DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'A L'INVASION DES BARBARES NOUVELLE ÉDITION Revue, augmentée et enrichie d'environ 2,500 gravures dessinées d'après l'antique et de 100 cartes ou plans. TOME PREMIER DES ORIGINES A LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE PUNIQUE Contenant 518 gravures, 9 cartes, 1 plan et 7 chromolithographies. Prix 25 francs le volume. Paris, librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain. CONCOURS LITTÉRAIRES. LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES HISTORIQUES décernera, dans sa séance publique de l'année 1880, un prix de 1,000 fr. à l'auteur du meilleur mémoire sur la question suivante : « Histoire des origines et de la formation de la langue française jusqu'à la fin du xvie siècle ». Les mémoires manuscrits devront être adressés à M. l'Administrateur avant le 1er Janvier 1880. Ils ne seront point signés et porteront une épigraphe répétée sur un billet cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ils devront être inédits et n'avoir pas été présentés à d'autres concours. L'auteur qui se sera fait connaftre, sera, par ce seul fait, mis hors de concours. Les mémoires ne seront pas rendus; les auteurs auront la faculté d'en prendre ou d'en faire prendre copie. La Société pourra les publier, en tout ou partie. ACADÉMIE FRANÇAISE. L'Académie propose pour sujet du prix d'éloquence à décerner en 1880: ELOGE DE MARIVAUX. Les ouvrages envoyés à ce concours ne seront reçus que jusqu'au 31 décembre 1879. Les ouvrages manuscrits destinés à concourir devront étre déposés ou adressés francs de port, au secrétariat de l'Institut, avant le terme prescrit, et porter chacun une épigraphe, ou devise, qui sera répétée dans un billet cacheté joint à l'ouvrage, et contenant le nom et l'adresse de l'auteur, qui ne doit pas se faire connaître d'avance. Si quelque concurrent manquait à cette dernière condition, son ouvrage serait exclu du Concours. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des manuscrits qui lui auront été adressés; mais les auteurs pourront en faire prendre des copies. La Société nationale d'éducaTION DE LYON destine, pour 1879, un prix de 300 fr. au meilleur mémoire inédit sur ce sujet : « Pourquoi, dans les écoles de quelques nations étrangères, les punitions corporelles n'ont-elles pas été supprimées comme dans les écoles françaises? Apprécier les conséquences des deux systèmes. » — Le prix sera décerné dans la séance publique de 1880. Les mémoires devront être adressés franco, avant le 1er novembre prochain. Pour plus amples renseignements s'adresser à M. Palud, rue de la Bourse, no 4. Réponses diverses. M. A., à Pedicroce (Corse) : Votre 2TM année étant payée, vous ne me devez plus rien. — M. G. C. E., à Neerbosch (Hollande): Veuillez vous adresser de ma part à M. Pelletier, 7, rue de l'Odéon, à Paris; ce monsieur doit être en mesure de vous procurer la personne que vous désirez. M. E. L., à Weiden (Bavière) : J'envoie franco, mais payable d'avance, toutes les années de ma Collection, au prix de 6 fr. l'année. M. B. E., à Reims : Aussitôt que j'aurai rencontré le guide dont vous avez besoin, je m'empresserai de vous en avertir à cette place de mon journal. A mon avis, trois années mises ensemble formeraient un assez joli volume; c'est la manière, du reste, dont je me propose de faire relier l'ouvrage quand la réimpression va être achevée et que l'année courante sera finie. Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de une heure et demie à cinq. Imprimerie G. Daupeley-Gouverneur, à Nogent-le-Rotrou. (Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement récompensée à l'Exposition de 1878.) PRIX : Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis. AVIS. Dorénavant, on pourra s'abonner au Courrier de Vaugelas dans tous les bureaux de poste de France et d'Algérie en y déposant simplement le prix de l'abonnement, attendu que le Rédacteur prend le droit de 3 °. à sa charge. SOMMAIRE. Si l'on Origine du proverbe De marchand à marchand il n'y a que la FRANCE Première Question. ABONNEMENTS: Se prennent pour une année entière et partent tous de la même Jépoque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque. avec la sienne de la ceinture, sous laquelle en présence de plusieurs autres marchands qui se rencontrent quelquefois dans la meme sale, le marché se fait secretement sans que personne en ait connaissance. Car alors le vendeur et l'acheteur ne se parlent ni de la bouche ni des yeux, mais seulement de la main, ce qu'ils font de cette maniere. Quand le vendeur prend toute la main de l'acheteur, cela veut dire mille, et autant de fois qu'il la luy presse ce sont autant de mille pagodes ou roupies, selon les especes dont il est question. Quand il ne prend que les cinq doigts, cela signifie cinq cens, et s'il n'en prend qu'un, c'est cent. N'en prenant que la moitié jusqu'à la jointure du milieu, cela veut dire cinquante, et le petit bout du doigt jusqu'à la première jointure signifie dix. Selon moi, c'est ce passage qui est l'origine du proverbe dont vous désirez l'explication, et voici les diverses raisons sur le faisceau desquelles je fonde ma croyance: 1° Ce proverbe n'est ni dans Nicot (1606), ni dans. Antoine Oudin (1656), ni dans Cotgrave (1660), et il se trouve dans la première édition de Furetière (1690). Or, attendu que les Voyages en Turquie, en Perse et aux Indes furent publiés à Paris de 1677 à 1679, il me semble tout naturel qu'une expression qui s'y trouvait renfermée ait été généralement accueillie comme proverbe une dizaine d'années après, surtout quand je songe que l'ouvrage qui la contenait a été réimprimé plusieurs fois, grâce à la curiosité qu'il a excitée à son apparition. 2o Le sens figuré de l'expression qui nous occupe n'existe ni dans la première édition de Furetière, ni dans l'édition de l'Académie de 1717; c'est seulement dans le Furetière de 1727 qu'il apparaît. Or, ceci n'est-il pas un indice qu'en 1690 ladite expression était encore de fraiche date dans son emploi au propre, circonstance qui cadre parfaitement avec le fait dans lequel je place son origine? 3o Le chapitre auquel appartient le passage que j'ai reproduit plus haut est intitulé De marchand à marchand il n'y a que la main. Or, on ne peut être surpris que ce titre ait passé dans toute sa teneur à l'état de proverbe, quand on a vu la même bonne fortune arriver récemment à Ceci tuera cela qui, comme on sait, est aussi un intitulé de chapitre dans un ouvrage ayant eu beaucoup de lecteurs. J'ai dit, dans mon numéro 4, p. 28, col. 4, que c'est au commencement du xvIIIe siècle que main, au sens de petite distance, était venu en usage. En voici la preuve avec quelque chose de plus précis : le mot main a pris cette signification surtout après que De marchand à marchand il n'y a que la main s'est employé au figuré. Or, le sens figuré de cette expression existant dans le Furetière de 1727 et n'existant pas dans l'Académie de 1717, il s'en suit que c'est, selon toute apparence, entre ces deux dates que main, au sens de petite distance, a commencé à s'employer. X Seconde Question. Comment expliquez-vous le sens de BEAUCOUP que prend la préposition PAR dans PAR TROP; comme lors« Cet habit est PAR TROP qu'on dit, par exemple: »? LONG » En latin, la préposition per se joignait aux adjectifs, 1° Sans tmèse, devant les verbes; ainsi on trouve: Il [l'empereur] fust paralés jusques à Salenyque s'il peust. (Villehardouin, p. 194.) Moult par li est au cuer amere Trop par eüs le cueur hardi (Idem.) Mais le français moderne a bouleversé cette syntaxe de par; il l'a mis avant l'adverbe, qu'il suivait dans le vieux français, comme le montrent les exemples que je viens de citer; et, de plus, il a borné son emploi au cas où l'adjectif est accompagné de trop. Voilà