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d'Auguste, dit, lib. 6, cap., 9, que les Gaulois faisoient dorer leurs armes et les garnissoient de corail.

Ces historiens parlent-ils des Gaulois avant ou après la venue de César? Ce seroit l'objet d'une discussion spéciale, si nous n'avions démontré plus haut que ces tombeaux ne pouvoient appartenir à des militaires gaulois.

D'autre part, l'art de damasquiner étoit bien certainement connu des Romains, puisque Tite-Live, lib. 33, consigne qu'après la ruine de Carthage, une partie des dépouilles des vaincus fut employée à dorer (100 ans avant J.-C.), les lambris du Capitole; puisque nous lisons dans Suétone (Vit. Caes. 67), que César tenoit à ce que les troupes eussent leurs armes enrichies d'or et d'argent, afin que, pour les conserver, les soldats fussent plus acharnés dans le combat Caesar habebat tam cultos milites ut argento et auro politis armis ornaret, quò tenaciores in praelio essent metu damni.

Ce passage cadre merveilleusement avec l'opinion que nous avons que les débris d'armures trouvés au Mont-Afrique, sont les plaques et la boucle d'un ceinturon destiné à supporter le sabre du guerrier, soit entre

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la courroie et le corps, soit suspendu par des agrafes ou chaînettes. Nous avons remarqué des ceinturons du même genre dans les gravures de l'ouvrage de Juste-Lipse de milit. rom., fol. 182 et 241; dans le Recueil des Costum. des anciens peuples, par And. Bardon, 1772, in-4.° tom. 1, pag. 90, pl.

VIII, où l'on voit un chef de légion des armées romaines avoir un ceinturon damas

quiné de dessins arabesques, après lequel étoient suspendus, d'un côté un sabre par des chaînettes, de l'autre un poignard; le ceinturon, comme on sait, étoit la marque distinctive des officiers des armées romaines ; il l'est encore aujourd'hui des officiers des armées de l'Empereur d'occident qui a succédé aux anciens Empereurs romains.

Le tombeau où ces débris furent trouvés étoit donc celui de l'un des officiers des légions de Fabius, même d'un officier de distinction, primipile ou centurion, si l'on en juge par la richesse de son armure, indiquée par celle de son ceinturon; la distinction d'une couverture à ce tombeau vient encore à l'appui de cette présomption, car trois de ces tombeaux seulement étoient couverts, et dans ceux-là seuls ont été trouvés quelques restes propres à faire re

connoître l'époque de ces tombeaux, et le peuple auquel ils appartenoient.

Dans l'un de ces tombeaux couverts, M. le juge de paix du canton avoit trouvé dans une précédente fouille, une plaque et un ovale du même genre, également chargés de ciselures et damasquinures en argent ; mais cette plaque est en cuivre, plus petite que la précédente. M. MOREAU a bien voulu s'en défaire en faveur de l'Académie.

Dans ce tombeau, à l'ouverture duquel M. le juge de paix a présidé, l'on a trouvé une médaille consulaire d'argent, de la famille RUBRIA, ayant d'un côté une tête de Neptune, derrière laquelle est un trident, et au bas le mot DoSSEN; au revers un quadrige sur lequel est placée une espèce d'arche présumée renfermer les statues des Dieux, et au bas, L. RUBRI. Cette médaille appartenoit à M. LEBRETON, receveur des contributions (1), qui en a fait don à l'Académie.

(1) La famille de LUCIUS RUBRIUS DOSSENUS étoit ancienne à Rome; elle avoit donné à cette ville les plus habiles médecins (Plin., lib. 29, cap. 1.): aussi voit-on ordinairement sur les médailles de cette famille les statues d'Esculape ou de Mercure (Hist. rom. par

Cette pièce étoit sans doute du genre de celles appelées NAULUS (Diod. Sic., lib. 1), que les Payens plaçoient sous la langue du défunt pour payer à Caron le passage de la barque fatale; n'indiqueroit-elle pas que le jeune officier, dans le tombeau duquel cette pièce fut trouvée, étoit de cette famille consulaire ?

Les grains ensemencés dans le climat où sont ces tombeaux n'ont pas permis aux Commissaires de l'Académie (1) de faire exécuter de nouvelles fouilles, ni de pousser plus loin celles qu'ils avoient faites. Lorsque cette place sera dépouillée de ses fruits, il sera possible de retourner sur ce sol antique et de l'explorer plus amplement; peutêtre y trouvera-t-on des preuves plus complettes pour déterminer à quels peuples appartiennent ces ossemens, et quelle est l'époque où ils ont été confiés à la terre qui, pendant tant de siècles les avoit dérobés à nos regards.

les Médaill. pag. 78); celle dont il s'agit feroit une exception, et sous ce rapport deviendroit une médaille

rare.

(1) M. le docteur Antoine, président; M. le docteur Vallot, secrétaire, et M. Girault, conservateur du cabinet des antiques et médailles.

Désireux d'éclaircir quelques points d'histoire, et de faire disparoître l'incertitude des auteurs, M. GIRAULT a lu à l'Académie (Séance du 27 janvier 1819) une notice intitulée : Les grands plaids de Dieu, tenus en juin 1116, entre Lux et Til-Châtel, au département de la Côte-d'Or.

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L'auteur commence par exposer l'état malheureux où se trouvoit la France dans les premières années du XII. siècle : le défaut de police, les guerres privées entre les seigneurs, le brigandage, ne présentoient partout que meurtres, pillage, incendies.

Louis le Gros entreprit de rétablir l'ordre ; il réduisit les seigneurs de Créci, du Puiset, de Corbeil, et remporta, aux environs de Gisors, la victoire sur les Anglais, qui s'en vengèrent en suscitant une guerre civile et intestine, dans laquelle ils étoient secondés par Thibaut le Grand, comte de Champagne. Le désordre étoit au comble, lorsque Hugues II, surnommé le Pacifique, souverain du duché de Bourgogne, et Guillaume III, dit l'Allemand, souverain du comté de Bourgogne, se concertèrent avec les évêques pour appeler l'intervention et l'autorité de l'Eglise.

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