Page images
PDF
EPUB

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE

Publications de la quinzaine :

Histoire de Henry de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, maréchal de France; par L. Armagnac, sous-chef de bureau au ministère de l'Instruction publique. Gr. in-8, 347 p. et grav. Tours, lib. Mame et fils.

Le Cardinal de Retz et ses missions diplomatiques à Rome d'après les documents inédits des archives du ministère des affaires étrangères; par R. Chantelauze. In-8°. 581 p. Paris, lib. Didier et Cie. 8 fr.

Enseignements (les) d'Anne de France, de Bourbonnais et d'Auvergne, à sa fille Susanne de Bourbon. Extrait d'une Épistre consolatoire à Katerine de Neufville, dame de Fresne, sur la mort de son premier et seul fils. Texte original, publié d'après le manuscrit unique de Saint-Pétersbourg, et suivi des catalogues des bibliothèques du duc de Bourbon existant au XVIe siècle, tant à Aigueperse qu'au château de Moulins, et d'un glossaire; par A. Chazaud, archiviste de l'Allier. Reproduction des miniatures originales, d'après les dessins de M. A. Queyroy. In-4o, XL-344 p. avec 4 pl. dont une en chromolithographie, et diverses figures. Moulins, lib. Desro

siers.

Nouveaux récits de voyage; par Xavier Marmier, de l'Académie française (Légendes géographiques du moyen âge). Une ambassade prussienne pendant la guerre de sept ans, etc. In-18 jésus, 309 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 3 fr. 50.

Maroussia; par P. J. Stahl. D'après une légende de Marko Wovzok. Dessins par Th. Schuler. In-8°, 274 p. avec grav. Paris, lib. Hetzel et Cie. 7 fr.

Euvres complètes de W. Shakespeare, traduites par François-Victor Hugo. T. 9 et 10. 2 vol. petit in-12, 716 p. Paris, lib. Lemerre. 5 fr. le volume.

Laurence, ou Histoire d'un saltimbanque; la Belle marchande; Estelle; par Alexandre Berlié. In 18, 233 p. Paris, lib. Ghio. 2 fr. 50.

Impressions de nature et d'art; Par Mme Alphonse Daudet. In-18 jésus, 344 p. Paris, lib. Charpentier. 3 fr. 50. Les Convulsions de Paris; par Maxime Du Camp. T. I. Les prisons pendant la Commune. 3e édition. T. II. Episodes de la Commune, etc. 2e édition. 2 vol. in-8°, VII-1058 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 7 fr. 50 chaque volume.

La Vie et les Mœurs des animaux; par Louis Figuier. Zoophytes et mollusques. Illustré de 385 figures, dessinées d'après les plus beaux échantillons du Muséum d'histoire naturelle, etc. In-8', x1-500 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 10 fr.

Le Théâtre et la Philosophie au XVIIIe siècle; par Léon Fontaine, maître de conférences à la faculté des lettres de Grenoble. In-8°, 268 p. Paris, lib. Baudry.

Voyages aux ruines de Golconde et à la Cité des morts (Indoustan); par Louis Jacolliot. Illustrations de Riou. Nouvelle édition. In-18 jésus, 416 p. Paris, lib. Dentu. 4 fr.

Les Soirées parisiennes de 1878; par un monsieur de l'orchestre (Arnold Mortier). Préface par Edouard Pailleron. In-18 jésus, XIX-492 p. Paris, lib. Dentu. 3 fr. 50.

Histoire de Pierre Terrail, seigneur de Bayart; par A. Prud'homme, archiviste de Marseille. Gr. in-8', 342 p. et gr. Tours, lib. Mame et fils.

Les Mémoires de Cendrillon; par E. Texier et C. Le Senne. In-18 jésus, 344 p. Paris, lib. C. Lévy.

Publications antérieures :

3 fr. 50.

Prix :

Entretien

COURS DE LITTÉRATURE SPÉCIAL PRÉPARA- | tier, éditeur, 13, rue de Grenelle-Saint-Germain. · TOIRE AU BREVET SUPÉRIEUR. Par Mlle TH. BRISMONTIER, professeur spécial pour la préparation aux examens, répétiteur des premières classes de latin et de grec. Ouvrage adopté à la maison de Saint-Denis, et auquel la Société libre d'instruction et d'éducation populaires a décerné une médaille d'honneur et la médaille d'or offerte par M. de Larochefoucauld, président honoraire de cette Société. Wagram.

