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(Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement recompensée à l'Exposition de 1878.)

PRIX :

Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

AVIS.

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A partir d'aujourd'hui 1er juin, on pourra s'abonner au Courrier de Vaugelas dans tous les bureaux de poste de France et d'Algérie, moyennant un droit de 3. sur le prix de l'abonnement, soit 18 centimes pour tous frais.

SOMMAIRE.

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Ce qu'on entend, au propre, par Goujat et quelle est l'origine de ce terme; Étymologie de Tout de go; Signification et origine du mot Actuaire; Explication du proverbe Tirer les vers du nez; Pourquoi appeler Amphitryon la personne qui vous donne à utner. | Origine de Courir comme un dératé; Usage et origine de Quos ego; Si l'on peut dire Chacun chez lui et Chacun chez eux; Pourquoi la comparaison Gras comme un moine; Explication de la phrase Arriver comme de cire. || Passe-temps grammatical. || Suite de la biographie de Claude Buffier. || Ouvrages de grammaire et de littérature. || Concours littéraires. || Réponses diverses.

FRANCE

Première Question.

ABONNEMENTS:

Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque.

déré comme palefrenier des chevaux de bât, et Bombelles (1746) n'emploie goujat que dans ce sens.

Vous comprenez, d'après ce qui précède, que le goujat ne devait pas être tenu en bien haute estime, fait confirmé du reste par la citation suivante, empruntée à un édit du roi Henri III:

Que les goujats, en cas qu'il s'en trouve plus d'un par trois soldats, seront chastiés du fouet; sera tenu le fourrier avoir par escript le nom desdits goujats pour les faire chasser, sous peine du fouet pour la première fois, et, s'ils s'y retournent, d'estre pendus et estranglés sans aucune forme ne figure de procès.

Aussi, n'est-il pas étonnant que goujat, resté dans la langue après que l'homme qu'il désigne a cessé d'exister dans l'armée, y soit toujours un terme de mépris, et s'applique à un personnage sale et grossier, plus encore au moral qu'au physique.

Maintenant, d'où goujat a-t-il été tiré?

Le mot goujat, qui répond au cxevcpópos, porte-bagage, des Grecs, au ferentarius des Romains, au pack-knecht, domestique du paquet, des Allemands, se rendait en italien par bagaglione, galuppo, et, en espagnol, par galopin, criado, ce qui signifie, en d'autres termes, qu'il n'est originairement ni grec, ni latin, ni allemand, ni italien, ni espagnol. Ce mot vient, selon Borel, dont j'adopte entièrement l'opinion, du gascon ou du languedocien goujon, signifiant garçon, de même que, dans Dans les armées d'autrefois, le mot youjat désignait le midi de la France, gouge signifie encore fille ou serun valet qui servait les soldats.

Qu'entend-on à proprement parler par GoUJAT, et quelle est son étymologie? C'est un terme si souvent employé en mauvaise part que je voudrais bien être amplement renseigné à son sujet.

Chez les Gascons, qui imitèrent l'infanterie espagnole, il aurait désigné le jeune homme chargé de la conduite. et de l'entretien du bidet qui portait l'arquebuse à croc. Plus tard, quand les armes s'allégèrent et que le cheval de peloton qui les avait portées jusque-là fut supprimé, le goujat les porta lui-même sur son dos.

Depuis Louis XII, il se chargeait, moyennant une petite rétribution, du bagage des soldats d'extraction noble qui se faisaient appeler « capitaines » quoiqu'ils fussent sans aucun grade réel.

Un goujat portait la caisse du tambour-major.
Vers le milieu du xvIIe siècle, le goujat était consi-

vante.

Voici d'ailleurs une autre preuve que le terme goujat vient bien d'un nom masculin ayant pour féminin gouge; c'est que, parmi les maçons du Limousin, on désigne encore par ce terme un apprenti dont la fonction est de porter des matériaux où les ouvriers peu

vent en avoir besoin.

Indépendamment de goujon, le mot goujat a encore les formes gouget, goyart, goujart (analogue à soudart). Ces formes sont devenues des noms propres, et voilà pourquoi on les rencontre en cette qualité dans l'Almanach Bottin (4 partie), qui indique, pour

Paris, l'adresse de 3 Gougeard, de 26 Goujon, de 13 Goyard et de 10 Goujet. C'est l'équivalent de Garçon, répété 3 fois dans le même ouvrage.

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X

Seconde Question.

