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très intéressant chapitre de l'histoire religieuse de la Bretagne; ses collègues de l'Association bretonne, qui tiendront leur prochain congrès dans la vieille cité du pays de Retz, lui en sauront particulièrement gré. O. DE G.

GUIDE DU VOYAGEUR DANS LA PRESQU'ILE DE RHUYS, par M. l'abbé Max. Nicol, président de la Société polymathique du Morbihan. Vannes, librairie Lafolye, 1892.

Une récente excursion dans la presqu'ile de Rhuys double à mes yeux l'intérêt du petit livre que vient de publier M. l'abbé Nicol. Tout ce que l'on peut souhaiter de connaitre- ou de se rappeler- sur l'aspect, l'histoire, les saints, les grands hommes de ce pays, un des plus attachants de la Bretagne, vous le trouverez résumé dans ces quatrevingts pages. Le résumé est d'un Breton, et qui mieux est d'un Breton de Sarzeau, parlant pro aris et focis; il est d'un fin critique, qui a sur le style de Gil Blas ce délicat aperçu : « C'est plaisir de voir voler les flèches < quand la corde de l'arc paraît à peine tendue ; » il est encore, puisque j'en suis à définir M. l'abbé Nicol, d'un vrai poète. Je me suis armé de grosses lunettes pour chercher la petite bète dans le livret de M. l'abbé Nicol, et je ne l'ai pas trouvée ; d'autres feraient cet aveu à leur honte, je le fais avec un sincère plaisir.

O. DE G.

MÉDAILLONS BRETONS, par Olivier de Gourcuff.
librairie Lafolye, 1892.

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Notre collègue M. Olivier de Gourcuff vient de publier, sous le titre Médaillons bretons, une charmante petite plaquette où il a buriné tour à tour la physionomie grave et douce de la bonne duchesse Anne de Bretagne, protectrice des Bretons, celle rude et fière du connétable de France Olivier de Clisson, et du Colomb breton Jacques Cartier, celle fine et railleuse de Le Sage, l'auteur de Turcaret, et celle tendre et mélancolique d'Hippolyte Lucas, le poète des Heures d'Amour. Mais s'il a glorifié ces personnages illustres dans la littérature, dans le gouverne. ment, dans la marine et dans l'armée, il n'a pas oublié les humbles et il a célébré le vainqueur de la course de Saint-Brieuc à Brest dans un sonnet qui se termine par un trait du plus pur patriotisme.

Notre Revue a inséré dans son dernier numéro, au milieu du compte rendu des fêtes qui ont eu lieu à Vannes à l'occasion de l'inauguration du monument de Le Sage dans cette ville, la pièce que Olivier de Gourcuff a composée en l'honneur du célèbre écrivain breton, et cette poésie habilement rimée peut donner une idée excellente du talent de l'auteur des Médaillons bretons. Qu'il me soit permis, cependant, de citer la fin d'une autre pièce, supérieure peut-être à la précédente : je veux parler de celle en l'honneur de Jacques Cartier. Après nous avoir montré ce hardi marin découvrant le Canada et le donnant à la France, après nous avoir montré l'Angleterre arrachant à la Mère-Patrie, par droit de conquête, cette terre toute française de cœur et d'âme, le poète s'écrie :

Mais fol est qui rêva d'écraser notre race!
Sous les exactions d'un despote vainqueur
Le Canada n'est pas moins français que l'Alsace :
L'étranger a le corps, la Patrie a le cœur.

Tout est resté français dans cette colonie ;

Notre langue y conserve, après plus de cent ans,
Ses grâces de bon ton, son limpide génie
Que n'ont pas altéré les souffles décadents.

Malgré l'éloignement, le temps et la conquête,

Le Canada français s'est gardé tout entier.
Puisque ce fier pays sublimement s'entėte,

Béni sois tu, Colomb breton, Jacques Cartier !

N'est-ce pas là de beaux sentiments, largement exprimés, et ce fragment ne donnera-t-il pas à nos lecteurs un désir plus vif encore d'admirer la galerie tout entière des Médaillons bretons ?

D. C.

LE JOURNAL DU CHIRURGIEN-MAJOR DE LA FRÉgate L'ArÉthuSE par le docteur FÉLIX CHARYAU (1812-1814), par R. Le Beau, commissaire de la marine. — Paris, librairie de L. Baudoin, 1892.

Il est toujours intéressant de connaître les travaux de ses concitoyens ; aussi M. A. Le Beau, commissaire de la marine à Nantes, a-t-il bien fait de publier le journal du docteur Charyau, originaire de Nantes et chirurgien-major de la frégate l'Arethuse de 1812 à 1814.

