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II. M. HOUZE DE L'AULNOIT, professeur de physiologie à l'École de médecine de Lille, chirurgien de l'hôpital SaintSauveur, donne lecture à l'Académie d'une note sur la périostéotomie appliquée aux amputations.

Il s'agit de deux nouveaux cas d'amputation par la périostéotomie. L'auteur dépose en même temps sur le bureau une pièce en circ moulée sur nature par M. Talrich, sur laquelle on peut apprécier la forme, l'étendue et les rapports de la lamelle de périoste destinée à recouvrir la rondelle osseuse.

« On ne peut douter, d'après cette pièce, dit M. Houzé de » l'Aulnoit, de la vitalité de la lamelle périostique qui a été » détachée dans une étendue de 4 centimètres 1/2 de la cir» conférence du fémur, et qui, par sa face superficielle, est >> restée adhérente aux couches musculaires. >>

Après avoir donné quelques détails sur les amputations ui font l'objet de cette communication, l'auteur examine quelles sont les conditions du succès.

Un point capital, sur lequel il croit devoir insister d'une manière toute spéciale, c'est la nécessité d'immobiliser, nonseulement les tissus divisés sur l'extrémité de l'os, mais en core l'articulation supérieure, afin d'obtenir pour les surfaces sectionnées une adhésion aussi complète que si l'on avait affaire à une fracture. A cet effet, il applique pendant toute la durée du traitement des bandelettes de diachylon autour du moignon, et se sert d'une gouttière particulière qu'il désigne sous le nom de gouttière bouclée du pli de l'aîne: elle se compose de deux valves, l'une verticale, s'appliquant sur la face antérieure de la cuisse, et l'autre horizontale, placée au-dessus de l'arcade crurale. Ces deux valves en zinc sont soudées ensemble sous un angle de 405 degrés. Des lanières permettent de serrer modérément la gouttière autour de la cuisse et de l'abdomen, tout en maintenant le membre fléchi et dans une complète immobilité.

Ce mode d'immobilisation a, en outre, pour avantage, d'éviter le frottement ou la pression du lit sur la plaie. La gouttière permet, de plus, de suivre la marche de la cicatri

sation, de faire, après les quatre ou cinq premiers jours, un nouveau pansement, de le renouveler tous les matins, en un mot, de surveiller le membre et de pouvoir prévenir les accidents, avantages que ne présentent pas les appareils silicatés.

Cette gouttière, suivant l'auteur, aurait rendu de trèsgrands services à l'armée du Nord, dans la campagne de 1870-1871, en immobilisant les membres fracturés au moment du transport des blessés du champ de bataille jusqu'aux hôpitaux.

Une autre condition de réussite dans les amputations par la périostéotomie, est de soumettre les opérés à un régime fortifiant, et de les placer dans des salles aérées et ventilées avec de l'air pur et frais. M. Houzé de l'Aulnoit expose, à ce propos, les dispositions qu'il a prises à l'hôpital Saint-Sauveur, pour obtenir, à l'aide de la chaleur, l'évacuation rapide de l'air vicié dans les salles de blessés. C'est à ces précautions qu'il attribue la guérison rapide de huit amputations qu'il a eu occasion de faire pratiquer en moins de deux ans : dont trois de cuisse, trois de jambe, une du bras et une du poignet.

Passant ensuite à la question de priorité, l'auteur dit qu'il a appris avec une certaine satisfaction ce qu'il ignorait lors de sa communication à l'Académie le 30 janvier, c'est-à-dire que MM. Ollier, Verneuil, Burghausen et Heyfelden avaient appliqué, ou plutôt essayé avant lui, la périostéotomie pour les amputations. Si les essais ont été infructueux, il faut l'attribuer, selon lui, au mode de pansement qui a toujours été celui des amputations ordinaires, et non celui des fractures. Il est fort difficile, en effet, d'obtenir une adhésion du périoste à l'os, si on ne lutte pas par un appareil inamovible contre la rétraction musculaire et contre le glissement fréquemment répété qui doit en être la conséquence. Il faut donc avant tout, et pendant toute la durée du traitement, s'assurer de cette immobilisation du lambeau et du membre.

Quant au procédé opératoire, M. Houzé de l'Aulnoit pense que la méthode ovalaire, avec certaines modifications qu'il indique, est préférable à la méthode circulaire. Il doute. qu'avec celle-ci on puisse avoir une cicatrisation à l'abri de toute adhérence consécutive.

La périostéotomie, enfin, n'est pas moins utile pour les petites opérations que pour les grandes, et il cite, à l'appui, un cas de désarticulation de l'index droit chez une femme de cinquante ans. Il obtint, par sa méthode, une réunion immédiate et une surface cutanée forte et résistante, sans ligne cicatricielle sur la saillie de la tête du métacarpien.

