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BACHELIER, IMPRIMEUR-LIBRAIRE

DE L'ÉCOLE POLYTECHNIQUE, DU BUREAU DES LONGITUDES, ETC.,

Quai des Augustins, no 55.

1852

COMPTE RENDU

DES SÉANCES

DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.

SÉANCE DU LUNDI 5 JUILLET 1852.

PRÉSIDENCE DE M. PIOBERT.

MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS

DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.

METEOROLOGIE.

Sur un cas de foudre globulaire; par M. BABINET.

« Dans sa Notice sur le tonnerre, insérée dans l'Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1838, M. Arago a désigné par le nom d'éclairs de troisième classe des météores fulminants qui different de la foudre ordinaire en plusieurs points, et notamment par la lenteur de leur marche, leur éclat moins éblouissant, et eufin par leur indifférence apparente pour les conducteurs métalliques, que la foudre ordinaire suit avec tant de fidélité. Je n'hésite pas à déclarer que je regarde comme une véritable découverte l'établissement de toute cette classe de foudrés d'après les faits historiques. C'est un grand pas fait dans la science de l'électricité météorique, puisqu'on devra chercher à part à expliquer et à reproduire ces curieux phénomenes; tandis qu'en les laissant confondus avec les éclairs des deux premières classes, ils mettaient en défaut toutes les théories déduites du mode d'action de l'électricité de nos machines. J'ajouterai que ces foudres, désignées souvent, depuis la Notice de l'Annuaire, par les noms de tonnerre en boule, tonnerre en globe de feu, foudre globulaire, globe fulminant, sont probablement plus fréquentes qu'on ne l'admettait avant leur découverte par M. Arago, parce qu'autrefois on ne faisait pas suffisamment

C. R., 1852, 2me Semestre. (T. XXXV, N° 1.)

attention à un phénomène non encore reconnu comme espèce particulière. Probablement encore, dans plusieurs orages électriques, les coups de foudres ordinaires se compliquent de la présence de foudres globulaires. Enfin je dirai que, malgré bien des réflexions sur ce singulier météore, et bien des conversations avec les physiciens les plus habiles en électricité, je n'ai imaginé aucune expérience de cabinet qui pût faire espérer de reproduire ces phénomènes si extraordinaires d'électricité à lente transmission.

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L'objet de cette Note est de mettre sous les yeux de l'Académie un des cas de foudre globulaire que l'Académie m'avait chargé de constater il y a quelques années, et qui avait frappé non en arrivant, mais en se retirant, pour ainsi dire, une maison située rue Saint-Jacques, dans le voisinage du Val-de-Grâce, et à une distance telle, qu'il semblait qu'elle eût dù ètre préservée de tout accident de ce genre par le haut paratonnerre qui surmonte le dòme de l'église du Val-de-Grâce. Voici en peu de mots le récit de l'ouvrier dans la chambre duquel le tonnerre en boule descendit pour remonter ensuite. Après un assez fort coup de tonnerre, mais non immédiatement après, cet ouvrier, dont la profession est celle de tailleur, étant assis à côté de sa table et finissant de prendre son repas, vit tout à coup le chassis garni de papier qui fermait la cheminée s'abattre comme renversé par un coup de vent assez modéré, et un globe de feu gros comme la tète d'un enfant sortir tout doucement de la cheminée, et se promener lentement par la chambre à peu de hauteur au-dessus des briques du pavé. L'aspect du globe de feu était encore, suivant l'ouvrier tailleur, celui d'un jeune chat de grosseur moyenne pelotonné sur lui-même et se mouvant sans être porté sur des pattes. Le globe de feu était plutôt brillant et lumineux qu'il ne semblait chaud et enflammé, et l'ouvrier n'eut aucune sensation de chaleur. Ce globe s'approcha de ses pieds comme un jeune chat qui veut jouer et se frotter aux jambes, suivant l'habitude de ces animaux; mais l'ouvrier écarta les pieds, et par plusieurs mouvements de précaution, mais tous exécutés, suivant lui, très-doucement, il évita le contact du météore. Celui-ci parait être resté plusieurs secondes autour des pieds de l'ouvrier assis, qui l'examinait attentivement penché en avant et au-dessus. Après avoir essayé quelques excursions dans divers sens sans cependant quitter le milieu de la chambre, le globe de feu s'éleva verticalement à la hauteur de la tête de l'ouvrier, qui, pour éviter d'être touché au visage, et en même temps pour suivre des yeux le météore, se redressa en se renversant en arrière sur sa chaise. Arrivé à la hauteur d'environ 1 mètre audessus du pavé, le globe de feu s'allongea un peu et se dirigea obliquement

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