CHEFS-D'OEUVRE DE DIDEROT. d'un père avec ses enfants. Le neveu de Rameau. Ceci n'est pas un conte. Regrets sur ma vieille robe de chambre. Eloge de Richardson. Réflexions sur Térence. — Avec préface, notices, notes et variantes, par LOUIS ASSELINE et ANDRÉ LEFEBVRE. - Tome I. - Paris, Alphonse Lemerre, Paris, chez l'auteur, 1, place éditeur, 27-31, passage Choiseul. Prix 2 fr. 50.

[blocks in formation]

[ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[blocks in formation]
[blocks in formation]

POÈMES CIVIQUES. - Par VICTOR DE LAPRADE, de l'Académie française. Deuxième édition. Paris, librairie académique Didier et Cie, libraires-éditeurs, 35, quai des Augustins. Prix: 3 fr. 50.

LE COURRIER DE VAUGELAS (Collection du). On peut se procurer immédiatement les années 1, 4, 5, 6, 7 et 8; la 2e sera réimprimée dans quelques jours, et la 3 le sera pour la fin de juin. Prix 6 francs l'année, envoi franco par la poste.

DES
DES

ROMAINS

[ocr errors]

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULES JUSQU'A L'INVASION DES BARBARES
Par VICTOR DURUY, membre de l'Institut, ancien ministre de l'Instruction publique.

NOUVELLE ÉDITION

Revue, augmentée et enrichie d'environ 2,500 gravures dessinées d'après l'antique et de 100 cartes ou plans. TOME PREMIER

DES ORIGINES A LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE PUNIQUE

Contenant 518 gravures, 9 cartes, 1 plan et 7 chromolithographies.

Prix 25 francs le volume.

Paris, librairie Hachette et Cie, 79, boulevard Saint-Germain.

CONCOURS LITTÉRAIRES.

ACADÉMIE FRANÇAISE. L'Académie propose pour sujet du prix d'éloquence à décerner en 1880: ELOGE DE MARIVAUX. Les ouvrages envoyés à ce concours ne seront reçus que jusqu'au 31 décembre 1879. Les ouvrages manuscrits destinés à concourir devront être déposés ou adressés francs de port, au secrétariat de l'Institut, avant le terme prescrit, et porter chacun une épigraphe, ou devise, qui sera répétée dans un billet cacheté joint à l'ouvrage, et contenant le nom et l'adresse de l'auteur, qui ne doit pas se faire connaître d'avance. Si quelque concurrent manquait à cette dernière condition, son ouvrage serait exclu du Concours. Les concurrents sont prévenus que l'Académie ne rendra aucun des manuscrits qui lui auront été adressés; mais les auteurs pourront en faire prendre des copies. Seize

Le vingt-deuxième Concours poétique, ouvert en France le 15 février 1879, sera clos le 1er juin 1879. médailles, or, argent, bronze seront décernées. Demander le programme, qui est envoyé franco, à M. Evariste Carrance, président du Comité, 6, rue Molinier, à Agen (Lot-et-Garonne). Affranchir.

LA SOCIÉTÉ NATIONALE D'ÉDUCATION DE LYON destine pour 1879 un prix de 300 fr. au meilleur mémoire inédit sur ce sujet : «< Pourquoi, dans les écoles de quelques nations étrangères, les punitions corporelles n'ont-elles pas été supprimées comme dans les écoles françaises? Apprécier les conséquences des deux systèmes. » — - Le prix sera décerné dans la séance publique de 1880. Les mémoires devront être adressés franco, avant le 1er novembre prochain. Pour plus amples renseignements s'adresser à M. Palud, rue de la Bourse, no 4.

[ocr errors]

SOCIÉTÉ DES SCIENCES, AGRICULTURE ET BELLES-LETTRES DE TARN-et-Garonne. Concours de 1880. La Société propose une médaille d'or de 200 fr. à la meilleure « Etude sur un sujet historique relatif au département de Tarn-et-Garonne ». Pour tous renseignements, s'adresser au Secrétariat-général de la Société, à Montauban.

Réponses diverses.

