Page images
PDF
EPUB

mission chargée de l'examen du travail de M. Levieux sera lu à la tribune. Les observations qu'il formule en ce moment s'adressent à une personne qui ne fait pas partie de l'Académie et qui ne peut y répondre.

M. FAUVEL. Je répondais aux assertions de M. Chauffard.

M. Chauffard. Je n'ai fait que reproduire les opinions de M. Levieux sans les accompagner d'aucun commentaire. Je connais les mesures appliquées contre la propagation de la variole, mais je n'ai pas jugé que ce fût le moment de les rappeler.

M. FAUVEL. Je demande à faire partie de la Commission chargée d'examiner le mémoire de M. Levieux.

M. LE PRÉSIDENT. La Commission est composée de MM. Chauffard, Fauvel et Henri Guéneau de Mussy.

VII. M. BÉCLARD dépose sur le bureau, au nom de M. le docteur LABORDE :

1o Une étude expérimentale sur le cuivre et ses composés. 2o Un mémoire intitulé: Septicémie expérimentale.

VIII. M. LEGOUEST présente au nom de M. le docteur COLIN un mémoire intitulé: La fièvre typhoïde dans l'armée.

[ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]

Communications.

PANSEMENT DES PLAIES PAR L'OCCLUSION PNEUMATIQUE.

Deuxième catégorie. Plaies articulaires par coups de feu.

Lorsque la dernière guerre est venue remettre en question la nécessité de certaines amputations, la discussion, concentréc sur un des nombreux points non résolus jusque là, a permis d'en mieux préciser les termes et d'en håter la solution. Je veux parler des coups de feu intéressant les grandes articulations.

On sait que, pour la plupart des chirurgiens militaires, cette catégorie de plaies exige impérieusement l'amputation ou la

résection. La discussion ne portait plus que sur la préférence à accorder à l'amputation primitive sur l'amputation secondaire.

Sans avoir besoin de faire intervenir les nombreuses autorités qui professaient presque unanimement, à cette époque, la nécessité de l'amputation dans les grandes plaies articulaires par armes à feu, il me suffira de rappeler et de reproduire les conclusions d'un travail adressé par M. Sédillot à l'Académie des sciences le 19 septembre 1870.

Dans cette importante communication, sorte de code de chirurgie militaire, notre éminent collègue s'exprimait comm e il suit :

« 1° Toute blessure pénétrante du genou par un projectile exige impérieusement, sans hésitation et sans retard, l'amputation de la cuisse;

>> 2° Quant aux fractures de la cuisse, du bras, des deux os de la jambe, de l'avant-bras, des articulations du poignet, du coude et du cou-de-pied avec fracas osseux, nous croyons encore l'amputation indiquée. »>

Le chirurgien en chef de l'armée ne faisait d'exception que pour les fractures partielles de la main et du pied, celles d'un seul os de la jambe ou de l'avant-bras, et du col et de la tête du fémur. Encore n'interdisait-il pas l'amputation pour cette catégorie de plaies: « l'expectation peut être tentée » disait-il.

Voilà au moins une doctrine nettement formulée. C'était là le dernier mot de la science la plus expérimentée. Dire que Nélaton professait absolument la même doctrine, c'est marquer le dernier terme des efforts de la chirurgie conservatrice à cette époque. Pour qu'il n'y eût aucun doute à cet égard, M. Sédillot ajoutait : « On sera peut-être disposé à traiter notre chirurgie de barbare; nous répondrons que c'est la véritable chirurgie conservatrice, puisqu'en sacrifiant le membre, elle sauve la vie (1). »

Le sentiment qui a inspiré ces nobles paroles absolvait en quelque façon la sentence qu'elles expriment mais la science

(1) Séance du 19 septembre de l'Académie des sciences, compte rendu 1870. 2o semestre, p. 425.

et l'expérience avaient le droit d'y regarder de plus près. Les relevés statistiques tendent à prouver deux choses, à savoir: qu'en sacrifiant le membre, on est fort loin de toujours sauver la vie, et que, toutes choses égales d'ailleurs, le nombre des morts, suites d'amputations, n'est guère moindre que celui des blessés non amputés. Il était donc permis de croire que, tout en cherchant à réduire le nombre des morts amputés, on pourrait arriver parallèlement à augmenter le nombre des guéris ons sans amputation. Or c'est à la première de ces deux taches que la discussion actuelle a été consacrée jusqu'ici, et c'est à la seconde que je demande la permission de consacrer ma communication d'aujourd'hui.

