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ce livre très noir qu'ils ont touché en rendant hommage (voyez plus haut), et dans ce livre ils sont enregistrés par la griffe du Diable.

22. Dixièmement, ils promettent au Diable, à des époques déterminées, des sacrifices et des offrandes : tous les quinze jours, ou au moins tous les mois, le meurtre de quelque enfant, ou un sortilège homicide, et chaque semaine d'autres méfaits au préjudice du genre humain, tels que grêles, tempêtes incendies, épizooties, etc.

23. Onzièmement, ils sont marqués par le Démon de quelque signe, ceux surtout dont la constance lui est suspecte. Ce signe, du reste, n'est pas toujours de même forme ou figure tantôt c'est l'image d'un lièvre, tantôt une patte de crapaud, tantôt une araignée, un petit chien, un loir. Il s'imprime dans les endroits du corps les plus cachés chez les hommes, sous les paupières, ou sous l'aisselle, ou sur les lèvres, sur l'épaule, au fondement ou ailleurs; quant

aux femmes, c'est généralement aux seins ou aux parties sexuelles. Maintenant, le cachet qui imprime ces marques n'est autre que la griffe du Diable. Tout ceci étant accompli suivant les instructions des Maîtres qui ont initié les Novices, ces derniers, pour conclure, promettent de n'adorer jamais l'Eucharistie; d'accabler d'insultes tous les Saints et surtout la Très Bienheureuse Vierge Marie; de fouler aux pieds et vilipender les Saintes Images, la Croix et les Reliques des Saints; de ne jamais faire usage des Sacrements ou cérémonies sacramentelles, sinon pour les maléfices; de ne jamais faire au prêtre la confession sacramentelle complète, et de lui cacher toujours leur commerce avec le Démon. Le Démon, de son côté, s'engage à leur donner toujours prompte assistance, à combler leurs vœux en ce monde, et à les rendre heureux après leur mort. La profession solennelle ainsi accomplie, chacun d'eux se voit assigner un Diable, appelé Magistelle ou Petit-Maître, avec lequel il se retire en particulier pour consommer l'union charnelle; ce Diable, naturellement, a la forme

d'une femme si l'initié est un homme ou la forme d'un homme, et quelquefois d'un satyre, quelquefois d'un bouc, si c'est une femme qui est reçue sorcière.

24. Mais, demandera-t-on aux Auteurs, comment se fait-il que le Démon, qui n'a pas de corps, ait cependant avec l'homme ou la femme un commerce charnel? Ils vous répondent tout d'une voix que le Démon emprunte le cadavre d'un autre être humain, mâle ou femelle, suivant le cas, ou bien qu'il se forme avec d'autres matières un corps à l'aide duquel il s'unit à l'homme. Et lorsqu'il prend aux femmes la fantaisie de concevoir des œuvres du Démon (ce qui n'a lieu que du consentement et suivant le désir exprès desdites femmes), le Démon se transforme en succube femelle, et juncta homini semen ab eo recipit; ou bien, il provoque chez cet homme, dans son sommeil, quelque rêve lascif suivi de pollution, et semen prolectum in suo nativo calore, et cum vitali spiritu conservat, et incubando fœminæ infert in ipsius matricem, d'où résulte la conception. C'est là

ce qu'enseigne Guaccius, livre I, chap. 12, en apportant à l'appui de sa thèse une foule de citations et d'exemples empruntés à divers Docteurs.

25. D'autres fois aussi le Démon, soit incube, soit succube, s'accouple avec des hommes ou des femmes dont il ne reçoit rien des hommages, sacrifices ou offrandes. qu'il a coutume d'imposer aux Sorciers et aux Sorcières, comme on l'a vu plus haut. C'est alors simplement un amoureux passionné, n'ayant qu'un but, un désir : posséder charnellement la personne qu'il aime. Il y a de ceci une foule d'exemples, qu'on peut trouver dans les Auteurs, entre autres celui de Menippus Lycius, lequel, après avoir maintes et maintes fois paillardé avec une femme, en fut prié de l'épouser; mais un certain Philosophe, qui assistait au repas de noces, ayant deviné ce qu'était cette femme, dit à Menippus qu'il avait affaire à une Compuse, c'est-à-dire à une Diablesse succube : aussitôt notre mariée de s'évanouir en gémissant..... Lisez là-dessus Coelius Rhodiginus,

Antiq., livre XXIX, chap. 5. Hector Boethius, Hist. Scot., raconte aussi le cas d'un jeune Écossais qui, pendant plusieurs mois, reçut dans sa chambre, quoique les portes et fenêtres en fussent hermétiquement fermées, les visites d'une Diablesse succube, de la plus ravissante beauté; caresses, baisers, embrassements, sollicitations, cette Diablesse mit tout en œuvre ut secum coiret : ce qu'elle ne put toutefois obtenir de ce vertueux jeune homme.

26. On peut lire encore nombre d'exemples de femmes sollicitées au coït par le Démon incube, et qui, si elles répugnent d'abord à sauter le pas, se laissent bientôt fléchir par ses prières, ses larmes, ses caresses; c'est un amoureux fou, il faut lui céder. Et quoique ceci résulte parfois des maléfices de quelque sorcier, qui emploie le Démon comme intermédiaire, il n'est point rare cependant que le Démon agisse pour son propre compte, comme l'écrit Guaccius; et ce n'est pas seulement aux femmes qu'il s'attaque, mais aussi aux juments: sont

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