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Il est assez difficile de déterminer exactement l'arbre dont on a voulu parler.

Cependant, en examinant avec attention la figure, on reconnoît que la fleur appartient à une Malvacée, dont le fruit ovoïde, alongé et fusiforme, aura été pris pour un oiseau.

Cet arbre a du rapport avec le Velaga (Tab. regn. végét. par Ventenat, tom. 3, p. 193), ou avec le Quararibea (Encycl. méth. Bot., tom. 6, p. 23).

T. LAMBA (Zanon. p. 138, tab. 36, f. 3). Les fruits, de couleur d'or, ressemblent à une cerise. Les femmes s'en servent pour teindre leurs cheveux; mais elles se cachent pour cette opération, parce qu'il est défendu, sous des peines sévères, de cueillir ces fruits destinés à la nourriture des oiseaux. Quelques recherches que j'aie faites, je n'ai point encore trouvé à quel genre appartient le Lamba.

L'arbre MATUUI (1) est certainement le Sterculier fétide (Sterculia foetida, LINN.), malgré que PLU KENET, qui l'appelle Matuni (Almag., p. 266), pense qu'il en diffère.

L'arbre de SUMATRA (2) qui a pour racine un grand ver, et qui se convertit en pierre, après la chute de ses feuilles, est un conte fondé sur la forme singulière des racines de Chine ( Smilax China, LINN.), et sur les propriétés du Corail (Isis nobilis, LINN.), ou des autres Lithophytes.

L'arbre du CHILI (3), dont le père KIRCHER dit que

(1) Matuui arbor in sofala etc. JONST. Dendr. p. 470, §. XIX, (2) Arbor in Sumatra etc. JoNst. Dendr. p. 470, §. XX.

(3) Arbor Chilensis cujus in foliis vermes primo nascuntur, etc. JossT, Dendr. p. 470, §. XXI.

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les feuilles portent des vers qui, en tombant à terre, se changent en serpens, est le résultat d'observations confuses faites sur des chenilles qui se nourrissent des feuilles d'arbres situés dans des cantons où les serpens sont communs. Ces larves, à l'époque de leur transformation, disparoissoient, parce qu'elles se cachoient; les serpens restoient, et on les supposoit produits par les chenilles, comme on croyoit que la Jackie (Rana paradoxa, LINN.) se convertissoit en poisson. SEBA, Mus. I,, t. 78. MERIAN., Surinam, t. 71.

I'

L'arbre des PHILIPPINES (1), dont les feuilles et les racines dirigées vers l'orient, sont salutaires, tandis que celles qui regardent le couchant, sont vénéneuses, a été inventé pour rendre plus merveilleux les effets de l'Ipo (Antiaris Toxicaria, LESCH.); de l'Ahouai Manghas (2) Cerbera Manghas, qui croît aux Indes Orientales, et dont le fruit est un poison; ou peut-être, pour rappeler le figuier du Perou, (JONST., Dendr., p. 56, §. 1, Ficus Peruana: arbre portant des feuilles et des fruits, du côté du midi, quand l'été est sur les montagnes ; et lorsque l'été est dans la plaine, qui en porte du côté opposé. Ce conte paroît avoir sa source dans l'alternative des saisons que présente la presqu'île en deçà du Gange, dont la côte orientale a l'été, dans le moment où la côte occidentale essuie l'hiver.

(1) Arbor Malacensis multis radicibus prædita. C. B. Pin., p. 457. C. SCHOT, Magia pars IV. Syntagma I, c. 2, p. 366. Arbor Philippinarum insularum etc. JONST. Dendr. p. 470,

§. XXII.

(2) Cerbera Manghas. (Akasond sive Arkasond. Zanoni p. 12, tab. 9.

PLUKENET (Amalth. Bot., p 103, et Mantiss., p. 86), rapporte à tort cet arbre à son Galactoxylon, qui croît en Amérique, et que SLOANE a désigné sous le nom de Laurifolia arbor venenata. Cat. Jam.

neux;

Le BAXANA (1) est un arbre dont les fruits sont vénéil croît dans le golfe d'Ormuz. Sa racine est un contrepoison. Ce conte me paroît fabriqué sur le Cerbera Manghas, LINN., et peut-être aussi sur les propriétés singulières du Manioc (Jatropha Manihot, LINN.), dont la racine crue, ou le suc, est un violent poison, tandis que la racine cuite, ou la fécule privée de son suc, par la compression, et soumise à l'action du feu, est un aliment salubre, que l'on regardoit jadis comme un contrepoison. (PISON, Ind., p. 115-305; Marcgrave, Brasil. , p. 65).

