Page images
PDF
EPUB

SUR LA CRASSE DE MER.

M. Lamoureux ignore quelle est la nature de la matière écumeuse jaune, appelée crasse de la mer, qu'il soupçonne être la cause des qualités délétères des moules. Voy. sa lettre du 5 janvier 1818, Orfila. Traité des poisons, tom. 2, p. 518.

Les détails suivans serviront à éclaircir ce fait.

et

GUETTARD étoit un naturaliste fort exact, ainsi qu'on peut s'en assurer en consultant les Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, et ceux qu'il a publiés à part. On regrette seulement que les descriptions qu'il donne ne soient point assez exactes, sur-tout qu'il n'ait pas adopté la méthode Linnéenne pour la détermination des espèces dont il parle. Il en résulte que beaucoup d'observations très curieuses sont perdues, et qu'il est même difficile de les répéter, soit par l'impossibilité de se transporter sur les lieux, soit par la difficulté de trouver dans ses ouvrages les descriptions qu'il a données.

En parcourant ses nouveaux Mémoires (tom. 1, p. 163, tom. 11, p. 333), j'ai trouvé l'observation suivante qui me paroît curieuse :

«

« Une Limace de mer, d'un beau jaune, dépose des « masses d'œufs, également d'une belle couleur jaune, qui forment, par leur ensemble, de longues et larges « espèces de rubans..... Ce frai a l'air de rubans d'un << beau jaune et grenus. Le grenu est formé par les œufs << arrangés symétriquement lorsque ces œufs sont « éclos, les rubans sont parsemés de trous ( tom. 1, " p. 164. ) »

«

GUETTARD (Mémoires de l'Académie des sciences

de Paris, 1766. Pag. 157), parle d'un Lièvre marin, jaune citron, qui fait sortir du trou qu'il a sur le dos, un panache feuilleté, composé de plusieurs branches.

Ses œufs sont très petits; ils forment par leur assemblage des espèces de bandelettes d'un beau jaune citron. Čes œufs sont liés par une matière gluante et tenace qui prend une certaine consistance. On les trouve assez souvent répandus sur les bords de la mer du bas Poitou.

Ce frai a été observé par quelques anciens auteurs qui l'ont décrit, comme une production marine, sous le nom d'Alcyonium Taeniatum, autor. Alcyonium vermiculatum flavescens. ToURN., I. R. H. p. 577.

CUVIER (regn. anim., tom. 2, p. 390), dit que le frai des Doris est en forme de bandes gélatineuses répandues sur les pierres, les varecs.

En rapprochant ces divers passages, je pense que l'on demeurera convaincu que l'animal décrit par GUETTARD, sous le nom de Limace de mer d'un beau jaune, Lièvre marin jaune citron, est une espèce de Doris que je désigne sous le nom de Doris Flava, NOB, et que l'Alcyonium taeniatum, AUTOR., en est le frai. Cette espèce n'est point décrite par les auteurs, et M. Cuvier n'en a pas fait mention dans son beau et savant mémoire sur le genre Doris.

C. B. Pin (p. 368. 111), appelle le frai de l'Aplysie dépilante, Alcyonium vermiculare, imper. C'est le Vermichiaria d'imperati.

TOURNEFORT (institut. rei herbariae, p. 576), sous le nom d'Alcyonium vermiculatum purpureum, indique le frai pourpre de l'Aplysie dépilante, très

bien décrit par GUETTARD ( Mém. tom. 3, p. 146. 171. Nouv. Mém., tom. 1, p. 163, Alcyonion milésien tom. 3, p. 333. Mém. de l'Académie des sciences de Paris, 1756, p. 157,) de la manière suivante :

« Les masses de frai ressemblent à des vers ou des ver« misseaux qui par leurs entrelassemens contournés de <<< toutes façons, forment des espèces de boules irrégu« lières dont on trouve une grande quantité sur les bords « de la mer.

« Le frai est une espèce de gelée blanchâtre, ou d'un violet plus ou moins foncé. Les masses d'œufs ainsi réu& nis, sont contournées en divers sens, et on les prendroit « d'abord pour des espèces de vers réunis ensemble. Ces « masses sont quelquefois plus grosses que le poing; on e les trouve en octobre sur les côtes du bas Poitou. » Je ne puis qu'inviter les naturalistes, qui habitent les côtes de l'Océan,à répéter les observations de GUETTARD, pour les confirmer ou les éclaircir, dans le cas où elles laisseroient quelques doutes.

PHYSIQUE.

M. ARNAUD aîné, Docteur-Médecin, correspondant au Puy, a adressé (18 nov. 1818) une notice, dans laquelle il annonce que tous les ouvrages de géographie ont donné une latitude inexacte du Puy. Il rapporte les différentes latitudes citées ; il les compare avec la carte de Cassini, et il en conclut que la vraie latitude du Puy est de 45° 2′ 25′′; et que celle indiquée 45° 25' 2" est le résultat

[ocr errors]

d'une erreur typographique qui a été et qui est journellement répétée par les auteurs.

M. DELUC, Correspondant à Genève adresse à l'Académie (18 nov., 30 déc. 1818) de nouveaux détails pour appuyer son opinion relative à l'insuffisance de la neige ou des glaces pour abaisser la température de l'air dans leur voisinage, insérée dans le bulletin de Berne, n.o 6.

Il s'appuie sur la vigueur de la végétation au pied des glaciers des Alpes, pour en conclure que le réfroidissement de l'atmosphère ne dépend ni de la glace, ni de la neige, ni de la grêle; il pense que les retours de froid, qui s'observent en été, tiennent à des changemens subits dans la température de l'atmosphère, changemens dont les causes ne sont pas plus connues que celles de plusieurs phénomènes météorologiques notés par les observateurs, et dont nous ne rappellerons que les deux suivans:

On sait qu'en 1709, le froid qu'on éprouva dans la Hollande, en Angleterre et en Prusse, fut moindre qu'à Montpellier, et que le maximum du froid, en janvier 1709, eut lieu à Montpellier deux jours plutôt qu'à Paris.

(Annales de Chimie, 1818, nov. tom. 1x, pag. 297).

Le second phénomène est le suivant :

Sur les côtes des Etats-Unis, la marche de quelques ouragans est du sud au nord, quoique le vent souffle du nord-est. Ce phénomène observé d'abord par FRANKLIN, a été revu depuis par WARGENTIN, dans le nord de l'Europe lorsque le vent passe à l'ouest, il se fait sentir à Moscou plutôt qu'à Abo, qui est de 15° plus occidental; et il ne parvient en Suède qu'après avoir préalablement soufflé en Finlande. (Journ. phys. 1819, janv. tom. 88, pag. 33).

Jusqu'à présent, les physiciens n'ont point encore reconnu la cause de ces phénomènes.

Les réglemens de l'Académie prescrivent à chaque membre de lui rendre compte des principales découvertes qui se font dans la partie des sciences qu'il cultive plus particulièrement. On a rédigé l'extrait suivant dans le double but de remplir ce devoir et d'avoir un texte pour l'une des leçons de physique de la faculté des sciences de Dijon. L'Académie a jugé que les objets dont il traite ne se trouvant encore que dans les journaux scientifiques et disséminés dans un assez grand nom

« PreviousContinue »