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(Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement récompensée à l'Exposition de 1878.)

PRIX :

Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

AVIS.

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On peut s'abonner au journal le Courrier de Vaugelas dans tous les bureaux de poste de France et d'Algérie en y déposant simplement le prix de l'abonnement, attendu que le Rédacteur prend le droit de 3 °. à sa charge.

SOMMAIRE.

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Communications sur Gris (ivre), sur Vélocifère, sur Se lever dès le Potron minet, et sur Une heure trois quarts, Deux heures moins un quart; Étymologie de l'adjectif Gai; Si l'on peut dire Bombarder quelqu'un ambassadeur; Orthographe de l'expression En traître. || Étymologie du mot Soldat;· S'il est correct de répéter Monsieur sur une lettre ; Peut-on dire Payer rubis sur l'ongle. || Passe-temps grammatical. || Fin de la biographie de l'abbé Dangeau. || Ouvrages de grammaire et de littérature. || Concours littéraires. || Réponses diverses.

FRANCE

COMMUNICATIONS.
I.

Un abonné de Limoges qui n'a pas été satisfait du procédé que j'ai employé (p. 169, 8° année) pour expliquer l'étymologie de gris (ivre), aurait dit ce qui suit s'il eût été à ma place :

Au moyen âge, on disait les Grier en parlant des Grecs : Des Griex avoit tant sur la rive venus qu'il n'estoit fins ni mesure.

(Villehardouin.)

De Griex on a pu faire le verbe griecser (x pour cs); le c est tombé par raison d'euphonie, et l'e a eu le même sort : ce qui lui arrive dans plusieurs langues, lorsqu'il se trouve placé entre l'i et une autre lettre; s'il persiste, on le supprime du moins dans la prononciation. Enfin, rien de plus facile que de passer de griser à gris.

Cette interprétation permettrait de ne pas remonter jusqu'aux Grecs d'Horace, et de s'arrêter à ces Grecs de Constantinople dont les mœurs valaient moins encore que celles que le poète latin a voulu flétrir.

Moi, si j'étais à celle de mon honorable contradicteur, je regretterais peut-être d'avoir écrit les lignes qui précèdent, parce qu'elles suscitent les objections que

voici :

ABONNEMENTS:

Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque.

1° C'est commettre une faute que de chercher à tirer un mot quelconque d'un nom pluriel, parce que c'est généralement avec le singulier que se font les dérivés.

2o C'est une erreur de croire que Griex ait pu faire le verbe griecser, car l'i n'était pas prononcé dans Griex, comme le fait voir Génin (Variations, p. 153).

3o En admettant que Griex ait donné un verbe, ce ne pourrait être que gréciser, la terminaison iser étant, dans notre langue, celle que prennent les verbes dérivés des noms de peuples.

4o Il est moins facile qu'on ne pense de passer de griser à gris, pour cette simple raison que si beaucoup de nos verbes ont été formés d'adjectifs, je ne crois pas que nous possédions un seul adjectif qui ait été formé d'un verbe par retranchement de la terminaison.

II.

Dans mon numéro 16, p. 123 de la 8e année, j'ai dit que le nom de Vélocifère avait été donné au commencement du premier Empire à un équipage de l'espèce du vélocipède. C'est une assertion fausse que je m'empresse de rectifier après avoir trouvé ce qui suit dans la précieuse correspondance de M. Maisonrouge (27 février 1878):

Vous êtes tombé, Monsieur, dans une grave erreur, permettez-moi de vous le faire remarquer, à propos de vélocifere, qui n'a jamais eu le moindre rapport avec vélocipède. En relisant les courts textes que vous relatez, vous vous convaincrez qu'il faut considérer le vélocifère comme un équipage traîné par des chevaux. Les dénominations de vélocifères, de célérifères et autres furent données non pas précisément à des voitures, mais à des entreprises de voitures desservant les environs de Paris. C'étaient des entreprises de diligences qui voulaient se distinguer les unes des autres par des sobriquets ne signifiant guère plus que depuis, parmi les omnibus, ceux de Favorites, de Dames blanches, d'Écossaises et autres. Certaines voitures pour Versailles s'appelaient Gondoles. Que voulez-vous en conclure, s'il vous plaît?

