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l'État, les départements ou la commune, est seule capable actuel lement de fonder et d'administrer ces œuvres.

M. le docteur LAUTREC, inspecteur des enfants assistés, signale l'intérêt de l'observation de M. Lédé sur l'augmentation des nourrissons dans certaines communes, par suite de la présence de chemins de fer desservant les communes où cette augmentation est constatée.

Il signale une autre cause d'augmentation: la présence de sagesfemmes dans ces villages, où les bureaux de placement leur recrutent des nourrissons.

H préfère à la pouponnière le placement dans les familles.

M. DE MALARCE, de la Société des institutions de prévoyance, dit:

En servant l'institution des crèches, dont je me suis occupé depuis 1855 où je fus chargé, sur ma demande, d'une mission d'études dans nos départements en France et à l'étranger, j'ai recommandé, comme membre du Conseil d'administration de la Société des crèches, dans mes rapports et mes discours (notamment dans mon discours de 1866 à la Sorbonne), cette suggestion, déduite de mes études sur ce sujet : que la crèche n'est pas seulement la garderie perfectionnée, mais qu'elle peut être une école pour les mères, école d'enseignement moral et hygiénique pour les ouvrières, qui ne savent pas comment il faut soigner et traiter les petits enfants; la directrice d'une crèche devient naturellement fort experte dans cet art d'élever les enfants, grâce surtout aux conseils quotidiens des médecins-visiteurs. Cette directrice peut ainsi instruire les mères, les dégager des préjugés souvent stupides et funestes, des pratiques nuisibles, et leur apprendre les meilleurs procédés. Suivant ces vues, en quelques crèches (ainsi à Stockholm et Gottenborg, en Suède, dans le pays le plus avancé depuis deux siècles en éducation populaire; et dans quelques localités en France), on a admis, comme gardiennes, de jeunes servantes, suriout des orphelines des hospices voisins d'une crèche, pour préparer ces jeunes filles à leur métier, si important, si délicat, de bonnes d'enfants et de gouvernantes. La crèche devient ainsi l'école normale des ouvrières mères de famille, et des bonnes d'enfants ou gouvernantes. Et dernièrement, dans un discours d'inauguration d'une crèche à Paris, le 28 décembre 1898, le sous-secrétaire d'État de l'Interieur a recommandé cette extension de l'institution des crèches, extension facile et précieuse pour le meilleur élevage, pour la meilleure éducation des enfants.

M. DE MALARCE, comme secrétaire perpétuel de la Société des

institutions de prévoyance de France et de l'Association permanente du Congrès scientifique universel des Institutions de prévoyance, expose l'origine et l'extension de cette union scientifique internationale qui, fondée à Paris en 1875, est devenue bientôt universelle, ralliant aujourd'hui les principaux hommes d'État, économistes et administrateurs de 22 États d'Europe et d'Amérique, et travaillant pour les progrès sociaux par la méthode expérimentale, par l'étude comparée des expériences des divers peuples, par les voies sûres.

Cette association, dans son œuvre d'un quart de siècle, est reconnue de la plus haute utilité sociale par les étrangers les plus considérables du monde civilisé; pour la France, qui fut son berceau et qui garde son foyer, c'est une force pour la bonne et puissante marche au progrès de notre peuple travailleur; si bien que M. Jules Simon, dans son rapport à l'Institut, vers les derniers jours de sa vie, a dit: On peut hardiment attribuer à l'influence de cette association scientifique internationale une bonne part dans les améliorations et les développements des institutions de prévoyance dans ces dernières années en Europe et en Amérique. »

Ainsi se sont prononcés les autres principaux coopérateurs de cette œuvre, et notamment Hipp. Passy, Michel Chevalier, Hipp. et Sadi Carnot, le premier président Roy (de la Cour des comptes), Drouyn de l'Huys, Buffet, Gambetta, Victor Duruy, Bartholony, Levasseur, Vermont, Audiffret, le premier président Boulanger, Adolphe Carnot, le président Coulon, Veyssier, Gréard, Chaufton, Brelay, Delombre, Molinari, Pallain, Prevet, Cauvet, Théophile Roussel, Marbeau, etc.; et Gladstone, les lords Brougham, Derby, Manners, Playfair, Velly, Childer, Fawcett, Ludlow; et Dollfus, Claussen, etc.; Stephanz, Fischer, Hansen, Crüger, Rowland Kill, Sikes, Brabrock, Lubbock, Koscher, Schulze-Delitzch, Pest, et les conseillers d'État de Russie: Messoyédoff, Magorny, Khitrovo, etc.; et Minghetti, Sella, Vigano, Luzzati, Fanno, Bodio, Lebrecht, etc.; et Franz Déak, Franz Weisz, Haussner, Rauscher, Liebig, Wacek, Heller, Blau, etc.; et Frère-Orban, Léon Cans, T'kint de Roodenbeke, Léon d'Andrimont, Laurent, Lebon, etc.; et BruynKops, Pierson, Langes, Hoop-Scheffer, Obreen, Martha, etc.; et Themptander, Sparre, Wallenberg, Nordensköld, L.-O. Smith, Leffler, Hesdin, Broch, etc.; et Townsend, Thiry, Merril, Edmond James, Hewitt, Franklin, Eaton, Harris, etc.

M. DE MALARCE rappelle comment il fut amené, en 1875, à fonder cette union scientifique pour contribuer au relèvement moral de notre pays après nos malheurs, en perfectionnant par l'étude comparée des expériences de tous les peuples civilisés, loin des utopies et des tentatives aventureuses, les institutions de prévoyance populaires, institutions qui renforcent si bien les énergies, les caractères, et fortifient le peuple travailleur en réglant sa vie.