M. A. L., à Caudebec: Il est évident qu'il faut écrire (p. 11, 5° col.) « les bien parlants », et non « les biens parlants »; ce biens» est une faute de composition qui a déjoué l'attention de M. Daupeley aussi bien que la mienne. — M. le D' E. B., à Londres: Excusez-moi; j'avais totalement oublié l'envoi que j'avais à vous faire. M. C., à Vitry-le-François : Dans le cas où vous n'auriez pas reçu le numéro 2, veuillez me le faire savoir. M. O. de P., à Viroflay: Je vous remercie; la correction que vous avez bien voulu me signaler est faite. - M. B., à Londres: Rien ne pourra nous être plus agréable que votre visite, soyez-en bien persuadé. – M. H. E. V., à Paris: Ce retard tient à ce que la Bibliothèque nationale ayant été fermée pendant 15 jours, à l'occasion des fêtes de Pâques, je n'ai pu y aller vérifier mes citations que le mardi 16, jour de la réouverture. - Je ne puis m'occuper immédiatement de la question que vous m'avez adressée.

Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de une heure et demie à cinq.
Imprimerie G. DAUPELEY-GOUVERNEUR, à Nogent-le-Rotrou.

9° Année.

QUESTIONS GRAMMATICALES

PRIX :

Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis.

COURRIER DE VAUGELAS

FRANCE

CONSACRÉ A LA PROPAGATION UNIVERSELLE DE LA LANGUE FRANÇAISE

Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois

(Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement recompensée à l'Exposition de 1878.)

Rédacteur: EMAN MARTIN

ABONNEMENTS:

ANCIEN PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES ÉTRANGERS
Officier de l'Instruction publique

Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque.

26, boulevard des Italiens, Paris.

(Extrait du Prospectus.)

A Paris, la quittance d'abonnement est présentée un mois après le commencement de l'année courante; en province et dans le reste du département de la Seine, elle ne l'est que trois mois après, mais avec une augmentation de 75 centimes pour frais de recouvrement.

[ocr errors]

N° 6.

Journal Semi-Mensuel

LE

SOMMAIRE.

Trois communications sur Acheter chat en poche, sur le Mot de Cambronne, et sur l'étymologie de Écoper; Origine du Droverbe Jeter de la poudre aux yeux à quelqu'un; — Explication des deux significations de Chaton, SI dans En voict bien d'une autre, il faut merino un ou une? Origine de l'expression proverbiale Avoir un poil dans la main;· Pourquoi le loriot s'appelle Compère Loriot; Justification de Coûter les yeux de la tête; - De quel genre sont les lettres de l'alphabet. || Origine de Donner de la tablature à quelqu'un; Comment expliquer L'un et l'autre général; — S'il faut Ne avec le verbe qui suit Je ne disconviens pas que. [] Passe-temps grammatical. || Ouvrages de grammaire et de littérature. | Concours Jittéraires. Réponses diverses.

--

15 Mai 1879.

COMMUNICATIONS.

I.

Dans mon numéro 18 (7° année), ayant eu à donner l'origine de l'expression proverbiale acheter chat en poche, je l'avais aperçue « dans le prudent usage qui a dû être généralement adopté par tous les pays de renfermer dans un sac le chat que l'on voulait aller vendre au marché » ; car, à l'exception de l'anglais, les langues de nos voisins, comme la nôtre, ont fait entrer dans ce proverbe le nom du félin domestique.

QUESTIONS

PHILOLOGIQUES

S'appuyant sur cet argument « qu'un proverbe de ce genre ne dérive guère que d'un usage, et que le chat n'a jamais été une denrée qui s'offrit au marché », un abonné m'écrivit à ce sujet une lettre (insérée dans le numéro 20) qui modifia ma première manière de voir; mais j'y reviens aujourd'hui, après une lecture attentive des lignes suivantes :

On attribue à Molière d'avoir dit : « Je prends mon bien où

je le trouve. » Les vieux Français étaient fort de l'avis de Molière; ils s'appropriaient ce qu'ils rencontraient à leur convenance, sauf à l'attifer à leur guise, tout comme Molière. Il ne faut donc point s'étonner que la phrase latine Emere in sacco catulum et la phrase anglaise To buy a pig in a poke aient eu pour équivalent la phrase française Acheter chat en poche. En raison même de la grande variété des familles et surtout des robes parmi les chats, cela devenait plus drôle et partant plus expressif.

J'en demande bien pardon à qui de droit, une locution proverbiale ne dérive point nécessairement d'un usage. Le Prenez mon_ours, par exemple, ne provient pas de la coutume peu bourgeoise d'offrir et d'accepter des ours. De plus, rien, absolument rien ne peut faire supposer que le chat sera acheté sur le carreau d'un marché quelconque. Il peut très bien avoir été acheté partout ailleurs, quoique mis dans une poche. Alors, à quoi bon s'inquiéter de la circonstance du marché?

