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même que les plans dressés par von Linde pour l'aération-réfrigération de l'hôpital allemand de Togo. A propos des espaces libres, on fait ressortir la grande infériorité de Paris vis-à-vis d'autres grandes villes, entre autres Berlin, Vienne, New-York, etc.; les règlements restrictifs concernant certaines villes étrangères, comme Vienne, Cologne, Copenhague, Amsterdam, marquent des efforts utiles pour l'aération urbaine et seront consultés avec fruit. Le permis de construire, l'institution de dossiers sanitaires et du certificat de salubrité, l'interdiction et l'expropriation pour cause d'insalubrité, constituent des mesures complémentaires qui entreraient utilement dans la pratique.

Pour l'alimentation, il faut assurer un approvisionnement suffisant, de même que la réglementation des cours; il faut en outre vérifier les aliments et faire l'instruction du public, trop ignorant en général de la valeur physiologique de ce qu'il mange. Avec juste raison, la vérification des aliments est étudiée avec quelques détails, concernant particulièrement la répression des fraudes et l'organisation municipale de l'inspection. Le pain, la viande, le lait, sont ensuite envisagés séparément, en raison de leur importance prédominante.

La question d'alimentation en eau, si importante, fait l'objet d'un chapitre étendu; on y trouvera des tableaux copieux, indiquant pour un grand nombre de localités françaises ou étrangères l'origine de l'eau, les procédés de stérilisation, les quantités distribuées par tête, le prix de revient, etc.

Les autres parties sont traitées avec le même souci de précision et avec la même compétence. Tous les intéressés, et en particulier les municipalités, y trouveront élucidés, sous une forme attrayante, les divers problèmes qui peuvent se poser à leur attention.

M. Albert Bluzet étudie ensuite la PROTECTION LÉGALE ET ADMINISTRATIVE DE L'HYGIÈNE ET DE LA SALUBRITÉ COMMUNALES. Sous le titre de Prescriptions et mesures administratives applicables à la protection sanitaire des communes, l'auteur fait connaître les prescriptions légales auxquelles les communes doivent dorénavant se soumettre, en matière d'hygiène. La loi de 1902 leur a imposé des devoirs précis, tout en leur laissant un large degré d'initiative; nombre d'entre elles ont introduit dans leurs règlements des dispositions intéressantes (protection des denrées alimentaires, surveillance des ordures ménagères, des lavoirs, de l'épandage, curage et nettoyage des pièces d'eaux, etc.).

Les maires peuvent d'ailleurs se baser sur la loi de 1884, qui définit leur rôle, et, pour beaucoup de sujets, sur la loi de 1898 sur le Code rural, en dehors des obligations qui découlent pour eux

de la loi de 1902. Une discussion très intéressante, avec nombre de faits et d'épisodes à l'appui, fait connaître l'étendue du pouvoir réglementaire des maires en matière sanitaire, et les sanctions des prescriptions formulées par les règlements sanitaires communaux, questions dont les tribunaux ont été saisis à maintes reprises.

L'alimentation en eau potable, un des points les plus importants, est étudiée dans tous ses détails; à noter particulièrement les chapitres sur les conditions générales auxquelles doit satisfaire, au point de vue sanitaire, tout projet d'alimentation en eau présenté par une commune; sur les subventions pour les travaux communaux d'adduction d'eau potable; sur la protection des eaux et la surveillance médicale des bassins d'alimentation.

Viennent ensuite l'évacuation des eaux usées, la propreté et la salubrité de la voirie, l'expropriation pour cause d'insalubrité, le contrôle de la salubrité et l'assainissement d'office des com

munes.

La deuxième partie fait connaître les organes d'exécution des prescriptions et mesures sanitaires dans la commune. C'est l'histoire des bureaux municipaux d'hygiène, avec leur rôle, leur organisation, leur constitution, leurs attributions, leurs règlements. Le régime spécial de la ville de Paris et du département de la Seine fait l'objet d'un chapitre spécial.

Cette partie du volume constitue un véritable code administratif, illustré de nombreuses citations et d'une foule de faits vécus, si l'on peut ainsi dire. Les municipalités y trouveront tous les renseignements et conseils qui peuvent leur être utiles.

Les ÉTABLISSEMENTS CLASSES font l'objet d'une étude de M. Paul Adam, inspecteur principal de ces établissements à la Préfecture de police, et particulièrement compétent sur un tel sujet. Après avoir fait connaître la législation en vigueur (décret de 1810 et ordonnance de 1815) avec les tableaux de classement des établissements dangereux, insalubres ou incommodes, l'auteur étudie les inconvénients de ces derniers avec les moyens d'y remédier, Quelques pages sont consacrées aux poussières, aux émanations nuisibles, etc.; à juste titre, les chapitres concernant les dangers d'incendie ou d'explosion, les odeurs et les fumées, sont les plus développés. En ce qui concerne les odeurs, le travail, l'auteur insiste sur les dépôts et le broyage des boues et immondices, sur l'incinération des ordures ménagères, les boyauderies, les engrais animaux, les viandes avariées ou saisies, en un mot sur tous les établissements susceptibles de devenir des centres d'infection, s'ils ne sont pas étroitement surveillés dans leur fonctionnement. Pour

les fumées, on peut souvent les éviter en conduisant correctement la combustion; en tout cas, la fumivorité est possible, par conséquent exigible, et les fumées industrielles doivent disparaître à peu près complètement.

