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devrait nous être représenté à chaque siècle de son existence» (Aug. Thierry).

La Commission nommée pour l'examen du concours Leprince se compose de MM. Jourdain, Salmon, Bazot, Corblet et Dutilleux.

- M. Salmon communique à la Société quelques observations intéressantes qu'il a faites en visitant les souterrains de Grattepanche déjà explorés et décrits il y a plusieurs années par M. Bouthors. MM. Salmon et Herbault veulent bien se charger de surveiller les travaux qui pourraient être faits sur ce point et amener des découvertes dignes de fixer l'attention.

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- M. Vion offre au nom de M. Quentin fils, imprimeur à Péronne, un exemplaire du dessin de la bannière de Péronne.-Des remerciements sont votés à M. Quentin.

M. Herbault présente un plan figuratif des abords du Musée Napoléon, son projet consiste à reporter plus à l'ouest l'impasse des Cordeliers qui déboucherait alors directement au droit du pavillon d'angle du Musée ; l'église St.-Remy, reconstruite, occuperait un vaste espace isolé au coin de la rue des Rabuissons, de la rue des Cordeliers et de l'impasse prolongée; en même temps la statue de Du Cange serait posée en avant de la façade principale du Musée, au centre de la grille à élever sur la rue des Rabuissons. Ces divers projets et les plans à l'appui sont accueillis avec un vif intérêt par la Société qui en prononce le renvoi à la Commission du Musée Napoléon.

M. le Président lit une lettre que lui a adressée M. Cotelle, professeur de droit administratif à l'école

impériale des ponts-et-chaussées, pour appeler l'attention de la Société sur le déplacement auquel pourrait être exposée la statue de Du Cange, élevée par les soins de la Société sur la place St.-Denis, dans le cas où l'on donnerait suite à un projet qui consisterait à élever au centre de cette place la fontaine monumentale pour laquelle M. Herbet-Briez a fait don, à la ville d'Amiens, d'une somme importante. M. Cotelle expose qu'il importe à la mémoire de Du Cange, à l'honneur de la Société des Antiquaires et à la dignité de l'Institut de France qui a dérogé à tous ses usages pour se faire représenter à l'inauguration de la statue de l'auteur du Glossaire, qu'il importe, dit-il, que le bronze où revivent les traits de cet illustre savant soit maintenu à la place d'honneur qu'il occupe sur l'un des points les plus fréquentés et les plus en évidence de la cité. M. Dufour, à l'appui des appréhensions manifestées par M. Cotelle déclare qu'il a eu à ce sujet une entrevue avec Mme Léon Berthaut, statuaire chargée de l'exécution de la fontaine et que, dans la pensée de cette dame, son œuvre devra occuper la place actuelle de la statue de Du Cange.- La Société, justement émue de cette communication décide qu'une Commission spéciale sera chargée de préparer une délibération motivée demandant instamment le maintien, en sa place actuelle, de la statue de Du Cange; elle décide en outre que cette délibération sera envoyée aussitôt que possible à M. le Maire d'Amiens et à l'Institut impérial de France, afin que cette compagnie sache bien que si la statue est un jour déplacée, cet acte regrettable ne se sera pas accompli sans protestations de la part des

Antiquaires. MM. Jourdain et Antoine et les membres du bureau sont désignés pour faire partie de cette Commission.

— M. le Président propose que, pour stimuler l'exactitude des membres de la Société lors des séances extraordinaires, l'assistance à ces réunions donne droit à une fraction de jetons comme la présence aux séances ordinaires. Cette proposition est mise aux voix et adoptée sans réclamations.

-

Sur la proposition de M. le Secrétaire-perpétuel, la Société déclare souscrire à l'annuaire des Sociétés savantes publié par M. Achmet d'Héricourt.

Séance extraordinaire du 24 mars 1863.

M. le Secrétaire-perpétuel fait connaitre que M. le Maire d'Ailly-sur-Noye a fait hommage à la Société de trois petits vases en grés trouvés sur le territoire de cette commune, dans un fossé attenant au cimetière. remerciements sont votés à M. le Maire d'Ailly.