L'objection tirée du défaut de vente des chats subsiste, il est vrai; mais elle est dénuée de tout fondement sérieux. Possible est que, dans les très petites villes, on ne vende point de chats. Dans les grandes villes, c'est autre chose. Il me serait facile d'indiquer à Paris les boutiques où, au besoin, en quelques heures, on recruterait à prix d'argent une centaine de chats au moins. On en trouve de tous âges, de toutes robes, des matous, des chattes, des coupés; enfin, une réunion capable de satisfaire les chalands les plus exigeants. Que veut-on de plus? Un marché. Il se tenait, il y a peu d'années, rue Lobineau, le long du marché St-Germain, tous les dimanches, dans la matinée et en plein air. Il est transféré par ordre, car il était officiellement autorisé, au marché St-Martin, près le Conservatoire des Arts et Métiers. J'ai lieu de croire qu'il subsiste là ou ailleurs. Sans doute ce marché n'a jamais été exclusif aux chats; toutefois, il y en avait toujours un certain nombre offerts en vente.

Enfin, dans les habitudes parisiennes du populaire, les déménagements très fréquents nécessitent le transport du minet de la famille, et minet s'y prêtant mal, ce n'est point en général très aisé. Le voyage s'accomplit donc souvent en poche.

Les faits que je viens d'énumérer sont à la vérification de tout le monde, et il me semble dès lors que les scrupules sont de trop. Par conséquent, dans le proverbe français Acheter chat en poche, c'est du chat dont il s'agit, et non du petit chien ou du petit cochon. La forme est d'ailleurs fort ancienne telle quelle, à en juger par les citations de La Curne de Sainte-Palaye.

(Signė MAISONrouge.)

II.

Dans la se année du Courrier de Vaugelas, p. 162, col. 1, où j'ai eu à m'occuper du mot de Cambronne, j'ai dit que ce mot n'était pas la phrase donnée généralement dans l'histoire de la bataille de Waterloo. Or, voici une lettre venant à l'appui de mon opinion et indiquant de plus l'auteur de ladite phrase:

Paris, le 29 mai 1878.

Monsieur Eman Martin,

Je viens seulement de lire, dans le numéro 21, page 161 de votre Courrier de Vaugelas, l'article relatif au brave général Cambronne. Ce général n'a réellement qu'un mot célèbre à ajouter à sa gloire militaire, c'est bien celui qui a été illustré par notre grand poète Victor Hugo. Ce mot, parfois si énergique dans la bouche de nos troupiers, et que

les Anglais taxeraient de very shocking, était devenu si familier au maréchal Pélissier, dont on se rappelle les brusqueries, qu'on prétend qu'un jour il le télégraphia de Crimée, en réponse à des instructions qui lui étaient adressées de Paris, et dont, à 600 lieues de distance, il était à même d'apprécier seul l'opportunité.

Quant à ce qui concerne la réponse si fière et si énergique de « la garde meurt et ne se rend pas », elle n'est ni de Cambronne, ni de l'invention du rédacteur du Journal Général, qui n'a fait que la reproduire, mais bien de l'intrépide général Maret, qui s'est véritablement fait tuer, lui, sur le champ de bataille de Waterloo.

Cette circonstance m'a été plusieurs fois racontée par son fils, le comte Michel Maret, ancien préfet, décédé depuis peu à Paris, qui avait été autorisé à inscrire, comme devise, dans ses armoiries de famille, « la garde meurt, et ne se rend pas ». Le fait a d'ailleurs été juridiquement constaté, car, lorsque la ville de Nantes éleva un monument à la mémoire de Cambronne, elle ne manqua pas, d'après la tradition légendaire, de faire inscrire cette réponse sur l'une des faces du piédestal; mais le comte Michel ayant intenté alors une action devant les tribunaux, il obtint que l'inscription serait effacée du monument, ce qui, en effet, a été exécuté.

Agréez, je vous prie, Monsieur le Rédacteur, l'expression de mes sentiments très distingués.

VIRLET D'AOUST,
Ingénieur des mines.

Quoique cette communication ne soit pas récente, j'ai pensé que les lecteurs du Courrier de Vaugelas ne la trouveraient pas sans plaisir dans le présent numéro. III.

