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Dunning
Nijhoff

9-30-26
13603

LA GASCOGNE FÉODALE'

On peut dire, en toute justice, que dans les treize chapitres du livre III de sa Notitia utriusque Vasconiae Oihenart a fondé, sous une forme brève mais éminemment substantielle, l'histoire politique et ecclésiastique, et aussi la géographie de la Gascogne. Mais cet érudit cherche surtout à se contenter lui-même. Tant pis pour le lecteur mal préparé ou inattentif. Qui potest capere capiat. Certes, tout n'est pas à louer hautement dans ce livre que j'ai tant et tant étudié. Il y a même des parties mauvaises, et des omissions dont je dirai quelque chose. Mais n'oublions pas que Oihenart avait tout à créer.

Dans les six premiers chapitres de son livre I, notre érudit s'inquiète de l'histoire générale de sa province, jusqu'à la mort de Bérenger, dernier duc de Gascogne (vers 1036), en indiquant par quelques lignes finales comment l'héritage du défunt fut réuni au duché de Guienne. Cela fait, il consacre les huit derniers chapitres du livre à étudier successivement les évêchés, les grands fiefs et districts pratiquement équivalents, donnant au bon moment les séries des prélats et des hauts-seigneurs, avec des renseignements de géographie féodale qui suffisaient durant la première moitié du xvir° siècle.

La pratique adoptée par l'auteur de la Notitia utriusque Vasconiae prouve donc qu'il admet, et à bon droit, qu'à la mort du duc Bérenger doit finir l'histoire géné

(1) [Nous donnons sous ce titre la partie la plus considérable et la plus intéressante de l'Introduction de l'ouvrage posthume de M. J.-F. Bladé, intitulé : Géographie ecclésiastique et féodale de la Gascogne. Malgré quelques lacunes, c'est, en même temps qu'une curieuse confession littéraire, un tableau précis et raisonné de l'ancien état de notre province, et ce tableau, qui peut étre discuté sur quelques points, n'en commande pas moins l'attention respectueuse des travailleurs.]

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rale de la Gascogne et commencer l'étude spéciale de celle des grands fiefs qu'elle englobait. Celle-ci réclame autant d'entreprises distinctes qu'il y a de districts importants. Ici, Othénart s'est limité très volontairement à la besogne la plus difficile, à la reconstitution sommaire des hauts seigneurs. D'autres sont venus depuis qui ont consacré à la plupart des grands fiefs des études distinctes et d'ailleurs inégales par le mérite aussi bien que par l'étendue.

Parmi ceux qui ont écrit sur l'histoire de la Gascogne depuis la Révolution, plusieurs ont reproché à Oihenart de s'être montré trop avare de renseignements sur la géographie féodale. Ce reproche témoigne assez de l'outrecuidance et de l'ignorance de ceux qui se le sont permis. La Notitia utriusque Vasconiae parut en 1636. Or, à cette date, les légistes et administrateurs royaux n'avaient encore modifié que médiocrement les anciennes circonscriptions féodales. Mais cela n'allait pas beaucoup tarder. Ainsi, Othénart n'était pas tenu de fournir de copieuses explications sur un ordre de choses encore subsistant et dont ses contemporains étaient ou pouvaient être certifiés sans peine. Pour bien étudier un régime on doit attendre qu'il soit mort. Les recherches de géographie féodale ne pouvaient donc commencer qu'après la Révolution.

Et pourtant Oihenart encourt là-dessus de sérieux reproches. Mais il n'y a que ceux qui n'ont rien fait pour ne s'être jamais trompés. Donc je produis ici ma critique. chapeau bas. Cette exception respectueuse ne se renouvellera pas.

Dans la Notitia utriusque Vasconiae, la classification des grands fiefs de la Gascogne n'est pas toujours assez précise. L'auteur me semble se tromper plus d'une fois sur leurs véritables origines. Il omet aussi d'étudier, comme il le faudrait, certains districts importants, tels

que l'Eauzan, la vicomté de Couserans, le comté d'Aure, la vicomté de Nébouzan, le pays de Fites et Refites, la vicomté de Terride. Ceci prouve, une fois de plus, qu'à l'encontre des véritables maîtres la parole appartient parfois au dernier venu, qui peut être aussi le premier venu. Tel est précisément mon cas, et je suis heureux de le confesser.

Ainsi, la doctrine et l'exemple d'Oihenart prouvent clairement trois choses. L'histoire générale de la Gascogne ne saurait dépasser la date où le duché de même nom fut réuni à celui de Guienne. A dater de cette réunion, chaque district de ma province natale réclame une étude spéciale, distincte et détaillée. Pour chacun de ces districts, la géographie féodale peut être exposée, avec plus ou moins de détails, d'une façon presque indépendante de son histoire.

Pendant trente-quatre ans, j'ai vécu avec la pensée constante de donner d'abord mon Histoire générale de la Gascogne jusqu'à la fin de l'époque ducale, et ensuite ma Géographie ecclésiastique et féodale de la Gascogne. Ce souvenir me reporte à une date peu lointaine de celle où je me vouai tout entier à l'étude de l'histoire politique et de la littérature populaire de ma province. Le moment n'est peut-être pas trop mal choisi pour faire ma brève et sincère confession d'annaliste et de folkloriste.

Je suis né à Lectoure, d'une vieille famille de braves gens, originaire de la vicomté de Gimoëz, dans la Gascogne toulousaine. De cette famille un membre vint se fixer à Auch. Un descendant fit souche de légistes, à Lectoure, vers la fin du règne de Louis XIV. Telles sont mes lettres de noblesse gasconne1. A vingt-huit ans, mes

(1) Sous François Ier les du Bladé vivaient en gentilshommes campagnards au pays de Gimoëz, dans la Gascogne languedocienne, sur la terre du Bladé, dont nous avons pris le nom. A fournir des chevaux et des mules au roi de France,

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