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Les deux lois commentées sont celles du 18 juillet 1898 sur le warrantage des produits agricoles et celle du 31 mai 1899 sur les caisses régionales de crédit agricole mutuel. Ces travaux ont pour auteurs, l'un M. Brouillé, l'autre M. Georges Maurin. Ils sont complets et intéressants; ils font bien connaître le but des deux fois, les moyens par lesquels on a cherché à les atteindre et les principales lacunes qu'elles semblent pré

senter.

Dans sa conférence sur la coopération et la mutualité, M. Cheysson ne s'est pas bornée à montrer l'utilité que l'un et l'autre présentent pour l'amélioration du sort des classes ouvrières. Il a cherché à établir les différences qui les séparent et le lien qu'il serait à souhaiter que, selon lui, on établit entre elles.

Selon M. Cheysson, la mutualité et la coopération sont des applications de l'association. Mais, tandis que les institutions mutualistes s'adressent aux crises de la famille, telles que la maladie, la vieillesse, le chômage, le décès, pour y apporter un remède, les institutions coopératives, au contraire, s'appliquent à la situation normale de la famille quand le père travaille et se porte bien. En outre, les institutions mutualistes sont justiciables de l'assurance et doivent, comme telles, être soumises à des règles techniques.

Ces différences ne peuvent effectivement être niées, mais ce sont de simples différences de fait. La nature intrinsèque des associations mutuelles et celle des associations coopératives sont, nous le croyons, les mêmes. On pent dire, que les associations mutuelles sont des applications de la coopération. Les mutualistes ne sont que des coopérateurs, en ce sens qu'ils s'associent pour faire eux-mêmes des opérations avec l'association qu'ils forment et, par ce moyen, se passer du recours toujours coûteux des intermédiaires. L'intermédiaire dont se passent les mutualistes, c'est la société d'assurances à primes.

Quoi qu'il en soit, les différences de fait existant entre elles suffisent pour qu'on distingue les institutions mutualistes et les associations coopératives: il y a, comme le dit M. Cheysson, un mouvement coopératif et un mouvement mutualiste. Ils sont restés jusqu'à présent isolés, distincts, s'ignorant l'un l'autre. Mais M. Cheysson estime qu'ils n'ont pas intérêt à persévérer dans cette attitude, qu'ils doivent faire entre eux échange de leurs oflices. Il voudrait qu'une partie, au moins, des bonis revenant aux membres des sociétés coopératives de consommation fût employée à payer les cotisations de ceux-ci comme membres de sociétés de secours mutuels. L'épargne et les cotisations en seraient augmentées, et les indemnités, pensions et autres secours attribués aux mutualistes deviendraient eux-mêmes plus importants.

Cette combinaison prônée par M. Cheysson n'a pas l'approbation de tous ceux qui s'occupent de coopération. Ceux qui croient à la disparition du salariat rêvent un autre emploi des bonis revenant aux membres des asso

ciations coopératives de consommation. Ils voudraient qu'ils pussent servir à l'achat d'outils et d'instruments, et qu'ainsi, la coopération de consommation favorisât le développement des sociétés coopératives de production.

M. Cheysson croit qu'il y a là des perspectives sans doute très généreuses et très séduisantes, mais au moins lointaines. Il préfère des réalités plus modestes, mais plus immédiates, en faisant, selon ses expressions, des bonis des associations coopératives de consommation, la dotation de la précontre les crises de la famille ouvrière.

voyance

Cette conférence mérite d'être spécialement méditée. La lecture s'en fait du reste avec entraînement. On y sent la conviction et la chaleur de l'homme de bien, dominé par le désir d'améliorer la situation des faibles et des humbles et cherchant en même temps, avec désintéressement et avec passion, la vérité.

Ch. LYON-CAEN.

SÉANCE DU MERCREDI 21 FÉVRIER 1900.

PRÉSIDENCE DE M. LEVASSEUR.

Étaient présents: MM. Aulard, Bienaymé, Buisson, Cheysson, des Cilleuls, Darlu, de Foville, Ducrocq, Glasson, Gréard, Juglar, Lyon-Caen, Noël et Tranchant.

M. LEVASSEUR offre à la Section, de la part de l'archiviste de Seine-et-Oise, son rapport du mois d'août 1899 contenant des indications intéressantes sur le collège de Pontoise. Ce rapport est renvoyé à l'examen de M. Gréard.

M. DUCROCQ rendra compte de l'enquête faite par l'Office du travail sur les questions relatives à la saisie-arrêt des salaires.

M. JUGLAR rendra compte d'un tableau concernant les crises et la reprise des affaires, dressé par M. Siegfried.

La Statistique des pêches maritimes pour 1897, publiée par le Ministre de la marine, est offerte à la Section.