comment s'explique par, au sens de beaucoup, dans la phrase: « Cet habit est par trop long ». X Troisième Question. En parlant d'un évêque, il y a des journaux qui disent MONSIEUR et d'autres MONSEIGNEUR. Laquelle de ces deux qualifications est la meilleure, d'après vous? Pendant la plus grande partie du xvi° siècle, on désigna les évêques et les archevêques par le nom de monsieur en y mettant le nom de leur évêché ou de leur archevêché. Bossuet est toujours appelé Monsieur de 2° Avec tmèse, devant les adjectifs, privilège qu'il Meaux, et Fénelon, Monsieur de Cambrai il suffit, pour s'en convaincre, de parcourir les lettres de Mme de n'avait pas dans la langue latine : Sévigné. Remarquez que, dans cette phrase et autres d'une construction semblable, la préposition par se rapporte à l'adjectif, et non à trop; la preuve en est dans les derniers exemples de vieux français qui terminent ma solution par s'y trouve après moult, trop et tant, ce qui n'aurait certainement pas lieu s'il en était le modificatif, et non celui de l'adjectif. Estant encore enfant, j'avois grand commerce de lettres avec feu Monsieur Coëffeteau Evesque de Dardanie. Ce sçavant prelat se contenta tousjours de Monsieur dans nostre commerce. En ce mesme temps nous n'escrivions pas d'une autre sorte à Monsieur l'Evesque de Luçon, qui s'est depuis eslevé si haut au dessus de toutes les qualitez et de tous les titres. Monsieur de Racan fut le premier qui me mit du scrupule dans l'esprit, et qui me remontra que la dignité d'Evesque ne devoit pas estre moins respectée par un vray chrestien, que celle de Duc et de Pair par un naturel françois. Sa remontrance me sembla fondée en raison, et nous resolusmes luy et moy de donner à l'avenir du Monseigneur à tous les Evesques, sans excepter l'Evesque de Bethleem; quoy qu'il logeast dans un trou d'un college de Paris; quoy qu'il allast à pied par les rues, quoy qu'il fust luy-mesme son aumosnier. Cependant, vers 1687, les évêques avaient résolu d'obtenir un titre qui était accordé à la plupart des seigneurs et des grands dignitaires. Saint-Simon l'indique en passant dans ses Mémoires (VII, 452): Dans une assemblée du clergé (tenue vers la fin du xvi1' siècle) les évêques, pour tâcher de se faire dire et écrire monseigneur, prirent délibération de se le dire et de se l'écrire réciproquement les uns aux autres. Ils ne réussirent à cela qu'avec le clergé et le séculier subalterne. Tout le monde se moqua d'eux et on riait de ce qu'ils étaient monseigneurisés. Malgré cela, ils ont tenu bon, et il n'y a point eu de délibération parmi eux sur aucune matière, sans exception, qui ait été plus invariablement exécutée. En 1690, comme nous l'apprend De Caillières dans son ouvrage intitulé Des mots à la mode, les évêques se disaient monseigneur entre eux : Les évêques se traitent réciproquement de monseigneur. L'usage de dire monseigneur aux évêques n'a pas été accepté sans résistance, tant s'en faut; on en voit la preuve dans Mme de Maintenon (Lettr. au cardinal de Noailles, 12 octobre 1695); mais enfin le public finit par s'y accoutumer, car on trouve dans le Trévoux de 1774 « On traite les ducs et pairs, les archevêques Je répète à ces princes qu'on les trompe, en leur faisant regarder comme un appui une oligarchie qui les a si longtemps rivalisés. (Comte de Ségur, Gal. mor., t. m.) Quatrième Question. Pensez-vous que l'on puisse dire correctement que l'ON RIVALISE QUELQU'UN? Je vous remercie de la réponse que vous voudrez bien faire, je pense, prochainement à cette question de grammaire. Cinquième Question. Quelle est, je vous prie, l'explication de BOIRE RUBIS sur l'ongle, qui se dit pour signifier vider entièrement le verre dans lequel on boit? De tout temps, le point d'honneur parmi les hommes sachant bien boire fut de vider complètement son verre. Chez les Romains, on y avait satisfait lorsque le verre étant renversé, il