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petit volume. Les grands chapitres de l'hygiène sont abordés tour à tour; l'auteur suppose connu les principes généraux et évite toute discussion théorique, pour consacrer ses soins aux indications techniques, aux méthodes en usage, aux procédés et appareils, etc. Il ne dédaigne pas, à l'occasion, de faire connaître la provenance et les prix des produits ou appareils qui lui paraissent le mieux appropriés aux exigences de l'hygiène.

Les divers chapitres comprennent successivement l'étude de l'air, du sol, de l'eau, de l'habitation, de l'éclairage, de la ventilation, du chauffage, de l'évacuation des matières usées, desécoles, des hôpitaux, de la prophylaxie, de la désinfection. Pour bien montrer le plan général et en même temps l'intérêt du livre, il suffira de parcourir quelques-uns des chapitres énumérés ci-dessus.

Dans l'étude de l'air, on fait d'abord connaître les gaz susceptibles d'être rencontrés normalement ou accidentellement dans l'atmosphère; puis les moyens de doser l'acide carbonique (procédé de Lunge-Leckendorf) et de déceler l'oxyde de carbone (par agitation avec le sang dilué). Une table indique les doses toxiques pour le gaz dangereux : CO, CO2, chlore, iode, etc. Un mot sur les poussières ; puis la température de l'air : équivalence des thermomètres, leur vérification, évaluation des températures moyennes, échauffement de l'air par le corps humain; cet échauffement monte à 2 400 calories en vingt-quatre heures, par divers mécanismes (échauffement de l'air inspiré, rayonnement de la peau, etc.). Enfin on donne quelques indications sur la pression atmosphérique, sur les mouvements de l'air (effets produits suivant la vitesse du vent), sur l'humidité atmosphérique de la pluie.

Le chapitre consacré aux eaux est, comme il convient, l'un des plus développés (40 pages). Voici la suite de l'exposé: 1° Qualités requises d'une eau de bonne qualité. - 2o Étude des eaux : inspection locale, la plus importante; avantages et inconvénients respectifs des eaux superficielles, des puits et des sources; analyses chimiques et bactériologiques; clarté, goût, odeur, température, présence de CO2, recherche du chlore, des nitrites et nitrates, de l'ammoniaque, de l'hydrogène sulfuré, du fer, du manganèse,, du degré de dureté ; prélèvements pour analyses. 3o Besoins suivant les circonstances: quantité à prévoir par tête, pour hommes et animaux; eaux de lavage, pour les bains, cabinets d'aisances, etc.; variations journalières de la consommation d'eau. 4o Alimentation privée; origine: eaux de pluie (tonneaux, citernes), eaux de source, de rivières ou lacs, eaux souterraines (puits plats, puits artésiens); nombreux détails de construction,

particulièrement pour puits et citernes; répartition de l'eau dans la maison. 5° Amélioration des eaux dans l'alimentation privée. Les procédés chimiques ne mériteraient pas crédit. La plupart des filtres ne valent pas mieux, sauf les filtres de porcelaine (Chamberland), de terre d'infusoires (Berkefeld) et d'amiante; filtres en grès et à charbon. Stérilisation par la chaleur, avec indication de nombreux fabricants. 6o Alimentation centrale; eaux de source, eaux souterraines, eaux de surface. 70 Amélioration de l'eau dans l'alimentation centrale. On insiste beaucoup sur la déferrisation; on sait en effet qu'en Prusse les eaux sont souvent ferrugineuses. La plupart des procédés sont basés sur l'aération procédés de Piefke, de Esten, de Reisert, de Kröhuke, etc. Procédés pour faire disparaître l'hydrogène sulfuré, le manganèse, les sels de chaux et de magnésie, les particules colorées (humus, etc.). Purification bactériologique : oganisation; décantation; filtration sur table, avec détails; construction des filtres, leur étendue, leur fonctionnement; purification des filtres et du sable; contrôle de la filtration; réservoirs d'eau filtrée. 8o Canalisation d'eau ; systèmes divers, structure des canaux, prises d'eaux, etc.

Les autres chapitres sont étudiés avec la même méthode et le même esprit essentiellement pratique. Ce manuel peut incontestablement rendre les meilleurs services à tous ceux qui ont à s'occuper de questions d'hygiène.

E. SACQUÉPÉE.

L'épuration des eaux d'égout, par le Dr DIDIER, 1 vol., Paris, Ollier-Henry, 8, rue Casimir-Delavigne. L'auteur passe en revue les procédés les plus couramment employés pour l'épuration des eaux d'égout, problème qui se pose pour la plupart des villes.

