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CONSIDÉRATIONS

Sur les diverses manières de conjuguer des Grecs, des Latins, des Français, des Italiens, des Espagnols, des Allemands, etc.

Des personnes du verbe. Les Grecs, les Latins, les Français, etc. ne connaissent que 3 personnes : la première, la seconde et la troisième.

Les Hébreux ont une inflexion particulière quand la troisième personne est pour une femme; et pour dire elle a chanté, ils ont une désinence ou une espèce de terminaison différente de celle dont ils se servent pour dire il a chanté. Cette difference de désinences pour les masculins et pour les féminins serait peut-être nécessaire dans la langue grecque et dans la langue latine, qui ne distinguent les trois personnes du verbe que par la désinence sans se servir des pronoms personnels; tandis qu'on peut aisément s'en passer dans la langue française et dans les autres langues de l'Europe occidententale, comme l'allemande, l'italienne et l'espagnole, où les trois personnes du verbe sont distinguées nonseulement par la désinence du verbe, mais aussi par le pronoms personnels, je, tu, il, elle qui marquent suffisamment la différence du masculin et du féminin. A bien examiner la chose, on verra que dans la composition du mot qu'on trouve dans les grammaires des Hébreux, ils n'ont fait qu'un seul mot des lettres qui marquent le pronom personnel, et de celles qui marquent l'action, au lieu qu'en français, nous mettons le pronom personnel séparé du mot qui marque l'action, il chante, elle chante.

Quand il s'agit du participe d'un verbe pronominal, on le fait accorder avec le pronom régime, si ce pronom est régime direct: il s'est loué, elle s'est louée; mais si le pronom est régime indirect, le participe doit rester invariable: elle s'est imaginé, il s'est imaginé. Or, cette difficulté n'existe pas en latin, où les pronoms me, te, se n'ont pas la même forme au cas accusatif et au cas régime; dans cette langue pas de méprise, car on dit au datif sibi dedit licentiam, il s'est donné, elle s'est donné la licence; et on dit à l'accusatif se dedit Deo, il s'est donné à Dieu, elle s'est donnée à Dieu.

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simples je perds, je perdis, je perdrai, je perdais; et ils en ont quatre composés : j'ai perdu, j'eus perdu, j'aurai perdu, j'aurais perdu.

Et, outre cela, ils en ont de surcomposés, comme j'ai eu perdu : quand j'ai eu perdu mon argent, j'ai quitté le jeu.

Il y a aussi des surcomposés au subjonctif, comme j'aurois eu fini ma lettre assez-tôt pour vous aller voir, si je n'avois pas été interrompu; mais les occasions d'employer ces surcomposés sont fort rares, ce qui fait que plusieurs grammairiens ne les comptent pas pour des temps de la grammaire française.

Des mœufs (modes). Les grammaires grecques mettaient six moeufs : l'indicatif, le subjonctif, l'optatif, l'impératif, l'infinitif et le participe. Et dans ces six mœufs, ils ont à peu près autant de temps différents que dans l'indicatif.

La nouvelle méthode latine ne distingue pas l'optatif du subjonctif; quant à Dangeau, il ne compte pour des moeufs parfaits que l'indicatif et le subjonctif, tant en latin qu'en français.

Il y a des grammairiens, comme Vossius, qui ont fait plusieurs mœufs du subjonctif, un supositif, un conditionnel, un concessif, etc.

Des voix.

Les Grecs ont un actif, un passif et un

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médium.

Les Latins n'ont qu'un 'actif et un passif, et même, il y a une partie du passif qui est composée par le moyen de l'auxiliaire sum; savoir tous les temps qui dépendent du prétérit. Dans la langue grecque, tous ces temps qui tiennent du prétérit, sont marqués par des terminaisons différentes, à l'exception de quelques-uns, et ne sont pas composés de l'auxiliaire. En français, tout notre passif se forme par le moyen de l'auxiliaire être.

Les Latins aussi bien que les Grecs forment tout leur actif sans auxiliaire. En français, nous formons tous nos prétérits par l'auxiliaire avoir ou par l'auxiliaire étre, et il en est de même dans les langues italienne et espagnole.