Quelle est, je vous prie, l'origine de l'expression TOUT DE GO, dont fait usage la langue familière pour dire librement, sans aucune façon ?

En cherchant à me renseigner sur cette singulière expression, j'ai pu constater qu'elle avait été expliquée de plusieurs manières les uns prétendent que de go vient du latin gaudium; les autres disent qu'il a été formé de gobe, venu, lui, du verbe gober; il y en a qui n'y voient autre chose que le verbe anglais to go, aller. Apprécions la valeur de chacune de ces opinions. Dans l'expression dont il s'agit, de go vient-il du latin gaudium?-Les meilleurs lexicographes consultés, je trouve que de go (car tout n'est ici qu'un modificatif formant une espèce de superlatif) se joint à un verbe d'action pour signifier librement, sans façon, sans cérémonie. Or, gaudium, qui n'a jamais signifié que joie, contentement, et qui n'a jamais paru en français que sous des formes terminées par un e muet, ne peut, pour cette double raison, être l'étymologie de notre de go.

Le terme go a-t-il été tiré de gob? - De la Monnoye, sur la 74° nouvelle de Bonaventure Des Periers, explique de go par gobe, opinion que partage M. Littré; ce serait la corruption de gob. En effet, des textes du XVIe siècle portent « avaler de gob » :

Le print subitement et l'avalla tout de gob.

Or, comme ce qui est avalé tout de gob est avalé sans être mâché, préparé, on aurait employé l'expression au figuré pour signifier sans façon, sans préambule, sans cérémonie, sans réflexion.

Cette nouvelle explication n'est pas encore la vraie, selon moi, parce qu'elle ne résiste point aux objections qui peuvent être soulevées contre elle, et qui sont les

suivantes :

4° Attendu que le substantif gobe, venu du verbe gober, s'écrit par un e final, tout de gob a dû faire entendre son b, comme s'il était écrit gobe. Or, s'il en est ainsi, quelle certitude peut-on avoir que le go de tout de go, où il n'y a de b ni dans l'écriture ni dans la prononciation, vient du verbe gober?

verbe avaler, et tout de go, sans b, ne se trouve qu'avec aller et entrer. Pourquoi, s'il s'agit d'une même expression, n'a-t-on pas adopté la même orthographe de part et d'autre?

20 Tout de gob n'a jamais été rencontré, du moins par moi, qu'en compagnie du verbe avaler, et tout de go, qu'en celle des verbes aller et entrer. Or, l'emploi de ces expressions devrait être indifférent avec les susdits verbes, si go venait de gob, puisqu'elles auraient même signification.

4° Si tout de go est bien le même que tout de gob, il veut dire tout d'un pièce, tout d'une bouchée. Mais alors, comment cette signification peut-elle s'accommoder du verbe aller et du verbe entrer, les seuls auxquels de go s'ajuste ordinairement? Quand on va, quand on entre quelque part, il est évident que ce n'est pas en se fractionnant, et que cette circonstance n'a nul besoin d'être exprimée.

Enfin de go vient-il du verbe anglais to go? Pas précisément; mais il vient, je crois, d'un verbe qui lui correspond dans un autre idiome, ce que je vais vous

faire voir.

Quand les Normands, composés en grande partie d'habitants du Danemarck, eurent fait la conquête de la Neustrie, ils y introduisirent naturellement leur verbe aller, qui était gaae (allemand gehen, hollandais gaan, flamand gaen), et dont la 2e personne de l'impératif était gaa (pron. ga), personne qui est restée dans l'arrondissement de Valognes, où elle s'emploie encore pour donner le signal du départ à certains jeux.

En effet, on aura pris comme substantif l'infinitif gaae (pron. go), faculté qui n'avait aucune restriction, comme on sait, dans la langue du moyen âge; et, au lieu de dire Entrer quelque part sans autre peine, sans autre précaution que d'y aller, on aura dit :

(Fr. Michel, Argol.)

Une boure [la femelle du canard] qui là estoit, le print Entrer de go quelque part, c'est-à-dire, littéralement, et l'avala de gob. entrer d'aller c'est une expression presque faite sur le

(Idem.)

Au moyen de quoy s'assit [l'oiseau] en la vallée de Préaux, patron de d'emblée, qui accompagne le verbe prendre où il avalla le pauvre berger tout de gob. ou l'un de ses synonymes.

(Ph. d'Aleripe, Nouvelle fabr., p. 82, éd. Jeannet.)