Ses missions scientifiques à l'étranger depuis 1855 pour l'étude de ces institutions lui permettaient de faire appel aux étrangers les plus compétents. Les œuvres populaires qu'il avait pu créer ou améliorer et répandre, facilitaient son appel aux hommes les plus autorisés de tous pays; il constitua d'abord une Société des institutions de prévoyance de France, formée des économistes, législateurs et administrateurs français, et renforcée par des associés étrangers de même ordre, qui bientôt demandèrent à être membres permanents de cette union internationale; ce qui fut fait dans l'assemblée plénière du premier congrès international des institutions de prévoyance en 1878, où le fondateur fut constitué secrétaire perpétuel de cette association scientifique internationale, dont les règles de fonctionnement furent confirmées d'après l'expérience heureuse des premières années.

En outre, quelques procédés de fonctionnement qui avaient valu à cette première réunion internationale de 1878 le succès, avec la sympathie de tous, devinrent la règle des réunions ultérieures.

Ainsi le congrès de 1878 inaugura ce principe, dont on a bientôt apprécié toute la sagesse Pas de votes les assemblées ni les sections ne donnent lieu à des votes; chacun reste libre de mettre à profit, pour le bien de son pays et l'amélioration des institutions de son ressort, les enseignements d'expérience et les observations échangées dans ces relations d'hommes d'État, d'administrateurs, d'économistes, de statisticiens, spécialement compétents.

Après chaque session, les principaux membres de chaque pays ont toujours pris soin de rédiger un résumé des travaux au point de vue de leur milieu respectif, eu égard aux lois, aux organismes et aux mœurs de leur nation, de leur région. En quelques pays, ces rapports des travaux du congrès international donnent lieu et matière à des congrès nationaux et spéciaux, où parfois des conclusions sont utilement votées. L'Association permanente du Congrès scientifique international a aussi pour règle de ne prendre ni di

rection ni patronage d'aucune société, d'aucune œuvre; elle laisse aux administrateurs de toute société de prévoyance leur autonomie, leur liberté, leur responsabilité.

Cette association internationale permanente offre à tous les membres des parlements, des administrations et des sociétés de prévoyance de tous les pays du monde ainsi alliés, un moyen de vérifier la valeur de leurs projets d'amélioration ou de réforme, en s'éclairant des expériences comparées de tous les peuples; et cela non seulement dans les sessions plénières, où une bonne partie de ces associés se rencontrent, mais dans des réunions partielles, quand ils passent à Paris, ce carrefour du monde, et même dans des conférences plus intimes encore et assez fréquentes, où, de concert avec le secrétaire perpétuel pour guide et deux ou plusieurs autres membres spécialement compétents, ils prennent rendez-vous à Paris; là, on leur prépare un dossier de la question à étudier. Ces conférences sont discrètes, car il arrive quelquefois qu'un homme d'État, qui avait conçu un projet, reconnaît à l'étude, dans ces conférences, que le projet n'est point conseillé par l'expérience faite en d'autres pays, et qu'il convient de ne pas lui donner suite.

En plusieurs circonstances, une question étant à l'étude dans un pays, le secrétaire perpétuel a été prié de réunir les documents de l'enquête; ce qu'il peut faire autrement que par des appels généraux et vagues adressés à des indifférents, mais en s'adressant aux membres de l'association universelle, confrères spécialement compétents et souvent amis.

Voilà ce qui fait la valeur, la force, la raison d'être de cette association scientifique internationale. Et si la France, où fut son berceau, garde son foyer, si notre patriotisme y trouve un motif d'honneur, il y trouve aussi un avantage précieux pour le sage progrès des institutions populaires.

Deux autres sessions plénières eurent lieu, toujours à Paris et au palais national du Trocadéro, en 1883 et 1889, et, sur la demande des principaux étrangers, une quatrième session plénière de cette Association permanente du Congrès international aura lieu en 1900 (les 3-8 septembre), où sera célébré le jubilé de vingtcinq ans de l'Association.

Suivant le même vou des quarante présidents français et étrangers qui, à titre égal, représentent l'Association, le secrétaire perpétuel, M. de Malarce, s'est chargé de faire, pour 1900, un rapport histo

rique sur le progrès des institutions de prévoyance populaires dans le monde civilisé depuis 1789, rapport qui continuera celui qui fut présenté à l'Assemblée nationale, en 1790, par La Rochefoucauld-Liancourt. Ce rapport séculaire et universel exposera les progrès des institutions de prévoyance (caisses d'épargne, sociétés de secours mutuels, retraites, coopérations) dans les diverses régions, et les mérites des hommes d'État, savants et administrateurs, au point de vue de leur dévouement intelligent aux institutions de prévoyance. Dans une audience du 15 mars dernier à l'Élysée, M. le Président Loubet, dévoué depuis plus de trente ans à ces œuvres dans sa région, a promis de remettre à M. de Malarce les éléments d'une monographie relative au Dauphiné (ce qui a été fait le 1er mai): et sur ce haut exemple, bon nombre d'autres notables de nos provinces comme des pays étrangers se préparent de pareils documents, pour la meilleure gloire et le bon patriotisme des pays intéressés.

En l'absence de M. SIMON, avocat, M. VUACHEUX donne quelques explications sur la nécessité absolue d'accorder définitivement l'assistance judiciaire pour toute la durée du procès, exécution du jugement, appel et même pourvoi en cassation.

La séance est clôturée à midi.

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