Le procès des procédés mécano-chimiques est fait rapidement : filtration, décantation, procédés chimiques au lait de chaux, au chlorure de chaux, au ferrozone, etc. Ces procédés sont imparfaits et surtout très onéreux; dans le chapitre « Quelques exemples à l'appui », l'auteur montre que beaucoup de villes anglaises ont abandonné la méthode chimique, après en avoir essayé. Ces procédés sont néanmoins toujours nécessaires quand la composition de l'effluent rend inapplicables les méthodes biologiques.

Après avoir rappelé les principes scientifiques des méthodes biologiques, l'auteur passe à l'épuration par le sol avec utilisation agricole. C'est, on le sait, un procédé très répandu depuis longtemps et mis en pratique dans ces dernières années à Paris,

Reims, Berlin, Fribourg-en-Brisgau, etc. On étudie le choix et l'aménagement du terrain, le dégrossissage de l'eau, les dispositions diverses des rigoles, les quantités d'eau à épurer : 11 000 mètres cubes par hectare-an donnent le maximum de profit agricole et d'épuration; la loi française autorise 40 000 mètres cubes par hectare-an. L'irrigation, à moins d'être faite par la ville même sur ses propres terrains, comme à Berlin, reste toujours irrégulière; mais les résultats hygiéniques sont excellents quand l'irrigation est bien faite. L'histoire des installations de Berlin, de Paris, etc., rapportée avec quelques détails, est très instructive. L'épuration sur sol nu, c'est-à-dire sans utilisation agricole, implique une perte de terrain sans compensation pécuniaire ; par contre, elle demande beaucoup moins de surface que l'irrigation avec utilisation agricole. L'épuration sur sol nu s'accommode particulièrement du système séparatif.

La méthode biologique proprement dite tend à se répandre de plus en plus. L'auteur donne sa description surtout d'après les essais de Bezault et Calmette. Il expose les idées contradictoires émises sur le rôle de la fosse septique, sans prendre parti dans la question. C'est cette méthode qui donne au moindre prix des résultats très satisfaisants. Le meilleur dispositif consiste en dégrossissage par grilles et chambres à sable, fosse septique couverte et sans chicanes, lit bactérien percolateur alimenté par des becs pulvérisateurs ou des siphons à décharge intermittente.

Suit un chapitre de comparaison entre épandage et méthode biologique.

E. SACQUÉPÉE.

Traité d'hygiène, par A. CHANTEMESSE et E. MOSNY: XII, Hygiène générale des villes et des agglomérations communales, par MM. E. MACÉ, ED. IMBEAUX, ALBERT BLUZET, PAUL ADAM, 1910, 1 vol. in-8, avec figures. Prix: 12 fr. (J.-B. Baillière et fils, édit. à Paris). La première partie, HYGIÈNE ET SALUBRITÉ GÉNÉRALES DES COLLECTIVITÉS RURALE ET URBAINE, est exposée par MM. Macé et Imbeaux. Elle est documentée à souhait; les renseignements y abondent, empruntés tant aux diverses régions de France qu'aux pays étrangers, permettant des comparaisons instructives et indiquant les solutions désirables suivant les localités.

Ce sont les causes générales d'insalubrité communale et leurs conséquences sur la santé des habitants que les auteurs étudient tout d'abord. Un coup d'œil historique fait ressortir les efforts hygiéniques de l'antiquité et de l'époque moderne, contrastant avec la profonde incurie du moyen âge; Babylone, Jérusalem,

Rome surtout, avec son cloaca maxima pour les égouts, avec l'aqua Appia et l'aqua Maria pour l'alimentation en eau, avaient exécuté nombre de travaux de salubrité aussi utiles qu'imposants. Quelques pages sur la densité de la population, sur l'accroissement constant des agglomérations urbaines et la dépopulation corrélative des campagnes, et les auteurs abordent une à une les grandes causes d'insalubrité: 1° le milieu urbain; 2o l'habitation; 3o l'alimentation; 4° les êtres vivants; 5o les déchets ; 6o les industries et commerces. Ne pouvant les suivre dans leur exposé très complet, nous résumerons brièvement, à titre d'exemple, les chapitres habitation et alimentation.

