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Vannes, Lafolye, libr. Se

A PIE IX, poésie, par l'abbé Maximilien Nicol, professeur au Petit-Séminaire de Sainte-Anne d'Auray. In-8°, 8 p. vend au profit du denier de Saint-Pierre...

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AMOUR ET PATRIE, par Léon Séché. Préface par M. Jules Claretie. Un vol. in-18, XVI-249 p. Paris, A. Lemerre.

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FELIX THOMAS, grand prix de Rome, architecte, peintre, graveur, sculpteur; par le baron de Girardot. In-8°, 28 p. - Nantes, imp. Vve Mellinet.

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FRÉDÉRIC CAILLIAUD, DE NANTES, voyageur, antiquaire, naturaliste; par le baron de Girardot. In-8°, 48 p. Nantes, imp. Vve Mellinet; Paris, lib. Labitte.

HISTOIRE DES DUCS DE BRETAGNE, avec la description des mœurs, coutumes, villes et monuments de toute la province; par Céline Fallet. Gr. in-8o, 203 p. et gravures. Limoges, imp et lib. Barbou frères.

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NOTICE SUR LES RESSOURCES MINERALOGIQUES ET SALICOLES DE LA LOIREINFÉRIEURE, par E. Lorieux, ingénieur des mines. In-8°, 51 p. — Nantes, imp. Vve Meilinet.

ROME ET VENDÉE. Scènes, tableaux et récits, par J. Crétineau-Joly, 1re série Un vol. in-18, 264 p. Portrait gravé de l'auteur. — Paris, Bray et Retaux, 82, rue Bonaparte.

SAINT-GILDAS ET TALIESIN. Épisode de l'invasion saxonne au VIe siècle, par Max. Nicol. In-8°, 8 p. · Saint-Brieuc, imp. L. Prudhomme.

SOUVENIR DE LA MISSION DE MACHECOUL, commencée le 26 avril 1874, et terminée par la fête de Saint-Honoré, le 16 mai; par l'abbé J.-A. Bouron, curé de Machecoul. In-32, 77 p. - Nantes, imp. Vincent Forest et Émile

Grimaud.

LA HÉRISSAIE DE NOEL DU FAIL

I

Noël Du Fail, parlant sous le nom d'Eutrapel au dernier chapitre de ses Contes, el annonçant sa retraite à ses amis, leur peint ainsi le lieu où il se retire et la vie qu'il a commencé d'y mener :

« Je prens (dit-il) congé de vous, me laissant aller et entrer au point où mon humeur et naturel me conduisent et où je me sens à mesure que mes ans peu à s'en vont et se derobent peu couler. C'est à ma maison aux champs, que j'ay accommodée années et rendue au terme d'une vraye habitation philosophale el de repos, à l'entrée et au front de laquelle Janvier, ce gentil maçon de Sainct-Erblon, a gravé ces mols:

Inveni portum, Spes et Fortuna valete.

Adieu le monde et l'espoir, je suis bien.

par ces

» Je l'ay bastie d'une moïenne force pour faire teste aux voleurs, coureurs, et à l'ennemi, si Dieu me vouloit chastier en ceste partie : soubs le credit de quelques petites eaux qui l'environnent, aveques les pourpris, bois, jardin et verger. Aux vergers me trouverez travaillant de mes serpes et faucilles, rebrassé jusqu'au coulde, couppant, trenchant et essargolant mes jeunes arbrisseaux, selon que la lune qui besogne plus ou moins en ces bas et inferieurs corps le commande. Aux jardins, y dressant l'ordre de mon plant, reiglant le quarré des allées, tirant ou fesani decouler et venir les eaus, accommodant mes mouches à miel: distillant les herbes, fleurs ou racines, ou, qui mieux vaut, en faisant des extractions d'icelles et

TOME XXXVIH (VIII DE LA 40 SÉRIE.)

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:

les rendant en liqueur espoisse: et me courrouçant, d'un pied suspendu en l'air, et attentif, contre la taupe et mulots qui me font tant de mal semant diverses et estranges graines, mariant et joignant le chaud au froid, attrempant le sec de la terre, advançant les derniers fruits, et contrerollant par doctes artifices les effects et ornements de Nature, que le vulgaire ignore. Aux bois, faisant rehausser mes fossez, mettre à la ligne mes pourmenoirs: et cepen. dant, outre cent musiques d'oiseaux, une batelée de contes rustiques par mes ouvriers: desquels, sans faire semblant de rien, j'ay autrefois extrait et recueilli en mes tablettes le subjet el grâce, et communiqué leurs propos et mes balivernes au peuple, prenant l'imprimeur et renversant mon nom de Léon Ladulfi. Aux rivières, amusé et solitaire sur le bord d'icelles, peschant à la ligne, alongeant souvent le bras ponr congnoisire, au mouvement de la ligne, quelle espèce de poisson vient escarmoucher l'appast: ou bien tendre reis ou filets aux lieux et endroits où le cours de l'eau a vraysemblablement fait plus belle passe. Quelquefois aussi, avec deux levriers et huit chiens courans, me trouveray à la chasse du renard, chevreau ou lièvre, sans rompre ou offencer les bleds du laboureur, comme font plusieurs, contrevenans aux ordonnances et à la justice commune : « Ne faites à autruy ce que vous ne voudriez vous estre fait. » L'autre fois avec l'autour, oyseau bon menager, quatre braques et le barbel, avecques l'harquebuze, deux bons chevaux de service et un pour les affaires de l'hostel.

