Page images
PDF
EPUB

gravés sur verre mince dans deux directions perpendiculaires. 22 divisions. sous-tendaient un angle de 15'.

» Je me proposais d'observer et de mesurer l'auréole et les protubérances. Dans ce but, j'avais, quelques moments avant l'obscurité totale, amené l'un des traits du micromètre en contact avec le point zénithal de l'image lunaire. En le maintenant dans la même portion relative, pendant toute la durée du phénomène, je pouvais prendre des mesures exactes aux extrémités des diamètres vertical et horizontal, très-approchées sur les autres points du limbe, mais je n'avais que par estime les angles de position.

[ocr errors]

Quelques secondes avant le premier contact intérieur, la limite formée par l'arc de la Lune a paru irrégulière et tremblante; mais je n'ai aperçu ni Baily-beads, ni dents de peigne. Au moment où le dernier rayon du Soleil a disparu, l'auréole, déjà visible depuis quelques secondes, a subitement augmenté d'éclat, et des protubérances se sont montrées sur divers points du limbe. Quoique j'aie examiné simultanément les deux phénomènes, je donnerai séparément pour chacun d'eux le résultat de mes ob

servations.

» Auréole. - Les faisceaux et les traits lumineux qui rayonnaient autour du disque obscur étaient loin d'être disposés avec symétrie; leur éclat, leurs dimensions, leur forme, leur position même par rapport au limbe, étaient irrégulièrement variables d'un point à l'autre. Ici des traits de lumière isolés s'élançaient à peu près dans le prolongement des rayons; là ils se groupaient en minces faisceaux coniques dont la base s'appuyait sur la Lune, tandis que leur sommet allait se perdre dans l'espace par teintes dégradées. Ces jets lumineux, généralement rectilignes, quelquefois recourbés, surtout à leur extrémité, partaient presque tous du bord de la Lune, et, quoique leur multiplicité dans le voisinage du limbe donnât à la portion intérieure de l'auréole un éclat plus considérable que celui de la région extérieure, cette auréole ne m'a nullement paru divisée en deux zones concentriques.

» Deux particularités ont appelé mon attention. Aux environs du point zénithal, j'ai distingué nettement un grand nombre de traits lumineux d'un blanc plus vif peut-être que les autres, qui, loin de converger vers le centre, coupaient, au contraire, les rayons et les faisceaux sous diverses incidences, de telle sorte que cette portion de la couronne paraissait formée de lignes de lum ère entre-croisées dans tous les sens; quelques-unes d'entre elles étaient même presque tangentes au disque central.

» En descendant vers la droite du disque, c'est-à-dire vers l'occident, la

portion du limbe qui s'étendait du 120° au 150° degré à partir du zénith, servait de base à trois grands faisceaux lumineux juxtaposés, dont le dernier particulièrement avait une étendue beaucoup plus considérable que les autres parties de l'auréole; sa longueur totale était d'environ 3 rayons du disque où 45', ainsi que je m'en suis assuré en faisant sortir entièrement la Lune du champ; ce faisceau était entièrement sillonné de traits blancs, qui, s'irradiant à partir du sommet, allaient atteindre les divers points de sa large base: ces traits avaient quelque analogie avec ceux d'une aurore boréale, mais leur lueur était plus douce et plus tranquille.

» Protubérances. Avant même l'instant du dernier contact, le mince filet lumineux formé par le bord du Soleil se colorait de rose et prenait l'aspect d'une crête de feu. Pendant la première minute de l'obscurité, cette crête a disparu derrière le disque lunaire. En même temps, les protubérances isolées diminuaient à l'orient et se formaient ou grandissaient à l'occident, comme derrière un écran mobile. Cet effet général ne permet guère de douter que les proéminences n'appartinssent au Soleil : le détail de

mes observations m'a confirmé dans cette manière de voir.

