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BERTOLONIA (HYB.) HRUBYANA ET RODECKIANA (L. VAN HOUTTE). cette variété de tout premier ordre à | ture des Bertolonia est excessivement M. le baron von Hruby, de Peckau, difficile, si pas impossible: il y a là de en Bohême, grand amateur de plantes l'exagération. Certes, ce genre de et protecteur éclairé de l'horticulture. plantes exige des attentions et des Le Bertolonia (hyb.) Rodeckiana,soins soutenus; mais on l'aime en sans avoir toute la vivacité de coloris raison de l'excès de sollicitude qu'il de sa congénère, n'en est pas moins requiert. Élevées en serre chaude, une variété hors ligne. Les feuilles sont sous verre, avec arrosements assez sillonnées, dans leur longueur, par copieux pendant la période végétative des nervures d'un vert gai sur fond seulement, et avec abondance d'air, blanc crème, et les intervalles en sont ces charmantes Mélastomacées prosremplis par un quadrillé mi-partie vert pèrent et récompensent largement, par foncé, mi-partie bronze, tout émaillé leur coquet feuillage que ne déparent de points d'un blanc carné. Cette pas de mignonnes fleurs roses, les variété a été dédiée à M. Ém. Rodeck, amateurs qui ont le bon goût de leur de Vienne, grand adepte de tout ce accorder l'hospitalité dans leurs serres, qui a trait au domaine de Flore. et qui, surtout, ont le feu sacré.

Bien des gens croient que la cul

G. G.

ture généralement répandue et malgré les multiplications par semis faites en grand nombre, cette Aroïdée a relativement peu varié. Cependant, depuis un certain temps, les essais tentés pour obtenir des formes nouvelles ont été couronnés de succès sérieux, et la plante paraît entrer dans une phase d'évolution dont le dernier mot n'est pas dit.

Nous voyons tout d'abord un amateur passionné d'horticulture de Paris, M. Bertrand, obtenir une forme intéressante, publiée et décrite sous le nom d'Anthurium Scherzerianum Marie-Eugénie (Revue horticole, 1878, no 8); cette forme se distingue par la couleur de ses spathes, qui, au lieu d'être d'un rouge écarlate vif, ne présente ce coloris que lors du développement complet de la spathe et du spadice; plus tard, la couleur s'accentue et va jusqu'au violacé, ton qui persiste pendant tout le temps de la floraison. Dans les quelques plantes que nous avons pu examiner à l'Exposition universelle de Paris, nous avons constaté que le spadice était d'un jaune beaucoup plus accentué que dans la forme type où nous trouvons un spadice d'une couleur à peu pres semblable à celle de la spathe. Cette particularité nous a semblé d'autant plus importante à noter que nous la retrouvons à peu près identique dans la forme de l'Anthurium Scherzerianum Williamsi,

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dont la spathe est blanche et le spadice jaune.

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Avant d'étudier les phases qui marquent la transition des plantes à spathes rouges transformées, ou se transformant en plantes à spathes blanches, il me semble intéressant de noter un fait qui s'est produit chez M. Vallerand et chez M. Bertrand c'est la floraison de l'Anthurium Scherzerianum à deux spathes, l'une opposée à l'autre sur la même hampe. Ce phénomène paraît devoir être un acheminement vers beaucoup d'autres changements qui se produiront certainement avec le temps. M. A. Carrière a publié les anomalies présentées par l'Anthurium Scherzerianum, appelé par lui Mme Jules Vallerand. (Voir Revue horticole, 1878, 314.)

p.

Depuis la publication de cet article, M. Carrière a poursuivi avec soin l'étude des plantes cultivées par MM. Vallerand et Bertrand, et, dans la Revue horticole du 16 mai 1879, il nous dit : « Quand, il y a quelque temps, en parlant de l'Anthurium Scherzerianum Mme Jules Vallerand, à doubles spathes opposées, nous émettions l'hypothèse que ce fait indiquait un ébranlement dans le type spécifique et qu'on verrait probablement apparaître des formes ou des variétés très-diverses de cette espèce, Lous ne comptions guère que nos prévisions étaient si près de se réaliser. >

Depuis, en effet, nous avons vu se produire deux plantes également à deux spathes, mais disposées d'une manière inverse, c'est-à-dire du même côté. Toutes deux étaient à peu près semblables comme forme. Quant à la couleur des fleurs, elles ne présentaient rien de particulier: elles étaient rouges comme celles du type.