L'allemand compose aussi les temps du prétérit avec l'auxiliaire avoir ou avec l'auxiliaire être, et il fait plus, car il forme ses futurs avec un autre auxiliaire, qui est werden: ich werde schreiben, pour j'écrirai, et ses conditionnels par würde ich würde schreiben, pour j'écrirois.

Ce que nous exprimons par notre prétérit simple, et par notre imparfait, les Allemands l'expriment par le même temps.

On prétend que les Tartares n'ont qu'une seule conjugaison, sans aucune irrégularité, ce qui fait que leur grammaire est fort aisée à apprendre: Dangeau croit qu'on pourrait faire une langue qui n'ayant qu'une seule conjugaison renfermerait pourtant tout ce qu'il y a de commode dans toutes les diverses conjugaisons des autres langues. Ce langage qu'il nomme « filosofique » n'est pas tout à fait une chimère, et il pourrait le faire voir par expérience.

FIN.

LE RÉDACTEUR-GERANT EMAN MARTIN.

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE

Publications de la quinzaine :

Œuvres de J. Barbey d'Aurevilly. Le Chevalier des Touches. Petit in-12, 240 p. Paris, lib. Lemerre. 6 fr. Cent (les) nouvelles nouvelles. Texte revu avec beaucoup de soin sur les meilleures éditions et accompagné de notes explicatives. In-18 jésus, xx1x-424 p. Paris, lib. Garnier frères.

Œuvres du seigneur de Cholières. Edition préparée par Ed. Tricotel. Notes, index et glossaire par D. Jouaust. Préface par Paul Lacroix. Matinées et Après-Dînées. 2 vol. petit in-8°, XCIV-732 p. Paris, lib. des bibliophiles. 20 fr. Heptaméron (l'), contes de la reine de Navarre. Nouvelle édition, revue avec soin et accompagnée de notes explicatives. In-18 jésus, xII-468 p. Paris, lib. Garnier frères.

L'Empoisonneuse; par Pierre Ninous. In-18 jésus, 448 p. 2e édition. Paris lib. Charpentier. 3 fr. 50.

Quarante mille francs de dot; par Emile Richebourg. In-16, 314 p. Paris, lib. Dentu.

Nouvelles Veillées bretonnes; par Hippolyte Violeau. 2o série. 4o édition, revue et corrigée. In-18 jésus. 272 p. Paris, lib. Blériot frères. 2 fr.

Le Bel Armand; par Henri Bocage. In-18 jésus, 242 p. Paris, lib. Ollendorff. 3 fr. 50.

Robert Burat; par Jules Claretie. Nouvelle édition, avec une préface inédite. In-18 jésus, XXXVI-293 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr.

La Vierge de l'Opéra; par Emmanuel Gonzalès. In-18 jésus, 305 p. et une eau-forte. Paris, lib. Dentu. 3 fr. La Mère l'Étape, roman militaire; par Ernest Capendu. In-4° à 2 col., 159 p. avec gravure. Paris, lib. Degorce-Cadot. 2 fr.

Contes en vers; par Grécourt, Saint-Lambert, Champfort, Piron, Dorat, la Monnoye et François de Neufchateau. T. 2. In-32, 214 p. avec vignettes. Rouen, lib. Lemonnyer. 15 fr.

La Vie à la campagne; par G. de Cherville. Avec une préface par Jules Claretie. In-16, xv-324 p. Paris, lib. Dreyfus. 3 fr.

Les Frères Zemganno; par Edmond de Goncourt. In-18 jésus, x-375 p. Paris, lib. Charpentier. 3 fr. 50.

Euvres poétiques de Guy de Tours. T. 2. Le Paradis d'amour; les Mignardises amoureuses: Mélanges et Epitaphes. Avec préface et notes par Prosper Blanchemain. Petit in-12, VII-110 p. Paris, lib. Willem. L'ouvrage complet, 10 fr.