» A quelques degrés à l'ouest du point zénithal s'élevait une belle protubérance cylindrique, évasée par le haut, d'un rouge transparent tirant sur le carmin; j'ai trouvé pour ses mesures, 15 secondes environ après le commencement de l'obscurité :

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

En marchant vers la gauche ou vers l'est, on remarquait un petit pic incandescent, que j'ai négligé en raison de ses faibles dimensions; en continuant mon examen dans le même sens, j'ai vu, à mon grand étonnement, à 7o environ à l'orient du point zénithal, un véritable nuage de feu complétement isolé du disque obscur; car, entre la partie inférieure du nuage et le limbe de la Lune, j'apercevais le fond blanc de l'auréole à travers une division entière du micromètre, c'est-à-dire sur une largeur de 45" environ. J'ai trouvé pour les dimensions angulaires de ce nuage:

Longueur....
Largeur...

=

2,3 Divisions micrométriques... 1',6 0,7

=0',5

Sa couleur était d'un rouge rosé non uniforme; son contour extérieur était très-nettement arrêté, tandis que sa limite intérieure restait un peu indécise. » En continuant à descendre le long du côté oriental du limbe, je n'ai

trouvé jusqu'au diamètre horizontal qu'une protubérance très-légère, dernier vestige sans doute de la crête ignée qui se montrait au commencement de l'obscurité ; mais, un peu plus bas, à 100° environ du point zénithal, s'élevait une belle proéminence dont la forme nettement caractérisée est reproduite dans le dessin joint à ma Note. Cette proéminence est la plus considérable de toutes celles que j'ai vues pendant l'éclipse:

Hauteur..

Largeur à la base..

3,5 Divisions micrométriques... =2',4 1,4

...

=1',0

>> En remontant le long du côté occidental du limbe, j'ai aperçu à peine sur son contour un ou deux points teintés de rose; mais 30 ou 40 secondes, avant la fin de l'obscurité, j'ai vu s'élever tout à coup une magnifique crête lumineuse d'un rouge éclatant, qui paraissait émerger du disque obscur sur un arc de plus de 40° de longueur. Les variations de grandeur qu'elle éprouvait à chaque instant ne m'ont permis d'en prendre aucune mesure; mais j'ai pu constater que son étendue et son éclat croissaient avec rapidité jusqu'au premier rayon du Soleil. »

ASTRONOMIE.

[ocr errors]

...

[ocr errors]

Note sur l'éclipse totale de Soleil observée à Vittoria (Espagne) le 18 juillet 1860; par M. BIANCHI. (Extrait.)

A l'instant où l'éclipse totale a eu lieu, tous les phénomènes principaux que j'avais observés lors de l'éclipse de 1842 à Narbonne, et dont l'Académie a connaissance, se sont reproduits. Les mêmes pics ont apparu, occupant la même place sur le bord du disque. Cette grande ressemblance entre l'aspect qu'ont présenté les éclipses de 1842 et de 1860 est le point principal sur lequel je désire attirer l'attention de l'Académie. J'achève de décrire à grands traits l'éclipse que je viens d'observer.

» J'ai vu cette fois les dentelures noires, dites le chapelet, se détacher sur le dernier croissant du Soleil. L'auréole lumineuse qui rayonnait autour de l'astre éclipsé m'a paru plus éclairante qu'en 1842. Je n'ai vu ni dans l'une ni dans l'autre des deux éclipses, ni les filets lumineux serpentant sur le disque lunaire, ni le trou d'Ulloa.

» J'ai constaté, je le répète, que les pics observés dans l'éclipse de 1842 se sont représentés dans l'éclipse de 1860, ayant sensiblement la même forme, et surtout occupant la même position respective, la même orientation sur le bord du disque. Je joins à ma Note les photographies des deux dessins au crayon faits chacun sous l'impression immédiate des observations. >>

M. ZANTEDESCHI fait hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il vient de publier sous le titre de « Phénomènes physiques observés dans l'éclipse lunaire du 7 février 1860 ».

Dans la Lettre jointe à sa brochure, l'auteur annonce qu'on y trouvera un parallèle entre les phénomènes physiques des éclipses lunaires et ceux des éclipses solaires, parallèle qui, dit-il, manquait jusqu'à ce jour à la

science.