Selon moi, écoper vient d'écope, lequel mot descend directement du germanique, dans le sens de vider, puiser.

Ecope, qui s'écrivait anciennement escope, dérive du suédois skopa ou du hollandais schoppen (pelle de bois creuse, avec un manche, qui sert à vider l'eau d'un bateau). Ce terme est très usité chez les canotiers, qui d'écope ont fait écoper pour donner un coup d'écope. Des canotiers il est tout naturel qu'il se soit glissé chez nos collégiens.

Cette étymologie n'est-elle pas plus simple et plus vraisemblable que celle donnée dans votre dernier numéro?

Or, si l'étymologie proposée par M. Péricaud convient à la première signification de écoper, il est certain qu'elle ne convient nullement à la seconde ; de sorte que, dans l'hypothèse, que j'admets parfaitement du reste, où mon étymologie ne serait pas la bonne, celle de M. Péricaud n'en aurait pas plus de chance, je crois, de se voir reconnaître cette qualité.

Si j'en juge d'après le Dictionnaire de la langue verte, le verbe écoper a deux sens bien différents : boire, dans l'argot des typographes, et recevoir des coups, dans l'argot des gamins.

Première Question.

Voudriez-vous bien m'expliquer comment le proverbe Jeter de la pouDRE AUX YEUX A quelqu'un a pu signifier lui en imposer, le surprendre par des paroles, ou par des apparences. Il y a longtemps que j'en cherche une explication satisfaisante.

En parlant du coureur des jeux Olympiques qui parvenait à dépasser un de ses concurrents, les Romains employaient l'expression pulverim oculis offundere, la poussière soulevée par ses pieds allant naturellement dans les yeux de celui qu'il devançait, et qui, excité par son succès, le suivait d'aussi près que possible.

Nous avons traduit cette phrase par mettre la poudre ou la poussière aux yeux à quelqu'un, et nous l'avons employée, au figuré, dans le sens de surpasser une personne par les talents, les vertus, etc. que l'on possède, comme le montrent ces exemples:

Je suis transportè de joie, quand, par ce que vous faites et ce que vous m'écrivez, je reconnais quelone antago sur vous-même; et pour le commun, il y a longtemps que vous lui avez mis la poudre aux yeux.

(Malherbe, Epit. de Sénèque, xxxiv.)

Quelle loy me devroit divertir de le dedier à celle, qui en excellence et maturité de conseil met la poussiere aux yeux des plus sages, intrepides et experimentez Capitaines? (De Bonours, Siege d'Ostende, Dedic.)

En 1660, cette expression proverbiale existait encore, car elle est dans le Dictionnaire de Cotgrave, ouvrage publié à Londres à cette même date; mais avant la fin du siècle, il lui survint un accident.

A la page 179 de la même année, j'ai fait venir écoper, terme de collège signifiant recevoir des coups, du verbe grec Exоnów, regarder, examiner. Un abonné, M. Péri-rable, et on a écrit (remarquez le changement) jeter de caud, que cette étymologie n'a pas satisfait, m'a écrit, à la poudre aux yeux à quelqu'un, phrase qui eut d'abord la date du 9 juin 1878 :

un double sens, comme le montrent ces deux explications données par la première édition de l'Académie (1694):

Comme de la poudre (poussière) qui est reçue dans les yeux cause un éblouissement, on a interprété mettre la poudre aux yeux à quelqu'un par l'éblouir au moyen de

discours ou autrement, de manière à se le rendre favo

[blocks in formation]

Voilà d'où, quand et comment nous est venu jeter de la poudre aux yeux à quelqu'un, dont le double changement, de sens et de forme, constitue un fait que je crois unique dans notre langue.

Dans sa partie française, le dictionnaire le Nuovo Alberti traduit le proverbe en question par Gettar la polvere negli occhi al alcuno. Il me semble que c'est là une faute; car le sens de cette phrase italienne répond à celui de la forme primitive de notre proverbe, et non à la forme actuelle, comme cela devrait être.

X

Seconde Question.

Auriez-vous la bonté de m'expliquer quelle analogie on a pu trouver entre un petit chat et la partie d'une bague qui renferme la pierre précieuse, pour que l'on ait donné à l'un et à l'autre le nom de CHATON?

Pour ce qui est de l'animal, chaton s'explique facilement; c'est un diminutif de chat.

Quant à son homographe, terme de joaillier, c'est une autre chose, mais qui peut également s'expliquer.

