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>> Ces cristaux sont exempts de chlore; ce métalloïde reste dans les eaux mères, d'où il se déposera plus tard sous la forme de l'un ou de l'autre des chlorures doubles qui ont été décrits par M. Jacquelain et M. Rammelsberg. J'aurai à revenir sur cet iodure double qui me paraît susceptible d'être appliqué à la thérapeutique, car il contient 92 pour 100 d'iodure d'antimoine, et on l'obtient facilement sous forme définie.

» J'ai longtemps cherché un iodure isomorphe de celui-ci et contenant à la fois du bismuth et de l'antimoine; j'ai réussi au moyen d'une dissolution alcoolique d'iodure double d'ammonium et de potassium d'une part, de bromure de bismuth et d'ammonium de l'autre. Au bout de quelque temps, il s'est déposé des prismes noirs, isomorphes avec les précédents. Ces prismes donnent une poudre rouge et prennent aussi cette couleur, quand on les regarde à la lumière violette du spectre solaire; ils renferment de l'antimoine et du bismuth se remplaçant isomorphiquement et s'arrangeant de façon à ne former que 1 équivalent de métal pour 3 équivalents d'iode conformément à la formule

(2)

13 (Bi Sb)' + I Az H* + 4 HO.

» Le groupe à 2 équivalents d'eau comprend un grand nombre de combinaisons doubles que je n'ai pas analysées toutes, mais qui possèdent la même forme cristalline; ce sont des prismes droits de 44° 25′ et 35° 35' doués d'un grand nombre de facettes et modifiés, en leur sommet, par un prisme horizontal qui est surtout bien développé chez (4) obtenu en volumineux prismes, à la suite d'une cristallisation qui n'a pas duré moins de cinq mois. Voici les composés qui appartiennent à ce groupe :

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» Les no (3), (4), (5) et (9) ont été obtenus par le procédé employé pour la préparation du no (1); (8) se prépare en faisant dissoudre de l'antimoine dans de l'alcool contenant de l'iode et de l'iodure de potassium; il

C. R., 1860, 2me Semestre. (T. LI, N° 27.

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se forme alors plusieurs combinaisons; je n'ai examiné que celles qui rentrent dans mon sujet. Quant au chlore, on le retrouve à l'état de chlorure double tapissant les parois de la capsule; de même que pour (1), c'est un déplacement du chlore par l'iode, une sorte de réaction inverse réalisée à la faveur d'un concours d'affinités qui s'ajoutent.

» Pour obtenir (6), il faut traiter le bismuth par l'alcool ou l'éther additionné de brome et d'une certaine quantité de bromure d'ammonium. Abandonné à lui-même, le liquide se garnit de belles aiguilles jaunes qui ont donné, par miroitement, les angles du prisme caractéristique.

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Propriétés générales. Ces combinaisons doubles se décomposent en présence de l'eau et même en contact de dissolutions de chlorures, de bromures ou d'iodures qui ne sont pas parfaitement saturées; presque toutes sont troublées par l'alcool; quelques-unes, (6) par exemple, s'y dissolvent cependant. Elles perdent toute leur eau sur l'acide sulfurique aussi bien qu'au bain-marie à 100° centigrades; quelques-unes cependant paraissent ètre altérées à cette température : de ce nombre est (1) qui émet une matière, tapissant sous forme d'enduit rouge les parois de la capsule en porcelaine, et (6) qui verdit au bain-marie et y éprouve presque indéfiniment des pertes. Chauffées en vase ouvert, elles abandonnent de l'iodure d'ammonium et donnent lieu à un oxy-iodure; en vase clos, le sel se dédouble en ses deux composants.

» Dans les rayons violets du spectre solaire, ils changent de couleur: tel est surtout le cas de la part des bromures et des iodures à base de bismuth; ils paraissent alors avec des nuances plus ou moins rouges, bien que leur couleur habituelle soit jaune, brune ou noire. I3 Bi, qui est d'un noir de graphite, s'y recouvre des belles nuances propres à la fuchsine. Il est à remarquer que dans les mêmes conditions, l'iode conserve sa couleur particulière.

» L'analyse de ces composés a été faite en faisant bouillir avec du bicarbonate de soude pur qui décompose le sel avec effervescence et précipite de l'oxyde en fixant le chlore, le brome ou l'iode; l'excès de carbonate de soude est ensuite anéanti par de l'azotate de chaux pur, et la liqueur surnageante est enfin précipitée par l'azotate d'argent.

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Dans une seconde Note, M. Nicklès, à l'occasion d'un Mémoire récemment présenté à l'Académie, rappelle ses précédentes expériences sur le frottement, expériences d'où il résulterait que, pour de petites vitesses, l'état de

sécheresse ou d'humidité des rails n'est pas, comme dans les cas des grandes vitesses, une circonstance indifférente.

(Renvoi à l'examen de la Commission désignée dans la séance

du 17 décembre pour le Mémoire de M. Bochet.)

MATIÈRE MÉDICALE.

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Note sur le gin-sen des Chinois; par M. le Dr ARMAND.

<«<En visitant les palais impériaux nous avons eu occasion de recueillir quelques échantillons de la fameuse racine de gin-sen ou nin-sen i̇gin ou nin pomme, sen santé, force, vigueur), substance médico-hygiénique par excellence en Chine et qui se vend au poids de l'or. C'est la racine bifide d'une petite plante qu'on trouve dans la terre des herbes en Tartarie. Les feuilles, qui manquent, doivent être petites et basses à en juger par l'étroitesse du collet où on les coupe ras au moment de la récolte. Ce collet réunit adossées deux racines divergentes de la grosseur de deux petits radix longs. Desséchées, elles sont légèrement froncées, de couleur blanchâtre ou jaunâtre, semi-transparente surtout aux extrémités qui se bifurquent souvent en quelques radicelles.