Guerres maritimes sous la République et l'Empire; par le vice-amiral E. Jurien de la Gravière. Avec les plans des batailles navales du cap Saint-Vincent, d'Aboukir, de Copenhague, de Trafalgar, et une carte du Sund, par H. Dufour, géographe. 2 vol. In-18 jésus, xvi812 p. Paris, lib. Charpentier. 7 fr. 50.

Le Roman de deux bourgeois; par Alberic Second. In-18 jésus, 304 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr.

Le Décameron de Boccace. Traduction nouvelle par Francisque Reynard. Traduction complète. 2 vol. In-18 jésus, xv-930 p. Paris lib. Charpentier. 3 fr. 50.

L'Oncle Jean; par Henri Conscience. Traduction F. Coveliers. In-18 jésus, 357 p. Paris, lib. C. Lévy. 1 fr. 25. Histoire de la Littérature française depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours; par Frédéric Godefroy. Poètes, xvne siècle. 2° édition. xixe siècle. T. 2. 2 vol. in-8°, 1052 p. Paris, lib. Gaume et Cie.

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DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU'A L'INVASION DES BARBARES
Par VICTOR DURUY, membre de l'Institut, ancien ministre de l'Instruction publique.

NOUVELLE ÉDITION

Revue, augmentée et enrichie d'environ 2,500 gravures dessinées d'après l'antique et de 100 cartes ou plans. TOME PREMIER

DES ORIGINES A LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE PUNIQUE

Contenant 518 gravures, 9 cartes, 1 plan et 7 chromolithographies.

Prix: 25 francs le volume.

Paris, librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain.

CONCOURS LITTÉRAIRES.

Le

LA CONFÉRENCE LITTÉRAIRE ET SCIENTIFIQUE DE PICARDIE a ouvert un Concours de poésie sur ce sujet : LE POÈTE. Concours sera clos le 1er novembre 1880. - - Les manuscrits devront être parvenus pour cette date au Président de la Société à Amiens. Le prix consistera en une médaille d'or. Les pièces de vers devront être inédites, n'être pas signées, et porter une épigraphe qui sera répétée sur l'enveloppe d'un billet cacheté contenant le nom et l'adresse de l'auteur.

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SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE CAMBRAI. La Société décernera, s'il y a lieu, en 1880, en séance publique, une médaille d'or, de vermeil, d'argent ou une mention honorable à l'auteur du meilleur mémoire sur « Les expositions des BeauxArts en province : leur utilité, ce qu'elles sont, ce qu'elles pourraient être, dans l'intérêt des arts et des artistes. >> Les envois devront parvenir franco au Président ou au Secrétaire de la Société avant le 1or Juin 1880.

LA SOCIÉTÉ DES Études historiques décernera, dans sa séance publique de l'année 1880, un prix de 1,000 fr. à l'auteur du meilleur mémoire sur la question suivante <<< Histoire des origines et de la formation de la langue française jusqu'à la fin du XVIe siècle ». Les mémoires manuscrits devront être adressés à M. l'Administrateur avant le 1er Janvier 1880. Ils ne seront point signés et porteront une épigraphe répétée sur un billet cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ils devront être inédits et n'avoir pas été présentés à d'autres concours. - L'auteur qui se sera fait connaître, sera, par ce seul fait, mis hors de concours. Les mémoires ne seront pas rendus; les auteurs auront la faculté d'en prendre ou d'en faire prendre copie. — La Société pourra les publier, en tout ou partie.

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SOCIÉTÉ DES SCIENCES, AGRICULTURE ET BELLES-LETTRES DE TARN-ET-GARONNE. Concours de 1880. La Société propose une médaille d'or de 200 fr. à la meilleure œuvre de poésie lyrique (ode, poème, stances, etc.); une médaille d'or de la valeur de 100 francs à la meilleure pièce de genre (conte, ballade, élégie, fable, etc.; une médaille d'argent de la valeur de 50 francs au meilleur groupe de trois sonnets. Des médailles de bronze pourront être accordées aux poètes qui auront obtenu des mentions honorables. Les sujets de ces compositions sont laissés au choix des concurrents. Les manuscrits devront être envoyés, francs de port, avant le 1er février 1880. plus amples renseignements, on est prié de s'adresser au secrétariat-général de la Société, à Montauban.

