sincère, il s'aliéna cependant le clergé; sympathique à la France et à l'armée française, ses relations avec le commandant en chef furent la plupart du temps difficiles et empreintes d'une hostilité réciproque. Il crut toujours à des dispositions bienveillantes de la part des États-Unis, et le cabinet de Washington poursuivit sa ruine avec une dureté dont l'amour-propre de la France eut plus d'une fois à souffrir; enfin il ne cessa de tendre la main à Juarez et de l'appeler à une conciliation impossible en vue du bonheur et de la grandeur du Mexique, et Juarez le fit impitoyablement fusiller lorsqu'il le tint en son pouvoir. >>

« L'impératrice Charlotte, femme d'un esprit élevé, d'une grande vigueur morale et d'un caractère énergique,» s'était courageusement associée aux travaux de l'empereur. Lorsqu'il fut évident que le gouvernement français, sous la pression des États-Unis, allait retirer ses troupes, elle n'hésita pas à partir pour l'Europe, à tenter par un dernier effort de sauver son trône. Les émotions et les luttes la brisèrent et éteignirent son intelligence si remarquable.

Telle est à grands traits l'esquisse de ces cinq années, d'autre part si remplies par les opérations des colonnes françaises qui sillonnèrent incessamment le Mexique dans tous les sens. Les troupes, «fractionnées en une infinité de détachements et de petites colonnes, dont l'effectif dépassait rarement 1 500 à 2000 hommes, cherchaient partout l'ennemi, ne lui laissant ni trêve ni repos. Les soldats étaient aguerris aux fatigues, vigoureux, dévoués; on pouvait tout oser avec de pareils éléments. Presque chaque jour était signalé par un engagement, et dans maints combats dont la nomenclature serait trop longue, ils ajoutèrent une page glorieuse à l'histoire militaire de notre pays. Ne laissons pas perdre de pareils souvenirs : c'est l'anneau auquel nous devrons, dans l'avenir, rattacher notre épopée nationale.

L'ouvrage de M. le capitaine Niox, qui se recommande par la sobriété des appréciations et la simplicité du style, vient donc prendre naturellement sa place à la suite de nos meilleurs livres d'histoire militaire. Une grande carte du Mexique rédigée à l'aide de documents inédits est jointe au volume et le complète.

L'accueil fait par le public, sans distinction de parti, à une œuvre sur laquelle la passion politique pouvait avoir tant de prise, a déjà récompensé l'auteur de ses laborieux efforts.

LES DRAPEAUX FRANÇAIS

Étude historique, par le comte L. DE BOUILLE. 2o édition. In-8, 352 p., 123 dessins. Prix: 8 fr.- Paris, Dumaine.

Sous l'influence de préoccupations présentes à l'esprit de tout le monde, on s'est beaucoup occupé, de notre temps, de trouver la signification des couleurs du drapeau. Les uns ont voulu prouver qu'elles n'en avaient aucune, d'autres restent persuadés de la supériorité incontestable de telle nuance sur telle autre. Il nous est impossible de suivre les nombreux dissertateurs qui sont entrés dans l'arène, mais désireux de nous instruire du passé et suivant l'adage: Felix qui potuit rerum cognoscere causas, nous nous plaisons avec M. le comte de Bouillé dans les patientes et curieuses recherches archéologiques auxquelles il s'est livré sur cette question. Le résultat de son travail était facile à prévoir. Avant que l'unité nationale fût fondée, les enseignes portées par les troupes étaient de toutes couleurs et de toutes formes.

Il fallait un signe de ralliement et c'était tout; le symbolisme du drapeau n'apparut que fort tard, et même seulement de nos jours, pourrait-on dire. Quant aux couleurs, on en remarque trois dominantes : le bleu, le rouge, le blanc. Ce sont en effet les couleurs simples, le jaune étant réservé aux ornements dorés qui accompagnaient les drapeaux.

Le bleu était la couleur de la cape de Saint-Martin, sous Clovis; l'oriflamme de Saint-Denis était rouge, et depuis l'origine des temps le blanc, couleur noble par excellence, a toujours été la marque du commandement, partant le signe de l'autorité royale. On pourrait donc dire que le drapeau tricolore résume parfaitement l'histoire de la nation française, et sans doute c'est bien la pensée de M. le comte de Bouillé. Il s'est abstenu toutefois de formuler cette conclusion qui découle tout naturellement de son intéressant travail. Il a voulu rester dans le domaine de l'érudition pure et se borner en quelque sorte à donner la nomenclature des couleurs distinctives, des cocardes, des enseignes, des signes de toute nature qui ont servi, à chaque époque, à grouper les troupes et à les reconnaître.

C'était là l'utilité sérieuse d'un livre de cette nature, et la

raison qui le fera classer parmi les documents historiques nationaux.

Il ne faudrait pas toutefois déduire de ce qui précède qu'il peut être indifférent de changer ou de modifier, selon le caprice du temps ou l'idée politique dominante, le drapeau sous lequel des troupes sont habituées à combattre, avec lequel elles ont été victorieuses ou vaincues. Ce serait vouloir éteindre le dévouement irréfléchi, mais d'autant plus respectable, à ce lambeau qui flotte au vent, étouffer le sentiment élevé et désintéressé qui entraîne les hommes au moment du danger. Il suffit pour le comprendre d'avoir senti son cœur battre lorsque le drapeau vient se faire saluer devant le front du régiment, lorsque le canon du marin appuie les couleurs nationales, lorsqu'à l'étranger un navire de guerre se pavoisant affirme le nom et la grandeur de la Patrie.

STAND QUARTIERE UND UNIFORMIRUNG

DER ARMEE DES DEUTCHEN KAISER-REICHES.

(Garnisons et uniformes de l'armée de l'empire allemand). Une carte. Berlin, Bock. Paris, Dumaine. Prix: 3 fr. 50.

Sur cette carte au 1/1 300 000 environ, on a indiqué exclusivement les lieux de garnison des troupes de l'empire allemand et les chemins de fer construits ou en construction, à une ou à deux voies. A côté du nom de chaque ville est placée la nomenclature des troupes, de la garnison, bataillon par bataillon, escadron par escadron, ainsi que l'indication des résidences des quartiers généraux de corps d'armée et de divisions.

Un tableau abrégé joint à la carte donne les signes distinctifs de tous les corps de l'armée allemande. Cette carte est facilement lisible, même si l'on ne connaît pas l'allemand. Elle devra se trouver entre les mains de quiconque s'occupe des choses militaires des pays transrhénans et désire se rendre compte des moyens de mobilisation et de concentration des armées allemandes.

LIVRES MILITAIRES

Publiés dans le mois de Décembre 1874.