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EXTRAIT D'UN DÉCRET IMPÉRIAL

En date du 1er novembre 1804.

« Il est accordé à Me Louise-Eléonore Broudou, épouse du général de Lapérouse, née à Nantes le 15 mai 1755, une pension annuelle de 2,400 francs.

« Le ministre de la marine et des colonies,

«Signé DECRÈS'. »

Mme de Lapérouse ne jouit pas longtemps de cette pension. Elle mourut à Paris en 1807, non pas à l'âge de 47 ans, comme le dit M. Vieules, mais bien à celui de cinquante-deux ans. Nous n'avons pu obtenir une copie de l'acte de décès, qui n'existe plus depuis l'incendie de l'hôtel de ville en 1871.

Mm. Dalmas de Lapérouse possède d'Eléonore Broudou un portrait à l'huile non signé, de 60 centimètres sur 40.

Il existe aussi une charmante miniature, faite vers 1793, signée Galla (?)... appartenant à Me Barthez de Lapérouse.

Deux miniatures, ovales, encadrées ensemble, de Lapérouse et de sa femme. Celle de Me de Lapérouse est signée : Leroy, au bas à gauche. Elles appartiennent à M. Poujade de Maizeroy, arrièrepetit-neveu de Mme de Lapérouse, qui, avec M. Poujade, ancien diplomate, commandeur de la Légion d'honneur et de plusieurs ordres étrangers, petit-neveu d'Eléonore par sa mère, représente aujourd'hui la famille Broudou2.

Bien triste et tourmentée dut être l'existence de cette malheureuse femme. Pendant plus de cinq années elle désira une union toujours reculée et ajournée par des obstacles de plus en plus insurmontables. Ce bonheur enfin réalisé, contre toute espérance, dura à peine deux années, largement coupées par de nombreuses

• Centenaire de la mort de Lapérouse, appendice, pp. 9, 10, 11, etc.

2 Centenaire de la mort de Lapérouse, pp. 89, 214, 218, etc.

absences de l'époux, tout entier à ses devoirs de marin et aux préparatifs de son expédition autour du monde.

N'a-t-elle pas droit à l'hommage sympathique de ses compatriotes, celle que le grand navigateur jugea digne de devenir sa compagne, qu'il entoura d'une affection si sincère et si profonde? Nantes ne doit plus ignorer le nom d'Eléonore Broudou, Mme de Lapérouse, et du sombre deuil qui voila sa fatale destinée.

S. DE LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO.

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NOTICES ET COMPTES RENDUS

LE COEUR, poésies de 1886-1892, par Charles Fuster, avec un portrait à l'héliogravure. Librairie Fischbacher, Paris.

Dans ce nouveau volume Charles Fuster a entrepris de nous ouvrir son cœur, de nous dévoiler ses rêves de jeunesse et de gloire, son amour pour la femme et pour l'enfant, pour la patrie et la liberté :

Pour essayer de me survivre,

J'ai voulu noter, dans ce livre,
Tous les battements de mon cœur,

dit-il, et il ajoute :

La gloire, je ne sais si j'atteindrai la gloire.

Certes, si son nom doit rester, il le devra en grande partie à ce volume qui est mieux qu'une œuvre purement artistique, purement littéraire, mais qui est par dessus tout une œuvre sincère, humaine, écrite avec le sang du cœur. Est-ce à dire pour cela que l'Art soit moins grand? Ce serait une grave erreur. L'Art n'est jamais plus grand que là où il ne saute pas aux yeux, où il ne fait par sa oue, où il ne se montre pas à tout propos et hors de propos; une strophe tombée d'un cœur ignorant a plus d'avenir qu'une pièce de vers habilement ciselée, mais dont l'âme est absente. C'est l'avis de Charles Fuster, et c'est le mien. Dans une des poésies les plus remarquables de son volume, il nous montre un pauvre homme dont, jeune homme échappé de l'école, il avait ri, trouvant sa chanson trop simple, trop naïve, trop vécue, et il s'en repent maintenant, et il s'écrie, lui, le poète expérimenté et blasé sur la beauté des rythmes et des vers :

Va, pauvre homme! Au hasard traine ta solitude,
Mais chante! L'art inculte et le beau maladroit
Gardent cette éloquence et cette plénitude
D'un amour large, éclos au fond d'un cœur étroit.

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