Jusqu'à présent, il y a tout lieu de croire qu'il sera possible de fixer ces accidents des spathes doubles ou superposées par la division des touffes. Les expériences faites au moyen des semis sont encore trop récentes pour avoir pu donner des résultats positifs. Cependant, on peut espérer dès maintenant que ces anomalies bizarres se reproduiront, soit exactement, soit sous une autre forme; car nous voyons déjà la variété de l'Anthurium Scherzerianum Wardi produire, chez MM. Veitch, des spathes dont les bords sont renversés en haut et en bas, au lieu de présenter une surface horizontale. (Voyez le Gardeners' Chronicle, 17 mai 1879.)

Un fait nouveau et très-important s'est encore produit chez M. Bertrand; mais, cette fois, au lieu de porter sur la forme, la modification porte sur la couleur; au lieu d'être rouge, la spathe est à fond blanc, régulièrement maculé de taches d'un rose vineux. La plante est vigoureuse, paraît floribonde, et la spathe, relativement grande, est d'une très-bonne forme, non tordue. Ce sujet ne donne pas encore des spathes aussi grandes que celles que nous rencontrons dans les Anthurium Scherzerianum bien cultivés de l'espèce type; mais il n'est pas douteux qu'avec le temps, on obtiendra une floraison aussi abondante et aussi riche que dans le type. (Voyez Revue horticole, 16 mai 1879.) N'oublions pas que, chez les Aroïdées, l'hybridation, loin d'apporter une somme de vigueur plus considérable que celle du type, ralentit, au contraire, la végétation. Il ne faut donc pas s'étonner si la transformation subie par un végétal diminue sa force végétative; il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, en effet, d'assigner des limites positives désignant le point exact où se trouve le commencement de l'hybridation ou de la transformation. Dans les phénomènes spéciaux qui nous occupent, il est précisément difficile de reconnaître exactement s'ils sont les résultats d'une fécondation artificielle ou d'une transformation accidentelle du végétal.

L'Anthurium Scherzerianum à spathes fond blanc qui vient de fleurir chez M. Bertrand, est peut-être un dérivé, par fécondation artificielle, d'un Anthurium Scherzerianum Williamsi à spathes complétement blanches; autrement, si cette forme nouvelle n'est qu'un accident de transformation, le fait est encore plus intéressant, car il prouve que nous avons raison de penser que l'Anthurium Scherzerianum Williamsi, à spathes complétement blanches, provient soit d'un semis, soit d'un accident fixé, et non d'une introduction.

Un article publié par M. André dans la troisième livraison de l'Illustration horticole de 1878 sur l'Anthurium Scherzerianum var. Williamsi, n'indique pas le lieu de provenance de cette plante; c'est ce qui nous fait supposer que nous nous trouvons en face d'une plante transformée. Ce fait pourrait paraître extraordinaire et pourrait même être nié si des exemples nouveaux n'étaient venus, depuis lors, confirmer les doutes qui étaient dans la pensée de ceux qui virent apparaitre le premier Anthurium Scherzerianum Williamsi à spathes blanches. Pendant mon séjour en Italie (mars 1879), j'ai pu visiter le Jardin botanique de Florence; là, j'ai trouvé deux Anthurium issus, par le semis, de l'Anthurium Scherzerianum ordinaire; l'un avait les spathes blanches et le spadice jaune; l'autre, les spathes couleur feuille de rose et le spadice orange. Le célèbre professeur Beccari, auquel je faisais part de mon étonnement, m'a affirmé que ces plantes à spathes si différentes de celles du type comme couleur, étaient bien, en effet, sorties des graines de l'Anthurium Scherzerianum rouge ordinaire. Y a-t-il eu fécondation artificielle ou naturelle? A-t-on cherché à hybrider la plante qui a porté les graines, ou cette plante-mère a-t-elle été hybridée par une autre espèce ou un autre genre au moyen des insectes? C'est ce qu'il est impossible de savoir. Toujours est-il que ce fait vient apporter un élément important pour éclaircir la phase d'évolution que subit aujourd'hui l'Anthurium Scherzerianum. L'avenir nous dira peut-être si réellement le type a spathes blanches a existé dans la nature, ou s'il est purement et simplement le résultat de la fécondation pratiquée d'une manière quelconque, soit par le croisement des espèces, soit par le croisement de deux

à

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