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tiamsme l'avait posée, tomba dans la fange sanglante de la civilisation païenne; l'idolâtrie ne lui fut point épargnée, et la souveraineté de Dieu étant rejetée, elle subit le joug de l'homme révolté; - il fut terrible, car la révolte c'est l'orgueil, l'orgueil c'est Satan, et Satan c'est l'homicide !... Aussi, à cette époque, le dernier mot du gouvernement c'était la mort... Pour en arriver là, tout prétexte était bon. Cela me conduit à vous transcrire cette dernière page de M. du Chatellier : «La partie la plus curieuse de » ces documents est celle qui indique les motifs mêmes de ces arresta» tions : La plupart des détenus n'ont été saisis que comme suspects » et comme dangereux; leur naissance, leur fortune, leur rang dans la » société ont décidé de leur sort Des notes très-brèves et très-caractéristiques toutefois, ont été ajoutées par les Comités révolutionnaires à » l'écrou de chacun. L'un a été arrêté pour ses relations avec les riches el avec les nobles; l'autre, comme prévenu d'incivisme; un troisième, pour l'absence de son fils et de son neveu, supposés émigrés; celui-ci, » comme étant aristocrate par éducation; - cet autre, pour avoir caché » dans son jardin deux sacs de jetons armories ; » être de caractère et de relations inconnues;

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beaucoup pour

d'autres encore pour

pour avoir des relations avec des

béguines ou des prêtres réfractaires ;

pour avoir vécu avec des

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parents qui ne sont pas dans les bons principes, etc., etc.;

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» pour avoir dit qu'il rentrerait dans la possession de ses biens; celui-là pour avoir rencontré deux officiers municipaux et leur avoir dit: Bonjour, messieurs; cet autre pour avoir fait, en 1791, col»lationner ses soi-disant titres de noblesse; enfin, cette femme, pour » être en correspondance avec son mari émigré; cette jeune fille pour » être spirituelle et pour être disposée à ridiculiser les patriotes; celle » autre, pour avoir décidé l'émigration de son mari et être aussi spiri»tuelle qu'il est simple; ce prêtre, pour avoir refusé d'embrasser » l'arbre de la liberté; eet agent d'affaires, pour avoir émondé un » bois de châtaignier, afin d'affamer le peuple; celle-ci pour avoir professé les opinions de son père, en témoignant dans toutes ses manières une morgue aristocratique; celle-là pour avoir reçu des lettres · » à double sens ; d'autres enfin, pour être hautaines, morgueuses, quoique sans fortune; pour tenir à leur caste et aux préjugés des ex-nobles; - pour avoir des liaisons avec leurs semblables; ;- · pour » être incorrigibles ; avoir de l'esprit et des moyens de nuire ; · pour n'avoir pas voulu, quoique jeune, accepter l'éducation républicaine qu'on lui a offerte; pour être ambitieuse de gloire et de distinctions; pour être babillarde et feindre de la popularité; pour être d'un esprit borné et solitaire, en restant attaché aux préjugés de l'ancien régime, etc., etc. »

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J'avais encore à vous parler de deux ouvrages relatifs à cette même époque, l'un de M. le C de Quatrebarbes, une Paroisse vendéenne sous la Terreur (1), l'autre de M. le C de Carné, un Drame sous la Terreur (2); deux épisodes, palpitants d'intérêt, de ce grand mouvement catholique et populaire, vendéen et breton, qui fut la protestation énergique et comme le cri de la conscience de la France contre les crimes légaux de la Révolution. Mais je me suis oublié avec M. du Chatellier, et je ne m'en excuse pas, sùr que je suis que si vous voulez m'imiter, vous vous oublierez comme moi il y a des ouvrages qu'on lit avec entraînement et dont on parle durant de longs jours.

MÉLANGES.

LOUIS DE KERJEAN.

LA PROVINCE LITTERAIRE.

