux de laquelle je suis appelé à présider pendant un an, jouit aux yeux du public de l'autorité scientifique qui lui vient, à la fois, de son passé et de la renommée de chacun de vous. Si cette pensée jette quelque

trouble dans mon esprit, je sens pourtant qu'elle doit me servir d'inspiration constante et guider mes actes et mes paroles.

<< Pour rassurer ma bonne volonté mise à l'épreuve, notre cher et si dévoué Secrétaire perpétuel me permettra de m'appuyer sur ses avis et son expérience: il est le gardien vigilant de nos traditions, le conseiller averti et permanent de votre Bureau.

«En même temps que je vous exprime toute ma gratitude pour vos suffrages, Messieurs, je vous propose de voter, par acclamation, des remerciements au Président sortant, M. Reinach. >>

M. le baron DE COURCEL adresse au Secrétaire perpétuel la lettre suivante :

Monsieur le Secrétaire perpétuel et honoré Confrère,

L'Académie française, l'Académie des inscriptions et belles-lettres et l'Académie des sciences morales et politiques ont bien voulu se charger à ma demande, il y a quelques années déjà, de décerner alternativement un prix triennal fondé pour l'encouragement des études mérovingiennes et carolingiennes.

L'expérience a fait voir que le mode de procéder ainsi prévu n'était pas sans inconvénient, parce que les travaux auxquels chacune des trois Académies doit porter un intérêt plus spécial se répartissent le plus souvent d'une manière inégale entre les périodes qui leur sont respectivement dévolues. On a fait observer qu'au lieu d'appeler ces compagnies savantes à rendre chacune à son tour, de neuf en neuf ans, un verdict séparé, il y aurait avantage à les associer dans un jugement collectif qu'elles prononceraient de commun accord tous les trois ans.

Pour ce qui me concerne, je donne volontiers mon assentiment à cette modification de la procédure primitive, s'il convient aux Académies de l'adopter. On pourrait donc décider qu'à l'avenir le prix dont il s'agit sera décerné de trois ans en trois ans par un vote concordant des trois Académies, après avis d'une Commission où chacune d'elles serait représentée par son Secrétaire perpétuel, assisté d'un délégué spécial.

Je me permets seulement d'insister sur deux conditions, déjà exprimées, si je ne me trompe, dans l'acte de fondation.

La première, c'est que le prix soit décerné par les Académies motu proprio, c'est-à-dire sans attendre la sollicitation des auteurs,

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