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pour l'Exposition a-t-il contribué au développement de l'épidémie, il est difficile à le dire, mais ce qui tend à prouver que c'est là un facteur peu important, c'est que dans le dernier mois de 1888 et les premiers mois de 1889 il était arrivé à Paris un groupe très nombreux d'individus plus contaminables que les visiteurs de l'Exposition, celui des ouvriers qui ont participé aux installations, aux travaux de toute nature exécutés à Paris à cette époque et que la mortalité par la fièvre typhoïde ne s'est accrue qu'à l'époque où commence la distribution d'eau de rivière; donc le rôle de celle-ci est une fois encore manifeste dans le développement de la fièvre typhoïde à Paris.

En ce qui concerne ces faits et l'interprétation qu'il en donne, nous sommes complètement d'accord avec le Dr Olivier, mais où l'accord cesse, c'est quand il dit :

<< La stricte égalité exige qu'en septembre ce soit le tour d'autres arrondissements, les chiffres se maintiennent. Les adminis trateurs ont rivalisé de zèle, il n'y a eu ni passe-droit, ni irrégularité en face du danger de fièvre typhoïde, les quartiers sont égaux, les citoyens sont égaux, il n'y a de privilégiés que ceux qui ont déjà eu la fièvre typhoïde et n'en sont pas morts. >>

C'est là, nous ne l'ignorons pas, une doctrine qui a été soutenue au sein du conseil municipal de Paris et que l'on pourrait appeler la doctrine de la propagation obligatoire de la fièvre typhoïde; l'hygiène la repousse hautement.

Comment! voici quelques arrondissements qui viennent, grâce à l'eau qui leur est distribuée, d'être éprouvés par la fièvre typhoïde; le groupe des individus contaminables dans ces arrondissements étant épuisé, l'immunité étant acquise aux autres, l'épidémie s'éteint, et des hygiénistes qui doivent surtout se préoccuper de la prophylaxie des maladies épidémiques émettent l'avis que l'on prenne alors les germes de cette épidémie et qu'on les sème succesivement dans d'autres arrondissements où, trouvant une population indemne jusqu'alors, on va multiplier les victimes!

Ce peut être là un expédient d'administrateurs dans l'embarras, mais contre lequel les hygiénistes ne sauraient trop les prémunir. Que si pour une cause quelconque la nécessité de fournir de l'eau de mauvaise qualité à un ou plusieurs arrondissements, pendant un temps déterminé, s'impose au service compétent, cela est très regrettable; mais ce qui nous paraît une énormité, c'est qu'une fois cette portion de la ville contaminée on vienne au moment où l'épidémie s'éteint faute d'aliments, les raviver et infecter d'autres arrondissements sous le prétexte de je ne sais quelle égalité devant la mort. D'autant que cette égalité n'existe pas.

Deux arrondissements limitrophes, soumis au régime de la fièvre typhoïde, suivant la nature de la population qui les habite, son degré d'aisance, d'agglomération, etc., seront éprouvés par la fièvre typhoïde d'une façon tout à fait inégale. Dans un arrondissement riche, où les habitants peuvent se déplacer au moment d'une épidémie, où l'usage des eaux minérales leur permet de ne pas consommer d'eau de rivière, où le nombre des individus jeunes est moins considérable que dans les quartiers populeux, n'est-il pas évident que la fièvre typhoïde, apportée par les eaux de la municipalité, fera moins de victimes que dans un quartier pauvre ? Nous repoussons, quant à nous, énergiquement cette méthode suivie à Paris de l'empoisonnement égalitaire, successif. Que le hasard désigne ceux des arrondissements qui le cas échéant recevront les eaux de rivière, pendant une période d'années que l'on arrêtera d'avance, et que l'on renonce à la pratique actuelle, avec laquelle on augmente la mortalité comme de parti pris.

Si nous sommes en dissentiment, certainement plus apparent que réel, sur ce point avec l'honorable rapporteur du conseil de salubrité, nous partageons complètement ses vues sur le remède qu'il convient d'apporter à la situation que nous venons de signaler: il faut amener une plus grande quantité d'eau de source à Paris; il est indispensable de faire un usage plus judicieux de celle dont nous disposons (1). Cela fait, tout danger serait-il

(1) L'arrêté du préfet de la Seine du 28 novembre 1889 donne sur ce point une première satisfaction à M. Olivier.

