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OORLOG

AVERTISSEMENT

La publication que je viens offrir au monde militaire, et en particulier aux officiers de notre armée, sous le titre de: Journal de la librairie militaire. - Bulletin bibliographique mensuel, a pour but de combler une lacune.

Depuis la dernière guerre, un nombre considérable de travaux, ayant trait à l'organisation, à la science et à l'histoire militaires, ont paru, soit en France, soit à l'étranger: quelquesuns ont dû à la publicité qui leur fut donnée de pouvoir se faire apprécier; d'autres, d'une valeur réelle, sont restés ignorés.

Les revues périodiques militaires consacrent toutes, il est rai, un chapitre spécial à la bibliographie; mais ce genre d'étude, étant pour elles secondaire, demeure nécessairement trèsincomplet; du reste, le prix élevé de ces recueils n'en permet pas toujours l'acquisition aux officiers désireux de se tenir au courant des écrits qui concernent l'armée; c'est donc avec quelque confiance que j'attends l'accueil réservé à ce modeste Bulletin.

Chaque numéro comprendra:

1° Un relevé mensuel des nouveautés militaires publiées en France et à l'étranger;

2o Des comptes rendus sur les écrits militaires les plus importants;

3o Un relevé mensuel des ouvrages qui, quoique n'ayant pas

JOURN. DE LA LIBR. MILIT.

trait à la science de la guerre, ne méritent pas moins d'être portés à la connaissance des lecteurs, tels que ceux relatifs aux sciences, aux arts, aux lettres, à l'histoire, à la géographie, ainsi que les cartes.

4o Nomenclature d'ouvrages militaires anciens et modernes qui peuvent être utilement consultés.

Pour que cette publication n'offre pas seulement un intérêt bibliographique, elle comprendra également une feuille (16 pages) de réimpression des meilleurs écrits militaires devenus fort rares. Chaque abonné en réunissant ces fragments. dont l'ensemble à la fin de l'année formera un volume, retrouvera la valeur du prix de son abonnement (3 fr.).

Employé dans la librairie militaire depuis quinze années, j'apporte donc quelque expérience et promets tous mes soins à un travail que la maison J. Dumaine se charge d'exécuter.

Je fais également appel au concours bienveillant de MM. les officiers qui auraient des renseignements purement bibliographiques à propager ou des appréciations critiques à émettre sur les nouveautés militaires. Cette collaboration, toute désintéressée, ne peut me faire défaut, et m'aidera, j'en suis sûr, à atteindre le seul but que je me propose : l'encouragement aux études militaires.

L.-L. BEAUDOIN

Paris, le 18 décembre 1874.

EXPÉDITION DU MEXIQUE

1861-1867

Récit politique et militaire, par G. Niox, capitaine d'état-major.
Paris, Dumaine.

In-8, 770 p., avec atlas. Prix: 15 fr.

« L'histoire, qui puise ses premiers éléments d'information dans les écrits des contemporains, dit avec raison M. le capitaine Niox, leur demande, comme garantie de sincérité, de s'effacer eux-mêmes pour laisser parler les faits. » Jamais ce principe ne fut plus essentiel à poser que pour l'ouvrage qui nous occupe. On sait combien l'expédition du Mexique fut impopulaire en France, quelle suprise elle causa au début, quelles préoccupations en accompagnèrent les péripéties jusqu'au drame douloureux qui en fut la conséquence et le dénouement. La plus grande prudence s'imposait donc à l'auteur s'il voulait remplir son rôle d'historien impartial; entre le panégyrique et le pamphlet la route est souvent étroite, on ne la suit pas toujours sans incliner d'un côté ou de l'autre; cependant tous les écueils ont été évités avec un rare bonheur, et sous le style froid qui s'imposait à ce récit on sent néanmoins circuler je ne sais quelle émotion de patriotisme et d'honneur militaire qui s'empare invinciblement du lecteur.

Les faits de guerre et les événements politiques sont si intimement liés les uns aux autres, ils se pénètrent si complétement, qu'il eût été impossible de parler des opérations de l'armée sans dire quelle situation politique en était la cause ou le résultat. Il fallait donc aborder franchement, et quelles que fussent les difficultés, l'étude assez obscure des combinaisons diplomatiques : c'était en outre le seul moyen de vivifier et de rendre intéressant le récit des mouvements militaires. Telle est la tâche que l'auteur s'est proposée en recherchant dans les correspondances et les documents officiels les éléments de vérité qu'il a réussi à coordonner avec beaucoup d'impartialité.

