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rentes au point de vue de la lésion, des soins et du pronostic.

Il est donc d'importance capitale pour le médecin de n'être pas accusé d'incurie lorsque seront réglées les conditions de durée ou d'incapacité.

M. Lucas Championnière insiste sur la rédaction de ce certificat qui doit être long et si bien circonstancié qu'il paraisse absolument clair, même à ceux qui n'ont aucune notion médicale. Du reste, ces renseignements circonstanciés sont absolument nécessaires pour établir la durée probable de la lésion et les chances d'infirmité, au sujet desquelles le rédacteur du certificat devra se montrer très prudent pour éviter la mauvaise chance de se trouver en contradiction trop accentuée avec les faits.

Le certificat de reprise du travail et pour la constatation de la perte de capacité est encore pour le médecin la source de bien des difficultés et de bien des incertitudes.

Pour les brûlures du deuxième et du troisième degré, l'aspect de la cicatrice est très vilain, et la rougeur de l'épiderme très mince est inquiétante, de sorte que, si le malade est un peu peureux, il est difficile de l'obliger à se remettre au travail, car il est impossible de savoir s'il souffre ou ne souffre pas, et d'affirmer qu'il ne subira pas de dommage des contacts plus ou moins violents auxquels il se trouvera exposé au cours de ses occupations.

Cette incertitude nese produit pas seulement quand il s'agit de vastes lésions, mais aussi bien pour de très petites lésions, surtout quand elles occupent les mains ou les pieds. Dans certains cas, une brûlure légère peut entraîner chez un ouvrier dont le travail demande une délicatesse spéciale une perte de capacité considérable. Enfin il ne faut pas oublier que les plaies de brûlures sont éminemment susceptibles de maladies secondaires et que, sur les cicatrices, surviennent souvent des chéloïdes.

Il est des cicatrices que rien ne pourra accoutumer à la pression, au choc de l'instrument, et l'apparence, la dimension de la cicatrice ne donnent au médecin aucune indication. Une cicatrice insignifiante, placée dans le sens du mouvement, se déchirera à toutes les tentatives de travail, alors que des cicatrices très étendues, d'aspect mauvais, « se culotteront » et ne donneront lieu à aucun ennui.

Le certificat de reprise du travail doit donc être particulièrement prudent, être très circonstancié comme le certificat initial d'accident, et plus peut-être. Il faut que le médecin qui le rédigera soit tout à fait minutieux et prévoyant. C'est avec juste raison que l'on a souvent appelé l'attention sur un défaut général des certi

ficats, qui sont source de difficultés pour le blessé et pour le médecin : brièveté, insuffisance de description.

Ce certificat très complet ne doit pas être rigoureux seulement pour bien localiser les lésions, il doit comporter l'examen complet de toutes les parties voisines, de toutes celles du moins sur lesquelles peut retentir l'effet de la brûlure. Une brûlure un peu profonde de la main, même très limitée, peut aboutir à l'immobilisation d'une ou de plusieurs articulations de la main.

Une brûlure du pied même très limitée peut gêner certains mouvements du pied et constituer indirectement une lésion faisant un sujet incapable de marcher ou d'actionnner certains métiers.

En terminant, M. Lucas Championnière signale un point important;

Malgré un aspect analogue, malgré certaines conditions générales communes, il ne faut jamais considérer comme des brûlures: ni les lésions dues à l'action de l'électricité, ni celles dues à l'action des caustiques. Ce sont genre de lésions essentiellement distinctes, et, notamment en ce qui concerne l'électricité, l'appellation brûlures donnée à des lésions très semblables en apparence à celles de l'action de la chaleur a pu faire naître de fâcheuses confusions et donner une idée très fausse de la nature des accidents dont la lenteur de réparation pourrait sembler étrange, vu le peu d'importance des brûlures signalées.

P. R.

REVUE DES JOURNAUX

Locomotion automobile et nutrition générale (1). Le Dr Mouneyrat a étudié l'influence exercée sur la nutrition par la locomotion automobile chez les individus normaux, anémiques ou neurasthéniques. La vitesse moyenne étant de 40 kilomètres à l'heure avec un parcours journalier de 100 à 200 kilomètres pendant huit ou dix jours.