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Or, à mon avis, c'est ce verbe gaae (en sanscrit gd), d'abord écrit gau, et qu'à l'instar des Anglais, on a probablement écrit ensuite go, qui est l'étymologie que

vous me demandez.

X

Troisième Question.

Que signifie le mot ACTUAIRE dans cette phrase: « M. Lefebvre m'écrit comme secrétaire de la REVUE DES ACTUAIRES >> ?

On appelle actuaire un mathématicien chargé de contrôler, d'après le calcul des probabilités, les bases des contrats viagers ou d'assurances :

Les compagnies ont trop souvent à leur service des calculateurs ou actuaires très ignorants et qui allongent à plaisir leur travail en faisant leurs calculs avec deux fois trop de chiffres.

(Laurent, Réf. écon., t. I, 2o liv. p. 121.)

La table suivante de Finlaison, actuaire du gouvernement, montre le pourcentage élevé des maladies parmi les employés de chemins de fer, comparativement à d'autres classes. (Maas, Jour. des Act. franç., janvier 1872, p. 219.) Ce mot vient de l'anglais actuary, latin actuarius, greffier, venu, lui, de actum, supin du verbe agere, qui signifie faire; c'est un néologisme qui s'est introduit il y a quelques années dans notre langue, et cela, de la

3o Tout de gob, avec un b, ne se trouve qu'avec le manière que je vais vous dire.

Depuis longtemps, il existait en Angleterre une société appelée Institute of Actuaries, laquelle avait pour but de favoriser le développement des sciences financières. Cette société, qui comptait parmi ses membres des hommes éminents par leurs connaissances théoriques ainsi que par leur expérience des affaires, avait pour organe un journal exclusivement scientifique. Les travaux de ladite société avaient jeté une vive lumière sur les questions de finance en général, et notamment sur les opérations viagères les lois de mortalité déduites par cette société des compagnies d'assurances sur la vie sont des modèles du genre.

Or, nous n'avions rien d'analogue en France, quand quelques hommes de bonne volonté, étrangers à toute idée de spéculation personnelle, pensèrent que le moment était venu de combler cette lacune; ils fondèrent un cercle, et, en même temps, une publication périodique destinée à propager les doctrines et les travaux de ses membres.

C'est cette publication (le Journal des Actuaires français), commencée le 1er janvier 1872, qui nous a valu le vocable dont je suis heureux de pouvoir vous donner ici l'explication.

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Emunxi argento senes (J'ai soutiré de l'argent aux vieillards). (Térence, Phorm., IV, 4, 1.)

En vertu de cette construction (le nom de la personne à l'accusatif et le nom de la chose à l'ablatif), la même langue disait, au moyen âge, emungere aliquem vero, phrase qui devint en français, où emungere a fait émoucher, comme le prouve Quitard par une citation empruntée à la Trésorière de Jacques Grevin (acte i, sc. 2):

Emoucher [dérober adroitement] le vrai à quelqu'un. Mais, dans le vieux français, vrai se disait vers, veirs, comme l'attestent ces citations :

Mez veirs est ke li vilain dit.

(Robert Wace, Rom. de Rou, dans Quitard.)
E Deus! peot c'estre vers.
(Rom. de Horn, fe 20.)
Donc sot il bien que veirs esteit
Co que de lui pensez aveit.

(Gaimar, Poëme d'Haveloc, vers 611.)

Au lieu de le vrai, on écrivit li vers, dont la forme, qui sembla plurielle, fut, grâce à l'ignorance qui régnait alors, interprétée par les vers, ce qui donna: Emoucher [dérober habilement] les vers [le vrai] à quelqu'un.

Or, à raison de son origine emungere, le verbe

émoucher avait aussi le sens de moucher, sens qu'il a encore en berrichon (où l'on dit émoucher la chandelle); quand ce mot ne fut plus employé en français, on le remplaça par tirer du nez, ce qui était presque fatal avec le complément les vers, et l'on eut ainsi, avec une légère transposition:

Tirer les vers du nez à quelqu'un,

pour signifier l'amener à dire ce qu'on veut savoir, en le questionnant avec adresse.

Voilà comment j'explique ce proverbe, qui a dû être d'autant plus goûté du populaire, ami du merveilleux, que les termes en semblent plus difficiles à justifier.

On peut, je crois, déterminer avec assez de précision l'âge du proverbe dont il s'agit. En effet, il doit être né à l'époque où l'on substitua tirer du nez à émoucher dans la traduction de emungere aliquem vero. Or, comme émoucher, à en juger par l'historique de ce mot dans le dictionnaire de Littré, n'aurait pas été employé après Rabelais, qui mourut en 4553, il y a lieu de croire que tirer les vers du nez à quelqu'un, qui est du reste dans les Curiositez françoises d'Ant. Oudin (1656), ne remonte guère au-delà de la seconde moitié du xv1° siècle.

