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dont les feuilles se convertissent en canards ( 1 ) et sur lesquels GUETTARD ( Nouv. Mém., tom. 1, pag. 244) a donné une savante dissertation : il a démontré que l'on avoit confondu ce qui a rapport aux conques anatifères, qui souvent adhèrent aux bois, avec ce qui regardoit une espèce de canard (anas erithropus, LINN.) fort commune dans le nord, où ces testacées sont très abondans; que la diminution des conques anatifères, dévorées par les canards, avoit fait croire à leur changement, et que l'amour du merveilleux avoit engagé à dire que les feuilles des arbres, en tombant dans la mer, subissoient une métamorphose et donnoient naissance à des canards : cette extravagance avoit déjà été réfutée dès le XIII. siècle par Albert le Grand.

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On en a une seconde preuve dans ces arbres dont les fruits sont, dit-on, des huîtres (2): il ne s'agit cependant que de la circonstance que présentent les Mangliers (Rhizophora mangle, LINN.), dont les racines et même les branches pendantes et plongées dans l'eau, sont souvent chargées d'huîtres (Ostrea parasitica, GMEL. S. N., ed. XIII, tom. 1, pag. 3336, n.° 115), regardées comme très délicates par vigateurs.

(1) Arbores anatiferæ. C. B. Pin, p. 513.

les na

Arbor in Orcadibus et Hibridis insulis anatifera. JONST. Dendr. p. 471, §. xxv. Tab. cxxxiv, sur laquelle est une mauvaise figure du Lepas anatifera, LINN.

(2) Fructus ostraceis non dissimilis arboribus nascens. C. B. Pin, p. 514.

Arbor Ostreifera. JONST. Dendr. p. 470,§. xv.

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Une troisième preuve se tire des arbres, dont on dít que les feuilles marchent (1).

Les Phyllies ressemblent à des feuilles ; les Phasmes, à des brins de bois (2).

La ressemblance de certains insectes orthoptères, Mantis gongylodes-gigas, avec des petits rameaux secs ou des feuilles d'arbres, a donné naissance à ce conte, et à sa contre-partie attestée par Prson (Hist. nat. et médic., pag. 317, lib. v, cap. xxi. Gaayara, Mantis gongylodes, LINN.), qui regrette de ne pouvoir offrir au lecteur la plante dans laquelle s'étoit transformé un de ces insectes (mantis gongylodes), parce que le dessin a été égaré dans la traversée. Pison aura confondu la ressemblance de certaines feuilles avec l'insecte.

On doit également rapporter ici les prétendues mouches végétantes de Cayenne (3), mouches végétantes des Caraïbes, observées d'abord par Joseph TORRUBIA: ce sont les Clavaria militaris-sobolifera qui ne croissent que sur les nymphes de Cigales. (Act. Paris. 1769. pag. 467, tab. 4. RozIER, Obs. phys. 1771, tom. 1, part. 2, p. 238, tab. 2, f. 5.6. 1772, juin. tom. VI, part. 2.o, p. 199-200 ).

(1) Arbor Foliis ambulantibus., C. B. Pin, p, 512.
Arbor Frondiviva. JONST. Dendr. p. 468, §. 1V.
Arbor in Borneo insula. JoNST. Dendr. p. 471, §. xxvi.
(2) N. D. H. N., éd. 2, t. 25, p. 506; t. 26, p. 29.

(3) WALTON Phil. trans. vol. LIII, p. 27, tab. 33, f. 1.
SEELIGMAN aves. fascicul. 1x, tab. 25.

BONNET. Contempl. de la nat. Part. x, p. 87.

ROBINET. De la nature. Tom. 4, p. 171.

SPALLANZANI. Obs. microsc. p. 249, tab. 6.

MILLER. Illust. of. syst. sex. tab. ultim. fig. dextra infer.

La Sphaeria entomorhiza (Encycl. méth, dict. bot. tom. vII, pag. 326, no. 9) croît sur les larves d'insectes; et cette observation avoit déjà été faite par un savant (Act. Paris, 1769, p. 470, tab. 5, f. 1-9), qui avoit trouvé sur des larves de scarabées une sphérie pareille ou analogue.