« De tels résultats, dit l'auteur en terminant, sont de na» ture à encourager les chirurgiens à entrer franchement >> dans cette nouvelle voie entrevue par de célèbres prati>>ciens, mais complétement abandonnée pour l'avoir suivie >> sans recourir à l'immobilisation du membre, et sans s'ap» puyer sur les données de la physiologie et de l'anatomie pathologique qui, seule, auraient pu les faire arriver au » but qu'ils désiraient atteindre. »

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La séance est levée à quatre heures et demie.

Ouvrages offerts à l'Académic.

De l'opportunité des grandes opérations, par M. le docteur Polaczek. Plusieurs brochures en anglais sur la vaccine, sur la contagion, etc. Rapport sur les travaux des conseils d'hygiène publique et de salubrité du département de la Sarthe pendant les années 1869 et 1870, par M. le docteur J. Le Bêle.

Bulletin de l'Académie de médecine, 30 mars.

Manuel pratique et élémentaire d'analyse chimique des vins, par M. Edouard Robinet, fils.

L'année scientifique et industrielle, par M. Louis Figuier, 15o année (1870-1871).

De l'intendance du corps médical militaire et de la mortalité dans l'armée, par M. M. L. Chapplain, sous intendant militaire.

SEANCE DU 9 AVRIL 1872.

PRÉSIDENCE DE M. LARREY.

SOMMAIRE.Correspondance officielle.

:

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MM. les docteurs Ollier, Barudel, Chabannes. — Présentation d'ouvrages manuscrits et imprimés: MM. Berthelot, Larrey, Pidoux, Guérin. Lectures 1° M. Boudet, rapport de la commission sur le laudanum de M. Delioux de Savignac (discussion: MM. Bouillaud, Béhier, Boudet); 2o M. Mialhe, lecture de plusieurs rapports au nom de la commission des eaux minérales. Discussion sur le cours d'hygiène des lycées : MM. Devergie, Delpech, Chauffard, Vernois, Larrey, Bouillaud, Boudet, - Ouvrages offerts à l'Académie.

M. BARTH annonce que M. Béclard retenu à la séance d'ouverture du Conseil général, dont il est membre, ne pourra se rendre aujourd'hui à l'Académie. M. Vernois le remplace dans les fonctions de secrétaire.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. BARTH annonce à l'Académie que, cité comme témoin dans une affaire de justice, il est obligé, à son grand regret, de s'absenter aussi, et prie M. Larrey de le remplacer au fauteuil présidentiel.

Correspondance officielle.

M. le ministre de l'instruction publique et des cultes transmet à l'Académie, de la part du ministre de la guerre de Belgique, deux exemplaires de la Statistique médicale de larmée belge pendant les années 1868 et 1869.

M. le ministre de la marine et des colonies adresse à l'Académie une lettre pour lui demander cinquante tubes contenant du vaccin destiné à la colonie du Sénégal, qui en est complétement dépourvue en ce moment. (Renvoyé à M. le directeur de la vaccine.)

2 SÉRIE T. I. No 8.

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M. le ministre de l'agriculture et du commerce transmet à l'Académie :

I. Les comptes rendus des maladies épidémiques qui ont sévi dans les départements de l'Ariége (1870-1871), de Loiret-Cher et d'Indre-et-Loire (1870), ainsi que le travail de M. Beaupoil sur une épidémie de rougeole dans l'arrondissement de Toulouse et celui de Villefranche pendant les années 1870 et 1871. (Commission des épidémies.)

II. Une demande de récompense en faveur de la sœur Marie-Théophile pour son zèle et son dévouement pendant l'épidémie de variole qui a régné dans le canton de Noroyle-Bourg. (Même commission.)

III. Une lettre de M. CARLOTTI, avec un mémoire imprimé ayant pour titre : Du mauvais air en Corse; son action, ses causes, moyens d'assainissement. (Renvoyé à l'examen de M. Fauvel.)

IV. Les tableaux des vaccinations pratiquées en 1870 et 1871 dans les départements de la Somme, de Maine-et-Loire et du Gard. (Commission de vaccine.)

V. Une nouvelle méthode de traitement de la variole, par M. BEDOY. (Commission des remèdes secrets et nouveaux.)

VI. Un rapport de M. le docteur DE PUISAYE sur les eaux minérales d'Enghien pendant l'année 1871. (Commission des eaux minérales.)

VII. Une demande en autorisation d'exploitation de six nouvelles sources d'eaux minérales situées sur le territoire de Vals. (Même commission.)

Correspondance manuscrite.

1. M. le docteur OLLIER, chirurgien de l'Hôtel-Dieu de Lyon, informe l'Académie qu'il se porte candidat au titre de membre correspondant national. (Renvoi à la commission.

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