L'ensemble du fascicule est, on le voit, des plus instructif. II constitue certainement ce qui a été écrit de plus complet sur l'hygiène des villes et des agglomérations communales.

SACQUÉPÉE.

Annuaire et guide pratique d'hygiène, par un Comité d'hygiénistes, sous la direction du Dr P. LASSABLIÈRE, chef de laboratoire à la Faculté de médecine de Paris, lauréat de la Faculté de médecine (1909) et de l'Académie de médecine (1910) (Jouve et Cic, édit., 15, rue Racine, Paris; 1 vol. in-8, cartonné, de 488 pages. Prix: 2 fr. 50).

C'est assurément l'annuaire le plus complet et le guide le plus pratique qui aient paru de longtemps sur les questions d'hygiène.

Il est très pratique, parce qu'il possède une table alphabétique étudiée et composée avec un soin extrême et un sens rare de l'utilisation immédiate. On l'ouvre, un coup d'œil, et l'on a à l'instant les indications souhaitées.

Il est très complet parce que, sans exception, tous ceux qui, par fonction ou par occasion, ont besoin d'un renseignement relatif à l'hygiène, qu'il s'agisse d'hygiène générale ou d'hygiène spéciale, trouveront dans cet ouvrage tous les éclaircissements nécessaires et officiels.

Il a enfin un mérite qui lui est absolument particulier et dont l'importance est considérable : il est intéressant dans l'entière acception du mot.

Tous ceux dont l'autorité, la fonction, l'industrie ont une action directe ou indirecte sur l'hygiène publique, ne sauraient trouver conseiller plus clair et mieux informé. Enfin les médecins, auxquels il apporte la relation fidèle des grandes manifestations annuelles de l'hygiène, auront en lui un précieux et vaillant auxiliaire. Par lui sera centuplée leur autorité pour écarter le grand public des préjugés malfaisants et l'amener aux conceptions salutaires d'une hygiène rationnelle accessible à tous.

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ANNALES

D'HYGIÈNE PUBLIQUE

ET

DE MÉDECine légale

I CONGRÈS DE MÉDECINE LÉGALE
DE LANGUE FRANÇAISE

(Paris, 29-30 Mai 1911.)

COMPTE RENDU

Par le Dr F. DERVIEUX, Secrétaire des séances.

Le Ier Congrès de médecine légale de langue française s'est ouvert le lundi 29 mai 1911, à neuf heures du matin, dans le petit amphithéâtre de la Faculté de médecine de Paris.

Prennent place au bureau provisoire: M. le Pr Thoinot, président, et M. le Pr agrégé Étienne Martin, secrétaire général, qui s'étaient chargés de l'organisation du Congrès. M. le Pr Thoinot prononce l'allocution suivante :

Mes chers Collègues,

En ouvrant aujourd'hui le Ier Congrès de médecine légale de langue française, j'ai l'espoir et j'ai même la conviction que je marque une date intéressante pour notre corporation. Nous avons vécu jusqu'ici isolés les uns des autres, et, s'il est vrai que l'union fait la force, il faut avouer que nous avons été bien faibles pour assurer notre réputation scientifique et pour défendre nos intérêts professionnels. Pour nous réunir et pour nous connaître, nous n'avons eu jusqu'ici, en dehors de la Société de médecine légale, fré1911, No 2.

4e SÉRIE. TOME XVI.

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quentée surtout par les Parisiens, que l'occasion des congrès. internationaux, que la petite section de médecine légale de ces congrès perdue dans le flot des sections plus nombreuses et plus en vue des diverses autres branches de la médecine. Il ne faut pas médire des congrès internationaux ; mais, à se rencontrer entre compatriotes tous les trois ou cinq ans à Berlin, à Vienne, à Budapest, à Rome, à Londres, etc., on n'arrive guère à se rapprocher, à former le faisceau compact où doivent s'unir tous les esprits, toutes les volontés des médecins cultivant dans notre pays une même spécialité et ayant les mêmes soucis professionnels. Et, d'ailleurs, les congrès internationaux semblent avoir quelque peu perdu de leur vogue; je me rappelle avec quelque amertume un de ces congrès récents où, dans la section de médecine légale, il y avait en tout cinq Français. C'est ce qu'ont bien compris les chirurgiens, les neurologistes et les aliénistes. français, qui, chaque année maintenant, se réunissent en France pour y traiter les questions qui les intéressent; c'est ce qu'ont compris aussi, et l'allusion nous touche de plus près, les médecins légistes allemands qui, récemment, ont fondé un congrès annuel. Tous, en agissant ainsi, ont fait œuvre utile, et nous vous convions à suivre un exemple si profitable et à instituer à votre tour un congrès spécial de médecine légale. Il tiendra ses assises chaque année si vous en décidez ainsi ; il sera de courte durée pour ne pas nécessiter des absences prolongées incompatibles avec les occupations de la plupart d'entre nous. Nos réunions seront avant tout consacrées à l'étude des questions médicolégales c'est là leur but principal et leur raison d'être primordiale; on y traitera de questions arrêtées d'avance et prenant pour sujet quelque point de notre spécialité d'intérêt actuel, de telle façon que chacun de nous soit mis au courant de toutes les controverses marquantes et de l'évolution progressive de la médecine légale. Mais le congrès sera ouvert aussi pour toutes les questions laissées au libre choix de chacun. On y parlera, d'autre part, de nos intérêts professionnels;

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