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En 1633, nouvelle apparition du fléau. Délibération à laquelle ont été convoqués le grand vicaire, l'un des chanoines de l'église Saint-Mellon, le curé de Saint-Maclou et celui de Saint-André. Il est exposé que le prêtre qui s'était dévoué à donner les secours de la religion aux pestiférés étant mort, il ne s'est présenté aulcun autre prêtre ou religieux pour exercer cette piété, c'est pourquoy, pour éviter la perte des âmes, il est besoin et est de nécessité de promptement y remédier». Il est arrêté que le vicaire général s'entendra avec l'un des ordres religieux de la ville, Cordeliers, Jésuites ou Mathurins et, en cas de refus, choisira un prêtre séculier, sans préjudice de l'obligation qu'ont les religieuses de l'Hôtel-Dieu de fournir un prêtre "").

En 1636, la même question se pose. L'ecclésiastique qui s'était chargé du service des pestiférés est mort. Les échevins et le syndic s'adressent à Mc Anthoine de Ver, vicaire de l'église de Saint-Maclou; il accepte à la condition qu'on lui donnera, «pour chacun an, la somme de cent livres tournoiz pendant sa vie et, lorsqu'il entrera en exercice, 200 livres tournoiz, ung cent de conteretz, ung cent de fagots pour une fois seulement et prendra logement, avec le chirurgien, en la maison du cloct(") de Montiavoult appartenant à la ville ou en quelque autre lieu propre qui sera advisé. (Délib. du 29 septembre 1636.)

En 1638 la peste exerce de grands ravages. De mémoire d'homme, elle n'avait ainsi sévi, tellement qu'il mourust environ douze cens personnes et plus de deux mil en danger. La ville demeura toute déserte l'espace de trois mois et y fût appresté ung si bon ordre par les officiers, échevins et syndic que les paouvres n'eurent point de nécessité (1)".

En présence de cette triste situation, le peuple adresse ses prières à la Vierge Marie et un vœu est fait en assemblée: «par les prières on chasse et basnit la plus grande partie des fraieurs et à l'ynstant et tout à coup la peste cessa sans que jamais y eust une maison infectée (3)».

Deux mots, en terminant, sur une grève de bouchers qui eut lieu en 1640.

Les bouchers de Pontoise avaient été atteints par une taxe royale d'une livre et deux sols pour livre ; surchargés par cette taxe, ils fermèrent, le

(1) Délib. du 12 mai 1633, pages 53 et 54 du Recueil.

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(6) Cette taxe paraît exorbitante: j'ai, craignant une erreur de transcription, prié M. Ernest Mallet de vérifier sur le texte du registre. Il a bien voulu le faire et m'a répondu: «Il n'y a pas erreur de transcription. Le manuscrit porte bien au procès-verbal relatif à la grève des bouchers chacun une livre et deux solz pour livre. La taxe parait, en effet, exorbitante, mais c'était écrit ainsi.”

SC. ÉCON.

SÉANCES ET RAPPORTS.

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2 juin, leurs étaux après avoir averti le procureur du roi. Appelés à l'assemblée de ville, les bouchers déclarent qu'ils ne peuvent plus payer la taxe et que, défense leur étant faite de vendre avant payement, ils ne font qu'obéir à cette défense. Le procureur du roi fait remarquer que la mesure date de six mois et que les bouchers auraient pu réclamer par les voies régulières. A la suite d'observations, sur les conclusions du procureur, avis pris de l'assemblée, le lieutenant du bailliage, président, condamne les bouchers pour leurs intelligences, convention par forme de monopolle entr'eulx et navoir leurs boutiques fournyes de viande comme leur coustume, chacun en vingt-quatre livres parisis damende au payement de laquelle ilz seront contrainctz mesme par emprisonnement de leur personne», et les condamne en outre pour la sepmaine prochaine et à l'advenir d'estre fournis de viande aultant qu'il en convient pour substanter la ville et les villages voisins sous plus grande peine, sauf toultefois ou dès à présent, ils fournissent de viande compétamment en leurs boutiques à user de modération de la dite amende ou remise entière s'il y a lieu (Ass, du 2 juin 1640) ),

Intéressant à un point de vue général, le registre publié par M. Ernest Mallet est doublement précieux pour l'histoire de la cité, puisque, à côté des faits qui rappellent le passé du pays, il fait revivre des noms qui lui sout chers et qui sont en partie continués dans la génération présente. Je citerai celui de la famille Soret que nous voyons inscrite à différentes reprises, dès 1626, dans les délibérations (Délib. 3 avril 1626) et qui est maintenant très haut porté par M. Charles Soret de Boisbrunet, ancien conseiller d'État, ancien contrôleur général de l'armée et directeur de ce service au Ministère de la guerre, vice-président de la Société historique du Vexin. Charles TRANCHANT,

DISCOURS DE M. POUBELLE.

(1 volume in-8°, Berger-Levrault et Cir. 1900.)