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La rate gêne souvent quand on court très vite, car alors elle se gonfle et rend la respiration difficile, quelquefois même douloureuse dans leurs jeux, les jeunes gens la compriment au moyen d'une ceinture.

L'homme physique ayant toujours été le même, l'incommodité causée par la rate a naturellement été connue des Anciens. Pline raconte, sans toutefois donner les moyens employés à cet effet, que l'on brûlait la rate aux coureurs de son temps.

Chez nous, le vulgaire ignorant était persuadé autrefois que, pour rendre quelqu'un leste, agile et dispos, il fallait lui enlever la rate.

Telle était depuis longtemps la croyance générale dont la rate était l'objet, croyance fortifiée par une expérience récente pratiquée sur quelques chiens, quand, vers la fin du XVIe siècle, apparut une secte de chirurgiens qui prétendaient guérir les vapeurs noires et les affections. mélancoliques en faisant l'ablation de ce viscère.

Les chirurgiens en question créèrent un mot, le verbe dérater, qu'ils mirent en usage (c'est le Trévoux de 1771 qui fournit ce précieux renseignement) pour signifier tirer la rate du corps; mais les gens imbus de la croyance que cette extraction rendait un homme plus agile, plus leste, s'emparèrent du nouveau terme, et dirent de celui qui se montrait supérieur à la course qu'il courait comme un dératé, phrase passée depuis à l'état de proverbe. Voilà l'origine que vous désirez savoir, et que, peutêtre, vous ne croyiez pas si peu ancienne.

X

Seconde Question.

On rencontre souvent dans les journaux français les mots QUOS EGO employés comme substantif. Auriez-vous la bonté d'en expliquer l'usage, et, en même temps, l'origine, cur je ne les trouve ni dans le dictionnaire de Bescherelle, ni dans celui de Littré.

L'espèce de substantif composé quos ego est la manifestation d'un très grand mécontentement de la part d'un supérieur; mais, le plus souvent, cette expression s'emploie pour montrer l'impuissance où l'on est de dompter certaines forces, comme le prouvent ces exemples:

Il était difficile de s'arrêter sur la pente de la réforme électorale; personne n'était capable de prononcer alors le quos ego.

(Rev. des Deux-Mondes, dans le Gr. Dict. du XIXe siècle.) Mais quoi! n'avez-vous pas des orateurs fervents Qui par un quos ego savent calmer les vents? (Hégésippe Moreau, même source.) Quant à l'origine de ladite expression, la voici :

Au premier livre de l'Enéide, Neptune adresse aux Vents, envoyés par Eole, à la prière de Junon, pour déchaîner une tempête contre la flotte d'Enée, la menace suivante (trad. des auteurs latins sous la direction de M. Désiré Nisard) :

Etes-vous donc si fiers de votre origine, que vous en ayez tant d'audace? Quoi! sans mon ordre, vous osez, Vents téméraires, troubler le ciel et la terre, et soulever d'aussi grandes tempêtes? Je devrais... Mais d'abord il faut que je calme les flots émus.

Dans le texte original, ce « je devrais », qui indique une réticence pleine de colère, est exprimé par quos ego (en français que je) :

Jam cœlum terramque meo sine numine, Venti,
Miscere, et tantas audetis tollere moles?
Quos ego... Sed motos præstat componere fluctus.

Or, c'est la raison pour laquelle ces mots latins ont été employés substantivement dans le sens de menace, d'abord par les latinistes, à qui, cela va sans dire, l'expression était familière, ensuite par ceux qui ne connaissaient que leur propre langue.

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X
Cinquième Question.

Voudriez-vous bien m'expliquer le sens de COMME de CIRE dans cette phrase de Gherardi (NAISS. D'AMADIS, sc. 6): « Ah! vous voilà, infante de mon âme! vous arrivez COMME DE CIRE il y a longtemps que je vous attendois ».

La cire est souvent employée par les fondeurs, et, comme elle prend très bien les contours, on a dit, en parlant d'un habit qui allait parfaitement, qu'il était fait comme de cire, c'est-à-dire comme s'il fût fait en cire:

Cet habit vous est fait comme de cire; il vous sied bien, il vous joint bien au corps. (Ant. Oudin, Curios, franç.) On dit d'un habit juste à celui qui le porte qu'il lui est fait comme de cire. (Dict. de Trévoux, édit. de 1771.)