L'expédition, commencée avec quelques milliers d'hommes seulement, prit des proportions considérables à la suite d'un premier revers et de funestes entraînements politiques. La France eut près de quarante mille hommes disséminés sur le territoire mexicain, sans compter les flottes des deux océans; et pendant

toute cette période sa liberté d'action en Europe fut pour ainsi dire paralysée; le coup de canon de Sadowa le lui fit douloureusement sentir. Il est donc impossible de méconnaître l'importance que cette entreprise est appelée à prendre dans l'histoire de notre temps. L'ouvrage de M. Niox vient très-opportunément jeter une vive clarté sur ces faits encore très-peu connus.

Lorsque l'amiral Jurien de la Gravière partit de France pour aller rejoindre les forces anglaises et espagnoles avec lesquelles il devait opérer de concert contre le Mexique, il n'emmenait pour ainsi dire avec lui que l'escorte de son drapeau : un bataillon de zouaves, un peloton de chasseurs d'Afrique, quelques compagnies d'infanterie de marine, et des artilleurs pris dans les colonies des Antilles auxquels des canons ne furent envoyés que plusieurs semaines après leur arrivée à la Vera-Cruz. En voyant passer à la Havane des troupes ainsi équipées et organisées, le général Santa-Anna, le vétéran des guerres de l'indépendance mexicaine, demandait si l'on croyait en Europe que les Mexicains étaient encore armés de flèches et de casse-têtes. Le désordre qui avait présidé à la constitution du corps expéditionnaire n'était que l'image amoindrie de la confusion des idées au milieu desquelles l'amiral allait être obligé de chercher sa voie pour sauvegarder l'honneur et la dignité de la France. Dès le début, de graves divergences de vues se manifestèrent entre les plénipotentiaires alliés. Malgré ces dissentiments, qui s'accentuèrent de jour en jour, l'amiral put, grâce à l'élévation de ses idées et à sa loyauté chevaleresque, maintenir la bonne entente avec les commissaires anglais et espagnol jusqu'au moment où les instructions de son gouvernement lui enjoignirent de rompre l'alliance et de suivre une ligne politique indépendante. Il donna dans cette circonstance un rare exemple de désintéressement en assumant sur lui-même personnellement la responsabilité d'une rupture qu'il n'approuvait pas et dont il ne méconnaissait ni la gravité ni les dangers. Peu de temps après, il quittait le Mexique, laissant le commandement des troupes au général de Lorencez, récemment arrivé avec une brigade des trois armes, et la direction politique aux mains de M. de Saligny, ministre de France et l'un des principaux instigateurs de l'intervention française.

L'échec subi par nos armes le 5 mai 1862 devant Puebla vint démontrer aux moins clairvoyants combien étaient sages ses

avis et dans quelles illusions le gouvernement français avait été entretenu.

Des renforts considérables, une vingtaine de mille hommes, furent envoyés avec le général Forey pour rétablir le prestige du drapeau; plusieurs mois se passèrent à constituer des magasins, et à organiser une ligne solide de communication avec la mer. Un an seulement après la tentative infructueuse du général de Lorencez, l'attaque de Puebla fut reprise..... et les troupes françaises entrèrent dans la place.

Les documents reproduits par le capitaine Niox prouvent qu'en ce moment le gouvernement français commençait à se rendre compte des difficultés que rencontrerait la fondation d'un empire mexicain avec l'archiduc Maximilien d'Autriche, rêve caressé par l'empereur Napoléon et qui se rattachait à certaines idées mal définies de régénération des races latines et d'équilibre américain. Une dépêche du ministre des affaires étrangères prescrivait au général Forey de chercher à négocier avec un chef militaire, Juarez excepté, et de dégager aussi promptement que possible l'action de la France. Par malheur, lorsque ces instructions, trop tardivement envoyées, parvinrent au Mexique, l'empire avait été déjà proclamé par une assemblée des notables dont les membres furent choisis par M. de Saligny. On était irrévocablement engagé, et pendant trois années on verra le corps expéditionnaire consacrer ses efforts à l'œuvre ingrate et stérile de la consolidation d'un gouvernement qui ne répondait pas aux sentiments de la portion la plus active et la plus énergique du peuple mexicain.

Le général Bazaine venait de remplacer le général Forey dans le commandement en chef; il parcourut les provinces de l'intérieur, recueillit un certain nombre d'adhésions plus ou moins sincères à l'empire, et l'archiduc Maximilien se décida à tenter l'aventure. « Bon, affable, intelligent, instruit, exerçant un grand charme sur tous ceux qui l'approchaient, il manquait de la décision et de la force de volonté nécessaires pour triompher d'une situation aussi difficile. L'histoire de son règne de quelques années, si l'on peut appeler ainsi une sorte de minorité sous la sévère tutelle d'un maréchal de France, n'offre qu'une série d'aspirations généreuses et de douloureuses désillusions. Libéral par tendance, il ne réussit pas à se concilier les libéraux; catholique

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