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nient, stériliser la solution par un chauffage au bain-marie aux environs de 100°; sinon on l'emploiera telle quelle.

c. On sensibilise alors une série de cobayes par injection. sous-cutanée de 1 centimètre cube de la solution.

d. Quinze à vingt jours après, s'il s'agit d'une tache de sang, on injecte à un certain nombre de cobayes préparés 1 centimètre cube de sang humain par voie intracardiaque; aux autres, on injecte, par la même voie, 1 centimètre cube de sang de divers animaux : si la tache était d'origine humaine, seuls les animaux recevant du sang d'homme lors de l'injection déchaînante présentent des accidents anaphylactiques; les autres restent indemnes.

S'il s'agit d'une tache de sperme, ou d'une tache dans laquelle on soupçonne la présence de sperme, les cobayes reçoivent, par voie intracardiaque, les uns 1 centimètre cube de sperme humain, les autres 1 centimètre cube de sérum humain, d'autres encore 1 centimètre cube de liquide testiculaire d'animaux divers: au cas où l'anaphylaxie est déchaînée uniquement chez les animaux qui reçoivent du sperme humain, on peut affirmer que la tache contenait bien du sperme humain.

Il est bien démontré que l'injection de 1 centimètre cube de sérum quelconque à un cobaye, ou de 1 centimètre cube de sperme filtré ou non filtré, n'amène pas habituellement d'accidents; cependant, par surcroît de précautions, il est bon, lors de l'épreuve anaphylactique, de s'assurer que les produits employés ne sont pas toxiques eux-mêmes. Pour cela, on en injecte 1 centimètre cube dans le cœur de cobayes neufs, et il ne doit survenir aucun accident.

En résumé, nous avons essayé, dans cette courte communication, d'esquisser ce qu'est la méthode anaphylactique et quels sont les renseignements qu'elle peut fournir à la médecine légale. Nous avons montré son utilité incontestable dans la détermination de l'origine humaine du sang et surtout dans la recherche du sperme. Nous estimons que cette méthode biologique nouvelle doit entrer dans la pratique courante

du laboratoire et qu'elle mérite de retenir toute l'attention des médecins légistes.

M. BALTHAZARD. M. Leclercq dit que la réaction anaphylactique est moins sensible que la réaction précipitante; en réalité Bachrach [Veberempfindlichkeilts-Reaktion z. biolog. Eiwissdifferenzierq (Vierteljahrschr. f. gericht. Med., oct. 1910, p. 235-274)] a montré que l'on peut sensibiliser le cobaye avec une dose de sérum humain d'un dix-millième de millimètre cube,0cc,00000001, en injection sous-cutanée, une injection déchaînante de 0cc,4 de sérum humain par voie intraveineuse amenant en quatre minutes la mort du cobaye. La réaction précipitante ne saurait prétendre à une pareille sensibilité, et nous estimons qu'il faut au moins 1 millimètre cube de sang pour pouvoir la mettre en œuvre.

Cette extrême sensibilité est même l'un des plus graves obstacles pour l'utilisation de la réaction anaphylactique en médecine légale, car il est possible de sensibiliser le cobaye avec la sueur et l'urine humaines.

Il y a lieu de s'étonner, d'ailleurs, que M. Leclercq ait obtenu une réaction spécifique pour le sang humain ou pour le sperme humain, car tous les auteurs sont d'accord pour conclure à l'impossibilité de différencier par la réaction anaphylactique les diverses albumines provenant d'un même animal.

La réaction anaphylactique ne doit donc encore être employée que très prudemment dans la pratique médico-légale.

Elle a d'ailleurs l'inconvénient de demander près d'un mois pour son exécution. Or, si l'on possède des sérums précipitants fraîchement préparés et continuellement étudiés, il est possible de déterminer en moins d'une heure, avec une sécurité absolue, l'origine des taches de sang; c'est là une conviction qui a un certain intérêt en pratique, où l'on attend impatiemment les résultats de l'expertise pour orienter l'enquête judiciaire.

M. J. LECLERCQ. Les critiques adressées par M. Balthazard à la réaction anaphylactique ne me paraissent pas toutes justifiées. Pour ce qui est de la question de la sensibilité, Rosenau et Anderson les premiers ont pu, dans un cas, préparer un cobaye avec 0cc,0000001 de sérum. Mais il s'agit d'un fait exceptionnel, et tous les auteurs qui se sont occupés d'anaphylaxie et qui ont réalisé eux-mêmes des expériences reconnaissent que, pour obtenir, lors de l'injection déchaînante, des accidents nets, on doit employer des doses préparantes variant entre 0cc,01 et 0cc,001. Il en résulte que la sensibilité de la réaction, pratiquement, n'est

pas aussi considérable que pourraient le laisser penser quelques expériences de laboratoire.

On ne peut donc pas reprocher à la réaction anaphylactique sa trop grande sensibilité. Une réaction, du reste, ne présente pas de gros inconvénients à être très sensible, dès qu'elle est employée d'une façon prudente. Certains auteurs, par exemple, ne préconisent-ils pas l'emploi, dans la recherche du sang, de la réaction de Meyer, qui est d'une sensibilité autrement considérable que la méthode anaphylactique (sensibilité au dix-millionième) ? Pourquoi ce qui est admis pour une réaction chimique ne le serait-il plus pour une réaction biologique ?