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Pour

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M. B., à Londres : J'ai reçu la somme que vous m'avez envoyée au nom du D' L. M. H. M., à Lisieux : Je tire le proverbe en question d'une comédie de Regnard parue en 1694. M. E. B., à Saint-Omer : Vous devez avoir reçu les numéros qui manquaient à votre collection; je vous les ai envoyés moi-même. M. A. L., à Londres: Ne craignez pas de m'envoyer les questions que vous avez recueillies; si je ne puis vous en donner la solution dans la 9° année, je vous la donnerai dans la 10o. Veuillez vous adresser, de ma part, à M. Henry Vaton, 23 et 25, quai Voltaire ; il vous procurera tous les ouvrages dont vous pourrez avoir besoin. - M. J. A., à Marseille: Avec le prix de votre abonnement, j'ai reçu l'étymologie de V. Jacquemont; je m'en occuperai dans quelque temps. - M. G. P., à Paris : J'ai parlé de « Tuer le mandarin », dans la 3° année du Courrier de VauGELAS, p. 36, ainsi que dans la 7° année, p. 9 et 66.

Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de une heure et demie à cinq.
Imprimerie G. DAUPELEY-GOUVERNEUR, à Nogent-le-Rotrou.

9. Année.

QUESTIONS

GRAMMATICALES

COURRIER

AVIS.

On peut s'abonner au journal le Courrier de Vaugelas dans tous les bureaux de poste de France et d'Algérie en y déposant simplement le prix de l'abonnement, attendu que le Rédacteur prend le droit de 3 °. à sa charge.

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois

(Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement récompensée à l'Exposition de 1878.)

PRIX :

Rédacteur: EMAN MARTIN

Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

ANCIEN PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES ÉTRANGERS
Officier de l'Instruction publique
26, boulevard des Italiens, Paris.

SOMMAIRE.

Communication relative à Voire même; Explication de Faire le diable à quatre; Orthographe de Jeter feu et flamme; Appréciation de Comme un coq dans un panier; S'il faut dire, en parlant d'une certaine sauce, Mayonnaise, Magnonnaise ou Mahonnaise; D'où vient l'expression Courte-pointe, sorte de couverture de lit. || Explication de la règle orthographique de Franc de port; Origine de l'expression proverbiale Téle baissée; Emploi de l'adjectif Hirsute; Dénomination de Camembert, donnée à une espèce de fromage. | Passe-temps grammatical. || Suite de la biographie

de Pierre Restaut. || Ouvrages de grammaire et de littérature.

|| Concours littéraires. | Réponses diverses.

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FRANCE

N' 13.

LE

DE

COMMUNICATION.

Journal Semi-Mensuel

Je viens de recevoir de Moscou une lettre qui contient les lignes suivantes :

1er Septembre 1879.

QUESTIONS PHILOLOGIQUES

VAUGELAS

Voici la 3 année que je suis votre abonné, et j'ai vu que vous relevez toujours la faute voire même, en disant qu'il y a longtemps que cette expression n'est plus employée. Cependant la fréquence même de cette faute, qui se retrouve sans cesse dans vos phrases à corriger, l'autorité de Littré et celle de l'Académie (édition de 1878) me font croire que cette expression n'est pas si vicieuse que vous voulez bien le dire. Et puis, je me rappelle très bien l'avoir rencontrée très souvent dans mes lectures. Je n'ai malheureusement pas la 2′ année de votre journal, et je ne puis pas, par conséquent, juger de la valeur des raisons qui vous empêchent d'admettre cette locution.

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Non quidem invides; mirar magis. (... bien plus j'admire, j'admire plutôt).

Le latin magis, par ellipse du g, a donné autrefois le mot mais, qui avait le sens de magis, c'est-à-dire qui signifiait plus, davantage :

De son ostel pou se mouvoit
Quar ne pooit chevauchier mais.
(Barbazan, t. I, p. 169.)

C'est son parler, ne moins ne mais.