Une quatrième preuve est fournie par les dénomina tions équivoques, qui transportent à des substances des propriétés qui ne leur appartiennent pas c'est ainsi que JONSTON parle d'un arbre (1) qui, la nuit, est entouré d'un essaim de mouches luisantes. Ces mouches peuvent être des fulgores ou des taupins cucujo (elater noctilucus, LINN. ); mais je ne sache point que l'on ait observé qu'elles préféroient, pour se rassembler • un arbre à un autre. Aussi PLUKENET (Almag., p. 228, Lucinium arbor tiliae foliis majoribus americanum, t. 201. f. 3. Amyris balsamifera, LINN.) rapporte-t-il dans la synonymie de son Lucinium, avec doute, à la vérité, l'arbre des mouches luisantes de JoNSTON. A cette occasion, il observe que dans les Barbades, le Lucinium arbor, etc., est désigné, par quelques personnes, sous le nom de Light-wood, non à cause de la lumière qu'il répand, mais à cause de la légéreté de son bois.>

J'observerai que Jacques BoNTIUS (Hist. nat. et med. Ind. orient., pag. 85, lib. v, cap. xxx11I), dit qu'au Japon il croît une plante, de la forme d'un palmier, qui, si elle est mouillée par la pluie, meurt sur-le-champ, à moins qu'on ne l'arrache aussi-tôt

(1) Arbor Muscarum splendentium. JONST. Dend. p. 471,

§. XXVII.

pour la porter dans un lieu sec, afin de la replanter ensuite, etc.

Je pense qu'il y a ici équivoque, et que palmae figura qui se trouve dans le texte, ne doit point être traduit par figure de palmier, mais imitant la paume de la main. Alors on reconnoît dans la plante dont parle Bontius, un cactier à articulations comprimées, une raquette ou une des autres plantes grasses, qui en effet pourrissent par la grande humidité, et ne prospèrent que dans les climats chauds et les terrains secs. JONST. (Dendr., pag. 56, col. 1.) l'avoit déjà dit du cactus opuntia, LINN pluviae, quá facilè corrumpitur, inimica.

J'ai jugé les développemens qui précèdent, nécessaires pour venir à l'appui de ce qui me reste à dire sur la racine de Baharas, à laquelle on a attribué la propriété des vers luisans ( lampyris noctiluca, etc.) dont la lumière n'est apparente que la nuit ; celle des feux follets qui fuient ceux qui les poursuivent, et celles de la mandragore sur laquelle on a fait tant de contes.

La Mandragore (J. BAUHIN, Hist. Plant., tom. 3, pag. 614-617. Dict. des Sc. médicales, tom. 30, p. 424 et suiv.) avoit des propriétés merveilleuses ; on l'employoit à beaucoup d'usages superstitieux; on lui attribuoit la vertu de rendre fécondes les femmes stériles, etc. etc.; aussi cherchoit-on à se procurer un objet aussi précieux, et les charlatans tiroient un grand parti de la crédulité du vulgaire. Ils préparoient la mandragore, non-seulement avec la racine de la plante qui en porte aujourd'hui le nom (atropa mandragora, LIN.), mais encore avec des racines de guimauve (althaea officimalis, LINN.), de bardanne ( aretium lappa, Linn.),

d'Angélique (angelica archangelica, LINN. (1)), etc.etc. Ils en faisoient de métal, de verre, de pierres, de bois. Ces mandragores représentoient souvent la forme humaine toute entière, et quelquefois la partie inférieure seulement. Elles étoient connues en Allemagne sous le nom de racines d'alrune, alraune, figures alruniques.

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GLEDITSCH ( Nouv. Mém. de l'Acad. de Berlin, 1778, pag. 36 et suiv.) donne sur la Mandragore une dissertation curieuse. Il cite à cette occasion un ancien manuscrit de Dioscoride, acheté en 1562 par Auger BUSBECQ pendant son ambassade à Constantinople, de la part de la cour de Vienne. Ce manuscrit du v.° siècle, est en parchemin ; il fait partie de ceux de la bibliothèque de Vienne; il offre deux figures ou tableaux relatifs à la Mandragore, et au moyen qu'il falloit employer pour se la procurer l'un d'eux (gravé à la table 3, p. 61 des nouv. Mém. Berlin, 1778) porte au bas: Canem (radicem ) evellentem deindè morientem; parce que l'on prétendoit que celui qui arrachoit la racine mourroit sur-le-champ, et que, pour éviter ce malheur, on se servoit d'un chien pour l'arracher.

Un ancien médecin, appelé LUTH-F.-DALLAH, avoit déjà cherché à détruire le conte de la Mandragore; il regardoit comme une fable la nécessité d'employer un chien pour l'arracher, et il dit positivement que la clarté du Baratas dépend des Vers luisans qui sont quelquefois posés sur la plante.

Leonard PLUKENET, célèbre botaniste anglais, à

(1) MANGET Biblioth.pharmaceutico-medica, tom. 2, p. 208.

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