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furent unanimes. Ceux dont il avoit adopté la gloire militaire confondirent leurs regrets avec les regrets de ceux qu'une longue société d'infortunes et de fatigues avoit rendus dignes de se nommer ses frères d'armes. On a vu plusieurs guerriers toucher de leur épée celle du Prince; touchante illusion qui prête au glaive du héros le pouvoir de communiquer la valeur. On a vu des habitans de Chantilly se jeter aux pieds des gardes que l'affluence de la multitude a rendus nécessaires, pour obtenir de le revoir encore une fois. Un invalide centenaire, qui semble représenter à lui seul cette armée témoin des premiers exploits du Prince, s'est aussi avancé dans cette foule : « et moi aussi, dit ce noble vieillard, je veux rendre un dernier hommage à mon général. » A ces mots, les rangs pressés de la multitude s'ouvrent devant lui : soutenu par deux soldats, il s'approche du cercueil, lentement et dans un douloureux silence; ses yeux affoiblis y demeurent longtemps fixés et se remplissent de larmes. Puis, tout-à-coup, se retournant vers les guerriers qui l'entourent: «Camarades, s'écrie-t-il, vous ne rendrez jamais le même devoir à un plus brave....» Ce sont-là les hommages funèbres qui conviennent à un CONDÉ !

Grand Prince! dormez en paix dans l'asile funèbre des Duguesclin et des Turenne, à côté de ce roi pour lequel vous avez si vaillamment combattu, et qui comme vous a généreusement pardonné. Dormez en paix, et reposez-vous enfin de vos longues fatigues. Vos cendres ne seront pas troublées par des dissensions nouvelles; votre mémoire ne res tera point honorée à demi parmi nous. Il sera un jour réalisé ce vœu tout français solennellement émis dans une grande assemblée votre statue s'élevera au milieu de nous, environnée des souvenirs de votre vie toute entière; et, pour rappeler sans cesse votre glorieux exemple à des Français enfans d'un même Roi et sujets d'une même patrie, nous graverons ces mots sur le piédestal: A LA CONCORDE.

Après la lecture de l'ouvrage couronné, le président ouvre le billet cacheté qui y étoit joint, et proclame le nom de l'auteur (1), M. Joseph-Théophile FOISSET, de Blignysous-Beaune (Côte-d'Or).

(1) N. B. L'auteur n'est âgé que de 19 ans.

DES PRIX PROPOSÉS POUR 1820 ET 1821.

U

N préjugé funeste, qui paroît avoir pris naissance dans le moyen âge, dans ces siècles d'agitation et d'ignorance où l'Europe étoit couverte des ténèbres de la barbarie, et qui naturalisé pour ainsi dire parmi nous, s'y maintient encore, malgré la civilisation la plus avancée, a fixé l'attention de l'Académie. Ce préjugé qui n'est fondé que sur la fausse idée qu'on s'est faite de l'honneur, et qui n'en est pas moins demeuré, jusqu'à ce jour, indestructible, consiste dans le détestable usage de provoquer un adversaire au combat singulier. C'est lui qui a fait les duellistes, les spadassins, et qui porte chaque jour le deuil et la consternation dans le sein des familles. Contre lui les lois civiles actuelles sont muettes, et les lois divines ont toujours été impuissantes. Le meurtre, lorsqu'il a lieu, n'est pas l'objet des recherches de la justice, et le meurtrier reste

impuni. Faut-il s'étonner, après cela, de la fréquence des duels et de la sécurité de ceux

qui se rendent coupables d'un tel délit : aussi leur nombre semble-t-il s'accroître tous les jours, et il n'est pas rare de voir des amis intimes, des amis qui le sont dès l'enfance, forcés, par ce faux point d'honneur, à s'entr'égorger, souvent pour un mal-entendu. Le spadassin, toujours insolent, querelleur, n'ayant d'autre courage que celui qu'il trouve dans une certaine supériorité d'adresse qui lui vient de l'habitude de l'escrime, cherche un ennemi parmi ceux qui ne pensent pas à lui, qu'il n'a même jamais connus, et que bien surement il croit d'une moindre force que lui; et si, le défi étant accepté, il vient à triompher, comme il s'y attend, alors tout fier de sa victoire, il se croit un personnage redoutable, joue le rôle de protecteur envers ceux qui admirent sa vaillance, heureux de cacher ainsi sa lâcheté sous le manteau de la bravoure. Le faux honneur ne peut être le partage que du faux brave. Déterminée par ces considérations, l'Aca

démie

propose pour sujet du Prix à décerner en 1820, la question suivante :

Quels seroient les moyens les plus effi

caces d'extirper du cœur des Français, cette maladie morale, reste de la barbarie du moyen âge, ce faux point d'honneur, qui les porte à verser leur sang dans les duels, au mépris des préceptes de la Religion et des lois de l'Etat?

La Météorologie nous intéresse sous une infinité de rapports. Les végétaux et les animaux qui nous nourrissent et nous habillent, notre santé, nos sensations, et quelquefois la force même de nos facultés intellectuelles reconnoissent son influence ; aussi a-t-elle été dans tous les temps le sujet des études et des méditations des physiciens. Tant d'efforts et de travaux n'ont obtenu qu'un succès médiocre ; et tandis que notre intelligence s'élevant jusqu'à la loi qui régit la matière, peut embrasser dans leur ensemble les mouvemens de la terre et des astres, elle ne possède que des systêmes et des conjectures plus ou moins probables sur les causes des météores aqueux, les plus importans de tous; et cependant ils se passent sous nos yeux, ils nous environnent, nous touchent et affectent immédiatement tous nos sens. C'est que l'action du soleil sur

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