« Déjà, la première campagne de l'Aréthuse a été décrite d'une manière remarquable, dit-il, par M. Fabre, aujourd'hui administrateur de l'établissement des Invalides, dans son bel ouvrage : Voyages et Combats. » Puis il ajoute : « Le journal si véridique d'un témoin oculaire de tout ce qui s'est passé pendant cette campagne, semble appelé à faire connaître plus complètement peut-être la rude existence maritime de cette époque, prise sur le vif, à bord d'un bâtiment croiseur; il édifiera sur les mœurs internationales qui existaient alors et sur certains événements de guerre accomplis en mer pendant deux années. Il fera mieux apprécier le caractère de l'éminent officier, le capitaine de vaisseau Bonnet, qui commanda le premier l'Aréthuse, et s'illustra dans le combat mémorable soutenu par ce bâtiment contre la frégate anglaise l'Amélia, le 7 février 1813. »

Notre distingué commissaire de la marine a dressé en outre la carte des croisières de l'Arethuse, en s'appuyant sur le journal du docteur Charyau, qu'il s'est plu à éclaircir par des notes d'un vif intérêt et d'une haute compétence. D. C.

Le Gérant: R. LAFOLYE.

Vannes.

Imprimerie LAFOLYE, 2, place des Lices.

UNE PAGE D'HISTOIRE

LES CHABOT ET LES ROHAN

A LA ROCHELLE

1527-1628

<< Tout peut se réimprimer, car tout est inédit. »

(TH. GAUTIER).

Bâtie sur le penchant d'une petite colline d'où elle tire son nom, Rupella, la Rochelle, n'était au XI° siècle qu'une bourgade dépendant de la seigneurie de Chastel-Aillon. Eléonore, duchesse d'Aquitaine, l'établit comme ville et y organisa la commune.

Malgré les guerres incessantes et les convulsions de toutes sortes dont la Rochelle a été le théâtre, cette petite cité a été pendant plusieurs siècles la reine de l'Atlantique. Nous la voyons armer des flottes de 60 et 80 navires et tour à tour tenir en échec les puissantes marines de l'Angleterre, de la France et de la Hollande. Ville à la fois commerçante et guerrière, la Rochelle a conservé une physionomie typique et bien à elle. Ses riches armateurs avaient accumulé dans l'étroite enceinte de leur cité des bijoux d'architectecture: au point de vue de l'élégance et du goût, les maisons particulières ne le cédaient en rien aux édifices publics.

Les églises élevées par les libéralités des habitants étaient au dire des contemporains «< comme autant de cathédrales ». Hélas! en quelques semaines elles devaient s'effrondrer sous le marteau iconoclaste des huguenots du seizième siècle! Deux clochers pouvant TOME VIII. NOVEMBRE 1892.

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servir à leur défense sont seuls restés debout; les ruines de ces superbes églises ont elles-mêmes disparu. Cependant la Rochelle peut encore montrer avec orgueil ses maisons en bois des quatorzième et quinzième siècles, ses pignons et ses lucarnes sculptés, ses grimaçantes gargouilles en pierres, ses tours de St-Nicolas et de la Chaîne, qui, se dressant à l'entrée du port, la défendaient d'un coup de main; en tendant une forte chaîne (dont la dernière est conservée dans le musée de la ville) entre ces deux grosses tours, aucun navire ne pouvait pénétrer sans la permission du corps de ville; le porche monumental de sa grosse horloge; la tour de la Lanterne construite au milieu du quinzième siècle, et ainsi appelée << d'une lanterne de pierres percées à jour, vitrée et à six pans, contenant un gros cierge qu'on allume le soir pour indiquer l'entrée du port ». Cette tour sert encore aujourd'hui de phare.

L'hôtel de ville, monument fortifié des plus curieux, et qui, survivant à toutes les révolutions, a été restauré dernièrement avec infiniment de goût; ses murs massifs, ses mâchicoulis béants, ses créneaux, son chemin de ronde, ses portes étroites ressemblent à une réduction des anciennes fortifications de la ville; sa façade, sa cour intérieure, son balcon, son élégant beffroi surmonté de sa vieille cloche portent en effet le cachet des différentes époques des constructions défensives de la ville, aux quinzième, seizième et dixseptième siècles.

Parmi les plus belles œuvres d'architecture privée, brille au premier rang l'hôtel d'Henri II et de Catherine de Médicis : les H et les C entrelacés dans les caissons des voûtes font de cette curieuse maison un véritable bijou.

Telles sont avec le musée de la Bibliothèque les principales curiosités de la vieille capitale du pays d'Aulnis.

Avant d'aborder mon sujet, je demande à mes lecteurs la permission de résumer en quelques lignes l'intéressante histoire de la Rochelle, cet aperçu devant éclaircir plusieurs points de cette étude.

Par suite du mariage d'Eléonore d'Aquitaine avec Henri II Plantagenet, la Rochelle passa sous la domination anglaise. Les Rochelais ne sympathisèrent jamais avec leurs nouveaux maîtres :

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