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leaux, qui depuis plus de soixante ans fournissent une sorte de vin; on y pratique alternativement la térébration tous les trois ans. (Annales de l'Agriculture

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française, 2. série, tom. v, pag. 231 ). Plusieurs érables donnent aussi un fluide salutaire, lorsque l'on perce leur tronc ; tel que le COUTON des Canadiens (JONST. Dendr. p. 110, §. 5), Acer saccharinum, LInn. Le Maguey, Agave cubensis, JACQ., distille une eau douce et transparente, lorsqu'on en a arraché les feuilles intérieures. La Caragate utriculée (1), Tillandsia utriculata, LINN., conserve dans un réservoir intérieur, formé par l'élargissement de la base des feuilles, une assez grande quantité d'eau ou des pluies, ou des rosées très abondantes, sous les zones torrides, pour désaltérer les voyageurs.

LaBandure de Ceylan, Nepenthes destillatoria, LINN. contient toujours dans les utricules operculées de ses vrilles, une certaine quantité d'eau.

Beaucoup d'autres végétaux offrent des réservoirs plus ou moins considérables.

Maintenant, pour connoître l'origine de la fable de l'arbre Fontaine, il suffit de se rappeler, 1.o le Palmier cité par tous les voyageurs, et dont Jean Bauhin a décrit un régime; 2°. que les hautes montagnes ont leurs sommets perpétuellement couverts de vapeurs qui se résolvent continuellement en eau.

« Au S. O. de la nouvelle Zélande est la baie obs

(1) Arbor foraminulenta aquoso humore plena. JONST. Dendr. p. 469, §. VII.

L'auteur a confondu l'arbre avec la plante parasite ( Tillandsia utriculata) qui croit sur lui.

cure (Duski-bay); les montagnes de sa côte sud sont

<< toujours couvertes de nuages;

...

les vapeurs se << meuvent avec différens degrés de vitesse sur le banc « des collines: elles enveloppent d'un brouillard blanc « à demi-opaque, les arbres sur lesquels elles passent, « et se convertissent ensuite en bruine, en pluie...... « (Second voy. de Cook. 4°. tom. 1, p. 168). Le pic d'Egmont est entouré d'un nuage.....; les montagnes << de Taïti sont humectées par les brouillards suspen<<< dus tout le jour sur leurs cimes... Tous les

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<< voyageurs parlent des nuages adhérens aux pics « d'Adam, de Teneriffe, etc. etc. » (DUCARLA, Journ. Phys. 1784. tom. 23, pag. 31-94; tom. 24, pag. 392-456, des nuages parasites).

En comparant les propriétés du Palmier vinifère et les phénomènes des nuages parasites avec ce que l'on a raconté de l'arbre Fontaine, on reconnoît sur-lechamp l'origine du conte.

Les premiers voyageurs auront confondu les deux phénomènes pour rendre leur récit plus surprenant, ils l'auront brodé, et auront supposé que l'arbre ne croissoit qu'à l'ile de Fer, qu'il étoit unique, et qu'il duroit depuis plusieurs siècles. Cette dernière supposition étoit fournie par l'arbre de mille ans (1), Ficus indica, LAM. (Encyc. mét. bot. tom. 2, p. 498-8). (JONST. Dendr. p. 48, §. 111, p. 56. §. 8.), qui subsiste pendant quelques siècles. Le nuage que l'on disoit envelopper la cime de l'arbre, prouve l'exactitude de l'explication que j'ai donnée.

(1) Ciennéen. JONST. Dendr. p. 470, §. xv1. Millenaria

Les ARBRES sur lesquels on bâtit des cabanes (1) n'ont rien d'extraordinaire, puisque nous voyons quelque chose de semblable sur nos tilleuls d'Europe; celui du pont de Mayence, celui à une lieue et demie d'Hesdin, etc. etc. (JONST. Déndr. p. 211, col. 2 ).

Les arbres dont les voyageurs ont voulu parler, sont des fromagers; c'est l'espèce appelée par LINNÉ, Bom→ bax ceiba, auquel le renflement (2) subéreux qu'offre son tronc vers sa partie moyenne, a valu ce nom; c'est l'un des plus gros végétaux après le Baobab (Dict. Sc. méd. tom. 30, pag. 373), qui est, comme on le sait, le colosse du règne végétal ( ADANS. fam. plant. ). Il seroit possible que dans les dimensions attribuées à ces arbres par les copistes, on y ait rapporté celles qui conviennent au Baobab (3), Adansonia digitata, Linn. (ADANS. fam. des plant. pag. ccx.), et au figuier d'Inde, ficus indica, LAM.