à Rouen par la route d'en haut spécialement. Ils étaient réputés par l'excessive rapidité de leur marche et aussi par la fréquence des culbutes.

Si ma mémoire n'est point en défaut, les vélociferes allaient

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Pour moi, une étymologie n'est admissible que lorsque je n'y trouve aucune objection sérieuse, et en voici trois, non sans valeur, il me semble, que l'on peut adresser à la précédente :

4° « Ce n'est pas potron, c'est potrou qu'il faut dire ».

Dans toute la Basse-Normandie, on dit potron, si je suis bien renseigné. Or, attendu que les habitants de ce pays prononcent biniou comme les Bretons eux-mêmes, je crois que s'ils leur eussent emprunté potrou, ils ne l'auraient pas plus changé en potron qu'ils n'ont changé biniou en binion.

2" « Se lever comme potrou Minet, c'est se lever en même temps que les valets de Minet ». Le proverbe se Le proverbe se dit partout Se lever dès le potron Minet. Or, comment pourrait-on expliquer l'emploi de cet article au singulier devant potron si celui-ci venait de potrou? Les BasNormands, qui sont voisins de la Bretagne, devaient certainement savoir le nombre de potrou.

3o« Il y eut probablement un Minet qui connaissait avant La Fontaine le procédé de la Vieille envers ses deux servantes >>. Pendant que Génin traitait cette question dans l'Illustration, il fut informé par lettre qu'il y avait une province où le proverbe dont il s'agit se disait Se lever dès les chats. Or, après cela, comment est-il possible de voir dans Se lever dès le potron Minet des valets » qu'un maître portant tantôt un nom, tantôt un autre, faisait déguerpir du lit avant l'heure ordinaire où les domestiques se lèvent?

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IV.

A propos de la solution que j'ai donnée (2o année, p. 66) de la question de savoir s'il faut dire «< deux heures moins le quart », ou « deux heures moins un quart », un abonné, M. Barnier, m'a écrit ce qui suit, le 31 mars 1879 :

Je ne discuterai pas le mérite de cette construction au point de vue grammatical; mais il me serait agréable de savoir si vous ne jugez pas préférable de dire Une heure 3/4 au lieu de Deux heures moins un quart, une addition se faisant d'ordinaire plus rapidement par la pénsée qu'une soustraction.

Les employés des chemins de fer ne construisent jamais leurs phrases avec l'adverbe moins, ils préfèrent sousentendre l'adverbe plus et dire une heure 3/4. En matière de service, ils comptent même par minutes et disent une heure 45. L'emploi de l'adverbe moins a d'ailleurs pour résultat, me semble-t-il, de rendre moins intelligible le sens de la phrase. On commence par dire qu'il est deux heures; mais on ajoute ensuite qu'il faut soustraire un quart. Il n'est donc pas une heure, puisqu'il faut retrancher quelque chose de cette quantité.

Pour exprimer un temps précis contenant un certain. nombre d'heures plus une fraction, nous avons deux moyens :

4° Commencer par le chiffre désignant l'entier et y joindre, avec et le plus souvent, la fraction d'heure : 2 heures 1/4; · 2 heures et demie; - 2 heures 3/4; 2 heures 55 minutes.

2o Additionner au chiffre de l'entier jusqu'à la demie inclusivement, puis continuer en soustrayant du même chiffre, augmenté d'une unité, la fraction dont il surpasse le temps à désigner:

3 heures 1/4; 3 heures 25'; 3 heures 1/2. 4 h. moins 25'; - 4 h. moins 1/4; 4 h. moins 10'. Lequel des deux systèmes est préférable à l'autre, ou, pour me renfermer dans la question posée, vaut-il mieux, la demie une fois atteinte par addition, continuer la même opération, ou pratiquer la soustraction?

