Page images
PDF
EPUB

le 1er novembre. Hospitalisé, sérumisé et tubé à Bretonneau, cet enfant est actuellement guéri. La désinfection a été faite, mais personne, ni le médecin traitant, ni le personnel médical de l'hôpital, n'a songé à immuniser préventivement les cinq frères et sœurs du petit malade.

6o M..., Adrien, âgé de quatre ans, demeurant rue Lécuyer, n'allant pas encore à l'école, est soigné à Bretonneau pour une angine diphtérique compliquée de scarlatine, déclarée le 4 novembre 1910. La désinfection a été faite, mais l'immunisation préventive des quatre frères et sœurs du petit malade n'a pas été pratiquée.

7° S..., âgé de cinq ans, demeurant passage de l'Avenir, fréquentant l'école des Rosiers, est mort subitement le douzième jour d'une angine diphtérique, sérothérapisée très tardivement et déclarée le 5 novembre 1910.

8o Sa sœur, âgée de huit ans, fréquentant la même école et non sérumisée préventivement, est actuellement guérie d'une angine diphtérique bénigne. L'isolement est et a été nul: la convalescente ne va pas à l'école, mais va jouer chez ses voisines sans que l'examen des sécrétions pharyngées ait démontré l'absence du bacille de Loeffler.

9o B..., âgée de treize mois, cité de la Jatte (2, rue du Centre) a été hospitalisée à Bretonneau pour une angine diphtérique légère, déclarée le 8 novembre 1910. La désinfection est faite.

10° Q..., âgé de cinq ans et demi, rue du Landy, fréquentant l'école du Centre, est soigné à l'hôpital de SaintDenis pour une angine diphtérique déclarée le 8 novembre 1910. Le petit malade a 3 frères de quatorze, dix-sept et vingt ans, qui n'ont pas été immunisés préventivement. Sa mère garde depuis quelques jours:

11o L'enfant G..., cinq ans, demeurant rue du Landy, fréquentant l'école de la rue Jean et atteint, il y a quinze jours, d'une angine légère, non déclarée.

12o L'enfant M..., fréquentant l'école de la Gare, gardé par Me P..., boulevard Victor-Hugo, a eu une angine diphtérique,

déclarée le 9 novembre 1910 et a été transporté chez ses parents. La désinfection n'a été pratiquée qu'au domicile de la gardeuse.

13o D..., âgé de quatre ans, avenue des Batignolles, gardé par Me A..., avenue des Batignolles, est guéri d'une angine diphtérique, déclarée le 9 novembre 1910. L'isolement est et a été nul. La désinfection est faite.

14o G..., âgé de sept mois, rue du Landy, frère de l'enfant de cinq ans, élève de l'école Jean, dont la diphtérie n'a pas été déclarée, est hospitalisé à Claude-Bernard pour une angine déclarée le 10 novembre 1910.

15o Sa mère, âgée de vingt-cinq ans, est soignée dans le même hôpital pour la même maladie.

16o V..., âgé de deux ans et demi, rue du Landy, est mort le 16 novembre d'une angine diphtérique déclarée le 11 novembre 1910 et sérothérapisée tardivement. Il était soigné par sa mère, qui, dans le même temps, allaitait un bébé de trois mois, non immunisé !

Lorsque je conseillai de faire pratiquer sans retard cette indispensable intervention, il me fut répondu qu'on ne démandait pas mieux, mais qu'on ne savait à qui s'adresser.

17o R..., âgé de six ans, rue Vincent, fréquentant l'école des Épinettes, à Paris, est guéri d'une angine diphtérique légère, déclarée le 12 novembre 1910 et ne présente plus qu'une légère adénopathie cervicale. L'isolement est nul.

18° G..., âgé de neuf ans, rue Jean, élève de l'école Christiani, rue Jean, est guéri d'une angine diphtérique, déclarée le 15 novembre 1910. Il est encore très pâle et atteint d'une adénopathie cervicale assez marquée. L'isolement est nul.

19o G..., âgée de vingt et un mois, avenue Frayce, est morte à Bretonneau d'une angine diphtérique, compliquée de croup. La déclaration est du 20 novembre 1910. Remarquons que le frère de cette enfant est âgé de neuf ans et suit les cours de l'école Christiani, rue Jean, tandis que

sa sœur, âgée de six ans, suit ceux de l'école des Rosiers. Lorsqu'au bout de quelques jours de maladie le médecin traitant parvint à poser le diagnostic de diphtérie, on tenta d'isoler la petite malade et, dans ce but évidemment très louable, on n'a rien trouvé de mieux que de placer le jeune garçon comme interne dans l'institution dont il suivait précédemment les cours en qualité d'externe !

La désinfection a été faite, mais l'immunisation préventive a été omise par le médecin traitant, par le médecin consultant et par celui de l'hôpital.

Mesures prophylactiques.-Si l'on veut s'opposer avec succès à la persistance et à l'extension du mal, il faut et il suffit de mettre en œuvre les cinq mesures suivantes :

1o Désinfection rapide des linges et des locaux infectés; 2o Isolement rigoureux des malades ;

30 Sérumisation préventive des jeunes sujets ayant approché les diphtériques ;

4o Exclusion de l'école des parents et voisins des malades; 5o Examen bactériologique de la gorge des convalescents et de leurs voisins immédiats désirant être réadmis à l'école.

