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LOUVAIN

Imprimerie POLLEUNIS & CEUTERICK, rue des Orphelins, 32.

Même Maison à Bruxelles, 37, rue des Ursulines.

I.

La définition de la masse.

La notion de masse est, de nos jours, d'un fréquent emploi. Bien qu'elle appartienne en propre à la mécanique, elle occupe en outre une place importante dans toutes les sciences naturelles.

La raison de ce grand crédit se trouve, croyons-nous, dans la direction nouvelle imprimée aux études scientifiques.

De plus en plus, les hommes de science s'inspirent de vues mécanistes dans l'interprétation des phénomènes de la nature. Ramener les faits à un minimum de causes, et, en dernière analyse, aux deux facteurs de masse et de mouvement, telle est la grande préoccupation de nos savants modernes. L'Essai de mécanique chimique de Berthelot, l'Unité des forces physiques de Secchi, la Théorie mécanique de la chaleur de Clausius, la Conservation de la force d'Helmholtz, etc. suffisent à nous montrer qu'il existe de fait une tendance générale à ne plus voir, dans les sciences particulières, que des chapitres divers d'une mécanique universelle.

On comprend que, dans un tel courant d'idées, la notion de masse, acquérant chaque jour une importance nouvelle, devait aussi s'imposer davantage à l'attention des savants et des philosophes.

Cependant, malgré le rôle immense qui lui est dévolu et les études nombreuses dont elle fut l'objet, le concept de masse demeure enveloppé de certaines obscurités. Pour qui veut atteindre, dit Hannequin, au delà de la vitesse et de l'accélé

ration, les conditions de la genèse et des variations du mouvement, pour qui veut, en un mot, soumettre à l'analyse et pénétrer ses lois, trois termes liés ensemble s'offrent à nos définitions, qu'aucun artifice ne saurait, pour le moment, ni séparer ni réduire : l'accélération, la force et la masse. A vrai dire, de ces trois termes, le premier seul est directement saisi et géométriquement clair; les deux autres, nous ne nous faisons aucune difficulté de le reconnaître, sont par eux-mêmes obscurs et confus » 1).

Aussi, les définitions de la masse sont-elles nombreuses et parfois très divergentes. Comme la plupart sont d'origine scientifique, nous nous sommes demandé si, à la lumière des principes de la philosophie, il ne nous serait pas donné de pénétrer plus avant dans la nature intime de ce facteur mécanique.

Loin de nous l'intention de partir en guerre contre les expressions des savants. Notre unique but est d'éclairer une notion de métaphysique, en mettant à profit leurs conclusions.

Dans la première partie de ce travail, nous nous proposons donc de passer en revue les définitions courantes, de les soumettre à un examen critique afin de préciser quelles sont, à côté des résultats acquis, les questions d'ordre philosophique non encore résolues.

Dans la seconde partie, nous essayerons de combler ces lacunes, en donnant de la masse une définition qui mette en relief sa réalité physique et nous rende compte de toutes ses propriétés.

PREMIÈRE DÉFINITION. Lorsqu'un mobile est abandonné à lui-même, il tend à rester dans l'état de repos, s'il est au repos, ou, s'il est mù, à continuer uniformément et en ligne droite, son mouvement. Cette propriété naturelle de la matière s'appelle l'inertie.

1) HANNEQUIN, Essai critique sur l'hypothèse des atomes, p. 90. Paris, Alcan,

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