(Villon, Grand Testam.) La langue moderne n'a conservé à mais le sens de plus, davantage que dans certaines locutions composées du verbe pouvoir :

Pour mettre mon correspondant à même de juger si j'ai tort ou raison de bannir voire même, je résume à son intention l'article que j'ai consacré (2o année, p. 185) à la question de savoir si cette expression est préférable Ce sens de mais n'étant pas antipathique à celui de à voire employé seul. voire (même), on les mit à la suite l'un de l'autre pour L'adverbe voire me semble venir non du latin verè, signifier et même qui plus est, une sorte de pléonasme:

Fait résonner sa queue à l'entour de ses flancs,
Bat l'air qui n'en peut mais; et sa fureur extrême, etc.
(La Fontaine, Fab., II, 9.)

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tence.

Dans quelques villes, il s'établit des diableries à poste fixe, comme on voit s'établir aujourd'hui une troupe de comédie, de tragédie, de vaudeville ou d'opéra. La diablerie de Saumur, celle d'Angers, celle de Montmorillon et surtout celle de Doué étaient célèbres.

La diablerie était de deux sortes relativement au nombre des acteurs : la petite, qui se jouait avec moins de quatre diables, et la grande, qui se jouait avec quatre.

Or, lorsque les diableries donnaient une représentation à quatre personnages, on disait naturellement

qu'elles faisaient le diable à quatre (en s'y mettant à quatre); et, attendu que le bruit ainsi obtenu était épouvantable, comme on peut d'ailleurs s'en assurer en lisant dans Rabelais le 13 chapitre de Pantagruel, on conçoit que, dans le langage familier, on ait fini par appliquer l'expression à une personne qui faisait un

grand bruit, un grand vacarme dans certaines cir

constances, ou qui se donnait beaucoup de mouvement pour faire réussir une entreprise :

Je m'en irai chez eux faire le diable à quatre.
(Hauteroche, Soup. mal apprêté, sc. 3.)
Oui, l'autre moi, valet de l'autre vous, a fail
Tout de nouveau le diable à quatre.

(Molière, Amph. III, 8.) Je ferai le diable à quatre pour faire accepter sa pancarte. (Voltaire, Lett. en vers et en prose.)

Une remarque qui n'est pas inutile, car elle concerne un mot qu'on ne trouve ni dans le Dictionnaire de

Littré, ni même dans celui d'Alfred Delvau. Du proverbe expliqué ci-dessus nous avons tiré le nom composé diable-à-quatre pour signifier un homme qui se donne beaucoup de mouvement pour faire quelque chose qu'il a entrepris, nom qui se rencontre dans le premier couplet d'une vieille chanson bien connue :

Vive Henri Quatre!
Vive ce roi vaillant!
Ce diable-à-quatre
A le triple talent

De boire et de battre
Et d'être vert galant.

Seconde Question.

Je trouve dans un journal : « Il jetait FEUX ET FLAMMES et nous menaçait d'un beau tapage pour la reprise de la session ». Croyez-vous qu'il faille ainsi, dans ce proverbe, mettre FEU et FLAMME au pluriel?

Le Dictionnaire de Furetière (1690) écrit jeter feu et flammes, avec flammes au pluriel; celui de Trévoux (1771) écrit jeter feu et flamme, avec les deux substantifs au singulier; dans la phrase que vous me soumettez, feu et flamme sont tous les deux au pluriel.

Laquelle de ces trois manières est la meilleure?

A mon avis, c'est la seconde, et j'en justifie ainsi qu'il suit l'orthographe :

D'après M. Littré, on dit d'un volcan qu'il « vomit feu et flamme » pour signifier qu'il est en éruption. Or, attendu que vomir se traduit aussi par jeter, il est tout naturel de dire et d'écrire jeter feu et flamme, pour signifier, au figuré, que quelqu'un se livre à un grand emportement.

Du reste, c'est aussi celle qui me semble la plus usitée; car lorsque je me suis livré aux recherches nécessaires pour vous répondre, je l'ai rencontrée plus souvent que les autres.

X
Troisième Question.

En Normandie, quand on veut exprimer que quelqu'un est dans une bonne condition de fortune, qu'il a assez

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