-

Des

M. le Président informe la Société que M. le Préfet a bien voulu lui remettre, pour les collections de la Société, une petite romaine (statera) en bronze, d'une conservation parfaite, trouvée avec deux médailles romaines sur la route d'Amiens à Roye, du côté de Gentelles, par les agents des ponts-et-chaussées. La Société charge son Président de remercier M. le Préfet et M. l'Ingénieur en chef des ponts-et-chaussées.

M. le Président expose que dans les travaux faits pour l'ouverture d'un égout dans la rue des Jacobins, à Amiens, les ouvriers ont découvert la partie supérieure

d'une colonne milliaire qu'ils ont ensuite recouverte de terre sans se donner la peine de l'extraire; il signale ce fait comme très regrettable et demande si la Société ne pourrait avoir un agent salarié qui, dans un certain rayon, surveillerait les déblais nécessités par les travaux communaux afin d'assurer à la Société la possession des objets intéressants qui viendraient à être découverts. — Les membres présents s'associent à cette proposition et chargent M. Antoine de formuler à cet égard, dans l'une des prochaines séances, les bases sur lesquelles cette inspection pourrait être établie.

M. le Président donne lecture de la protestation relative au déplacement de la statue de Du Cange, rédigée par la Commission spéciale nommée dans la dernière séance cette protestation est ainsi conçue :

Si le projet de déplacer la statue de Du Cange n'a point encore été officiellement communiqué à la Société des Antiquaires de Picardie, la publication faite dans les journaux lui imposait toutefois l'obligation de s'en préoccuper. Aussi dans sa séance du 10 mars 1863, a-t-elle chargé une commission spéciale de soumettre à la haute appréciation de M. le Maire les raisons qui lui paraissent militer en faveur du maintien de ce remarquable monument sur le lieu précis où il a été élevé et dans les conditions solennelles qui ont présidé à son inauguration.

La Société des Antiquaires de Picardie serait appelée à donner son avis sur le plus ou le moins d'inconvénients que peuvent entrainer les changements trop graves dans la disposition des monuments d'une grande cité, qu'elle se rencontrerait avec le Conseil municipal pour constater que l'intérêt historique et l'amour même du pays, tiennent dans une certaine mesure au respect de ce qui est et

inspirent une pensée de conservation dans l'état des choses que les jeunes générations se sont accoutumées à aimer. A ce seul titre déjà, le glorieux monument élevé par l'Europe savante au sein de notre cité commande de respectueux égards et la plus grande circonspection dans l'emploi du don intéressant et généreux de M. Herbet-Briez.

Il faut bien le proclamer hautement, la gloire de Du Cange n'intéresse pas seulement la ville d'Amiens; elle est la propriété du monde savant tout entier, et son monument est une œuvre nationale, confiée à la sollicitude éclairée de notre Administration municipale.

L'Institut de France l'a pensé ainsi lorsque, répondant à l'appel de la Société des Antiquaires de Picardie, il a consenti pour la première fois, pour une seule fois peut-être, à venir inaugurer une statue dans une ville de province. Le Gouvernement l'a considéré de même, lorsqu'il a chargé son Ministre de l'Instruction publique de le représenter dans cette solennité, et M. de Falloux, retenu par une indisposition, n'a voulu être remplacé que par un savant digne de cette mission. L'École des Chartes, la Société des Antiquaires de France, les illustrations scientifiques, venues de partout et de loin. pour prendre une part aussi sympathique et aussi active à la grande solennité dont nous nous souvenons tous avec orgueil, n'ont certainement pas cru que le grand acte qui les attirait à Amiens n'était qu'une cérémonie vaine et inspirée par une pensée légère, par la pensée de décorer une place publique de l'image du plus grand homme du monde érudit au xviie siècle, en attendant qu'on trouvât mieux un jour de la décorer au moyen d'une fontaine dont le mérite artistique n'est même pas encore constaté.

La statue de Du Cange, qui a eu l'honneur d'être admise à l'Exposition de Paris, est une œuvre d'art incontestable. Elle a pour nous d'autant plus de valeur qu'elle a été exécutée par un artiste Picard. Malheureusement le sculpteur Caudron n'est plus là pour

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