L'influence de l'habitation sur la salubrité communale est considérable; l'assainissement des maisons doit être au premier rang des mesures légales de protection. Pour les habitations particulières, certains inconvénients résultent des défauts de la ventilation, du chauffage et de l'éclairage; l'air peut être vicié par l'augmentation de CO2, à laquelle s'ajoutent l'élévation de la température et du degré hygrométrique de même que les mauvaises odeurs, quand un grand nombre de personnes se trouvent confinées dans un espace restreint; le chauffage et l'éclairage sont en outre capables d'introduire le CO2 et surtout l'oxyde de carbone; l'atmosphère des villes, de son côté, est souillée par les fumées et gaz des foyers domestiques et des usines. Le chauffage est parfois insuffisant ou excessif, aussi désagréable et dangereux dans un cas que dans l'autre. Un autre facteur important d'insalubrité est le surpeuplement, si fréquent dans la population ouvrière des grandes villes: à Paris, 149 p. 1 000 des habitants vivent dans des logements surpeuplés, d'après Bertillon; Rey élève ce chiffre à 240. Pour Berlin, les chiffres enregistrés par Weyl ne sont guère plus favorables. Mais l'insalubrité n'est pas indissolublement liée aux habitations ouvrières : quand ces dernières sont soignées, comme celles de la donation Peabody (Londres), la mortalité de leurs occupants est sensiblement inférieure à la mortalité générale. En réalité, le surpeuplement est un témoin de la misère, et comme tel il s'accompagne des autres infériorités que celle-ci entraîne avec elle; aussi ne saurait-on s'étonner que les quartiers surpeuplés fournissent malheureusement plus de décès que les autres, comme le démontrent avec trop d'éloquence des documents concernant les quartiers de Paris et de Vienne. Cause obituaire importante, l'insalubrité de l'habitation est également cause morbigène, particulièrement vis-à-vis de certaines maladies : la tuberculose en premier lieu, dont cette insalubrité constitue l'un des principaux facteurs étiologiques ; à Paris, par exemple,

Juillerat a bien noté le rôle des maisons maudites, véritables foyers de tuberculose, situées dans des rues étroites, donnant sur des cours petites et sombres. Le cancer, les maladies infantiles, bien d'autres affections encore, paraissent en maintes circonstances nettement liées à quelque mauvaise qualité de l'habitation. Après les habitations particulières, sont étudiées rapidement les habitations collectives: cités, hôpitaux, casernes,

etc.

Le chapitre alimentation comprend l'alimentation proprement dite et la distribution d'eau. L'approvisionnement des villes en aliments de toutes sortes est un gros problème, qui même de nos jours n'est pas toujours parfaitement résolu ; le coût des aliments a une influence considérable sur le bon état hygiénique, influence que traduit bien la formule d'Ach. Guillard : la population tend à se proportionner aux substances disponibles; de même, l'aisance de la vie a une influence marquée sur l'état de santé des individus, - la mortalité des pauvres l'emportant sur celle des riches. Ce n'est d'ailleurs pas la seule quantité de l'aliment qui entre en jeu ; il faut en outre tenir compte de la qualité, l'alimentation pouvant être nuisible, et surtout irrationnelle, comme divers auteurs l'ont bien montré dans ces dernières années.

L'eau intervient à un double titre d'une part en favorisant les soins corporels, la propreté de la maison et celle de la ville; d'autre part en raison de son action directe sur la santé humaine, particulièrement en ce qui concerne la genèse du choléra et de la fièvre typhoïde.

Après les causes d'insalubrité, sont étudiées les mesures générales d'assainissement urbain. La division des chapitres est la même que dans la première partie de l'ouvrage : assainissement de l'habitation, de l'alimentation, mesures relatives aux individus, éloignement des déchets urbains, nous indiquerons sommairement la suite des idées pour les chapitres habitation et alimentation. Pour l'alimentation, on définit tout d'abord l'habitation salubre: elle doit être propre, pas trop humide, aérée, ensoleillée, de température convenable, de compositions et de dimensions proportionnées au nombre des habitants, munie d'eau de bonne qualité, pourvue de moyens d'éloigner les immondices de telle sorte que le milieu n'en souffre pas; enfin elle ne doit recéler en elle aucune cause de maladie pour les habitants. Chacun de ces points est envisagé séparément, avec les détails nécessaires; on insiste particulièrement sur l'aération et la ventilation, sans oublier la réfrigération, et sur les espaces libres. Entre autres nouveautés, les auteurs font connaître un intéressant procédé de rafraîchissement et de lavage de l'air par une double traversée d'eau en pluie, de

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