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septembre, la milice de Plourhan vient la relever, et le 9 décembre Saint-Quay reprend son tour de garde. On commence à monter la garde à huit heures du matin.

En 1673, Saint-Quay reprend la garde le 9 mars, Etable le 26 avril les escouades de cette dernière paroisse, au nombre de 28, ne comprennent qu'une quinzaine d'hommes. Le 8 août, Gabriel du Boisgélin, alors lieutenant-général garde-côtes, autorise, à cause de la récolte, à réduire les gardes à dix hommes. On les reprend au mois d'octobre au complet. D'autres documents attestent encore que la garde a été montée en 1674 par Lantic et Plélo en janvier, par Etable en février. Les miliciens de Saint-Quay sont alors repartis en cinq escouades seulement, de 48 hommes environ. Au début de chaque année, après vêpres, les caporaux se réunissent à la Villemarquer, on réforme les escouades, on relève les noms de ceux qui ont été et qui iront l'année présente sur les vaisseaux du roi. Pendant que l'on monte la garde, ce sont les caporaux qui marquent les défaillants, ou ceux qui s'en vont avant la fin.

En 1675, les milices garde-côtes briochines s'illustrent par un coup d'éclat. Le 4 juin, la milice de Plérin, commandée par César Gendrot des Rosays, enleva, on peut le dire, à l'abordage, avec l'aide de la milice bourgeoise de Saint-Brieuc, commandée par M. de Kerfichart, une frégate d'Ostende échouée près du Roselier. L'artillerie du navire balayait la grève; mais nos rusés Bretons poussant devant eux des charrettes pleines d'ajoncs réussirent, à l'aide de ces gabions d'un nouveau genre, à gagner sains et saufs jusqu'aux flancs du navire, que l'escalade leur livra facilement.

(A suivre.)

CH. DE LA LANDE DE CALAN.

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Il y avait une fois un petit garçon qui travaillait comme apprenti dans une forge. Un jour, il dit à son patron :

-

Ma foi, bourgeois, vous n'avez pas maintenant grand ouvrage, j'ai envie de vous quitter pour voyager.

Eh bien, lui répondit le maître de la forge, puisque tu as envie de courir le monde, je vais te donner un sabre et une casquette.

Voilà le petit forgeron parti : il alla loin, bien loin, sans boire ni manger, et il avait grand'faim quand il aperçut une maison. Il hâta le pas pour y arriver, et quand il fut à la porte, il demanda si on n'avait pas besoin d'un domestique :

Oui, répondirent les gens de la maison, il nous en faudrait un, mais la place n'est guère bonne. Nous avons eu plusieurs domestiques, et tous ont été tués pendant qu'ils étaient aux champs, sans que l'on sache comment cela est arrivé.

Je n'ai pas peur, dit le petit forgeron; mais avant de commencer mon service, je voudrais bien manger, car, depuis trois jours, je voyage sans avoir trouvé un morceau de pain.

On lui servit de quoi le rassasier, et quand il eut mangé à sa faim, on lui montra où était la pâture. Il remarqua que toutes les barrières qui lui servaient de clôture avaient été coupées, et il se mit à les raccommoder : comme il finissait sa besogne, arriva un géant monté sur un grand cheval qui lui dit d'une voix terrible : Qu'est-ce que tu fais là, toi, moutard ?

-

Cela ne vous regarde pas, géant, je fais ce que je dois faire.
Eh bien ! pour ce que tu es à faire, je vais te tuer.

Nous allons voir cela, répondit le petit forgeron sans s'émouvoir.

Il prit son sabre, se mit en garde, et coupa la tête au géant et à son cheval, puis il les poussa du pied en disant :

Tenez, vous avez encore les pattes pour danser. Quand il fut de retour à la maison, on lui demanda s'il n'avait rien vu.

Si, répondit-il, j'ai vu quelqu'un, mais je lui ai fait voir le tour, et il n'ennuiera plus personne désormais.

Le lendemain quand il retourna à la pâture, il trouva comme la veille les barrières coupées; il se mit à les raccommoder, et au moment où il finissait de les réparer, il vit venir un autre géant qui lui cria :

Qu'est-ce que tu fais là, toi, petit ver de terre?