Ces deux auteurs parlent d'une autre plante qu'ils appellent ERVA DO RATO (2) ( MARCG., Brasil., p. 60), Tangaraca 1.a (PISON, Ind., p. 302; PLUKENET, Almag., p. 47, tab. 144, f. 3), dont la racine est le contrepoison des feuilles, des fleurs et des fruits, qui sont très vénéneux. On peut douter de ces récits, puisqu'ils ne sont fondés que sur l'opinion des Brasiliens, qui avoient des idées très superstitieuses; c'est ce qui

(1) Arbor fructu venenato, radice venenorum antidoto. C. B. Pin, P. 512.

Baxana, JONST. Dendr. p. 476, §. v. Encycl. meth. Botan., tom. 1, p. 391. Dict. Sc. nat., tom. 4, p. 161.

PLUKEN. (Mantiss. p. 23 ) dit: Baxana........... radicibus venenatis..... fructu nirabix dicto antidoto et alexiterio. Ce qui est positivement le contraire.

(2) JONST. Dendr. p. 296, tab. LXXXII. Tangaracæ secunda species. p. 467, § SIX.

explique les propriétés délétères qu'ils attribuoient à quelques espèces (1) d'acacies, parmi lesquelles l'observation n'en a pas encore démontré une nuisible.

Cette histoire merveilleuse n'auroit-elle point sa source dans les propriétés vénéneuses du Mancenillier (2) (Hippomane Mancinella, LINN.), et de l'Ahouai de Thevet (Cerbera Ahouai, LINN.)? dont les effets ont dûétonner les premiers navigateurs; aussi y a-t-il dans leurs récits beaucoup de confusion.

Le Mancenillier a été mentionné pour la première fois par THEVET (Singul. de la France antarctique, chap. LXI, fol. 118 verso ), qui l'appelle : arbre qui porte un fruit gros comme un Esteu, et beau à voir (Hist. gen. des Plant., Lyon, tom. 2, p. 722, liv. XVIII, chap. cxII.

Jean DE LERY, (Hist. Voy. Bras., l. 1, c. 12, p. 181), le décrit sous le nom d'arbrisseaux portant fruits ressemblans à nos nefles (JONST., Dendr., p. 46, §. 1v). C. B. Pin., p. 512, arbor, fructu Pilæ magnitudine. C. B. Pin., p. 454, Mespilo similis, fructu venenato. C. B. Pin, p. 405, fructus orbicularis minor, novem venis, ut et semen distinctum. PLUK., Alm., p. 44, Mantiss., p. 23, arbor Americana Mancinello dict.

(1) La racine de l'Aconitum anthora, LINN, étoit regardée comme l'antidote des autres espèces d'Aconit, et l'expérience apprend que cette racine est un poison âcre.

ORFILA, Traité des poisons. Ed. 2, tom. 2, p. 80.

() Voy. pour le Mancenillier, Dict. Sc. médic. tom. 30, PP. 411 et suiv.

L'arbre PORTE OR (1) est le fruit de l'imagination. Les richesses acquises par les voyageurs qui alloient en Amérique, avoient fait penser que l'or étoit extrêmement commun dans ce pays, et qu'il se trouvoit même dans les arbres. Il seroit aussi possible qu'un arbre croissant sur un terrain aurifère, ait été déraciné par un ouragan, que quelques paillettes d'or, mêlées avec la terre, soient restées adhérentes aux racines, et aient contribué à propager le conte dont nous parlons.

L'arbuste ANTIPATHIQUE (2), dont parle KIRCHER (Art. Magnet., lib. 111, p. 510), a reçu ce nom parce que les fragmens de ses jeunes rameaux, coupés d'une certaine manière, se repoussent; ce qui forme une espèce de jeu dont les enfans s'amusent.

Cet arbuste est le Mollé à feuilles dentelées, ou Poivrier du Pérou (Schinus Molle, LINN.); quant on déchire ses feuilles, il en sort un suc laiteux qui s'échappe par jets; si l'on place les morceaux sur l'eau, ils reçoivent à chaque éjaculation une impulsion qui les fait changer de place. (Nouv. Dict. d'Hist. nat., édit. 2.o, tom. XXI, p. 263).

Si l'on secoue sur la superficie d'une eau stagnante, couverte d'ordures, le lait du Tithymale à feuilles rondes (Euphorbia Peplus, LINN.), on voit sur-lechamp tous les corps hétérogènes, qui la couvroient, se ranger sur les bords du vase ou du bassin, et l'eau devenir pure comme de l'eau de source ( BUL

(1) Arbor in Hispaniola quæ auri venas habet. JONST. Dendr. P. 471, §. XXI11.

(2) Frutex antipatheticus. JoNST. Dendrol, p. 472, §. II.

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