On a jusqu'à présent pratiqué la désinfection des locaux et l'exclusion de l'école de presque tous les sujets exposés au contage; mais l'isolement et la sérumisation préventive ont été systématiquement négligés.

Laissant pour l'instant de côté la question délicate de l'isolement et de la distribution d'un jeu de deux blouses. par le service de la désinfection, il me paraît indispensable, d'attirer l'attention de l'Administration sur l'intérêt considérable qu'il y aurait à organiser un service de sérumisation préventive qui, avec l'autorisation des parents et le concours des médecins locaux, sous le contrôle des médecins des épidémies, épargnerait très certainement de nombreuses existences humaines sacrifiées par l'ignorance des uns, le

[ocr errors]

scepticisme des autres. Ce faisant, on agirait, pour le plus grand bien de la santé publique, conformément à l'avis exprimé au Conseil supérieur d'hygiène publique par MM. Proust et Roux, conformément au vœu de l'Académie de médecine et aux instructions de M. le ministre de l'Intérieur (circulaire du 16 novembre 1905).

Un essai de ce genre a d'ailleurs été poursuivi, l'an dernier, à Grenelle, grâce à l'initiative du Bureau d'hygiène de la Préfecture de police, de concert avec les médecins traitants, les médecins des écoles, de l'Institut Pasteur, de l'hôpital des Enfants-Malades et des Épidémies. Il a donné les résultats les plus encourageants, puisqu'il a permis d'arrêter promptement une épidémie de diphtérie qui s'annonçait redoutable.

Enfin l'on peut affirmer, sans risquer d'être contredit ou taxé d'exagération, que l'on parviendra très facilement et très vite à juguler les manifestations diphtériques endémiques ou épidémiques si l'on réussit, dès la déclaration du premier cas, à sérothérapiser le plus rapidement possible: 1o les frères et sœurs du petit malade; 2o ses voisins d'habitation; 3o ses voisins de classe; 4o si les enfants éliminés de l'école ne rentrent à celle-ci qu'après examen bactériologique, démontrant l'absence du bacille de Loeffler.

Pour atteindre ce but, il semble désirable que, aussitôt un cas de diphtérie connu, les parents des intéressés soient avisés par la préfecture ou le bureau d'hygiène local : 1o qu'ils ont le plus grand intérêt à faire immuniser leurs enfants et 2o qu'à défaut du médecin traitant, un médecin local, désigné à tour de rôle, comme pour la vaccination, pratiquera l'intervention.

Le sérum serait fourni par l'administration; une seringue de 10 centimètres cubes, stérilisable par ébullition, serait également mise à la disposition du médecin opérateur.

En principe, la dose injectée ne dépassera pas 5 centimètres cubes, et l'injection sera pratiquée sur le ventre après savonnage et badigeonnage à la teinture d'iode.

Lorsqu'il n'y aura qu'un ou deux enfants à immuniser, la séance aura lieu au domicile des parents; lorsqu'il y en aura 4,5 ou 10, elle aura lieu dans un dispensaire ou, à la rigueur, dans une salle du bureau d'hygiène ou de la mairie.

Un médecin inspecteur des Épidémies assistera à la séance afin de vérifier si les précautions antiseptiques indispensables ont été prises.

Liste sera tenue des enfants immunisés afin que, en cas d'une nouvelle alerte, l'immunisation préventive ne soit pas répétée dans la même année, ceci dans le but d'éviter la possibilité d'accidents anaphylactiques.

REVUE DES JOURNAUX

[ocr errors]

Mesures de protection de la Finlande contre le choléra de Russie. La contiguïté de la Russie et de la Finlande était certes de nature à faciliter la rapide propagation des épidémies cholériques d'un pays à l'autre. Or, malgré ce voisinage immédiat, grâce aux mesures de protection prises, la Finlande est restée pour ainsi dire indemne au cours des grosses épidémies russes de 1892-1894 et de 1908-1910. Chose remarquable, les allées et venues des habitants entre les deux pays, aussi bien par terre que par mer, n'ont jamais été interrompues!

Si l'on considère qu'au moins six trains de voyageurs parcourent journellement le trajet entre Saint-Pétersbourg et Helsingfors, qu'en dehors de cela de multiples trains locaux sillonnent la voie ferrée, presque à chaque heure, tout en s'arrêtant à de nombreuses stations finlandaises au delà de Saint-Pétersbourg, on peut évaluer pour la saison d'été un mouvement d'environ 80 000 personnes de nationalité russe venant villégiaturer en Finlande.

D'autre part, entre Cronstadt, Saint-Pétersbourg et la Finlande, les relations par eau sont encore plus étroites, à ne citer du reste que le nombre considérable de bateaux à vapeur, de canots, de yachts, de bacs, etc., qui circulent non seulement dans le golfe de Finlande, mais aussi sur la Néva et le lac Ladoga.

Il y a également un mouvement très actif par les routes et chemins entre le gouvernement pétersbourgeois et la province de

« PreviousContinue »