» La saveur est d'abord douceâtre, comme celle de la réglisse et faiblement amère ensuite par la mastication. On peut affirmer avant toute analyse de cette substance, dont la cassure est d'aspect vitro-résineux et jaunâtre comme celle du sucre d'orge un peu trop cuit, qu'elle contient une notable proportion de matière sucrée. Elle n'a pas d'odeur, à l'état sec du moins, et a la légèreté de la racine d'iris.

» On l'emploie en décoction, coupée en très-menus morceaux et dans la proportion, pour une tasse, de quelques grammes à une demi-once au plus, dose à laquelle on arrive progressivement. Il est bien recommandé de faire bouillir à vase clos, à l'étuvée et au bain-marie. Ces deux conditions sont indispensables pour conserver tout à la fois et les vertus et l'arome de la potion. On doit la prendre à jeun, trois ou quatre matins de suite, rarement au delà de huit jours. Dans certains cas on la prend aussi le soir en se couchant. Le marc, comme celui du café ou du thé, peut servir une seconde fois.

>> On suit son régime habituel, mais on doit absolument s'abstenir de thé durant un mois au moins, à peine de perdre tout le bénéfice de l'emploi du gin-sen dont l'action serait annihilée. Cette particularité porterait à croire que le gin-sen répare les estomacs fatigués par l'abus du thé dont on fait en Chine un usage immodéré. Notons bien qu'on ne prescrit le gin

seu ni aux enfants ni aux vieillards. Ce n'est pourtant pas un agent trop actif, puisqu'une décoction concentrée à forte dose n'a d'autre inconvé nient que d'être désagréable au goût comme du thé qui serait trop fort. Ce n'est pas non plus un élixir de longue vie, puisqu'on ne le donne pas aux personnes âgées.

>> On le prescrit spécialement aux jeunes gens et aux adultes épuisés. Tout porte donc à admettre que c'est un analeptique, un puissant réconfortant et surtout un aphrodisiaque.

>> On peut en faire des tablettes avec de la pulpe de letchi ou autre sub

stance sucrée.

Il y a une autre espèce de gin-sen provenant de la Corée et appelé pour son origine cori-sen. Elle est plus commune, moins chère, mais néanmoins très-estimée. »

M. INMAN (Thomas) annonce l'envoi d'un Mémoire qu'il a fait paraître sous le titre de Myalgia et sur lequel il désirerait obtenir le jugement de l'Académie.

M. J. Cloquet sera invité à prendre connaissance de ce Mémoire qui est écrit en anglais et à en faire, s'il y a lieu, l'objet d'un Rapport verbal.

M. DELCAMBRE adresse divers dessins concernant la machine qu'il a inventée pour composer et distribuer les caractères d'imprimerie.

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Depuis vingt ans, dit M. Delcambre, je n'ai cessé d'apporter à cet appareil les modifications qui étaient jugées nécessaires pour le rendre d'une utilité pratique. J'y ai consacré beaucoup de temps et d'argent, et maintenant que je conçois encore de nouveaux perfectionnements, je manque des ressources nécessaires pour les mettre à exécution. Je crois donc être dans le cas des inventeurs dont feu M. le baron de Trémont a voulu aider les efforts, et je prie l'Académie de vouloir bien me comprendre parmi les concurrents pour le prix qu'elle aura prochainement à décerner. »

Le prix Trémont ne sera pas décerné dans la prochaine séance publique, mais dans celle de l'année 1861. La demande de M. Delcambre sera soumise en temps opportun à la Commission.

MM. SILLIMAN et DANA annoncent l'envoi de trois numéros (88-90) de deur journal et annoncent que les numéros suivants seront successivement envoyés : ils prient en même temps l'Académie de vouloir bien comprendre

la bibliothèque du journal dans le nombre des établissements auxquels elle fait don des Comptes rendus de ses séances.

(Renvoi à la Commission administrative.)

LA SOCIÉTÉ Académique de MAINE-ET-LOIRE envoie la collection de ses Mémoires et annonce qu'elle adressera dorénavant à l'Académie toutes ses publications au fur et à mesure de leur apparition. Elle prie de même l'Académie de vouloir bien lui accorder ses Comptes rendus.

(Renvoi à la Commission administrative.)

M. DE PARAVEY adresse une Lettre concernant les brebis mérinos et l'origine du nom par lequel on les désigne.

M. de Paravey adresse en même temps une Note imprimée sur laquelle il désirerait que l'Académie se fit faire un Rapport verbal. Une décision déjà ancienne concernant les ouvrages écrits en français et publiés en France ne permet pas d'accéder à cette demande.

La séance est levée à 5 heures trois quarts.

É. D. B.

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

L'Académie a reçu dans la séance du 31 décembre 1860 les ouvrages

dont voici les titres :

Mémoires présentés par divers savants à l'Académie des Inscriptions et BellesLettres de l'Institut impérial de France. Ire série, sujets divers d'érudition ; t. VI, 1re partie. Paris, 1860; br. in-4°.

Leçons sur la théorie analytique de la chaleur; par G. LAMÉ. Paris, 1861; 1 vol. in-8°.

Recherches chimiques sur l'auscultation de la tête; par M. le D' Henri ROGER. Paris, 1860; br. in-4°. (Adressé pour le concours Montyon, Médecine et Chirurgie.)

Études complémentaires relatives aux intérêts moraux et matériels de la profession médicale; par J.-B.-P. BRUN-SÉCHAUD. Limoges, 1860; br. in-8°. (Adressé au même concours.)

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