> Vous disant qu'après telles distributions et departemens des heures, ayant premièrement fait les prières à ce haut Dieu que la journée se puisse passer sans l'offencer ny le prochain, et employé quelque heure à la lecture des livres : il ne me faudra au soupper, qui doit estre plus copieux et abondant que le disner, les sauces Asiatiques ne le breuvage d'Eschylus pour dormir 1.

Où était cette maison des champs que Noël Du Fail décrit avec tant d'amour, qu'il avait préparée avec tant de soin, pour y abriter contre

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Euvres de Du Fail, édit. 1874, II, 350-353; Contes d'Eutrapel, édit. 1585, f216-217. Sauces Asiatiques est dans l'édit. 1586, in-16; c'est la bonne leçon; les autres éditions anciennes que j'ai vues ont toutes sauces Athiacques ».

les sols et les méchants le calme de son âme et la franchise de sa vie? Aucun des éditeurs ni des biographes de notre auteur ne s'en est préoccnpé. D'après ce que nous savons, le choix se restreint entré Château-Létard et la Hérissaie: Château-Létard, parce que c'était depuis deux siècles le fief patrimonial, la demeure héréditaire des Du Fail; la Hérissaie, parce que notre auteur possédait cette terre et en portait le titre. Certains détails du passage si curieux que l'on vient de citer, entre autres, la mention de Janvier, le « maçon de Saint-Erblon », sembleraient indiquer Château-Létard, qui est en cette paroisse. Mais ce qui ressort surtout de ce passage, c'est que dans la maison des champs où il veut se retirer, Eutrapel est maître, seigneur, propriétaire. Cela exclut Château-Létard, que ne posséda jamais Noël Du Fail'. Reste la Hérissaie.

Il me paraissait intéressant de visiter sur place les restes, les ruines, ou tout au moins le site de cette « vraye habitation philosophale ». Où la prendre? Je l'avais demandée en vain aux édileurs et aux biographes; je m'adressai aux anciennes réformations nobiliaires de la province de Bretagne : j'y vis qu'en l'an 1513, « la maison et métairie de la Herissays, franche sans nulles rotures », située en la paroisse de Pleumeleuc, n'appartenait point encore à la famille Du Fail, mais bien aux «enfants de noble homme Pierre Morault » 2. La carte de l'état-major m'apprit de plus que cette ancienne maison noble a pour proches voisins les villages de Tremerel et de Ramussac, souvent mentionnés, le premier surtout, dans les Propos rustiques et dans les Contes d'Eutrapel.

Voir l'article Noël Du Fail, publié dans la Biblioth. de l'Ecole des Charles, année 1875, p. 254 à 259.

2. 1513. Noble homme Jean de la Frouchays, seigneur dudit lieu, comme garde des enfants de noble homme Pierre Morault, a la maison et metairie de la Harissays, franche, et n'y sont adjointes nulles rotures. (Extrait des Anciennes réformations de Bretagne, ms. de la biblioth. de Rennes, I, f. 278 R.) Dans une réformation particulière de la paroisse de Pleumeleuc, de l'an 1478 (28 juin), dont le propriétaire actuel de la Hérissaye (M. de Kernisan) possède une copie collationnée, on lit, au rôle des maisons nobles » de cette paroisse: La Herissaye, appartenante à Guillemette de la Gonzée. » Cette Guillemette épousa apparemment le Pierre Morault, dont les enfants étaient, en l'an 1513, propriétaires de la Hérissaie. J'ignore comment des Morault elle passa aux Du Fail.

Muni de ces renseignements un peu courts, je partis un jour de novembre 1874 pour aller découvrir la Hérissaie. La Providence, favorable à mon dessein, plaça sur ma route, au château de Clayes, un guide excellent, qui voulut bien diriger mon exploration et m'aida singulièrement à en tirer profit.

II

Le territoire des paroisses de Clayes et de Pleumeleuc est plat et très-peu accidenté, avec des différences de niveau et non des mouvements de terrain. Pas de coteaux, mais çà et là des rampes en pente douce; pas de vallées, mais de légères ondulations. C'est un sol gras et fécond, déchiqueté en mille lopins, mille petits champs, ou, comme on dit là, mille petits clos. Mot parfait, car chaque pièce de terre est close el encourtinée d'un rideau de grands arbres qui s'élancent des talus, châtaigniers à larges branches horizontales, longs chênes ébranchés jusqu'à la cime, et jusqu'à la cime parés de ramilles qui en font d'immenses quenouilles de feuillage. Entre ces clos serpentent des chemins plus ou moins creux, de largeur variée et de courbes très-capricieuses, sillonnés d'ornières, nullement ferrés, car le pays manque de pierre; aux premières pluies, on y enfonce jusqu'au moyeu la voirie a encore là des progrès à faire. Les maisons sont de terre battue jaune-rougeâtre, d'un lon chaud, qui s'enlève bien sur le vert des arbres.

Malgré le pauvre aspect des habitations, on se sent sur un sol riche, plantureux, prodigue à l'homme, où la vie doit être aisée et le rire facile. Ce qui y manque presque partout, c'est le pittoresque, l'imprévu, le varié, le lointain, le grand paysage. De quelque côté qu'on se tourne, on ne peut voir plus loin que le bout de son nez; on a beau passer d'un clos dans l'auire, c'est toujours le même tableau, toujours le même rideau d'arbres, bornant la vue à dix pas. Dans celle campagne découpée en petits compartiments, à travers ces mille murailles de feuillage, on a peine à retrouver un coin du ciel.

1 M. le comte de Palys.

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