Je préfère cette dernière opération; car si elle n'est pas plus logique, elle fournit une expression plus facile à comprendre comme exprimant la fraction d'heure par un chiffre moins gros.

Pour 18 Pour 19 Pour 39

-

J'ai du reste deux faits analogues à citer en faveur de cette thèse, l'un relatif aux Romains, l'autre, aux Anglais. En effet, quand les premiers voulaient désigner un nombre inférieur d'une ou de deux unités à une dizaine supérieure à dix, ils faisaient la soustraction; ainsi ils disaient, par exemple :

Duo-de-Vigenti (20 −2). Un-de-Vigenti (21 — 1). Undequadraginta (40 — 1).

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Postquam oleo gavisa cutis (quand la peau se fut réjouie, saturée d'huile). (Stace.) Gavisa est sanguine porcæ (elle accepta avec plaisir le sacrifice d'une truie). (Ovide.) Or, dans une foule de cas, la consonne médiale v du latin a disparu quand le mot qui la contenait a passé en français, ce dont voici des preuves :

Pavonem. franç. Paon.

Pavorem.

Vivenda.
Aviolus.

Peur.
Viande.
Aïeul.

Par conséquent, gai a pu venir de gavisus en subissant les transformations suivantes : gavisus = gaisus (par suppression du v) gaius (lequel existait comme nom propre en latin) = gai par suppression de finale. Maintenant, peut-on dériver aussi facilement gai de

=

l'ancien haut allemand gaki?

Cela me semble impossible pour plusieurs raisons : 1° Le son ai est bref dans gai, et s'il venait de gaki, où l'a est long, il devrait en être autrement.

2o Dans l'intérieur des mots, on s'explique bien la disparition dev, labiale faible; mais on s'explique moins facilement celle de k, palatale forte.

3o A la rigueur, on pourrait admettre que gaki eût donné gai au français à cause des invasions germaniques répétées dans l'Est de la France; mais comment admettre que gai existant dans les langues néo-latines (gayo en italien et en espagnol, et gaïo en portugais) soit tiré de la même source?

A mon avis, gai vient plutôt de gavisus que de gáki. X

Seconde Question.

Dernièrement, j'ai entendu dire à quelqu'un « Et : pour mieux accentuer la chose, on BOMBARDE M... ambassadeur à... » Voudriez-vous bien me dire, je vous prie, ce que vous pensez de ce verbe, que la dernière édition de l'Académie n'a pas enregistré dans ce sens?

1° Pour signifier accabler quelqu'un ou quelque chose de projectiles autres que ceux de guerre :

Telles sont les pommes et les pelures d'orange dont le public espagnol ne manque pas de bombarder les acteurs qui lui déplaisent.

(Th. Gautier, cité par le Gr. Dict. du XIXe siècle.) Le chevalier de Spontini bombarde dans ce moment ces pauvres Parisiens avec des lettres lithographiées.

Dans le discours familier, le mot bombarder s'emploie exemples: de deux manières différentes, au figuré :

(H. Heine, cité par le même ouvr.)

2o Pour dire élever quelqu'un avec une sorte de précipitation et de violence comparée à celle d'une bombe, à un poste, à une position :

Il s'agissait d'une dame d'atours; le roi voulut une duchesse, et j'ai dit pourquoi et comment Mme de Maintenon y bombarda Mme d'Arpajon.

(Saint-Simon, Mém. t. II, ch. 12.) Ses protecteurs se servirent du progrès du jeune prince pour ne le point changer de main et laisser faire Dubois; enfin ils le bombardèrent précepteur.

(Idem, II, 42.)

Or, attendu que, dans la phrase que vous me proposez, le verbe en question est employé et construit comme dans les derniers exemples que je viens de citer, et que d'ailleurs les hommes de lettres se servent fréquemment dudit verbe, je crois devoir en approuver l'usage, malgré l'oubli de l'Académie à son égard.

Troisième Question.

