Page images
PDF
EPUB

rue, afin qu'on ne puisse soupçonner qu'ils sont encore à la ville.

:

en

Les Femmes. A voir les Anglaises dans leurs ménages, on les en croirait exclusivement occupées: on se tromperait. Elles savent à peine le nom des personnes que leurs maris ont invitées. Quant à ce qui concerne le service, elles ne sont pas mieux informées les maris ordonnent tout. Elles peuvent se dé. dommager de leur passive nullité, faisant une assez grande dépense pour leur toilette. Elles ont de brillans équipages. De temps en temps elles peuvent faire étalage de leurs diamans dans leurs salons, et de leurs nombreuses plumes sur le devant d'une loge de l'Opéra ou au drawing-room de la reine. Deux ou trois fois par an elles font les honneurs de bals ou de routs à une société qu'elles réunissent en leur nom.

Justice. Par ce mot, en Angleterre, bien plus que dans quelque pays que ce soit, il faut entendre l'interprétation capricieuse dans sa forme, bizarre dans ses effets, de lois de toutes dates, sans coordonnance dans leur eprit, sans rapport avec l'état actuel de la société. A côté de tribunaux d'exception pour les faits, il existe d'autres tribunaux du même geure pour certaines choses, et même pour certains individus, ayant chacun leur code, leurs règles, leur jurisprudence; très-expéditive dans certains cas, la justice est très-lente dans d'autres. Sa manière de procéder est prompte; ses allures sont vives lorsqu'il s'agit d'emprisonner un homme, de l'envoyer à Botany-Bay, ou même de le faire pendre. Elles sont graves, lentes, temporiseuses, lorsqu'il est question de la possession d'un champ ou d'un litige de succession... Un juge n'hésite jamais à prononcer sur un cas de paternité, lorsqu'une femme déclare sur serment que la séduction qui l'a rendue mère, est le fait d'un homme qu'elle désigne ; les preuves morales, les sermens contraires même, rien n'est admis, et une somme calculée sur les

facultés dn séducteur présumé, est accordée à la plaignante.

Marine-Armée. Trois cent quatrevingts bâtimens, dont 94 vaisseaux de ligne et un personnel de 29,000 officiers, matelots et employés composent la marine militaire de la Grande-Bretagne. La dépense qu'elle nécessite monte à 112,500,000 francs. Tandis que 150 bâtimens entretiennent des relations suivies entre des colonies répandues sur toute la surface des mers, et le gouver nement de la métropole, 180, toujours en commission, sont disposés de mánière à recevoir un armement rapide. Le reste est en construction.. Armce. L'Angleterre n'a qu'une force réélle et disponible de 54,000 hommes. La dépense d'entretien de l'armée s'élève à 335 millions de francs... Les grades d'officiers, jusqu'à celui de lieutenantcolonel, s'achètent. Dans les corps de la garde, un brevet d'inscription coûte 30,000 francs; celui de lieutenant, 40,000 fr.; celui de lieutenant-colonel, 176,000 fr. Les grades sont moins chers dans les régimens de ligne.

Esprit public. C'est une chose vraiment merveilleuse que l'esprit public en Angleterre. On ne saurait mieux le comparer qu'à une espèce de ciment qui s'introduit par tout, pour lier les matériaux hétérogènes dont s'est construit, on ne sait quand, on ne sait comment, l'immense et imposant édifice de la constitution du pays, pour en masquer les défauts, pour en prévenir la destruction... (Les exemples que l'auteur cite à l'appui de son raisonnement méritent d'être lus dans l'ouvrage).

Une élection. (Les abus dans les élec. tions sont assez connus; à la fin de ce chapitre, l'auteur s'écrie: Malheur à l'Angleterre, le jour où ses électeurs seront trop honuêtes gens pour ne pas se vendre, et où les candidats seront trop sages pour ne pas les acheter; elle touchera à une révolution : les élémen's qu'elle renferme, et qu'une faction désorganisatrice tient en réserve pour

cette œuvre terrible, ne sont pas moins redoutables que ceux qui, depuis quarante années, bouleversent la France. »

Les précédentes citations suffront pour faire connaître le mérite et l'importance de cet ouvrage qui est appelé à un grand succès. Les remarques de M. d'Haussez sont en général justes et témoignent d'une grande sagacité; elles sont, en grande partie, confirmées par d'autres observateurs qui ont écrit sur l'Angletere, principalement par M. Crapelet, imprimeur et savant antiquaire. Nous recommandons la lecture de ce livre à tous ceux qui aiment à étudier et comparer les mœurs des différentes nations, ainsi qu'aux publicistes, quelque soit le parti politique auquel ils appartiennent.