Sous l'influence de la ventilation que produit l'automobile, le nombre des globules rouges et le taux de l'hémoglobine s'accroissent dans de grandes proportions, aussi bien chez les normaux que chez les anémiques. Pour ces derniers malades, M. Mouneyrat,

(1) Mouneyrat, Comptes rendus de l'Académie des sciences, 1911.

croit pouvoir affirmer que l'automobile constitue, à vitesse modérée, un traitement de choix.

L'examen des rapports urinaires, de même que celui du sang, indique une suractivité de tous les phénomènes de nutrition, suractivité qui concorde avec une exagération de l'appétit des sujets.

M. Mouneyrat a encore constaté que la pratique de l'auto exerce une action très remarquable sur le sommeil. Chez les sujets normaux, le sommeil devient plus profond, plus prolongé, Chez les neurasthéniques, qui ne dorment pas ou très peu, les insomnies cessent très vite, et le sommeil ne tarde pas à redevenir normal. Il ne semble pas que cet effet doive être attribué à la fatigue que produit la voiture, ou à la ventilation plus intense de l'appareil respiratoire, ou à l'action exercée sur le système nerveux par la douche d'air, ou à l'hématose. Il est possible que les effets constatés soient dus à ce que l'air des champs et des bois renferme, indépendamment des éléments constituants, comme un principe indéterminé qui provoque le sommeil par détente nerveuse.

P. R.

Résistance du « Micrococcus meli

Fièvre de Malte. tensis » (1). Des expériences entreprises par M. P. Darbois, il résulte que le Micrococcus melitensis, qui jusqu'ici a été regardé comme un microorganisme fragile, résiste en réalité mieux que le bacille de Koch, réputé cependant comme très résistant, à l'action de l'acide lactique dans le lait.

Les laitages (crème, beurre, petit-lait, caillé, fromage blanc) fabriqués avec un lait contaminé peuvent contenir le Micrococcus melitensis à l'état vivant pendant environ les trois premières semaines de leur fabrication et peuvent être considérés comme susceptibles de propager l'infection méditerranéenne durant ce laps de temps. Cette constatation vient à l'appui des observations cliniques de M. Cantaloube, qui a vu des malades être atteints de fièvre de Malte après avoir consommé un fromage de chèvre provenant d'un pays contaminé.

Au contraire, les fromages qui ne sont consommés qu'après une préparation longue de plus d'un mois, les fromages dits fermentés et en particulier le roquefort, dont la maturation lente dépasse trois mois, doivent être considérés comme parfaitement sains et absolument incapables de transmettre la fièvre de Malte.

P. R.

Influence du port de la hotte sur l'origine des bassins (4) Soc. de biol., 21 janv. 1911.

rétrécis (1). — Le Dr Oreste Rigamonti a signalé une cause peu ou pas connue déterminant le rétrécissement du bassin chez la femme; il s'agit de l'habitude commune à tous les paysans des hautes montagnes de porter la hotte. Le port de cette dernière depuis l'âge de sept ou huit ans, pendant de longues heures, le long des sentiers sinueux et difficile de la montagne, et cela avec une charge pouvant atteindre jusqu'à 50 kilogrammes, ne peut manquer d'exercer une pression continuelle sur les régions lombaires et sacrées, d'où des altérations consécutives des bassins consistant surtout dans une diminution du diamètre antéro-postérieur.

Sur 399 accouchements qui eurent lieu dans un village de montagne comptant 3500 habitants, le Dr Rigamonti eut 54 fois affaire à un bassin rétréci, soit une proportion de 13,53 p. 100, chiffre évidemment très élevé si on le compare au pourcentage d'une maternité de grande ville comme Milan, où en dix ans (18971907) on ne compte que 36 sténoses pelviennes sur 10 681 accouchements, soit une proportion de 0,33 p. 100.