J'ai recueilli cette phrase dans un journal : « Si nous sommes assez sots pour nous laisser vaincre, nous ne pouvons pas dire que nous avons été pris EN TRAÎTRE »; mais J.-J. Rousseau a écrit (lettre à M. de Saint-Germain, 26 février 1770): « Aucun d'eux osa-t-il l'attaquer en face? Ils le prirent EN TRAÎTRES ». Est-ce que l'expression EN TRAÎTRE est susceptible de pluriel? M. Littré en

fait une « locution adverbiale ».

--

La langue française a deux expressions pour rendre le sens de prendre quelqu'un traitreusement, savoir: prendre quelqu'un en trahison, qui est la plus ancienne, et prendre quelqu'un en traître, qui est venue en usage à une époque pouvant être antérieure au XVIIe siècle, puisqu'on la trouve dans les vers suivants :

Va, tu l'as pris en traitre; un guerrier si vaillant
N'eût jamais succombé sous un tel assaillant.

(Corneille, le Cid, V, 6.)

La première n'offre aucune difficulté pour son orthographe; mais il n'en est pas de même pour la seconde : faut-il, comme certains grammairiens le veulent, que trattre y soit toujours invariable; faut-il, comme le pensent quelques auteurs, qu'il varie quelquefois?

A mon avis, il y a deux cas à considérer: 4° quand le verbe prendre a la forme active, il veut être suivi de en traître, au singulier ou au pluriel, selon que son sujet est singulier ou pluriel; 2° quand le verbe prendre a la forme passive, il faut remplacer le complément en traitre par en trahison.

Voici, du reste, la justification de cette règle sur des

Soit proposé d'écrire les phrases suivantes :

Tu les a pris en traître.

Ils m'ont pris en traître.

Elles n'ont pas agi loyalement; elles nous ont pris en traître.

Il faut qu'ils aient été pris en traitre.

Dans la première phrase, qui prend par trahison? C'est tu; donc en traître au singulier, parce qu'on dirait Tu les as pris en jouant à leur égard le rôle de traître. Dans la seconde, qui prend par trahison? C'est ils; il faut, en conséquence, traître avec une s, parce qu'on pourrait dire : ils m'ont pris en jouant à mon égard le rôle de traitres. Dans la troisième, qui a pris par trahison? C'est elles; il faut écrire en traîtres, parce qu'on pourrait dire: elles nous ont pris en jouant à notre égard le rôle de traitres. Dans la quatrième, enfin, qui a pris par trahison? Une personne ou des personnes dont le nom n'est pas dans la phrase, ce qui empêche que l'on puisse savoir si traître doit être au singulier ou au pluriel à en traitre, qui crée celte

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impasse orthographique, je préfère en trahison, qui | guerre, soldat, tiré de soldato, fut si exclusivement n'a pas un tel inconvénient.

En vertu de cette règle, aussi logique, il me semble, qu'on peut le désirer, la phrase de Rousseau qui entre dans votre question est irréprochable, mais celle qui la précède requiert en trahison.

adopté qu'il fit disparaître, en tant que noms communs, tous les anciens noms par lesquels on avait jusqu'alors désigné ceux qui recevaient une solde dans l'armée, fait confirmé, du reste, par Henri Estienne dans ses Deux dialogues du langage françois italianisé.

ÉTRANGER

Ainsi, soldat vient de l'italien soldato, venu lui du bas-latin solidatus, qui avait été tiré de solidus, nom d'une pièce de monnaie dont nous avons fait notre sou.

Première Question.

Veuillez m'expliquer dans votre journal l'étymologie du mot SOLDAT. Ce que j'en trouve dans les dictionnaires ne me satisfait point.

Le latin avait le substantif solidus pour désigner une pièce de monnaie, mot dont nous avons fait solde, la pièce de monnaie ayant été prise pour la somme payée.

De solidus le bas-latin fit solidatus, pour désigner celui à qui, dans une armée, on avait promis une solde au nom de l'empereur, fait attesté par Justin (vers l'an 40), Végèce (fin du Ive siècle), et par Cassiodore (480).