n'en tombait rien qui produisit quelque bruit sur le sol; du moins Pline le dit dans ce passage (liv. XIV, p. 541) : A Paris, la soie rivalise le pinceau, et va jusqu'à reproduire sur les somptueuses tentures des Gobelins les tableaux des plus grands maîtres. (A. Martin, dans le Dict. de Bescherelle.) D'autorité, on lui décerna tous les dons des fées, et il fut convenu qu'il rivaliserait la grande Judic... et on sait le reste. (Th. de Banville, Rev. dram. du 29 juillet 1878.) Torquatus eut la gloire peu commune (l'art de boire a aussi ses règles) de ne jamais laisser au fond du vase de quoi produire un bruit en tombant sur le plancher. La preuve d'un verre bien vidé se fit chez nous d'une autre manière on le pencha sur l'ongle du pouce, on fit voir qu'il n'en sortait plus qu'une goutte, et l'on rendit boire tout par l'expression boire la goutte sur l'ongle qui se trouve dans Cotgrave (1660): Je ne saurais préciser l'époque à laquelle le verbe en question devint actif; mais je puis affirmer que ce fut au moins en 1847, vu qu'il est employé comme tel dans la phrase qui suit, extraite d'un ouvrage dont la première édition parut cette même année : Boire la goutte sur l'ongle. To leave but one only drop in the cup (ne laisser qu'une goutte dans le verre). Mais on buvait du vin en France, du vin rouge surtout, et comme une goutte de ce vin versée sur l'ongle ressemblait à un rubis, on a dit faire rubis sur l'ongle pour dire vider un verre aussi complètement que cela était possible : Je sirote mon vin, quel qu'il soit, vieux, nouveau; Je fais rubis sur l'ongle, et n'y mets jamais d'eau. (Regnard, Fol. amour. III, 4.) Puis on a substitué boire à faire, dans cette dernière expression, et l'on a eu enfin boire rubis sur l'ongle, que nous employons encore de nos jours. On a tiré de cette phrase une sorte de substantif composé pour signifier un verre de vin bu entièrement, sans qu'il en reste plus dans le vase que la quantité qui peut tenir sur l'ongle; c'est un rubis sur l'ongle, que l'on donne pour complément au verbe faire, ainsi qu'on le voit dans cet exemple : Où vous n'ozeriez commander une grillade, faire réchauffer une saulce, porter une santé, ny dire une chanson à boire, faire un miserable carousse, ny seulement [faire] un pauvre Rubis sur l'ongle. (Les Avant. de M. d'Assoucy, I, p. 145.) Veuillez me dire, dans le cas où vous n'auriez pas encore eu l'occasion de traiter la question de l'origine du dicton ATTENDEZ-MOI SOUS L'ORME, si vous vous rangez de l'opinion émise à son sujet par Leroux de Lincy dans son Livre des Proverbes? A la page 2 de la 6° année du Courrier de Vaugelas, où cette question a déjà été traitée, vous trouverez pour Attendez-moi sous l'orme une explication tout autre que celle qui a été donnée par Leroux de Lincy et à laquelle se sont ralliés Génin, Quitard et M. Littré. Septième Question. Je vous serais infiniment obligé si vous vouliez bien me dire comment il faut faire l'analyse de l'expression SI FAIT, qui se trouve dans la phrase suivante : « Vous ne bâtissez donc pas une maison d'école? SI FAIT. » Leur parole, leurs traits, Cette question se trouve résolue dans le Courrier de gique au style plaisant, qui nous a valu, vous l'avez déjà deviné, l'expression dont il s'agit. ÉTRANGER Dans Zaïre, cette pièce que Voltaire acheva en vingtdeux jours, on trouve le passage suivant dans le rôle de Lusignan, prince du sang des rois de Jérusalem (acte III, sc. 3): Seconde Question. A une personne qui manque de tomber à côté d'un ami, d'un camarade, celui-ci crie assez souvent en plaisantant: « SOUTIENS-MOI, CHATILLON! >> Quelle est, je vous prie, l'origine de cette phrase proverbiale? La pièce de Zaïre ayant été jouée pour la première fois le 15 août 1732, le proverbe soutiens-moi, Châtillon, à quelque époque qu'il ait passé au nombre des expressions comiques, ne peut avoir plus de 147 ans d'existence aujourd'hui. |