M. PAPPENHEIM prie l'Académie de vouloir bien lui faire connaître le jugement qui aura été porté sur diverses communications qu'il lui a adressées concernant l'anatomie et la pathologie. Dans la même Lettre, l'auteur fait mention des recherches auxquelles il s'est livré pendant un voyage en Amérique, et qui ont surtout rapport aux races indigènes. Comme M. Pappenheim ne mentionne guère que les observations qu'il a faites sur les langues, les résultats de ce travail ne sont pas du ressort de l'Académie des Sciences; quant à ses précédentes communications, elles ont été comprises dans le nombre des pièces de concours pour les prix de Médecine et de Chirurgie, concours qui n'est pas encore jugé.

M. QUERNER, médecin à Hamilton (Canada), annonce qu'ayant eu occasion de faire de sérieuses recherches sur le choléra-morbus durant les épidémies qui ont ravagé à plusieurs reprises le pays qu'il habite, il est parvenu à découvrir un traitement rationnel tellement efficace, que depuis huit ans il n'a pas perdu aucun malade; il pense n'avoir pas été moins heureux dans la recherche d'une méthode prophylactique. Il offre de faire connaître à l'Académie ses découvertes, moyennant une rémunération de 50000 francs.

On fera savoir à M. Querner que l'Académie considère comme non avenue toute communication relative à des remèdes ou procédés curatifs que les inventeurs tiennent secrets. Si donc il se propose de présenter ses découvertes au concours pour le prix du legs Bréant, son premier soin devra être de les faire connaître dans un Mémoire suffisamment détaillé.

M. GLAISE adresse d'Auxerre (Yonne) un Mémoire intitulé : « Études sur la lumière, applicables à la démonstration de l'atmosphère de la Lune et au phénomène de la diffraction. »

M. Faye est invité à prendre connaissance de ce Mémoire, et à faire savoir à l'Académie s'il est de nature à devenir l'objet d'un Rapport.

La séance est levée à 5 heures.

É. D. B.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

L'Académie a reçu dans la séance du 6 août 1860 les ouvrages dont voici les titres :

Introduction aux recherches de mécanique chimique, dans lesquelles la lumière polarisée est employée auxiliairement comme réactif; par M. BIOT; br. in-8°. (Extrait des Annales de Chimie et de Physique, 3o série, t. LIX.)

Le Jardin fruitier du Muséum; par M. J. DECAISNE; 35° et 36e liv.; in-4°. Théorie de l'injecteur automoteur des chaudières à vapeur de M. H. Giffard; par M. REECH. Paris, 1860; br. in-4°.

Histoire de l'art de la guerre avant l'usage de la poudre; par Ed. DE LA BARRE DUPARCQ. Paris, 1860; 1 vol. in-8°.

Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires militaires, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène hippique, et publié par ordre du Ministre Secrétaire d'État au département de la Guerre; t. IX. Paris, 1858; in-8°.

Exercices anatomiques et physiologiques; par le D' Eugène GIRAUDET. Paris, 1860; in-12.

[ocr errors]

--

Ligne de télégraphe. Europe Asie - Afrique Océanie Amérique. Section de Mossoul à Haïdérabad; de Calcuta à Bangkok et Singapour; par M. VÉRARD DE SAINTE-ANNE. Paris, 1860; br. in-8°.

De la culture et de la récolte du liége en Algérie; par M. H. GAUltier de CLAUBRY; br. in-8°.

TURGAN. Les grandes usines de France. Sèvres (fin). Décoration; 17 livraison; grand in-8°.

Moyen sûr et prompt de guérir le croup; par le Dr Missoux, de Fournols. Ambert, 1860; br. in-12.

Carte géologique du département du Puy-de-Dôme, dressée par D. BAUDdin, ingénieur des mines, pendant les années 1843, 1844, 1845 et 1846.

Dei... Des phénomènes physiques observés dans l'éclipse lunaire du 7 février 1860; par le prof. ZANTEDESCHI; br. in-8°.

The glaciers... Les glaciers des Alpes: relation d'excursions et d'ascensions dans ces montagnes, explication de l'origine et des phénomènes des glaciers, et exposition des principes physiques auxquels ils se rattachent; par J. Tyndall. Londres, 1860; 1 vol. in-8°.

Transactions... Transactions de la Société royale des Arts et Sciences de l'ile Maurice; nouvelle série, partie 2, vol. Ier. Maurice, 1860; in-8°.

C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, No 6.)

31

« PreviousContinue »