POÉSIE BRETONNE L'AUTOMNE EN BRETAGNE A M. A. DE LA BORDERIE. Qu'y a-t-il, soleil béni? es-tu malade ou courroucé? Pourquoi Pourquoi as-tu ta chevelure jaune d'or est-elle embrouillée? Car toute chose Je sais que c'est sur l'ordre de Dieu, ton maître et le mien, Que tu détournes forcément ton œil de nous; en ce monde doit suivre sa voie, - Et le temps d'aujourd'hui est le temps d'autrefois! AR RAG-EOST E BREIZ-IZEL. D'ANN AOTROU A. DE LA BORDERIE. Petra zo, heol binniget? Klanv out pe kounaret? Perag eo divereet da dro enn envou glaz? Perag ez teuz c'hoant mouza? ha skuiz out gan-e-omp choaz? Me oar eo gant urz Doue, da vestr ha ma hini E troez dre redoni da lagad ouz-omp-ni, Rag pep tra war ar bed-man a renk heulia he hent, Voilà pourquoi les forêts sont silencieuses; Voilà pourquoi les oiseaux dormiront dans les meules de paille; Leurs nids sont déserts, car leurs petits sont grands... Et celui d'entre eux qui chante a la voix plaintive! Le vent, sec et piquant, le ciel, noir comme des mûres; Des ornières dans les chemins; des feuilles mortes jonchant le sol; Des champs nus, des arbres étêtés et le bruit strident des rivières; tout cela fait, ô soleil! qu'on porte ton deuil en Bretagne. Autant de feuilles qui tombent à terre, Autant de douleurs et d'angoisses dans les familles : Après ton départ, les maladies nous donnent la mort. Hâte-toi donc, soleil béni, achève vile la carrière. Le cidre et l'hydromel découlent du pressoir, et, - - Après quelques jours de glace, ils seront bien recherchés; - Le blé pourrit dans la terre et sait germer ensuite; Nos corps pourriront aussi pour revivre un jour. Chetu perag ar c'hoajou hep-out a vo didrouz, Ann avel, treut ha garo, ann hoabl du vel mouar, Ken aliez a zelien a gwez war ann douar Ar jistr hag ar chufere a zo gweget er wask tiaux. On coupe, à l'envi, les ajoncs des fossés; c'est encore une moisson; - Coupés, hachés et pilés, on en nourrit bien les besLes veillées commencent aussi avec les contes effrayants... Le rond fail autour d'un feu de moltes, je les écoutais à l'écart. Mon sommeil en était troublé par des songes pénibles... - Je me voyais entouré de lutins, de voleurs, Ou en présence d'une princesse couverte d'or, avec le fils du roi de Bretagne,- Se promenant dans une forêt de chênes, entourés d'un régiment de petits pages. Pour désobstruer. Réveillé en sursaut par le bruit des cuillers en bois, — Je me levais, d'un bond bien leste et bien gai, avec la gaffe, la vieille charrue rouillée, hommes qui semaient le blé aux champs. - Et accompagner les Puisque tu es loin, soleil chéri, on se passera de toi ; — La charrue mugit, on sèmera quantité de blés. - Ecoute les travailleurs qui chantent dans leurs clos. Ils célèbrent les semailles; la foule fera leur joie. ' 1 Bec'h zo war lann ar girsier, hen-nez zo eunn eost all. Ha kalz ureo poaniuz a zeue d'in goude... Pe eur brinsez alaouret gant mab ar roue Breiz O vale er c'hoad derou gant floc'hikou eleiz. Dihunet enn eunn taol krenn gant trouz al loaiou koat Da garza gant ar c'haspern ann alar goz velget, Ha da vont gant ar wersed d'ar park da hada ed. Ha pa-z-out et kuit, heol kez, hep-out et vezo gret Gant-he e man ann here, ar iar a rai ho joa! ⚫ Clôture des semailles; le soir de ce jour, on fait un petit festin que la gaieté anime. ques graines, viens sur le seuil de la maison; Chante deux ou trois fois, bats tes flancs de tes ailes, faudra chercher au loin. Car, après ce jour il te Dans la campagne sois vigilant au milieu de tes poules, - Ou lu seras étendu raide mort par le coup du chasseur ; Celui-lå est un renard qui sait dévorer de loin... Si tu veux chanter Kerc'hik', tu es mort sur place! Et toi, dis, pemp-kwennek 2, tu mourras de même, - Car les fleurs des prés ne pourraient te sauver la vie; - Vous, lièvres, lapins, gités sous les ajoncs, Courez devant les chiens, ou vous serez vendus au marché ! . Il y a un autre chasseur qui ne chasse que les hommes et qui les fait disparaître dans la terre, dans l'eau, promptement et sans bruit; Ceux qui les ont aimés érigent sur leur tombes - Une riche ou modeste croix; C'est tout un pour leur âme ! Ha te kogik iaouank, deuz gand ta bolizi Da glask eur c'hreunennik ed, deuž var treuzou ann ti Diwall, e kreiz ar parkou, pa vi e-touez da ier Ha te lavar pemp-kwennek hag et varvi ive Bez a zo eur chaseer a gar chaseal tud Ho c'hlenk ebarz enn douar, enn dour, primm a divrud Eur groaz kaer pe divalo, mad int holl d'ho'ch ine! Chant de la perdrix; onomatopée. 2 Onomatopée: cinq sous, (chant de la caille). Cependant, chers petits animaux, qui ne connaissez pas Dieu, Vous avez toujours vécu sans commettre un péché... Mais l'homme, qui est d'un rang plus élevé, rendra compte à Dieu De ses bonnes et mauvaises actions; rien ne restera caché ! Soleil béni, monte encore aujourd'hui et lève haut ta tête brillante. Voici venue la Toussaint, une fête bien touchante ; - C'est avec joie et douleur que nous la célébrons... Montre-nous du moins ton regard, puisque tu ne peux pleurer. - Chrétiens, peuple fervent, allons tous au champ des morts, Et agenouillons-nous sur les tombes de nos parents aimés; Faisons chacun une tendre prière pour nos chers défunts... — Car de l'autre monde, quand nous y serons, nous demanderons des prières ! J.-M. LE JEAN. Hogen, loenedigou paour, Doue d'hec'h dizanve, Sav hirie, heol binniget; sav da benn lugernuz; I.-M. AR IANN. |