La France pittoresque, ou Description pittoresque, topographique et statistique, des départemens et colonies de la France, offrant en résumé pour chaque département et colonie l'histoire, les antiqui tés, la topographie, l'histoire naturelle, etc.; avec des notes sur les langues, idiomes et patois, sur l'instruction publique et la bibliographie locale, sur les hommes célèbres, etc.; accompagnés de la statistique générale de la France. Par A. Hugo. 3 vol. in-4. à deux colonnes, ornés de 120 cartes et de 720 vignettes. Chez Delloye. Prix de chaque feuille séparément, contenant, avec 6 vignettes et 1 carte, la description complète d'un département ou d'une grande ville, 25 cent.

Il en paraît trois feuilles.

La Grèce régénérée, ou Description topographique du nouvel état indépendant de la Grèce et des frontières qui lui conviennent. Par Spiridion Balbi (de

Missolonghi). in-4. de 6 feuilles Imp. de F. Didot.

L'Angleterre et les Anglais. Par Bulwer. Trad. de l'angl. par J. Cohen. in 8. Chez Fournier. Tome I. 7 fr. 50. Dictionnaire historique et topographique de la Provence ancienne et moderne. Par E. Garcin. in-8. Draguignan. Livr. I. 1 fr.

L'ouvrage aura dix livraisons, chacune de So à 100 pages.

Annuaire de l'état d'Alger, publié par la Commission de la société coloniale. 2° année. in-12. avec pl. Chez Carilian-Gœury. 3 fr. Abrégé de géographie ancienne comparée, rédigé sur un plan historique Par E. Lefranc. in-12. Chez Gosselin.

VOYAGES.

"

Correspondance d'Orient, 18301831. Par Michaud, de l'Académie française, et Poujolat. in-8. Chez Ducollet. Tome II. 7 fr. 50.

Nous avons rendu compte dans les deux précédens cahiers du premier volume. Le second se divise en 25 chapitres ou lettres. La première contient la description de la route de Koumkalė aux Dardanelles. La seconde, celle de la ville des Dardanelles et de ses environs. Cette ville, dit l'auteur, est assez bien bâtie; les maisons, construites en bois, y sont couvertes de tuiles. Elle a plusieurs mosquées et plusieurs bazars; c'est là que s'approvisionnent les voya geurs et les marins qui remontent ou descendent le détroit. La population se compose d'Israélites, d'Arméniens, de Grecs et de Turcs; les Osmanlis en forment la plus grande partie. La ville n'a pas plus de 5 à 6,000 habitaus, en comp

[ocr errors]
[ocr errors]

tant la garnison du château.-Lettre III. Abydos et Sestos. Cette partie de l'Hellespont est connue par le poëme de Musée, Héro et Léandre et par celui de la Fiancée d'Abydos de lord Byron qui a traversé ces côtes à la nage pour imiter les deux amans.-IV. Une Journée dans un tschiflk (ou ferme turque). V. Lampsaque et ses environs. Les voyageurs ont fait de vains efforts pour retrouver à Lampsaque la place d'un temple en l'honneur de Priape. Ville de Gallipoli. Quoique Gallipoli et Lampsaque ne soient séparés que par la largeur du canal, on remarque au premier aspect une très-grande différence entre les deux cités. D'un côté, on ne voit qu'une populatiou silencieuse et désonvrée; de l'autre on aperçoit partout le mouvement dà commerce et de l'industrie... Ce qu'il y a de plus remarquable à Gallipoli, c'est le bazar des babouches ou des chaussures. Figurez-vous un long passage où se montrent sur chaque devanture des pantoufles et des bottines jaunes, vertes ou brunes; les unes simples et grossières, les autres d'un goût recherché; quelques-unes brodées en soie, en or et en argent, ornées de pierreries. Toutes ces chaussures, qui mêlent leurs couleurs, et qu'on étale dans un ordre et dans une symétrie admirables, ressemblent à certaines merveilles décrites dans les Mille et une Nuits.— VI. Camarès, Priapus, le Granique et l'OEsopus. Quelques tronçons de colonnes, des fragmens de marbre que l'on trouve aux environs de Camarès marquent la place de l'ancien Parium. Le cap Kara-Boha est l'antique Priapus, dont on ne trouve plus de vestiges. Les Turcs appellent le Granique Out-svolasou. A sept milles de ce fleuve, vers le nord, coule l'OEsopus.-VII. Arrivée, à Artaki.-VIII. Les ruines de Cisyque. Les ruines de Cisyque sont à une petite lieue d'Artaki vers l'Orient.Dans ce pays il y a toujours une cité morte et une cité vivante, et c'est presque toujours la ville morte, da ville qui n'est plus, que les voyageurs s'empressent de voir. M. Mi