« ARTICLE 1er. L'eau de source livrée pour les usages domestiques doit y être exclusivement consacrée. Il est interdit de l'employer, notamment, à l'arrosage et au lavage des cours et des jardins, au service des écuries et des remises, et aux autres usages analogues.

« ART. 2. Il n'est fait d'exception que pour les industries, touchant à l'alimentation, telles que cafés, débits de vins, brasseries, restaurants, établissements de consommation, pharmacies, fabriques de produits alimentaires et d'eaux minérales, ainsi que pour tout usage exigeant une permanence de pression qui ne pourrait être assurée par les eaux d'Ourcq et de rivières.

« ART. 3. Tout abonné aux eaux de source, qui en fait un emploi non autorisé par les articles précédents, est tenu de modifier cette situation, en souscrivant un abonnement distinct aux caux de l'Ourcq ou assimilées, dans les conditions des articles 24 et 25 du règlement du 25 juillet 1880, et en faisant immédiatement les travaux de branchement et de canalisation correspondants.

« Toute infraction à l'usage de l'eau de source, tel qu'il est défini cidessus, entraînera pour l'abonné l'application de l'article 33 du règlement du 25 juillet 1880 sur les abonnements aux eaux.

« ART. 4. Toute communication entre les canalisations intérieures d'eaux de nature différente demeure formellement interdite.

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Si les agents de l'administration ou de la Compagnie constatent qu'il

écarté et les hygiénistes auraient-ils rempli toute leur tâche, nous ne le pensons pas.

Quelle que soit la quantité des eaux de source amenées dans les régions de Paris, il pourra toujours survenir tel incident, rupture de conduite ou autre, qui prive ia ville en partie ou en totalité (ainsi que cela s'est produit le 1er novembre dernier) d'eau de source et l'oblige de consommer de l'eau de rivière. Il est donc indispensable que l'on veille à empêcher la pollution en amont. de Paris des cours d'eau qui y arrivent. M. Brouardel a récemment déposé dans ce sens au Comité consultatif d'hygiène une proposition du plus grand intérêt; il a demandé: que l'administration fit procéder par le service compétent à une enquête sur le nombre et la nature des usines qui déversent leurs eaux de résidus en Seine et en Marne, en amont de Paris, dans les départements de la Seine, de Seine-et-Oise et de Seine-et-Marne. Depuis quelques années les établissements industriels importants se multiplient avec une grande rapidité aux environs des grandes villes, où ils trouvent des voies ferrées et fluviales qui favorisent leurs transactions, c'est là une tendance dont il y a lieu de se féliciter dans l'intérêt de la prospérité nationale. Mais ce qui est inadmissible, c'est que la plupart de ces établissements, ne s'inquiétant pas des inconvénients qui en pouvaient résulter, ont considéré les cours d'eaux comme des égouts à ciel ouvert et y envoient leurs résidus de fabrication, en même temps que les villes y installent les débouchés de leurs égouts, sans se préoccuper, ni les uns ni les autres, d'assainir leurs eaux rendues polluées.

Cette situation, sous peine de voir tous nos cours d'eau empoisonnés dans un avenir prochain, doit être l'objet d'une étude approfondie. Il importe que des prescriptions sévères obligent les villes, comme les particuliers, à débarrasser leurs eaux vannes de tous les germes nocifs, avant de les envoyer dans les cours d'eau. En l'état de la science, cela peut se résumer en une question d'argent, c'est dire qu'elle peut être résolue, si chacun consent à faire son devoir. Dr O. DU MEsnil.

en a été établi par infraction à cette clause, le service d'eau de source pourra être suspendu d'office, jusqu'à ce que la communication ait été supprimée par les soins de l'abonné, sans préjudice des poursuites auxquelles l'infraction pourra donner lieu.

((

ART. 5. Les dispositions des articles 1, 2 et 3 du présent arrêté seront immédiatement applicables pour les abonnements aux eaux de source qui seraient souscrits à partir de la date dudit arrêté. Pour les abonnements en cours, elles deviendront exécutoires à partir de la date fixée pour le renouvellement de la potice et, au plus tard, à partir du 1er mai 1891. »>

Le Gérant: HENRI BAILLière.

TABLE DES MATIÈRES

Affaire Pastré-Beaussier, inculpa- | Congrès d'hygiène et de démogra-

tion d'intoxications multiples par
l'arsenic, 137, 356, 460.
Aliments usuels, qualité nutritive,

190.

Chantiers de terrassement en pays

paludéen, 104.