Quant à la cause d'erreur consistant en la présence de sueur ou d'urine humaine, Abelous et Bardier ont bien extrait de l'urine humaine une substance hypotensive qui s'est montrée anaphylactisante chez le chien et chez le lapin: mais, dans ces expériences, des cobayes préparés par une injection d'urine normale n'ont nullement réagi dans les conditions de l'anaphylaxie. Il en est de même pour la sueur. Nous avons, du reste, nettement précisé que l'on doit s'assurer tout d'abord de la présence du sang et que l'on ne doit ensuite demander à l'anaphylaxie que d'établir l'origine de ce sang.

Reste la question de l'anaphylaxie au spermę. Nous avons été les premiers, à notre connaissance, à avoir étudié cette question. Nos expériences ont été réalisées à l'Institut Pasteur de Lille, sous la direction de M. Calmette, et nous les avons répétées un assez grand nombre de fois pour n'avancer que des faits certains et contrôlés. Il résulte de ces expériences qu'il est possible, par l'anaphylaxie, de différencier l'albumine humaine sanguine de l'albumine humaine spermatique. La chimie biologique connaît parfaitement les différences qui séparent la spermine des sérines et des globulines. Il n'est pas étonnant que les réactions biologiques concordent avec les notions chimiques. Il ne semble donc pas que nos résultats puissent être mis en suspicion.

Nous admettons, pour terminer, que la réaction anaphylactique, que nous avons décrite complètement afin de montrer aussi nettement que possible les avantages qu'elle présente, doit être employée en médecine légale avec prudence, mais nous pensons que son emploi est d'une utilité incontestable dans la détermination de l'origine humaine du sang et dans la recherche du sperme, et nous maintenons que, dans certaines circonstances, elle est la seule méthode qui puisse fournir les renseignements que l'on désire obtenir.

L'EXAMEN MÉDICO-LÉGAL DES TACHES DE SANG PAR L'ANAPHYLACTO-RÉACTION

Par le Dr JACQUES PARISOT.

Dès que furent bien établis les résultats des recherches faites sur l'anaphylaxie, plusieurs auteurs, Besredka, Rosenau et Anderson, Uhlenhuth, Thomson, Sleeswig, Pfeiffer, exprimèrent l'idée qu'il y avait peut-être là une méthode capable d'être utilisée au point de vue médico-légal pour la reconnaissance des liquides organiques à examiner. Ce furent Thomson, Uhlenhuth et Hændel qui tentèrent les premières expériences à cet effet, et je rappellerai que ces derniers auteurs sont arrivés à sensibiliser au sérum humain des cobayes préparés par injections de tissus d'une vieille momie datant de trois à quatre mille ans.

Cependant les résultats de ces diverses recherches, bien que très satisfaisants, ne présentaient pas encore ce degré de sécurité et de précision nécessaire à une méthode de diagnostic médico-légal. C'est pourquoi, dans son rapport au Congrès de Bruxelles (août 1910), le Pr Stockis pouvait conclure : « L'anaphylaxie a fourni tout récemment une méthode de diagnostic spécifique, dont la valeur médicolégale n'est pas bien établie encore à l'heure présente. » Dans un travail tout récent, MM. Minet et Leclercq ont étudié à nouveau cette question et concluent de leurs expériences très intéressantes que l'anaphylaxie mérite d'occuper en médecine légale une place importante pour la détermination de l'origine humaine ou animale d'un produit sanguin. J'ai moimême fait un certain nombre de recherches expérimentales dans le but de fixer le médecin légiste sur la valeur de cette méthode de diagnostic en cherchant à répondre particulièrement à ces trois questions, qui paraissent de première importance :

1° La réaction de l'anaphylaxie permet-elle de fournir des résultats précis et nets pour le diagnostic des taches de sang

et de leur origine, et les altérations subies par le sang sont-elles capables d'influencer cette réaction?

2o Cette réaction est-elle spécifique?

3o Peut-elle être utilisée par tous et dans quelles conditions son application pratique peut-elle se faire ?

J'ai pensé que c'étaient là les trois points principaux de la question, et c'est pourquoi, sans rappeler les notions générales concernant l'anaphylaxie (que l'on trouvera exposées dans le mémoire de MM. Minet et Leclercq), passant également sous silence les faits d'ordre purement scientifique que j'ai pu observer, je résumerai seulement très brièvement les conclusions pratiques qui découlent de mes recherches. Pour produire l'anaphylaxie chez un animal, chez le cobaye par exemple (qui est, pour ces recherches, l'animal de choix), deux injections sont nécessaires : une injection dite préparante, qui, au bout d'un temps variable, période d'incubation, sensibilise l'organisme et permet de voir se produire les phénomènes d'anaphylaxie après une seconde injection dite déchaînante. Il semble, d'après les recherches de divers auteurs, de Rosenau et Anderson, de Besredka, de Minet et Leclercq, que, par le chauffage du sérum sanguin, on diminue énormément ses propriétés déchaînantes : au contraire l'expérience prouve que du sang chauffé (en particulier lorsqu'il est desséché) ne perd pas entièrement son pouvoir préparant, bien que sa toxicité soit notablement diminuée. Ꭹ a donc intérêt à utiliser en médecine légale (du fait que le sang a étudier peut avoir été chauffé) le sang qu'on doit caractériser, en injection préparante. Injectant à des cobayes (injection intracardiaque) 1 centimètre cube d'une solution de sang frais au centième (une goutte de sang dans cent gouttes d'eau salée), j'ai constaté l'apparition d'accidents anaphylactiques mortels en deux ou trois minutes après injection intracardiaque de 1 centimètre cube de sérum humain normal (après une période d'incubation de quinze à vingt jours). Des cobayes témoins recevant une injection de 1 centimètre cube de sérum identique n'ont présenté aucun

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