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ACUTENESS Mais tous, il s'en faut, n'ont pas cette acuité des sens; la plupart < ont des yeux et ne voient point ». Avant de rêver, Emerson regarde, et ses pensées, si haut qu'elles montent, ont ce point de départ et ce point d'appui, l'observation. C'est ' lui-même, ce voyant (Seer) dont les impressions sont notées dans les Wood-Notes, et qui, « à la saison où le sol se jonche des pommes du pin », est chez lui dans la forêt, comme César dans Rome. Voyant, c'est-à-dire poète; aussi longet-il, « sans hameçon, ni lignes, le bord des ruisCREASING SCYTHE seaux, foulant les larges prés ». Il n'a « ni faux, ni fusil » et rien ne lui importe, ni les hommes, ni les cieux; ce dont il se soucie, nul ne peut 'le lui donner, que la nature. C'est aux ombres, aux couleurs, aux nuages, aux larves, aux buissons qu'il s'intéresse, au pêle-mêle des choses. Il sait l'heure où les fleurs « ouvrent leurs boutons virginaux », pour secrets que soient leurs mystères, et le vent, peut-être, ou les oiseaux lui ont enseigné les retraites lointaines des orchidées. Lui, sans doute lui seul, voit les perdrix pondre dans les bois, entend le chant vespéral du coq de Bruyère, et le faucon peureux ne fuit pas à son approche ».

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BUDS

De l'infinité de choses que voit ce Voyant, le détail entraînerait à une trop minutieuse analyse, à des citations multiples et démesurées, système dont on craint déjà d'avoir abusé. Donc

pour faire court et clair, notons l'impression
définitive qui se retient d'une familière lecture
CONTAINED
des poésies d'Emerson. Sa conception de la Na-
ture est une dualité : la nature libre et sponta-
née est bonne; l'autre est mauvaise, celle que
l'homme a façonnée à ses égoïstes besoins. Le
monde corrompt l'homme, la solitude le purifie.
Conclusion tout à fait négative, puisque, aussi
bien, non
on moins que les abeilles, les fourmis ou

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STARING

les castors, les humains furent destinés à la société par le Créateur; et que l'état de l'état de la nature lisez l'état sauvage -point int de départ ou degeENERATION Bros nérescence, n'est qu'un des rameaux ou que l'une des branches mortes de l'arbre généalogique des civilisations.

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Mais le poète se garde, même reste bien loin du pessimisme relatif où devait l'entraînef Cette opposition, et il juge que les deux états sont nécessaires c'est la théorie qu'il a développée en prose dans son Essai intitulé Compensation. T dis que Bryant, d'une large vue, embrasse et unifie l'ensemble de la vie, Emerson la dualise, y cherche deux principes; l'un y voit un enchaînement, l'autre, une bataille. Tous deux se rencontrent en cette conception de la continuité de la Nature. On dirait, si ce n'était une hérésie, qu'elle n'a ni commencement ni fin; et de fait, si l'on restreint le sens des mots, on peut le dire. Emerson donne de cette idée de pittoresques for

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mules : « On ne surprend pas la nature dans un coin. On ne trouvera jamais le bout du fil. » C'est pourquoi on cherchera toujours, et c'est aussi pourquoi la Nature aura toujours ses poètes.

II

L'HUMOUR ET LES HUMORISTES

AS LONG AS

Tout n'est pas dit sur l'humour anglais tant qu'on ne l'a étudié que dans la littérature britannique. Les Américains, pour avoir le même parler, sont loin d'avoir les mœurs anglaises; sans doute, cette unité de langue, d'abord, une même nourriture intellectuelle et le même fonds religieux, le même Shakespeare et la même Bible, des traditions et des préjugés communs ont donné aux deux peuples un air de famille : mais plus encore que les ressemblances, les différences sont caractéristiques. Ici, la liberté se meut sous des règles qui la dominent sévèrement, les personnes, les familles, les métiers sont hiérarchisés, le respect pour la forme va jusqu'à la superstition, enfin il y a une religion d'Etat qui com

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Elia

Trava

mande à la vie privée comme les lois à la vie publique ; là, au contraire, une liberté, une éga-sa lité, une tolérance, un individualisme qui vont jusqu'à l'émiettement de la nation en une multitude de volontés divergentes, un laisser-aller de UNCONGRAINT

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de T amer

ratu

Lam

les

la chose publique caractérisé par le « chacun pour soi », le défaut de cohérence et, en place de l'égoïsme national, l'égoïsme personnel. De plus, dans un pays où bien peu de personnes ont leur fortune faite, il y a les affaires qui primente l'es tout, dévorent jusqu'aux plaisirs. L'Anglais est difficile à amuser; l'Américain paraît inamusable; l'Anglais est sérieux, l'Américain paraît grave, mais de Seite gravité toute physiologique qu'un vif chalouillement détruira soudain.

Et comme la caractéristique des peuples est surtout dans la manière dont ils s'amusent, dans la forme qu'ils donnent à cette littérature qui veut faire pénser, mais en faisant rire ou sourire, l'humour chez les deux nations sœurs est très différent. Pressé de vivre, l'Américain ne saurait prendre le temps de méditer la profondeur, qu Ja délicatesse d'un trait d'esprit; il faut l'empoigner, le violenter, le secouer brutalement par une grosse extravagance; c'est un acces de PLAYS gaieté qu'il cherche, une énergique flambée qui lui fouette le sang. Comment alors se plairait-il à la délicatesse d'un Charles Lamb, aux Essais

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