En effet, du latin capsu, coffre (cayssa, en provençal; cassa, en italien; caja, en espagnol; caixa, en portugais; chasse, en berrichon, où il signifie bière, cercueil), ou plutôt de l'allemand kasten, coffre (chest en anglais; kista, en suédois, qui tire peut-être son origine du latin cista, grec xíorn), on a formé d'abord caston, ou chaston,

pour dósignor la petit creux où l'on met la pierre d'une bague, ce dont voici des pronvés irrécusables:

J'ai en ma main un tel anel; Deux pieres a ens el caston.

(Lai de Melion.) Les entrechamps de grosses pelles [perles] fines et de chastons enchastonnez en fin or. (Du Cange, Chasto.) Pour cinquante que rubis, que esmeraudes petites, pour mettre en cinquante chastons d'or; lesquielx chastons furent baillés audit Nicolas Waquier pour mettre en sollers, etc. (Laborde, Not. des Emaux, p. 209.) Ensuite, on a supprimé I's de ce mot; mais l'a n'en est pas moins resté long, comme le prouve cet exemple, où il est redoublé :

Item, un estuy à corporaùlx, tout ouvré de pelles et semé de petits chaatons de voire [verre].

(Du Cange, Chasto.) Enfin, au XVIe siècle, chaaton devint chatton ou chaton, comme le montre cet autre exemple :

Trois petits chattons d'or à queue, où sont deux tables de dyamant triangles, et au troisieme une rosette de dyamant. (Laborde, Not. des Emaux, p. 209.)

Et depuis lors, chaton n'a pas cessé, en français, de désigner et un petit chat et la partie d'une bague où est enchâssée la pierre destinée à son ornement.

X

Troisième Question.

En vous remerciant d'avance de votre réponse, je vous prierais de vouloir bien me dire si l'expression EN Voici bien d'une autre (une) vous semble préférable à EN voici bien d'un aUTRE (UN), ou réciproquement.

Dans cette expression, des auteurs, comme ceux auxquels j'emprunte ces exemples, écrivent une : Bon, dit Climène; en voici bien d'une autre, Ma chère sœur, quelle idée est la vôtre.

(Voltaire, Filles de Minée, 198.) Moi! femme!.. oh! pour le coup! en voici bien d'une autre. (Chabanon, Faux noble, acte I, sc. a.) En voici bien d'une autre ! eh! dis-moi, je te prie, Te prennent-ils souvent tes accès de folie?

(Gresset, Méchant, acte III, sc. 9.) En voici bien d'une autre ! le grand essieu de la diligence vient de casser.

[merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Il me semble que cette question est assez facile à résoudre. En effet, comme en voici bien d'un ou d'une autre est elliptique (c'est prouvé par le pronom en qui s'y trouve avant le verbe avec un adjectif accompagné de l'article indéfini), il s'agit tout simplement de découvrir le substantif sous-entendu. Or, ce doit être chose, affaire ou histoire, car ces mots peuvent parfaitement y remplacer en. D'où il suit que autre qualifie un nom féminin, ce qui requiert une, et non un devant cet adjectif.

A la vérité, l'Académie (éd. de 1835) admet l'une et l'autre expression; mais comme indépendamment de la raison que je viens de donner en faveur du féminin, je pourrais encore dire qu'un plus grand nombre d'auteurs préfèrent le féminin au masculin, je crois pouvoir maintenir l'opinion émise plus haut.

Quatrième Question.

On dit d'un homme qui ne brille pas par l'amour du travail qu'IL A UN POIL DANS LA MAIN. Cette expression peut-elle s'employer, et, dans l'affirmative, quelle en est, je vous prie, l'origine?

Cette locution figurée est familière sans doute; mais elle n'en compte pas moins parmi les plus françaises.

Elle repose sur le fait que la main qui travaille ne peut avoir de poils à l'intérieur, parce que son frollement continuel avec l'instrument qu'elle emploie les empêche naturellement d'y pousser à chemin baltu, il ne croît point d'herbe.

Je suis entièrement convaincu que l'expression avoir un poil dans la main, qui constitue un euphémisme, puisque, sans elle, il faudrait faire entendre fainéant ou paresseux, est née chez les gens maniant le rabot, le marteau, la scie, etc., c'est-à-dire parmi les artisans.

X

Cinquième Question.

Je serais vraiment content de savoir pourquoi on

« PreviousContinue »