chaud donne dans ce chapitre la description et l'histoire de cette ancienne ville.-IX. Artaki et ses environs. — X. Route d'Artaki d Constantinople. XI. Premier aspect de Constantinople. La capitale des Osmanlis offre à peine l'aspect d'une grande cité; on croit voir une infinité de bourgs et de villages rapprochés les uns des autres, répandus au bord de la mer, et sur plusieurs collines; des édifices d'une blancheur éclatante, des maisons peintes en rouge, en gris, en brun foncé, des espaces trèsétendus où ne paraissent que des débris enfumés; au milieu des bouquets d'arbres, des terrains incultes, de tous côtés des mosquées avec leurs dômes en forme arabesque et leurs minarets s'élançant vers le ciel comme des colonnes aériennes; au-delà des remparts, les cyprès des cimetières qui entourent la ville d'une ceinture funèbre; tel est le tableau qui frappe d'abord les regards.... Le sérail est le point le plus apparent de Constantinople; c'est là que se portent tous les regards lorsqu'on arrive dans la capitale des Osmanlis. Le sérail du sultan n'est pas seulement une demeure impériale; on peut le regarder comme une cité au milieu de Stamboul, cité singulière, dont les habitans ont presque tous été achetés aux bazars, et qui naguère avait des îles, des provinces pour tributaires; séjour mystérieux et terrible que le despotisme habite au milieu de ses tristes voluptés et dans son appareil menaçant. Ce que l'auteur dit des différentes cours et des jardins du sérail, ainsi que des harems du sultan, régions inaccessibles au vulgaire, qu'habitent trois cents belles aux yeux noirs, douces images de la lune, venues de la Circassie, est fort remarquable, mais assez connu par d'autres ouvrages. --XIII. Anoiens monumens de Constantinople. La mosquée de Sainte Sophie, l'Hippodrome, l'Obélisque, la colonne de Constantin, etc. XIV. Maisons turques, incendies, costumes. Toutes les maisons de Constantinople sont à peu près bâties de la même manière.

[ocr errors]

C'est un mur en pierre qui s'élève à quatre ou cinq pieds au-dessus des fondations; sur ce mur est construit un édifice en bois qui n'a jamais plus de deux étages. Le premier étage s'avance dans la rue beaucoup plus que le rez-dechaussée. Toutes les maisons d'un quartier sont ordinairement d'une hauteur égale; la vue ne doit pas plonger du toit d'une maison dans une maison voisine. C'est un grand défaut ici d'être curieux; c'est un grand tort d'avoir vu. La plu. part des maisons sont peintes en dehors; le rouge, le jaune, le bleu, couleurs privilégiées, sont réservées aux Osmanlis; les rayas ne peuvent appliquer à l'extérieur de leurs demeures que les couleurs qu'ils portent sur leurs bottines, le gris et le brun foncé... Une maison turque ne renferme jamais qu'une famille; les mystères du harem ne permettent pas qu'on ait des voisins. Une maison est divisée en deux parties, dont l'une est habitée par le maître du logis, l'autre par les femmes..... Le seul luxe que les riches et les grands se plaisent à étaler en-dehors comme au-dedans consiste dans le nombre des chevaux et des esclaves. Comme les Turcs font peu de dépenses pour leur logement, et que leur déménagement est facile

faire,

ils changent souvent de maison et de quartier, ils ont toujours l'air de gens qui arrivent et qui sont prêts à repartir; on reconnaît toujours dans leurs mœurs et leurs habitudes les restes de la vie nomade..... On sait combien les incendies sont fréquens dans cette capitale ; il ne se passe pas d'année où quelque partie de la ville ne soit dévorée par les flammes. Un embrasement a souvent pour cause la négligence ou le manque de précautions; mais quelquefois aussi c'est un esclave qui veut se venger de son maître, un homme qui en veut à son voisin, un Turc qui s'indigne de la marche des affaires publiques; un incendie est souvent l'expression des mécontentemens du peuple.... Une réforme dans les costumes est commencée, et les Turcs abandonnent de jour en jour

les préjugés qui touchent à leurs vêtemens. Le turban a perdu sa gloire ; à peine se souvient-on qu'il y eut jusqu'à soixante manières différentes de le porter. Les ulémas, restés fidèles au turban, l'ont réduit à un schal très-simple, ployé autour de la tête. La coiffure commune est une calotte rouge surmontée d'un pompon de soie bleue. Les babouches et les bottines jaunes ont été remplacées par les bottes et les souliers francs; au lieu de leur grande robe, les Turcs portent une redingote bouton. née, semblable aux redingotes polonaises... La réforme n'a rien changé à l'habillement des femmes turques. Le long fenedgé, pour lequel toutes les couleurs sont adoptées, nous cache toujours leur taille; les babouches et les bottines jaunes nous dérobent toujours la forme de leurs jambes et de leurs pieds. Je ne vous parle pas des manches qui enveloppent jusqu'à leurs mains, ni de l'éternel voile de mousseline qui permet à peine de voir leurs yeux et leurs sourcils teints en noir. Je ne vous parle pas non plus de ces longs cheveux qui tombent en tresses flottantes sur leurs épaules; tout cela n'est pas neuf, et les voyageurs en ont assez dit là-dessus. Quoi qu'il en soit, l'histoire ne manquera pas de remarquer, et la remarque sera curieuse, qu'il s'est opéré en Orient une grande révolution dans les costumes, et que le sexe féminin n'y a pris aucune part.