Par extension, la même expression comparative s'est naturellement employée à l'égard de toute autre partie du vêtement, de tout objet s'appliquant exactement sur un autre; ainsi j'ai trouvé :

La botte de la jambe droite estoit faite comme un gant ou comme de cire, ou comme vous voudrez; car les bottes ne sont pas bonnes de cire.

(Des Periers, Contes, xxv.)

Voici mon âne qui, mieux que personne, peut vous en convaincre qu'on lui mette mon bât sur le dos; s'il ne lui va pas comme de cire, s'il ne lui colle pas comme un bas de soie, je consens à n'être toute ma vie qu'un sot.

Pour signifier que deux personnes sont tout à fait de même condition ou de même humeur, qu'elles se ressemblent en tout, l'expression comme de cire s'emploie après l'adjectif égaux, ainsi qu'on le voit dans ces vers de Marot (1,63) :

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Monsieur l'abbé et Monsieur son valet
Sont faits tous deux égaux comme de cire.

D'après Régnier-Desmarais, la locution complète dans ce cas est égaux comme (deux figures) de cire (qu'on aurait jetées dans le même moule).

3. Et bien que les sergents de ville et les agents de la police secrète accoururent aussitôt pour arracher et déchirer les proclamations du comité, ces proclamations reparaissaient immédiatement sur les murs.

4. Non pas en les menaçant de les renverser, mais en les priant tout doucement de se renverser eux-mêmes, à seule fin de jeter par terre le reste du cabinet.

5° A l'encontre de tant de saltimbanques qui sont devenus grands seigneurs et millionnaires, le chevalier de Baslard, dont la noblesse remontait aux Croisades, était devenu pitre d'acrobate en plein vent.

6° Quoiqu'il en soit de ses destinées passées, la colonne de Pompée sert aujourd'hui de guidon aux navires qui naviguent en vue des côtes et cherchent l'entrée du port. 7° Ingénieux moyens, à coup sûr, de faire aimer la République que de la représenter sous les traits d'une mégère renfrognée et furieuse.

8° Le Moniteur officiel de l'empire d'Allemagne publie des avis des autorités des différents pays allemands annonçant que l'on a dissout, en vertu de la loi contre les socia

(Don Quichotte, trad. de Bouchon du Bournial.)

Mais, dans toutes ces phrases, comme de cire signifie listes, une association dans le Grand Duché de Bade. très bien, et l'on dit en parlant de quelqu'un qui arrive, (Les corrections à quinzaine.) d'un événement qui se produit: cela arrive très bien, pour signifier fort à propos; ce dernier sens a été pris par comme de cire, et c'est lui que l'auteur de la phrase

que vous m'adressez a donné à cette expression: arriver BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

comme de cire, c'est arriver fort à propos.

PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII. SIECLE

Corrections du numéro précédent.

1... et de faire ainsi une espèce de lexicon (espèce n'a jamais été du masculin); — 2° ... tout effort douloureux et difficile; 3. Pas de concessions! disent à leur tour en soupirant les officieux; 4° quand, vers onze heures moins un quart; 5° Quoi qu'il soit de ces inventeurs (pas de en, puisque inventeurs n'est pas supprimé); 6... à toutes les murailles, rien puisse être caché (pas de ne, parce que rien est mis ici pour quelque chose); 7° 11 ne s'agirait de rien de moins (l'expression rien

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL.

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FEUILLETON.

...

Claude BUFFIER.

(Suite.)

Observation particulière et importante sur la nature de l'e muet.

Notre auteur termine la première partie de sa grammaire par l'observation suivante, qui est relative à la voyelle e.

Nos grammairiens sont en peine pour donner aux étrangers une véritable idée du son de notre e muet, parce qu'ils le croient uniquement d'usage dans notre langue. Le P. Buffier est d'une opinion toute différente; il est persuadé que ce son, qui ne s'entend aujourd'hui en aucune langue aussi distinctement que dans la nôtre, se trouve néanmoins dans toutes les langues, et même qu'il y est essentiel. L'e muet est la plus naturelle, la plus simple et la plus aisée à prononcer de toutes les voyelles; en voici la preuve Tout le monde convient que l'a est une voyelle commune à tous les peuples, et la plus aisée à prononcer de celles dont ils ont l'usage. En effet, il ne faut que pousser l'air des

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