Il est aisé de concevoir quelle facilité d'assimilation doit posséder un homme pour s'adonner, successivement et avec une pleine réussite, à l'enseignement du droit, à l'exercice de l'administration et à la pratique de la diplomatie. Cependant, si variés que soient les mérites nécessaires pour parcourir ces carrières publiques, dans de hautes fonctions, il en est qu'on Pages 89 et go du Recueil.

(2) Page 39. Voir aussi les délibérations du 16 juin 1629 (page 40 du Recueil), du 12 mai 1633 (page 33, etc.) L'habitation de M. Ch. Soret de Boisbrunet est élevée sur l'emplacement dénommé encore le Chateau, et qu'occupait jadis, sur un point culminant, le château féodal de Pontoise.

n'exige pas, comme conditions indispensables: tels sont la culture raffinée des lettres et l'art de s'exprimer avec esprit, sans blesser personne, avec finesse sans voiler sa pensée.

Ce sont là des qualités qui brillent d'un vif éclat dans tous les discours de M. Poubelle, dont la collection vient de paraître.

Il serait utile que la jeunesse des écoles pût y apprendre comment l'un de ses anciens professeurs, après lui avoir, dans les meilleures années de sa vie, inculqué des principes fermes et libéraux, a su joindre à sa doctrine l'exemple d'une exquise urbanité, d'une inaltérable modération, en un langage toujours clair, pur et agréable.

Alfred DES CILLEULS.

SÉANCE DU MERCREDI 21 NOVEMBRE 1900.

PRÉSIDENCE DE M. LEVASSEUR.

Étaient présents: MM. Aulard, Bienaymé, Buisson, Cheysson, Darlu, Gréard, Juglar, Lyon-Caen, Noël, Tranchant.

M. DUCROCQ s'excuse de ne pouvoir pas assister à la séance.

M. BABEAU fait hommage à la Section de son ouvrage, L'hôtel de ville de Paris et l'inventaire de son mobilier en 1742. M. des Cilleuls en rendra compte.

M. Octave NOËL fera un rapport sur un ouvrage de M. Louis Imbert, secrétaire adjoint de la Société de géographie de Bordeaux, La Cochinchine au seuil du xx siècle.

M. BIENAYME rendra compte d'un travail de M. Porée, Notes et documents inédits sur les anciennes mesures de grains du Gévaudan.

M. LEVASSEUR fera un rapport sur l'ouvrage de M. l'abbé URSEAU, La banque de Law d'après un chroniqueur angevin.

Les travaux suivants, offerts par le Musée social, sont déposés: a. Les associations rurales en Belgique;

b. Le Congrès international des habitations à bon marché de 1900.

M. BIENAYME lit le rapport ci-annexé sur un exposé des travaux de la chambre de commerce de Nancy en 1899.

M. CHEYSSON donne lecture de rapports ci-joints sur les quatre ouvrages suivants:

a. L'industrie et la réforme sociale, de M. Édouard Sauz y Es

cartia;

b. Le socialisme et la Révolution française, de M. André Lichtemberger;

c. Le mouvement syndical et coopératif dans l'agriculture française; la fédération agricole, de M. Élie Coulet;

d. La grande industrie sous le règne de Louis XIV, de M. Germain Martin.

M. Ch. TRANCHANT fait hommage à la Section d'un mémoire qu'il a rédigé au nom de la Compagnie des Messageries maritimes pour l'Exposition universelle de 1900, et qui résume les œuvres patronales de la Compagnie:

1° Caisse de prévoyance, attribution dans des conditions déterminées, et au bout d'un certain temps de service, d'un capital aux employés des bureaux nommés par le Conseil d'administration ("). (Les ressources proviennent de retenues sur les traitements et d'allocations de la Compagnie);

2o Caisse de secours des ateliers de la Compagnie à la Ciotat (Bouchesdu-Rhône), société de secours mutuels aidée par la Compagnie ;

3o Caisse de secours de l'atelier de la Compagnie à Marseille, société analogue aidée aussi par la Compagnie;

4° Caisse des retraites des ateliers de la Ciotat, fondée par les ouvriers avec le concours de la Compagnie (2);

5° Intervention de la Compagnie pour les placements des ouvriers des ateliers à la Caisse des retraites de la vieillesse, avec abonnement;

6° Salle d'asyle et d'école à la Ciotat, subventions de la Compagnie; 7° Cité ouvrière construite par la Compagnie, à la Ciotat, pour les ouvriers de ses ateliers;

8° Participation de certaines parties du personnel au bénéfice de recettes et aux économies sur certaines dépenses.

M. TRANCHANT donne lecture du rapport ci-annexé sur l'ouvrage de M. G. Desdevises du Dézert, intitulé L'Espagne sous l'ancien régime.

Les agents de l'extérieur nomment d'ordinaire leurs commis dans le nel du pays; le Conseil se borne alors à ratifier.

(*) On sait que les marins ont leur retraite aux Invalides de la marine.

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