Les écrivains latins du moyen âge changèrent la terminaison de cet adjectif; chez eux, un homme de guerre stipendié fut appelé solidarius, comme le montrent ces quelques exemples recueillis dans le Dictionnaire de Ménage :

Qui adversus Guillelmum Siculum largitione pecuniæ milites, qui solidarii vocantur, colligeret.

Solidarius, ad solidum pertinens, vel scilicet solidum accipiens, vel solidis serviens.

Capitales Barones suos cum paucis secum duxit: solidarios verò milites innumeros.

Or, ces expressions (solidatus et solidarius) ont passé, après contraction, dans les langues néo-latines: solidatus, sous la forme soldato en italien, et sous celle de soldado en espagnol, et solidarius sous celle de soudard en français, comme en font foi ces exemples:

Les soudars qui font profession des armes sont vulgairement appelés, en bon français, gens d'espée.

(Savaron, Traité de l'Espée, p. 86.) Comme les soldars ne laissent pas de s'exercer aux armes durant la paix; ainsi, en temps de prospérité, il ne faut laisser de s'esprouver contre la fortune.

(Desrues, Marguer. franç. p. 213.)

Avec le mot solde, la langue française avait aussi créé deux mots pour signifier un homme de guerre qui recevait une paie soudoiant et soudier (le même que l'anglais soldier, pron. sóldjeur), comme en voici la preuve :

La fille du roi se sauve de son père, qui vouloit l'épouser, se déguise en homme, fut soudorant de l'empereur de Constantinople, puis devint sa femme.

(De Beauchamps, Titre d'une moralité, p. 110.)

Se chevalier ou sergeant d'armes ou autre qui ait esté sodoier se veaut clamer de son seigneur, ou de sa dame, de ce que l'on li doit.

(Assises de Jérusalem, p. 130, cité par Du Cange.) Mais quand l'italien devint à la mode en France (au XVIe siècle), c'est-à-dire quand les courtisans substituèrent à des mots français une foule de termes italiens relatifs aux lettres, aux arts, et surtout à celui de la

Dans la re édition de son Dictionnaire étymologique, publiée en 1650, Ménage nous apprend que le mot soldat datoit à peine d'un siècle ». Cela semble reporter son apparition en français, au règne de Henri II ou à celui de François II, c'est-à-dire entre 1547 et 1560. X Seconde Question.

Est-il correct, dans la suscription d'une lettre, de mettre deux fois le mot MONSIEUR comme le font beaucoup de personnes, et si cela doit se faire, quelle en est

la raison?

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seconde formule convient seule quand on écrit à un supérieur, et qu'elle peut encore servir quand on écrit à une autre personne, puisque, par politesse, on peut toujours traiter quelqu'un comme s'il était au-dessus de nous.

Troisième Question.

Je sais que l'on peut dire : Boire rubis sur L'ONGLE; mais j'ai entendu dire aussi PAYER RUBIS SUR L'ongle. Cette dernière expression est-elle bonne? Je vous serais reconnaissant de me le faire savoir.

On peut également bien employer la seconde expression, ce qui s'explique du reste facilement.

En effet, dans l'expression Boire rubis sur l'ongle les mots rubis sur l'ongle signifient entièrement. Or, si dans payer entièrement, on remplace l'adverbe par son équivalent, il vient :

Payer rubis sur l'ongle.

...

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL.

Corrections du numéro précédent.

1. ni une somme moindre de qui que ce soit (le mot quiconque doit toujours remplir une double fonction); - 2°... dont les victimes préfèrent garder l'affront plûtot que de (Voir Courrier de Vaugelas, 4° année, p. 153); 3. mais c'est ici précisément qu'il ne faut; -4° ... l'homme descendrait ainsi jusqu'à ce que le pied lui manquát; 5. Ce que nous voulons ne s'acquiert pas en un jour; 6° la défense de ces docteurs en ignominie (voir Courrier de Vaugelas, 1o année, p. 4, col. 1);

7° et la lèvre épaisse du nègre (Le mot lippu signifiant qui

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...

a les lèvres grosses, l'expression « lèvres lippues » est un pléonasme); - 8° avec une voix nasillarde (l'adjectif canarde ne s'emploie pas dans ce sens).

