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ORGANOGÉNIE VÉGÉTALE.

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RAPPORTS.

Rapport sur un Mémoire de M. BAILLON, intitulé :

Recherches organogéniques sur la fleur des Conifères.

Commissaires, MM. Brongniart, Gay, Jaubert, Payer rapporteur.)

Malgré les difficultés que présentent les études organogéniques, l'on ne

>> saurait trop engager les jeunes botanistes, disait M. Ad. Brongniart en 1846, à poursuivre cette direction de recherches, parce que, appliquée » successivement à des organes variés et à des plantes de familles diverses, elle jettera beaucoup de jour sur l'organisation végétale, et permettra d'apprécier l'exactitude des différentes théories sur la constitution des >> plantes et de quelques-uns de leurs organes. »

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» Les résultats obtenus par ceux qui ont suivi ces conseils ont déjà démontré combien les prévisions de notre confrère sont justes et quel rôle important l'organogénie est appelée à jouer dans la détermination des affinités des plantes entre elles. Le Mémoire de M. Baillon, dont nous avons à rendre compte à l'Académie et qui a pour objet l'une des familles les plus importantes du règne végétal, la famille des Conifères, en est une nouvelle preuve.

» Au commencement de ce siècle, en effet, trois botanistes des plus éminents, tous trois Membres de cette Académie, B. Mirbel, L.-C. Richard et R. Brown, se sont occupés de la famille des Conifères et eurent chacun leur manière de voir sur la fleur de ces arbres.

» Dans ses Éléments de Botanique publiés en 1815 et plus tard dans ses divers Mémoires, B. Mirbel considère les cônes des Cyprès et ceux des Pins comme très-différents par les organes qui les constituent, bien qu'ils se ressemblent beaucoup par la forme générale. Dans les Cyprès, les bractées prennent un grand accroissement, s'élargissent en tête de clou, se durcissent, se serrent par leurs bords et forment les écailles du còne; c'est à leur aisselle qu'apparaissent les fleurs sur des pédoncules extrêmement courts. Dans les Pins, au contraire, les bractées se développent peu, tandis que les pédoncules qui portent les fleurs grandissent beaucoup, s'aplatissent, deviennent durs et constituent les écailles du cône. Par conséquent les écailles du cône sont des bractées dans les Cyprès, des pédoncules aplatis dans

les Pins.

» Quant aux fleurs, qu'elles soient insérées sur des pédoncules très-courts

comme dans les Cyprès ou sur des pédoncules très-développés et aplatis comme dans les Pins, leur structure est toujours la même ; c'est un petit sac en forme de bouteille, le pistil, au fond duquel se trouve un mamelon celuleux, l'ovule réduit à son nucelle.

>> Sous l'empire de préoccupations nées de ses études antérieures, L.-C. Richard, qui avait analysé avec beaucoup de soins les fruits et les graines d'un grand nombre de plantes et avait cherché à y reconnaître les diverses parties de l'ovaire et de l'ovule, regarde le sac de la fleur des Conifères comme un calice et le mamelon celluleux comme un pistil auquel l'ovule est intimement soudé. Quant aux écailles des cônes de Cyprès et de Pins, elles sont pour lui toutes de même nature; ce sont partout des bractées. Enfin R. Brown (Annales des Sciences naturelles, 1e série, t. VIII), pour les écailles des cônes de Cyprès comme celles des côues de Pins ne sont ni des bractées, ni des pédoncules aplatis; ce sont des feuilles carpellaires, c'est-à-dire des pistils ouverts et étalés, et ces sacs en forme de bouteille au fond de chacun desquels on aperçoit un mamelon celluleux, ce sont des ovules dont le sac est la primine, et le mamelon celluleux le nucelle.

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» En présence de ces trois opinions si contradictoires et qui n'étaient appuyées que sur des considérations théoriques, les botanistes se sont partagés. A l'étranger, c'est, en général, la manière de voir de R. Brown qui fut adoptée. En France, tandis qu'Achille Richard professait à l'Ecole de Médecine de Paris la doctrine de son père, M. Ad. Brongniart enseignait au Muséum d'Histoire naturelle celle de R. Brown, et votre rapporteur celle de B. Mirbel à la Faculté des Sciences.

