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bien mises en lumière et à leur place; on y respirera partout un air de cordialité et de fraîcheur, pendant que se font entendre de divines musiques.

Il y a du nouveau dans ce livre, absolument.. Il est également nouveau, si l'on se souvient des précédents vers de M. Stuart Merril. Mais c'était le prélude. Les Quatre Saisons vous donnent le poète tel qu'il est devenu, après les années d'apprentissage.

En signalant ensuite les Médailles d'argile d'Henri de Régnier, je n'entends point juger d'un concours entre lui et M. Merril, Le nouveau qu'il BRING APUN n'apporta pas très abondamment cette année, il nous l'avait donné déjà. D'ailleurs, un roman témoignait en même temps d'un accroissement de sa personnalité. Les Médailles d'argile sont d'une beauté un peu froide, mais le pur relief est si pur, la ligne si précise!

Le vers libre, assez peu représenté dans les deux volumes précédents, triomphe dans la Légende ailée de Wieland le Forgeron. Ce poème de M. Vielé-Griffin est une œuvre d'une noble inspiration et d'un beau lyrisme.

Je ne prétends pas dresser un catalogue annoté des livres de vers parus depuis douze mois. Cela ND. FAD mènerait loin. Il me suffira de nommer encore Au hasard des chemins, de A.-F. Herold, poésie apaisée, charmante; le Songe de l'amour, d'André Rivoire, poésie calme, assez agréable; la

Beauté de la vie, de Fernand Gregh, poésie ingénieuse, non moins agréable; les Idylles antiques et l'Amour marin de Paul Fort. De ces deux recueils de ballades, le premier, s'il n'est le meilleur, est le plus séduisant, M. Paul Fort rythme admirablement sa pensée, son impression. Il a le don de chanter et, chantant toujours dans le même mètre, de n'être jamais monotone. Son antiquité est ingénue dans l'amour comme dans l'héroïsme; ses marins sont amusants, même quand ils sont tragiques, mais ils sont ceci ou cela avec un réalisme parfois excessif.

Il y a eu quelques débuts. L'un était attendu, celui de Louis Payen qui nous donne, avec A l'ombre du portique, des vers où il y a de la sensualité et de la pepsée du rêve et de la vie. SFD L'autre nous prit à l'improviste. Et c'est à peine si nous sommes maintenant habitués à l'originalité dédaigneuse de Laurent Evrard. Il y a dans ses Fables et Chansons une manière très personnelle de voir, de sentir et de dire.

Le poème en prose, qui fut tant en faveur, n'a guère produit cette année que la Connaissance de l'Est, de M. Paul Claudel. Ce sont des paysages d'extrême orient, de Chine surtout, dont les couleurs sont admirables, des sensations exotiques rendues avec un art d'une singulière intensité.

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Et voilà ce que c'est qu'une année de littérature. Avec ce que j'ai dû négliger, et qui avait encore son intérêt, avec les utiles réimpressions, avec les revues, cela donne au lecteur de livres français plus de deux livres par semaine, qui valent la peine, les uns d'être lus, les autres A d'être étudiés. C'est beaucoup. Et il n'a pas été parlé des traductions, des romans de d'Annunzio, de Serao, de Wells, de Stevenson, de Hardy, des dissertations de Tolstoï, des pièces d'Ibsen, des œuvres de Nietzsche, de toute cette littérature francisée, dont les amateurs sont nombreux.

Il y a certainement en France une grande richesse intellectuelle, et de bon aloi. C'est une fortune solide, bien assise en fonds de terre et de la culture la plus variée et la plus heureuse. `

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LA QUESTION LORIQUET

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Si le nom de Loriquet a acquis une gloire immortelle, il n'est point prouvé que cela soit à juste titre. L'Histoire de France où le Père de la Foi (pseudonyme des Jésuites, sous la Restauration) appelle Napoléon « Monsieur le Marquis de Buonaparte » n'a jamais été vue par personne. qu'elle n'a jamais existé, car un livre scolaire tiré à des milliers ne disparaît pas soudain. Je sais qu'il y a des ouvrages perdus; des ont fondu jadis entre les mains de lecteurs trop fievreux. Mais il s'agit de jadis. Depuis le dix-huitième siècle, il y a toujours eu un grand nombre de libraires et de collectionneurs, curieux même de babioles. Un livre s'absente, qui se retrouve dès que sa valeur est connue. Il n'est pas un illettré, à cette heure,

éditions entière

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