L'Académie se souviendra peut-être que, vers la même époque (1) où M. Sédillot traçait d'une manière si énergique la dernière limite de la chirurgie conservatrice, j'exposais devant elle le programme des applications que je me proposais de faire de l'occlusion pneumatique aux blessés du siége dans l'ambulance des Ponts et Chaussées. Encouragé par quelques succès antérieurs, j'avais surtout en vue de traiter les blessures articulaires de tous les degrés, résultant des coups de feu. C'est ce qui eut lieu, et c'est le résultat de ces applications de l'occlusion pneumatique que je viens lui soumettre aujourd'hui.

Mais avant d'entrer dans le détail des faits, je crois utile de m'arrêter un instant sur le caractère des plaies par coups de feu par les armes actuelles, eu égard à la nature des projectiles, à leur mode d'action et aux effets particuliers qu'ils produisent. Ces diverses particularités influent beaucoup en effet sur la complexité des lésions et par conséquent sur la différence des résultats produits par l'occlusion pneumatique.

Les plaies produites par des éclats d'obus sont toujours accompagnées de la perte d'une certaine quantité de peau, de l'écrasement si ce n'est de l'arrachement d'une certaine quantité d'os; ce sont des plaies compliquées avec perte de substance et un certain degré de mortification des tissus.

Les plaies produites par les mitrailleuses sont généralement

(1) Séance de l'Académie de médecine, 9 août 1870.

accompagnées des désordres les plus graves. La forme conique et le volume considérable de leurs projectiles déterminent de larges ouvertures et fracassent les os : ce sont, au plus haut degré, des fractures compliquées renfermant généralement une grande quantité de débris osseux.

Les balles du fusil perfectionné à longue portée et à canon rayé en spirales sont animées d'un vitesse extrême et d'un mouvement de rotation simultané. En vertu de ces propriétés elles produisent dans leur parcours à travers les os une sorte de mouture, d'où une multitude de très-petits fragments semés sur leur passage.

Une dernière particularité commune à l'action de tous ces projectiles est qu'en raison de la température élevée dont ils sont animés, ils produisent un certain degré de cautérisation des plaies qui va quelquefois jusqu'à la carbonisation de leur surface. A cette température élevée des projectiles du fusil surtout, il faut attribuer encore la faculté qu'ils ont de se déformer, de se diviser même, d'où des déchirures profondes qui ont fait croire à l'existence de balles explosibles.

De telles particularités, de telles complications, spécialisent au plus haut degré les plaies articulaires produites par ces différents genres de projectiles. Est-il besoin d'ajouter que souvent ils poussent devant eux des débris de chaussures, de vêtements et même d'autres corps étrangers qui restent dans la plaie?

Cette spécialisation des plaies osseuses résultant de coups de feu par les armes d'aujourd'hui n'a pas seulement pour but de faire ressortir leurs complications: je la donne surtout pour établir leur extrême différence d'avec les plaies sous-cutanées ordinaires, et pour montrer l'impossibilité logique et physiologique d'obtenir au profit des premières les bénéfices d'organisation immédiate qui caractérisent les secondes.

Sous le bénéfice des observations qui précèdent, voici les résultats que j'ai obtenus, sous les yeux d'un grand nombre de personnes aux ambulances des Ponts et chaussées et du Grand Hôtel dans le traitement de 20 plaies résultant de coups de feu, les seules que j'ai traitées et que j'ai soumises à l'occlusion pneumatique.

L'étendue du compte rendu que j'ai rédigé ne me permet pas de donner ici dans leur entier les observations de chaque blessé.

Ces observations seront publiées avec tous les détails qu'elles comportent, et avec tous les renseignements propres à établir leur authenticité : noms et prénoms des blessés, corps auxquels ils appartenaient, numéros matricules, de manière à ce qu'ils puissent être retrouvés, et témoigner eux-mêmes au besoin de l'exactitude de tous les détails relatifs à leurs blessures et à leur traitement.

Voici le tableau sommaire de ces 20 blessés catégorisé comme il suit : (1)

Blessures compliquées de la main.

du poignet...

5

1

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

L'Académie comprendra que n'ayant voulu traiter, surtout, que des cas compliqués graves, c'est-à-dire avec des lésions articulaires et des lésions osseuses offrant tous les caractères et les désordres propres aux projectiles actuellement employés, je n'ai pu attaquer d'emblée les cas les plus graves; j'ai procédé graduellement des blessures de la main à celles du poignet; des blessures du poignet à celles du coude; puis sont venues les blessures des articulations du pied, du cou-de-pied et du genou. Je n'ai reculé devant aucune, et finalement l'Académie verra que le vingtième cas, réunissant tous les désordres, toutes les complications, la gravité la plus extrême des lésions du genou, était bien fait pour marquer la limite extrême des possibilités de la méthode.

(1) Les difficultés typographiques actuelles n'ont pas permis de composer,. pour ce n° du Bulletin, le tableau nominatif complet; il sera nécessairement joint à un prochain n° du Bulletin.

« PreviousContinue »