>> Les recherches organogéniques auxquelles M. Baillon s'est livré viennent de résoudre cette question si controversée de la nature des divers organes de la fleur des Conifères et permettent d'apprécier, selon l'expression si juste de notre confrère, M. Ad. Brongniart, l'exactitude des différentes théories sur la constitution de ces plantes, en démontrant que l'opinion émise par B. Mirbel est la seule vraie.

» Si l'on suit, en effet, les phases diverses par lesquelles passent les cônes d'un Pin et d'un Cyprès depuis leur première apparition jusqu'à leur <entier développement, on voit qu'à l'origine ils se ressemblent complétement. Chacun d'eux se présente sous la forme d'un petit axe le long duquel se développent successivement des bractées, de la base au sommet. A l'aisselle de chaque bractée naît un pédoncule, et alors des différences se manifestent. Dans les Cyprès, les bractées prennent un grand accroissement et forment les écailles du cône; les pédoncules, au contraire, restent très

courts, et les fleurs, qui sont très nombreuses, apparaissent à leur partie supérieure comme dans une cyme contractée de Lamium album. Dans les Pins, les bractées se développent peu, tandis que les pédoncules s'allongent beaucoup, s'aplatissent pour constituer les écailles du cône, et les fleurs apparaissent au nombre de deux seulement sur la face supérieure de chacun d'eux. Cette forme aplatie des pédoncules ne surprend pas ceux qui savent que dans plusieurs plantes, telles que les Ruscus, les Xylophylla, les Phyllocladus, etc., les rameaux la présentent.:

Quant à la fleur eHe-même, elle se montre dans les Cyprès et dans les Pins comme un petit mamelon, de chaque côté duquel apparaît un petit bourrelet ressemblant complétement à une très-jeune feuille. Ces deux bourrelets, en grandissant, deviennent connés et forment autour du mamelon central une sorte de cupule dont le bord se relève en deux petites pointes correspondant aux deux bourrelets primitifs. Pour quiconque à suivi comparativement les développements de l'ovule et du pistil dans les Chénopodées, les Amarantacées, les Polygonées, etc., nul doute n'est possible: ces deux bourrelets sont les rudiments de deux feuilles carpellaires et la cupule qu'ils constituent plus tard, le rudiment d'un pistil. Les bords de cette cupule s'élèvent peu à peu; sa base se renfle, et l'on a finalement un sac en forme de bouteille, un vrai pistil, dont la partie inférieure renflée est l'ovaire et la partie supérieure rétrécie le style. Au fur et à mesure de ces transformations successives de ce pistil, le mamelon central grossit, s'allonge et devient un ovule. Seulement on n'aperçoit jamais de primine ni de secondine; c'est un ovule réduit à son nucelle, un ovule nu.

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Lorsque R. Brown publia ses considérations sur la fleur des Conifères, personne n'avait encore observé d'ovules sans enveloppes, comme on l'a fait depuis dans les Loranthacées, les Santalacées, les Acanthacées, etc. D'un autre côté, on n'avait aucune idée du mode de formation du pistil, et l'on ignorait qu'à l'origine tout pistil est largement béant et que ce n'est que peu de temps avant l'anthèse que son ouverture se ferme. Il serait donc injuste de juger sévèrement une opinion qui, à cette époque, pouvait être soutenue avec quelque apparence de raison, bien qu'aujourd'hui, après les observations faites sur d'autres plantes par plusieurs botanistes et sur les Coniferes par M. Baillon, elle puisse surprendre.

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Indépendamment des Cyprès et des Pins, M. Baillon a encore étudié quelques autres genres de Conifères, notamment les Taxus, les Taxodium, les Juniperus et les Phyllocladus. Ses observations sont pleines de détails

intéressants; mais comme elles ne soulèvent pas de questions générales, nous croyons inutile de nous y appesantir.