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Phrases à corriger

trouvées toutes dans la presse périodique.

1. Sauriez-vous me dire, interrogea le vieux Breton, pourquoi deux employés agitent de temps en temps de petits drapeaux sur notre route.

2o Le crayon de Daumier s'est moqué cent fois de ces

petits propriétaires en rupture de comptoir qui s'essoufflent, sous le soleil chaud, à arroser un jardin grand comme un drap de lit.

3° L'an dernier, dans un coin perdu du Havre, à la Villa des Falaises, charmant endroit assez éloigné où les maisonnettes surplombent sur la mer, et que Mme Judic habita tout un été, mêlant ses refrains des Bouffes, etc.

4. Ces groupes, sur l'ordre de M. Garnier, viennent d'être

retirés comme ne remplissant pas le but artistique désiré,

et placés dans une autre partie moins en vue du monument.

5. Le père Brenner, las de le nourrir, et voulant s'en débarrasser, résolut de l'expédier, sans autre forme, chercher fortune ou mourir de faim.

6. Eh bien! en bonne conscience, pouvait-on considérer que la preuve fût faite et que l'Opéra populaire dut être à jamais enseveli dans l'oubli?

7 Beaucoup d'officiers, de magistrats, de savants, d'ar

tistes et de gens de lettres, de boursiers, d'hommes poli

tiques, voire même des ennemis de la République venus pour voir comment s'en tireraient ces gens-là.

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(Fin.)

V. Je retranche fort souvant des lètres que je croi inutiles, j'écris savant, savoir sans c. J'écris acompli par un seul c, et apliquer par un seul p, parce que je ne vois pas de quel usage sont ces consones doubles. Il y a beaucoup d'autres mots où j'aurois pu en user de la même manière, mais je n'ai osé faire ce que je croirois le plus parfait; je respecte quelquefois les usages anciens sans les aprouver. Si l'on pouvoit retrancher toutes les lètres inutiles, un Livre de quatre cens pages seroit réduit à trois cens, et par là seroit moins ambarassant et à meilleur marché, et ceus qui aprènent à lire soit Fransois, soit Étrangers, n'y trouveroient plus tant de dificulté.

VI. J'ai retranché l'h de Cronologie et de Teorie, et de quelques mots samblables, parce qu'èle ne fait qu'ambarasser le Lecteur. J'ai écrit Filipe et Filosofe avec des F au lieu des Ph, que les Latins y mètent. J'ai cru que les Fransois devoient laisser aus lètres fransoises le son qu'èles ont naturèlemant. Si les Latins en ont usé autremant, ils avoient leurs raisons. Je croi que dans les mots où les Grecs se servoient du et du X, Ф les Latins gardoient l'aspiration naturèle à ces deus lètres Grecques, et qu'ils prononsoient les prèmières silabes de Philosophia et de Character autremant que cèle de figura et de caput : et aparamant s'ils les avoient prononcées de la même manière, ils les auroient exprimées aussi par les mêmes lètres. Et nous voyons qu'un de leurs Poëtes se moque d'un home qui prononçoit Phundanus au lieu de Fundanus, preuve certaine qu'ils ne prononsoient pas le Ph comme F. Quand il leur est arivé d'adoucir l'aspiration du Grec ils ne se sont plus servis du Ph, ils avoient pris le mot de fama du qun des Grecs; mais ils l'ont écrit par F, parce qu'ils prononsoient la prèmière silabe sans aspiration, et tout de même que cèle de facio. Je pourois dire la même chose de fabula, fari, et de quelques autres mots qui sont écrits en Latin par des F, et non par des Ph, quoiqu'ils viènent des mots Grecs où il y a des . Pourquoi ne pas imiter les Italiens et les Espagnols qui n'ont pas cru être obligés à garder l'Ortografe Latine dans les mots venus du Grec, et qui écrivent Teologo sans h, Filosofo et Filippo, par des F, etc.

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