Cela ne vous regarde pas, grand homme, je fais ce que je dois faire.

Je vais te tuer pour ce que tu es à faire.

Nous allons bien voir, dit le petit forgeron, qui tira son sabre et trancha la tête au géant.

Il revint à la ferme, et chacun lui dit :

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- Si, répondit-il, j'ai vu quelqu'un, mais j'ai traité la personne d'aujourd'hui comme celle d'hier, et désormais elle ne me gênera plus. En retournant à la pâture le jour suivant, il trouva pour la troisième fois les barrières coupées; il les raccommoda encore, et

au moment où il terminait, il vit venir un géant qui lui dit : Qu'est-ce que tu fais là, petit ver de terre, poussière de mes mains, ombre de mes moustaches?

Cela ne vous regarde pas, géant, je fais ce que je dois faire.

Hé bien ! c'est pour cela que je vais te tuer.

- C'est ce que nous allons voir, répondit le petit forgeron qui d'un coup de sabre fit sauter la tête du géant.

Il prit ensuite par la route d'où les géants étaient venus, et il arriva à leur château où il entra, et il vit leur mère qui pleurait à chaudes larmes :

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Ma bonne femme, lui dit-il, qu'est-ce que vous avez donc qui vous fait tant de chagrin ?

- J'avais trois fils, répondit-elle, et je ne sais pas ce qu'ils sont devenus.

Moi, je sais bien où ils sont, et je vous les montrerai, si vous voulez me donner toutes les clés de votre château.

La bonne femme lui remit les clés, et il lui dit :
Tenez, montez sur la fenêtre et regardez.

Quand la petite bonne femme, qui n'était pas plus haute qu'une cruche, fut grimpée sur la fenêtre, le petit forgeron la prit par les jambes, et la jeta dans la cour où elle se tua; et il resta maître du château et de ses trésors.

(Conté en 1880 par Virginie Hervé, d'Evran.)

VIII

LA FAUCILLE, LE CHAT ET LE COQ

Il y avait une fois trois garçons qui perdirent leur père et leur mère. Leurs parents n'avaient point été économes, de sorte qu'à leur mort ils ne laissèrent pour tout héritage qu'une faucille, un coq et un chat.

L'aîné dit à ses frères : ·

Comment faire? Nous allons partager et chacun de nous

aura un objet, puisqu'il y en a trois. Lequel choisis-tu, demandat-il au plus jeune ?

- Je veux la faucille, répondit-il.

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En ce cas, dit l'aîné, c'est moi qui aurai le chat.

Ils se mirent en route tous les trois pour chercher à gagner leur pain, et ils emportèrent avec eux leur héritage. Ils arrivèrent dans un pays où l'on faisait la moisson; mais au lieu de scier le blé, les gens se servaient d'une alène pour couper chaque brin, et il y avait une multitude de monde qui y étaient occupés, et encore ils n'avançaient guère à la besogne. Celui qui avait la faucille s'approcha des moissonneurs et leur dit :

Ah! mes pauvres gens, est-ce ainsi que vous ramassez le blé ici?

Oui, répondirent-ils, c'est l'usage du pays.

Voilà, dit-il en montrant sa faucille, une petite bête qui va bien plus vite en besogne.

Il prit sa faucille, et en quelques minutes il eut coupé un sillon tout entier. Il remit sa faucille sur son épaule en disant :

Quand on a fini un sillon, on met la petite bête sur son épaule, et on recommence à l'autre.

Voulez-vous, demandèrent ceux à qui était la maison, nous

vendre votre petite bête?

Non, répondit-il.

Si, vendez-nous-la. Combien voulez-vous?

Six cents francs.

C'est trop cher.

Au revoir, dit le garçon, qui remit sa faucille sur l'épaule et s'en alla. Mais bientôt il entendit crier :

-Hé! jeune homme, voulez-vous vendre votre bête cinq cent cinquante francs?

- Oui, répondit-il.

Ils lui comptèrent l'argent, et il dit à ses frères :

Maintenant nous allons avoir de quoi manger du pain.

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