CHEVALLIER (de Segré). Lypémanie

chez un vieillard, suicide, 545.
Chimie des vins, 303.
Cimentiers (Dermatite des), 552.
Cocaïne (Empoisonnement par la),

552.

COLIN (L.). Le campement des so-
ciétés de gymnastique dans le
polygone de Vincennes, 64.

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phie, 198, 209, 305.

Congrès de médecine légale, 112, 401.
Conseil d'hygiène de la Côte-d'Or,

301.

Crime (le), 298.

(Contagion du), 161.

Démographie au Massachusets, 567.
Dermatite des ouvriers cimentiers,

552.

Désinfection des logements, 549.

des matières fécales au moyen

du lait de chaux, 134.

Diphtérie (Traitement de la), 177.

Dissimulation en aliénation men-

tale, 522.

DU MESNIL. Les eaux consommées
à Paris et la fièvre typhoïde, 570.
Eau à Londres, 558.

---

consommée à Paris, 570.
d'alimentation propageant la

fièvre typhoïde, 541.

Écoles de Palerme, inspection sa-

nitaire, 197. (Voy. Hygiène sco-

laire et Vaccination.)
Égout (Tout à l'), 436.

Egouts à Durham, 181.

Empoisonnement par la cocaïne,552.

Enfance, hygiène et éducation, 496.

(Protection de l'), 561.

(Mortalité de l'), 190.

Enfants trouvés, abandonnés et in-

digents, 561.

Épidémiques (Affections), leur pro-
pagation dans les hôpitaux de
Paris, 202.

Épuration des matières de vidange
par l'irrigation, 184.

Explosion de farine dans une bou-
langerie de Paris, 70.
Exposition universelle, jury des
récompenses, 110.

-

à Paris, et eaux consommées,
570.

FREYCINET. Hygiène dans l'armée, 90.

Habitations à bon marché, 150.

Hôpitaux et hôpital-baraque de
Saint-Pétersbourg, 560.

Hygiène (Cours d') pour les em-

ployés de l'État, 400.

(Manuel d'), 103.

dans l'armée, 90.

à l'Exposition universelle, 5,

113, 220, 305, 497.

de la ville de Toulouse, 183.

scolaire du canton de Vaud, 109.

en Russie, 189. (Voy. Ecoles.)
Institutions sanitaires en Autriche-
Hongrie, 179.

Intérêts professionnels, 400.
Lait de chaux pour la désinfection
des matières fécales, 134.
Lait de l'omnivore, 190.
LEIDIE. Toxicologie du mercure, 24.
LINOSSIER. Recherche du sang dans
les expertises médico-légales, 169.
Lypémanie chez un vieillard, sui-
cide, 545.

Maisons construites dos à dos, 185.

de Glascow, 98.

Malades atteints d'affections conta-

gieuses et transportés dans les

hôpitaux, 110, 208.

Maladies infectieuses dans les ar-

mées, 191.

MARANDON de MONTYEL. Dissimula-

tion en aliénation mentale, 522.

Médecine (Cours de), professé aux

hospitalières, 569.

Médecine légale (Congrès de), 112,

401.

Mercure (Toxicologie du), 24.

MICHEL (de Chaumont). Propagation

de la fièvre typhoïde par l'eau

servant à l'alimentation, 541.

MOREAU (de Tours). Contagion du

crime, 161.

Mort par décapitation, 187.

Mortalité infantile, 190.

MOTET. État mental d'un individu

ayant tiré un coup de revolver
sur un employé de l'ambassade
d'Allemagne, 74.

MULLER (E.) et DU MESNIL, Habita-

tions à bon marché, 150.

Névroses et pessimisme, 193.

traumatiques, 567.

OGIER et SOCQUET. Intoxication par

l'oxyde de carbone, 276.

Ouvriers en Russie, leur situation

hygiénique, 554.

OVERBECK DE MEYER. Le tout à

l'égout, 436.

Oxyde de carbone (Intoxication par

1'), 276.

Paraffine (Maladies des ouvriers
qui travaillent la), 551.
Paris bienfaisant, 565.
Parricide, 557.

Pétrole (Toxicité du), 550.
POUCHET (Gab.), VIBERT et OGIER.
Recherche du sang dans les
expertises médico-légales, 174.
Prostitution à Vienne, 100.
Protection de l'enfance, 561.
Responsabilité médicale, 397.
REUSS, Hygiène à l'Exposition uni-
verselle, 5, 113, 220, 305, 497.

Congrès international d'hygiène

et de démographie, 220, 305.

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CORBEIL. Imprimerie CRÉTE

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