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qui nous sont parvenus, les propriétaires de vignes pensent qu'à raison de la taille courte employée dans la Côte, cette pratique ne peut point être usitée dans notre vignoble. Des observations faites par M. Benon ne sont point favorables à l'introduction de l'incision annulaire dans le Mâconnois. (Compte rendu de la Société des Sciences, Arts et Belles-lettres de Mâcon. 17 décembre 2818. pag. 9).

Comme tous les êtres organisés, la vigne a une durée limitée; mais la culture est parvenue à la prolonger par le provignement, c'est-à-dire, le couchement des ceps.

La Société des Sciences, Arts et Belleslettres de Mâcon, a envoyé à l'Académie, pour en avoir son avis, un mémoire sur une méthode pour renouveler la vigne. (Séance du 2 décembre 1818).

L'auteur de ce mémoire, M. RUBAT, propriétaire à Vinzelles, arrondissement de Mâcon, a recouché, en avril 1813, six coupées de vignes usées par l'âge. Elles prirent, par cette opération, l'aspect d'une plante de quatre ans, qui est à sa première taille : elles en offrirent la progression, soit pour la beauté du bois, soit pour les produits ; et à leur cinquième feuille, les vignerons les plus exer

cés leur donnèrent huit ans. Par cette méthode, le propriétaire a bénéficié des trois ans de repos nécessaires au sol, après l'arrachement; des trois ans d'enfance de la vigne, d'une année pour les chances de la reprise, et enfin du prix de façon de la jeune vigne pendant trois ans.

M. RUBAT détaille le procédé qu'il a suivi; il dit que pour les terrains glaiseux ou argileux, il faut l'employer au mois d'avril, mais qu'on doit en faire usage dès le mois de décembre ou pendant l'hiver, pour les terrains siliceux ou sablonneux.

Il distingue deux espèces de vigne, dont il développe les caractères : le plant ordinaire ou gamet, dont les feuilles à cinq lobes sont foiblement colorées; et le plant vivace ou plant fin, à feuilles tribolées d'un vert foncé, et qui se distingue par l'excellence de ses produits. L'auteur indique ensuite la nature du terrain et l'exposition qui conviennent à chaque espèce; il rappelle l'influence de ces deux conditions sur le produit et la qualité, et rassure contre la crainte manifestée par les vignerons, qui disent en proverbe : Le gamet tuera le plant fin.

M. RUBAT passe en revue les diverses manières de provigner usitées dans le Mâcon

nois; il les regarde comme insuffisantes ; mais il convient que le procédé usité dans la Côte, et qui peut seul convenir dans les terrains sablonneux, ne pourroit pas être remplacé par le sien.

La méthode de M. RUBAT n'est point nouvelle; elle est indiquée dans plusieurs traités sur la culture de la vigne : mais ce propriétaire a le mérite de l'avoir employée en grand avec intelligence et avec beaucoup d'avantage on peut former des souhaits pour que son exemple soit suivi dans tous les pays où le terrain et la manière de cultiver la vigne permettent de recourir à ce procédé.

M. DE SOUHEY, Associé non résident, a adressé à l'Académie (9 décembre 1818) un mémoire intitulé: Essai sur les moyens de prévenir les maladies épizootiques.

Après des considérations générales sur les épizooties, leur contagion, leurs ravages, l'auteur fait sentir aux propriétaires, l'avantage de prévenir les épizooties. On y parviendroit, dit-il, en tenant les étables propres, et en déposant les fumiers dans un local approprié. En effet, dans nos campagnes, les étables sont basses et nullement aérées les animaux qui y sont entassés, y

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éprouvent une température élevée qui les rend très sensibles à l'impression de l'air extérieur, lorsqu'ils sortent les émanations qui s'échappent de leur corps, altèrent les fourrages, qu'une distribution mal entendue fait ordinairement placer sur les étables, dans des fenils qui n'en sont séparés que par des claies.

A ces causes éloignées des épizooties, M. de Souhey ajoute encore, la fatigue d'un travail excessif auquel on astreint quelquefois les animaux; l'usage où l'on est de les faire paître dans des lieux où ils trouvent des plantes humides ou couvertes de rosée; et enfin le parcours (1) qu'il regarde comme nuisible et perfide. L'auteur admet deux sortes d'épizooties; l'une spontanée, l'autre par contagion; c'est contre cette dernière seulement que les mesures de police sont dirigées. La première est celle contre laquelle M. de Souhey désire que l'on emploie les moyens préservatifs qu'il indique d'après sa propre expérience. Il suppose que l'on a suivi d'abord

(1) Voy. les Réflexions de M. GASQUET, sur les droits de parcours, de vaine páture et d'usage dans les bois. Annal. de l'Agriculture franç. 2. série tom. V, pag. 251–259.

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les conseils dont nous avons parlé plus haut, et il ajoute que la chaux vive répandue dans les étables et arrosée d'eau, puis fondue sur la litière des animaux, à mesure que l'on en forme les tas de fumier, présente le double avantage de prévenir le développement des épizooties spontanées, et de fournir un précieux engrais.

M. de Souhey s'est assuré que la chaux vive mélangée intimement avec les fumiers, produit l'engrais le plus actif qui soit connu, puisqu'il répare l'épuisement des terres, et qu'il peut être employé en moindre quantité; M. de Souhey s'est assuré par lui-même qu'une partie de ce nouvel engrais fertilise plus que cinq de fumier ordinaire. Cet engrais a en outre le précieux avantage de détruire les mauvaises herbes, ce qui évite les journées de sarclage et les frais de criblage; il détruit aussi les insectes, les limaces qui causent un si grand dommage dans nos cultures. L'auteur, dans son Mémoire rappelle aux agriculteurs que la source de leurs richesses consiste à former beaucoup d'élèves pour multiplier les bestiaux ; à établir des prairies artificielles, qui sont un trésor inépuisable, sur-tout si, lorsqu'on en donne le produit au bétail, on a l'attention

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