(La suite au numéro prochain). Bibliothèque universelle des voyages par mer ou par terre dans les diverses parties du monde, depuis les premières découvertes jusqu'à nos jours, contenant, etc. Par Albert-Montémont. in-8. Chez Aubrée. Tome I-V. 2 fr. 50 c. chaque volume.

L'ouvrage aura 35 volumes.

Voyages historiques et littéraires en Italie, pendant les années

[ocr errors]

134

10

CLASSE III. Politique. Economie politique.

1826, 1827 et 1828, ou l'Indicateur italien. Par Valery. in-8. Chez Ma veuve le Normant. Tome V (et dernier). Prix' des cinq volumes, 35 fr.

POLITIQUE. ÉCONOMIE

POLITIQUE.

La France et l'Europe en 1833. Par A. Thomas. in-8. Chez Hivert. 5 fr.

De l'influence de Paris sur toute la France, ou de la Centralisation économique, administrative et politique, et des moyens d'en diminuer les inconvéniens. Par Mittre. in-8. Chez Delaunay. 2 fr. 50.

Traité complet de diplomatie, ou Théorie générale des relations extérieures des puissances de l'Europe, d'après les plus célèbres

autorités. Par un ancien ministre. 3 vol. in-8. Chez Treuttel et Würtz. pap. fin satiné, 24 fr. pap. vélin, 36 fr.

Cet ouvrage, à la fois d'instruction et de recherches, est indispensable à tous ceux qui se destinent à la carrière des ambassades ou à ceile des consulats, et aux érudits; pour les premiers, c'est un cours d'étude diplomatique: pour les hommes qui savent, c'est un répertoire, un véritable mémorial qui leur tient lieu d'une foule d'autres livres. Le Traité de diplomatie obtiendra donc une place, comme complément de collection et de système bibliographique, dans toutes les bibliothèques publiques; et comme ouvrage fondamental, dans les bibliothèques des ministres, des ambassadeurs et autres agens politiques, des consuls, des pairs, des députés, des conseillers d'état, et des principaux fonctionnaires, puisqu'il présente aux uns le tableau de l'état actuel de la science qui fait l'objet de leur étude

habituelle, et qu'il offre aux autres l'a nalyse des questions de droit international sur lesquelles ils sont fréquemment appelés à prononcer. Nous reviendrons sur cette importante publication.

Considérations politiques et militaires sur la Suisse. Par Napotéon-Louis C. Bonaparte, fils de Louis Bonaparte, ex-roi de Hollande. in-8. Chez Levavasseur. fr.

Toute la pensée de l'auteur se trouve dans ces mots du commencement de la brochure: « Les progrès de la civilisation se font sentir au milieu des Alpes, et la secousse donnée par la révolution de juillet en hâte les résultats heureux : aussi voyons-nous la Suisse se constituer en nation indépendante, et rompre les entraves qui depuis 1815 gênaient les. progrès de son développement social. Heureux le peuple qui par son énergie le peuple qui peut lai mème se donner a su secourir le joug étranger! heureux des lois ! Honneur à lui lorsque, se souvenant de son antique esclavage, il prend pitié des maux qu'il a soufferts jadis, et tend une main secourable aux victimes des persécutions étrangères! La Suisse est le seul coin de terre en Europe où la souveraineté du peuple soit encore en vigueur; nous en avons aujourd'hui un exemple, par le projet de pacte fédéral qu'on soumet à l'acceptation du peuple. C'est ce pacte que l'auteur examine sommairement. A la fin il dit: Je me borne à féliciter un peuple qui se gouverne lui-même, qui tend journellement à se rendre plus digne de la liberté et de ce grand nom de république dont nous n'avons eu jusqu'ici que de si imparfaits modèles. Je me borne à conseiller aux Suisses d'être toujours les alliés de la France, parce que leur intérêt de pays les y engage, leur intérêt de nation les y oblige. S'ils étaient attaqués, je ne doute pas qu'ils ne défendissent la patrie de Guillaume Tell: avec une armée mieux organisée,

« PreviousContinue »