» En résumé, par l'heureuse direction de ses recherches, par la persistance qu'il a mise à les poursuivre, aussi bien que par l'importance des résultats obtenus, nous croyons que M. Baillon mérite l'approbation de l'Académie, et nous vous proposerions l'insertion de son travail dans le Recueil des Savants étrangers si nous ne savions que l'auteur a l'intention d'en faire l'objet d'une publication spéciale.

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Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.

NOMINATIONS.

L'Académie procede, par la voie du scrutin, à la nomination de la Commission qui sera chargée de juger les pièces admises au concours pour le grand prix de Mathématiques, question concernant les surfaces applicables sur une surface donnée.

MM. Bertrand, Liouville, Chasles, Hermite, Serret, réunissent la majorité des suffrages.

MÉMOIRES PRÉSENTES.

M. LE MARÉCHAL VAILLANT, en présentant, au nom de M. Bonnafont, un Traité théorique et pratique des maladies de l'oreille, ouvrage destiné au concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, dépose une Note manuscrite dans laquelle l'auteur, pour se conformer à une des conditions imposées aux concurrents, signale ce qu'il considère comme neuf dans son travail.

Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)

M. LE MARÉCHAL VAILLANT présente une Note de M. le colonel Coffyn accompagnant l'envoi d'une collection de coquilles recueillies par lui dans la Nouvelle-Calédonie.

(Renvoi à l'examen d'une Commission composée de MM. Milne Edwards, Valenciennes, Maréchal Vaillant.)

MÉCANIQUE APPLIQUÉE. Théorie du Régulateur - Duvoir; par M. J.-N. HATON DE LA GOUPILLIÈRE. (Extrait par l'auteur.)

(Commissaires, MM. Combes, Lamé, Delaunay.)

» Je me suis proposé dans ce Mémoire l'étude d'un nouveau régulateur à force centrifuge construit par M. Duvoir. Je décrirai d'abord en peu de mots sa disposition.

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L'organe essentiel est un anneau, susceptible de jouer autour d'un de ses diamètres qui est assemblé à angle droit sur un arbre horizontal de la machine. Celui-ci est renflé à sa jonction avec la charnière, pour permettre dans son intérieur le jeu d'un secteur qui tourne avec l'anneau et engrène avec une crémaillère. Cette dernière sollicite d'une part le mécanisme de régulation (valve, soupape, etc.) à l'aide des intermédiaires ordinaires, et de l'autre un ressort amarré à un point fixe. La force centrifuge qui se développe dans la rotation tend à mettre le plan de l'anneau à angle droit sur l'arbre; la tension du ressort tend au contraire à le coucher sur l'axe. De là un antagonisme, d'après lequel il s'établit une relation entre la vitesse et l'inclinaison de l'anneau, et par suite le degré d'ouverture des soupapes. De là enfin un moyen de régularisation.

>> La théorie de cet appareil m'a paru présenter de l'intérêt, tant pour les propriétés qu'on en déduit qui sont fort curieuses, que parce qu'elle offre un des exemples, trop rares en mécanique appliquée, où la question peut être traitée en rigueur et sans qu'on soit obligé de recourir à des approximations plus ou moins satisfaisantes. Pour obtenir ce résultat, j'ai dû y introduire l'emploi des fonctions elliptiques. Mais j'ai eu soin de disposer les calculs de manière que les formules fussent aussi explicites et aussi faciles à évaluer en nombres que si elles ne renfermaient que des sinus ou des logarithmes. Les fonctions qui y figurent ont en effet été réduites par Legendre en tables, qui en donnent les logarithmes avec douze et quatorze décimales. " Il y a deux équations à résoudre. Elles sont de forme transcendante. Mais, par une circonstance heureuse, elles se rapportent à deux types auxquels les calculateurs sont habitués et dont les racines se trouvent avec une grande facilité. La première est celle qui sert à assigner la position d'une planète dans son orbite elliptique à une époque donnée. La seconde se rencontre dans les théories mathématiques de la chaleur et de l'élasticité.

>> La partie numérique ne présentera donc jamais de difficultés véritables C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, No 2.)

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