L'article, dans lequel C. BAUHIN parle des arbres

(forte) Sinarum. S. Herba per mille annos durans. PLUKEN. Amalth. p. 147-2.

JONSTON Dendr. p. 472,§. #111.) dit que la décoction de cette plante a la propriété de noircir les cheveux blancs et de prolonger les jours.

On sait aujourd'hui à quoi s'en tenir sur les élixirs de longue vie.

(1) Arbores quibus ædiculæ superstruuntur. C. B. Pin. p. 513. Ceiba seu Cerba arbor. JoNsT. Dendrol. p. 469, §. VIII, tab. cxxxiv. Arbores supra quas domicilia Indorum. Tableau fruit de l'imagination.

(2) Saamouna Prson Ind. Vid. infr. p. 79. H.

(3) Licondo. C. B. Pin,

p. 513.

JONSTON (Dendr. p. 470 §. x), sous la rubrique Licondo, parle du Baobab et du Figuier d'Inde.

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dont on fait des pirogues (1), ne convient qu'au cocotier, cocos nucifera, LINN., dont le tronc a de 4 à 7 pieds de diamètre, et 50 pieds de hauteur. (PISON, Ind. pag. 130).

Les Euterpes, dont la flèche acquiert une hauteur de 200 pieds, sont ces arbres si élevés, qu'une flèche ne peut en atteindre le sommet.

Les arbres (2), employés en Virginie pour faire des bateaux, me paroissent être le Juglans alba, LINN., dont le tronc s'élève quelquefois jusqu'à 80 pieds; mais sur-tout l'érable à feuilles de frêne (acer negundo, LINN.), arbre qui s'élève à une hauteur considérable sur un tronc fort droit.

D'autres arbres (3) ont une écorce épaisse que l'on emploie entière pour faire des canots; l'écorce de l'un d'eux (Yuire) est employée à faire des cordes, comme dans notre pays, on en fait avec le liber du tilleul.

RAJ (Hist. Plant. tom. 2, pag. 1802, §. 9; tom. 3, pag. 317, §. 16) se contente de citer ces arbres, sans donner sur eux aucun éclaircissement.

Cependant on ne peut méconnoître pour un de ces arbres le bouleau à canot, Betula papyrifera, MICH.

(1) Arbor in summo cacumine saltem frondes minimas parturiens ex cujus trunco integro canoas suas exstruunt. C. B. Pin. p. 513.

JONSTON Dendr. p. 470, §. IX, tab. CXXXIV, où la figure représente un fruit simple, au lieu d'un régime.

(2) Rattiak arbor ex quâ in Virginea lintres fabricant. C. B. Pin, p. 513. JONST. Dendr. p. 470, §. XI.

(3) Yga, Yuvera. C. B. Pin., p. 513. JONSTON Dendrol. p. 470, s. XII. XIII.

Arboris Ygæ cortex ad navigia. J. B. t. 1

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1. 4. P.

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qui est un des plus grands et des plus beaux arbres de J'Amérique septentrionale, et qui est encore aujour d'hui employé aux mêmes usages. Cette espèce de bouleau, et plusieurs autres du même pays, fournissent en outre l'écorce propre à faire des cordes.

Le GELSOMORO (1) est un arbre dont l'écorce est employée dans quelques endroits de l'Inde, comme

monnoie.

Il est très difficile aujourd'hui de déterminer l'arbre dont l'écorce étoit si précieuse; peut-être appartient-il

à la famille des lauriers.

Toutes les recherches que j'ai pu faire ont été infructueuses, et je n'en suis pas surpris, d'après ce que M. PALISSOT DE BEAUVOIS ( Flore d'Oware et de Benin, pag. 40) a rapporté du Kola ou Cola (2), fruit du sterculier acuminé (sterculia acuminata, PALISS.; Encyc. mét. botan. tom. 7, pag. 433, sp. 15), et que l'on regardoit aussi comme servant de monnaie.

Ce fait, entièrement détruit par les détails que donne M. Palissot de Beauvois, nous apprend qu'il faut, dans bien des cas se défier des rapports de voyageurs. Plusieurs ont dit que les Mexicains employoient le

(1) Gelsomoro arboris ab incolis dicte cortex..... C. B. Pin., ́ p. 513. JONST. Dendr. p. 470, §. XIV.

(2) C. B. Pin., p. 507, sub. rubricâ x. Palma (forte) cujus fructus cola dicitur..... PLUKENET. Amalth. Botan., p. 165. 2.

Gola Nigritarum..... utuntur eo pro moneta.

JONST. Dendrol. p. 110, 2.o col. 4. Nux de Gambra.

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