Le Journal des Villes et des Campagnes a publié, le 25 juillet dernier, un article intitulé La Province littéraire, où il parle à ses lecteurs de deux revues provinciales: la Revue du Lyonnais et la Revue de Bretagne et de Vendée. Les éloges que M. J. Béliard nous y décerne revenant de droit à tous nos collaborateurs, nous croyons de notre devoir de les leur transmettre ils leur seront, nous n'en doutons point, une récompense pour le passé et un vif stimulant pour l'avenir (Note de la Rédaction). « Les revues littéraires de Paris, dit M. J. Béliard, ont en province de jeunes sœurs qui, pour être ennemies de la réclame et du bruit, n'en » montrent pas moins de savoir et de talent, et n'offrent pas moins d'intérêt aux lecteurs que leurs sœurs aînées de la capitale. C'est à elles, c'est à »ces revues modestes dans leurs allures, mais toujours pénétrées de la

(1) Un vol, in-12, 4o édition, à Paris, chez Jacques Lecoffre ; à Nantes, chez Poirier-Legros. (2) Un vol. in-12, 2o édition, chez Miche!-Lévy, à Paris.

dignité et de l'importance de leur mission, que nos provinces et la capi» tale elle-même doivent, à l'heure qu'il est, une foulè de travaux im

portants, d'études consciencieuses et de recherches savantes qui ont » remis en lumière des trésors de l'art, de la philosophie, de la littéra»ture, tout ce que comporte et ce qui complète l'histoire nationale d'un » pays.

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Nous avons sous les yeux les dernières livraisons de deux de ces » excellentes publications provinciales: la Revue de Bretagne et de Ven» dée et la Revue du Lyonnais. »

Après avoir loué les graves travaux de cette dernière revue, qui arrive à sa vingt-cinquième année d'existence, et qui pourrait prendre la devise crescit eundo, M. J. Béliard ajoute : - « Nous n'avons qu'un regret à son

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sujet et elle ne nous laisse qu'une critique à faire: c'est qu'aux travaux » sérieux qui recommandent essentiellement chacune de ses livraisons aux » hommes érudits, aux moralistes, aux penseurs, cette revue ne mêle pas plus souvent le précepte d'Horace : utile dulci, par des articles d'imagination, de critique littéraire et d'observation de mœurs, chroniques, nouvelles, etc.... Cette lacune remplie, le cadre de la Revue du Lyon» nais sera complet et parfait.

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La Revue de Bretagne et de Vendée, fondée et dirigée à Nantes par l'ho» norable M. de la Borderie, nous paraît avoir compris le charme de cette » variété des matières, qui sollicite et entraîne la curiosité du lecteur; sous » la plume élégante et facile de M. Louis de Kerjean nous y trouvons de piquantes notices littéraires, des comptes rendus, des critiques artistiques pleines d'atticisme et de goût. Des nouvelles puisées dans l'histoire politique et les mœurs de la Bretagne viennent ajouter encore à l'intérêt du recueil. M. de la Borderie et ses collaborateurs ont parfaitement » compris que dans la vieille et glorieuse Bretagne l'agriculture devait » avoir sa place à côté des lettres, dans leur expression archéologique et historique, se souvenant sans doute que les anciens législateurs bretons »ne séparaient pas l'homme qui défriche la terre de celui qui ouvre le sol, » non moins dur, de l'intelligence.

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La Revue de Bretagne et de Vendée ne remonte qu'à l'année 1857; plus jeune que la Revue du Lyonnais, elle marche sur ses traces et » se montre la digne émule de son aînée : aussi les témoignages de sympathie ne lui ont-ils pas fait défaut auprès des organes les plus accré» dités de l'opinion publique, non-seulement en Bretagne, mais dans nos >> autres provinces, mais à Paris, la ville insouciante et oublieuse de tout >> ce qui n'est pas à elle, pour elle et chez elle. En ce qui nous concerne personnellement, nous avons salué des premiers cette nouvelle production de la presse provinciale. Nous aimons, nous honorons d'autant plus les œuvres littéraires de la province, que nous y trouvons plus généra

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>>lement le talent, l'esprit et le savoir unis à une modestie d'écrivain, une indépendance et une probité de critique bien rares de nos jours sur le marché parisien. Nous tenons pour le mot à cause de la chose elle-même, politique ou httéraire, dont tant de gens ont fait à Paris métier et mar>>chandise.

