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vantage des autres, ou pour l'agrément de

la société.

Qu'un excès d'enjouement dispose à la malice, que son esprit ne puisse se défendre du sel de l'épigramme, il dissimule avec adresse ce qu'elle a de trop piquant, et l'épine reste cachée sous le feuillage de la

rose.

Au sein des sociétés savantes, il se montre sous des dehors moins gracieux, mais il y paroît avec plus de réserve, d'éclat et de dignité.

Sévère pour lui-même, indulgent pour les autres, il ne s'occupe que d'eux, et n'oublie jamais ce qu'il doit à chacun d'égards et de procédés.

Ses jugemens sont toujours impartiaux; sa critique est toujours fondée, mais elle s'exerce sans aigreur; l'homme de mérite sait que les blessures de l'amour propre se guérissent difficilement, et il s'attache à le fléchir par la mesure et la décence de ses expressions, par la justesse et la convenance de ses observations.

La vanité et l'orgueil ne flétrissent point ses lauriers; il trouve sa première récompense dans l'espoir d'être utile, et lorsqu'il obtient la palme du triomphe, il n'en recherche, ni l'éclat, ni les honneurs.

Moins jaloux de sa propre gloire que de celle de ses collègues, il ne se laisse point influencer par les funestes effets de l'envie oui, Messieurs, sans rien perdre de cette estime que l'homme se doit à lui-même, il

se montre supérieur à toutes les passions; tous ressentimens lui sont étrangers, et ses vœux les plus constans sont pour la paix et l'union , parce qu'il les considère comme l'ame des sociétés, comme les premières protectrices des lettres et des sciences.

Telles sont les qualités du véritable homme de lettres; leur réunion forme ce qu'on appelle l'esprit académique, et c'est de lui seul que les sociétés littéraires empruntent leurs charmes et leurs principaux ornemens. Épurées de tous les défauts qui sont les écueils des sociétés, embellies de tous les avantages qui en font les agrémens, elles deviennent le séjour de la vraie politesse et de la gracieuse aménité; la sagesse même y fixe son empire, lorsque la science et la saine philosophie ont des droits égaux à leur culte et à leurs hommages.

Que ces lieux consacrés aux Muses sont alors grands et majestueux!

Aucun nuage n'obscurcit l'horizon des sciences; aucune tache ne ternit la majesté des lettres, elles y jouissent de toute leur pureté, elles y brillent de tout leur éclat.

En terminant cette foible esquisse de mes sentimens et de ma reconnoissance, qu'il me soit permis de vous exprimer mes vœux.

Ils sont, je crois, un peu téméraires, mais l'ambition de vous égaler sera mon excuse.

Puissé-je, Messieurs, vous imiter un jour dans vos talens, comme dans vos écrits, et surtout mériter ce titre, dont vous venez

de m'honorer, par mon zèle à soutenir les intérêts de l'Académie, et par mon vif désir de vous seconder dignement dans la carrière des sciences, des lettres et des arts.

DES SCIENCES,

ARTS ET BELLES-LETTRES

DE DIJON.

SÉANCE PUBLIQUE TENUE LE JEUDI 22 AVRIL 1819.

M. ANTOINE, Docteur en Médecine, président, ouvre la Séance, et dit :

MESSIEURS,

Au retour de chacune des époques consacrées à la tenue de ses séances publiques, l'Académie de Dijon éprouve une satisfaction nouvelle et bien douce d'avoir à rendre compte de ses travaux annuels devant une assemblée nombreuse et brillante, qui, en l'honorant de sa bienveillance, lui témoigne un intérêt qu'elle a toujours ambitionné, et dont elle doit se glorifier d'être l'objet.

Les sciences et les arts, nés du besoin qui se fait constamment sentir chez tous les peuples civilisés, ne seroient que des inventions oiseuses, s'ils n'étoient dirigés vers un but d'utilité générale, et c'est pour l'atteindre que les sociétés savantes mettent tous leurs soins à leur imprimer cette utile direction. L'Académie de Dijon a quelque droit de revendiquer sa part dans les progrès qu'ils ont faits, surtout depuis près d'un demisiècle, puisqu'elle a été le berceau d'une de ces sciences positives qui n'étoit alors, pour ainsi dire, qu'ébauchée, mais qui aujourd'hui, brillante de l'éclat qu'elle doit à une salutaire réforme, marche à grands pas vers le terme de sa perfection possible. Sans doute les membres actuels de l'Académie ne sauroient se prévaloir des mêmes succès que ceux qu'ont obtenus leurs devanciers; mais ils espèrent, en suivant leurs traces, pouvoir encore se rendre utiles à leurs concitoyens par la culture assidue des sciences des arts et des lettres, dont ils s'attacheront à inspirer le goût de tout l'effort de leur zèle.

Si l'Académie a paru jusqu'ici s'occuper plus spécialement des sciences et des lettres, elle n'a pas, pour cela, négligé de donner

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