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Il se mit à la recherche des princesses, et tout en courant il cornait. La plus belle des trois dit à ceux qui l'emmenaient :

--

J'entends le corne' de mon mari, je veux aller avec lui.

Non, répondirept-ils, ce n'est pas le sien, c'est celui de quelque chasseur.

Laissez-moi, c'est le corne de mon mari.

Ils finirent par la làcher, et elle retrouva Quarante-Ans, avec lequel elle se maria.

(Conté en 1881 au château de la Saudraie, par Ange-Marie Fourchon, de Saint-Glen, âgé de 13 ans).

VI

LE PRESSOIR ET LA BETE

1

Il était une fois une bonne femme qui avait une fille si gentille et si avenante que le dimanche la maison était remplie d'amoureux. Un des galants, qui probablement ne déplaisait pas à la jeune personne, vint la demander en mariage à sa mère.

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Je le veux bien, répondit-elle, car tu es un bon garçon et un travailleur, et je crois que ma fille ne te voit pas d'un mauvais œil; mais il faut que tu te soumettes auparavant à une épreuve. Toutes les nuits une bête qui dévore les gens vient dans notre grange: si tu peux lui échapper, je te donnerai ma fille.

J'essaierai, dit le garçon.

La nuit venue, la bonne femme l'enferma dans la grange après lui avoir laissé plusieurs chandelles de résine, afin qu'il pût voir ce qui se passerait.

A minuit, il vit sortir de dessous le pressoir une bête d'une grandeur épouvantable et horrible à regarder, qui s'avança vers lui comme il était courageux, il ne recula pas.

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Tu es brave, dit la bête: veux-tu jouer avec moi à Perçoirine perçoirette?

La trompette.

Quel jeu est-ce ?

Il consiste à se coucher sur le tablier du pressoir, et à se laisser serrer par les vis qui servent à presser les mottes de cidre. Quand tu auras subi cette épreuve, je me mettrai à mon tour dans la même posture.

Bien, dit le garçon, mais tu cesseras de serrer quand je crierai: assez!

Il se coucha sur le tablier du pressoir et la bête se mit à faire tourner les vis: dès que le garçon sentit qu'elles le touchaient, il cria d'arrêter, et la bête desserra aussitôt.

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La bête se coucha à son tour, et le garçon se mit à faire à manœuvrer les vis; mais la bête eut beau crier, il ne cessa de la serrer que quand elle fut morte et écrasée.

Le lendemain, la bonne femme vint voir ce qui s'était passé, et elle fut bien surprise de la grosseur de la bête qui, bien que morte, faisait encore peur.

Le jeune garçon épousa peu après la fille; il y eut de belles noces, et moi qui y étais, on me mit à m'en aller le soir, et c'est tout ce que j'en eus.

(Conté par Aimé Pierre, de Liffré, 1876)

PAUL SEBILLOT.

ACTE DE DÉCÈS

DU GÉNÉRAL

ATHANASE CHARETTE DE LA CONTRIE

En parcourant le registre de l'état civil de la ville de Nantes, Section Fraternité et Agriculteurs, an IV de la République, un hasard inattendu mit sous nos yeux, au folio 65, l'acte suivant que nous avons tout lieu de croire inédit :

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« Le vingt-cinq germinal an IV de la République une et indivi«sible, à trois heures du soir, devant moi Louis Ogier, officier « public, élu pour constater l'état civil des citoyens, ont comparu << en la maison commune, Pierre Haudaudine, négociant et officier municipal de cette commune, âgé de trente-huit ans, demeurant • section Jean-Jacques, Cours du Peuple, et Jean-Julien Grasset, « homme de loi, âgé de cinquante-deux ans, demeurant section de la « Halle, rue Jean-Jacques-Rousseau, lesquelles (sic) m'ont déclaré « que François-Athanase Charette de la Contrie, ci-devant lieutenant de vaisseau, natif de Couffé en ce département, époux « d'Angélique Josnet de la Doussetière, est mort le neuf de ce mois « à cinq heures du soir, section et place des Agriculteurs, âgé de << trente-trois ans. D'après cette déclaration et le procès-verbal de « Jean-Michel-Emmanuel Petit, commissaire de police, qui s'est «assuré du décès dudit François-Athanase Charette de la Contrie, « j'ai rédigé le présent acte que les comparans ont signé avec moi « lesdits jour et an.

« Haudaudine, officier municipal; Ogier, officier public; Grasset. D

TOME VIII. JUILLET 1892

4

Le comte Alexandre de Monti de Rezé, dans son récent ouvrage : Documents généalogiques. La maison de Charette. Nantes, E. Grimaud, 1891; Benjamin Fillon, Procès-verbal du moulage de la figure de Charette; Michaud et Levot, dans leurs Biographies ; Bouvier des Mortiers et d'autres auteurs et historiens ne mentionnent pas l'acte de décès de l'illustre chef vendéen.

Le 9 germinal an IV, jour de son exécution sur la place Viarme, correspond au 29 mars 1796; le 25 germinal, date de l'acte, revient au 14 avril de la même année, soit dix-sept jours d'intervalle, ce qui peut expliquer comment ce document a dû échapper aux recherches qui en auraient été faites.

Un autre exemple du peu de régularité apportée à cette époque dans la tenue des registres est l'acte de décès, inscrit au folio 68 du même registre, de Philippe-Jean-Joseph Charette de la Colinière, mort le 1er germinal (21 mars 1796), huit jours avant l'exécution du général, et également « à cinq heures du soir, place et section des Agriculteurs, » dans la maison que possédait la famille de Charette à l'ouest de la place Viarme, à peu près à l'angle de cette place et de la rue de Miséricorde. Ainsi trente-trois jours séparent la date du décès de celle de son enregistrement.

Charette reçut donc la mort à quelques pas du mur d'une propriété patrimoniale de sa famille; et les balles qui brisèrent son existence, après avoir traversé la porte, aujourd'hui conservée à la Contrie, allèrent se perdre dans les carrés du jardin de ses proches parents du même nom.

味鮮味

VARIÉTÉS BRETONNES

ENCORE L'UZEMENT DE NANTES

EN VERS FRANÇAIS

M. de Gourcufl, continuant la série de ses curieuses découvertes bibliographiques bretonnes, résume dans le dernier numéro de cette Revue (juin 1892) un mémoire en vers du sieur Maugendre, procureur au Parlement de Bretagne, au sujet de l'interprétation de l'article 1er de l'Usement de Nantes (Imp. à Rennes, N. P. Vatar 1764). Ce mémoire répond à un autre, en vers aussi, et M. de Gourcuff regrette de ne pas connaître cette attaque qui donna lieu à la réponse qu'il analyse. Je peux combler ses désirs, et je possède cette plaquette, qui elle-même réplique à une première du procureur Maugendre. Ce n'est donc pas la faute à Goguet, c'est Maugendre qui a commencé.

Ce poème (!), signé en effet de Me Goguet, avocat', est imprimé à Rennes chez N. P. Vatar en 1762 (24 pp. in-8°). Il est intitulé : « Réponse en vers du sieur Nicolle au mémoire du sieur Vinet et consorts, au sujet de l'interprétation de l'article 1 de l'Usement de Nantes. >>>

Je pense que ce Goguet appartenait à la famille nantaise Goguet de Boishérault; il est inscrit sous le nom de Mathurin Goguel, comme exerçant depuis 1727, au Tableau des Avocats au Parlement de Bretagne pour 1755 et 1756 (Imp. à Rennes chez G. Vatar in-40). C'était donc un vieux praticien à l'époque où la Muse le visita.

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