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Comme il est arrivé pour la Revue du Lyonnais, les noms les plus justement honorés dans le pays, les esprits les plus distingués des deux provinces sont venus se grouper autour de la publication bretonne et vendéenne. Ce concours spontané de toutes les notabilités de l'intelli»gence et de la fortune à la confection de pareille œuvre est un heureux symptôme qu'il nous plaît de signaler: c'est tout une vie nouvelle pour » la province trop longtemps méconnue d'elle-même et trop exclusivement » tributaire de Paris.

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Le simple titre des matières principales contenues dans l'un et l'autre » recueil pourra faire apprécier la nature et le mérite des sujets traités..... Après un travail très-substantiel de M. de la Borderie sur le Com»merce et la féodalité en Bretagne, depuis le neuvième jusqu'à la pre» mière partie du quatorzième siècle, des études littéraires sur Shakspeare, des études archéologiques sur l'itinéraire de Saint-Pol à Brest, et les Récits populaires des Bretons, nous avons trouvé l'amusante et fine » satire d'un poëte aimé de la province et distingué de tous les juges compétents, M. Hippolyte Minier, membre de l'Académie de Bordeaux. l'auteur de Mœurs el travers et de plusieurs autres productions poétiques qui l'ont placé à bon droit au rang de nos poëtes les mieux inspirés » et de nos plus aimables conteurs en vers. C'est une pièce ayant pour » titre : Dans un wagon La donnée en est des plus simples et la mora»lité des plus piquantes.

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Après avoir analysé la pièce et en avoir cité nombre de vers : N'est-il pas vrai, dit en terminant M. J. Béliard, que voilà un délicieux petit

» conte et dit avec autant de grâce que de raison et d'esprit? Par malheur

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il nous a fallu le tronquer. Nous en demandons pardon au poëte et à »> nos lecteurs. »

M. le C de Nugent, père de notre collaborateur, vient de mourir au château des Mesnuls, à l'âge de 81 ans. Ancien officier de la brigade irlandaise au service de la France, préfet et maître des requêtes sous la Restauration, chevalier de la Légion-d'Honneur et de Saint-Maurice et SaintLazare de Sardaigne, nul n'a mieux mérité que M. le C de Nugent la devise des régiments irlandais au milieu desquels il était né: Semper el ubique fidelis.

L'INSURRECTION DE 1675

A GUINGAMP.

Le travail qu'on va lire est un chapitre inédit de la seconde édition de l'histoire de Guingamp, que M. Prud'homme va faire paraître, en deux volumes in-8°, sous ce titre : GUINGAMP, ÉTUDES POUR servir a l'histoire du TIERS-ÉTAT EN BRETAGNE, PAR M. S. ROPARTZ, deuxième édition entièrement refondue d'après un très-grand nombre de pièces inédites.

(Note de la Rédaction.)

Personne n'ignore que la Bretagne s'est soulevée durant le XVIIe siècle, à propos du tabac et du papier timbré, et que cette mutinerie fut réprimée, avec une atroce sévérité, par le duc de Chaulnes, commandant de la province, parce qu'il n'est personne qui n'ait lu les lettres horriblement spirituelles écrites par Madame de Sévigné sur ce triste sujet. Mais je ne sais point d'épisode important de notre histoire sur lequel on ait publié moins de documents; et, si je ne me trompe, on n'a rien imprimé, outre les treize lettres dans lesquelles la mère de Madame de Grignan parle plus ou moins épisodiquement de ces événements. Encore, ces lettres n'ont-elles trait, en général, qu'aux mutineries de Rennes et à l'exil du Parlement, qui furent comme la dernière scène de cette tragédie, dont le premier acte, et le moins sanglant, s'était joué à Nantes dès 1673. Or, quand Rennes se révolta, la Basse-Bretagne, et principalement la Cornouaille, était en pleine insurrection, et d'innombrables troupes de paysans armés menaçaient de pillage et d'incendie les villes dont la populace faisait écho. A cet immense mouvement, l'immortelle marquise a consacré cinq lignes qui Tome VI. 13

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