Au cours de ses observations, M. Rigamonti a fait les remarques suivantes :

1o Toutes les femmes chez lesquelles il rencontra un rétrécissement du bassin avaient porté ou portaient la hotte;

2o Les rétrécissements les plus accentués ont été trouvés chez les femmes qui avaient porté la hotte le plus souvent et pendant le temps le plus long. Les deux bassins les plus étroits appartenaient à des femmes qui, depuis l'âge de onze ans, exerçaient la profession de porteuses et marchaient tous les jours avec leur fardeau pendant cinq ou six heures;

3o Enfin les rétrécissements les moins accusés ont été constatés chez les femmes qui avaient porté très peu la hotte ou ne l'avaient portée que depuis l'âge adulte.

P. R.

Intoxication mortelle par l'emploi externe de la teinture d'iode (2): — Il s'agit d'un soldat vigoureux et bien portant et sans aucune tare, chez lequel on pratiqua la cure radicale d'une hernie inguinale après avoir stérilisé la peau à l'aide d'un badigeonnage à la teinture d'iode du nouveau Codex,

Ce badigeonnage allait en hauteur, depuis la naissance des cuisses jusqu'au-dessous de l'ombilic, en largeur depuis l'épine

(1) Bulletin méd., 25 mars 1911.

(2) Archives de médecine militaire, fév. 1911.

iliaque antérieure gauche jusqu'à deux ou trois travers de doigt en dedans de l'épine iliaque droite. L'opération fut faite sans incident. Température le soir, 37°,4; le lendemain, 36o,8. L'opéré toussait, et l'auscultation ne fit constater que quelques râles trachéaux. Avec la même teinture d'iode, on fit un badigeonnage de la poitrine, depuis la naissance du cou jusqu'à la ligne bimamelonnaire. Température, 37° le soir.

Pendant la nuit, survinrent de fortes démangeaisons tant sur le ventre que sur la poitrine et obligeant le malade à d'incessants grattages. A la visite du matin, on trouva un érythème rouge vif dépassant le pansement et allant en bas jusqu'au tiers supérieur des cuisses et en haut jusqu'à la région ombilicale. Sur la poitrine, il y avait un semblable érythème dépassant aussi les limites du badigeonnage, 39o,8. Le soir, extension de l'érythème ; symptômes plus prononcés ; température, 40o,3.

Pendant la nuit, agitation très prononcée, convulsions; trois selles diarrhéiques, deux involontaires; strabisme divergent ; aggravation considérable. Le matin, torpeur; température, 370,8; pouls, 110-120; le malade a du stertor; il meurt par asphyxie.

L'autopsie montre une fluidité très manifeste du sang, une hypertrophie des viscères abdominaux, surtout du foie, un ramollissement et une friabilité de la rate, un gonflement des reins. Du côté de la région de l'opération, rien à signaler.

Il est à remarquer que ces constatations cliniques et nécropsiques rappellent bien les phénomènes produits par les intoxications iodiques. Cependant la quantité d'iode a été peu considérable et a été loin d'atteindre les 3 ou grammes que l'on considère comme une dose mortelle. Il est donc probable qu'il s'agissait chez cet homme d'une idiosyncrasie spéciale.

Le Dr Patris de Broé, qui rapporte cette observation, fait remarquer qu'aucun cas de mort n'a été signalé à la suite d'applications de teinture d'iode faite selon la formule de l'ancien Codex, qui était dosée au treizième, tandis que celle du nouveau Codex est dosée au dixième. Du reste, les inconvénients de cette augmentation de l'iode dans la teinture ont déjà été signalé par Broca, Delbet, Kirmisson, Rochard.

Pour éviter ces accidents, M. Patris de Broé conseille le dédoublement de la teinture d'iode par addition d'alcool à 90°. L'addition de ce liquide antiseptique laisserait certainement à la teinture d'iode une puissance de pénétration et une valeur bactericide suffisante pour que l'on puisse en atteindre la stérilisation cherchée, et, d'autre part, l'usage de cette teinture d'iode dédoublée mettrait sans aucun doute à l'abri d'accidents graves même chez les

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