M. LEVASSEUR offre à la Section :

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De la part de M. Mine, consul de la République Argentine à Dunkerque, un tableau graphique des importations de laines à Dunkerque comparées aux importations des laines à Anvers;

2o Un ouvrage de M. Fournier sur le département des Bouchesdu-Rhône de 1800 à 1810.

M. TRANCHANT offre à la Section un exemplaire du Bulletin de la société Franklin, contenant une notice de lui sur M. Charles Robert, ancien conseiller d'État, décédé à Versailles, le 21 juillet 1899.

Il s'exprime ainsi :

Il y a double motif pour rappeler ici le souvenir de M. Ch. Robert.

:

Durant la première partie de sa carrière, pendant laquelle il a rendu dans plusieurs fonctions publiques d'éminents services à l'État, il a été, comme secrétaire général du Ministère de l'instruction publique, le brillant collaborateur d'un ministre, dont le nom est resté très en honneur, M. Victor Duruy. Au cours de la seconde partie, il a donné son dévoué et puissant concours aux œuvres de l'économie sociale dont l'étude est un des plus beaux apanages, de notre Section la participation aux bénéfices, dont il a été l'apôtre et au sujet de laquelle il a fait, en 1881, une communication au Congrès des sociétés savantes, les habitations à bon marché, la coopération, la propagation des bibliothèques populaires. Il a été l'un des auxiliaires les plus dévoués et les plus éclairés de M. Léon Say dans la direction de la belle exposition d'économie sociale de 1889; il a été aussi, avec M. Cheysson, un de ceux qui ont le plus contribué à la création et au développement de la généreuse institution du Musée social de M. le comte de Chambrun. C'était, dans la plus haute acception du mot, un homme de bien dont la vie mérite d'être citée comme modèle. »

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Les ouvrages suivants, pour lesquels ont été formées des demandes de souscription, sont distribués à des rapporteurs :

Gaston Cadoux, Les finances de la ville de Paris de 1798 à 1900, suivies d'un Essai de statistique comparative des charges communales des principales villes françaises et étrangères de 1878 à 1898, 1 volume.

Hubert Texier, Correspondance de Montalembert et de l'abbé Texier, 1 volume.

Jean Cruveilhier, Essai sur les concessions d'éclairage et notamment sur la concurrence électrique, 1 volume.

Le bon sens du curé Meslier, précédé de lettres de Voltaire et de d'Alembert, 1 volume.

Dauthuile, L'école primaire dans les Basses-Alpes depuis la Révolution jusqu'à nos jours, 1 volume.

Közler, La question féministe examinée au point de vue de la nature, de l'histoire et de la révélation, 1 volume.

Discours de M. Poubelle, préfet de la Seine (1883-1896), 1 volume. Chamberlain, Richard Wagner; sa vie et ses œuvres, 1 volume.

M. GLASSON fait un rapport verbal :

Sur un ouvrage de M. de la Grasserie: De l'indisponibilité et de l'indivisibilité du patrimoine;

Sur un document communiqué par Mme Destriché: La terre du grand Goulard, contrat pignoratif de 1598.

Sur la proposition de M. Glasson, la Section décide que ce document sera inséré au Bulletin (1).

M. LEVASSEUR présente l'analyse ci-annexée du Rapport au Président de la République sur la situation de la Tunisie en 1898.

M. Octave NOEL lit le rapport ci-joint sur le numéro du Bulletin du Musée social, contenant une étude sur les Chevaliers du travail.

Un rapport est présenté sur la demande de subvention de l'Académie de législation de Toulouse.

M. GLASSON lit le rapport ci-joint sur un ouvrage de M. Mispoulet: La vie parlementaire à Rome sous la République.

Il est donné lecture de rapports sur des demandes de souscription aux ouvrages suivants :

Deschamps, Les colonies pendant la Révolution.

Durand, Nouvelles recherches sur l'esthétique et la moral»,

De la Grasserie, De la psychologie des religions; morale sociale..
Topinard, L'anthropologie et la science sociale.

Ollé Laprune, Étienne Vacherot.

Amour, De la procédure contentieuse devant le Conseil d'État.

D'Eichthal, Socialisme et problèmes sociaux.

Ferstel. De la responsabilité criminelle des ministres en France depuis 1789

jusqu'à nos jours.

Alexandre de Cellar, Les systèmes monétaires.

Mispoulet, La vie parlementaire à Rome sous la République.

Lo

Lapie. La justice par l'État.

Loubat, Traité sur le risque professionnel on Commentaire de la loi du 9 avril 1898.

Forgues, Lettres inédites de Lamenuais à Montalembert.

La séance est levée à 6 heures.

Voir ci-après, page 11.

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