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que saigner du nez est la seule de ces deux expressions ancien préfet, qu'il a vu grandir, gronder, élever ». qui soit vraiment française.

X

Le participe doit-il ou ne doit-il pas varier? L'infinitif
GRANDIR exigerait qu'il fût mis au féminin, et les deux
autres verbes exigent, au contraire, qu'il ne varie pas.
Quelle est la règle dans ce sens?

Cinquième Question.

Je sais bien qu'au figuré, on dit généralement FLORIS-
SAIT, à l'imparfait, et FLORISSANT, au participe présent.
Mais est-ce à dire qu'on ne puisse aussi, dans le même. La phrase que vous me proposez, dans laquelle les

sens, employer FLEURISSAIT et FLEURISSANT? Je vous serais
reconnaissant de traiter cette question dans un de vos
prochains numéros.

mots « qu'il a vu » ont été supprimés avant gronder et avant élever n'est pas, comme on pourrait le croire, le résultat d'une ellipse légitimement pratiquée.

En effet, quand on retranche un groupe de mots qui se répète dans une phrase, il faut, si un pronom s'y trouve, que ce pronom ait partout une fonction identique, sans quoi l'ellipse ne peut avoir lieu.

Or, le que du « qu'il a vu » précédant grandir joue-t-il le même rôle que celui du « qu'il a vu précédant les verbes gronder el élever ?

Non; car dans le premier, que est le sujet de grandir (c'est la personne qui grandissait), et, dans l'autre, il est le régime de gronder et de élever (c'est cette même personne qu'on grondait, qu'on élevait).

Dans les premiers temps de la langue, le verbe fleurir, du latin florere, se disait florir, comme on le voit par ces citations :

[Espines] poignanz et aspres qui ne peuvent florir. (Roncevaux, 155.)

A la douzor du temps qui reverdoie
Chantent oisel et florissent verger.

(Couci, XI.) Dont peussiés veoir le bras Saint-George flori tout contremont de nés et de veissiaus et de galies et d'huissiers. (Villehardoin, LXI.)

Au XVIe siècle, ce verbe en était arrivé à se prononcer fleurir, forme qui entra en concurrence avec florir; au xvii, le nouveau venu l'emporta peu à peu sur son rival, et ce dernier, finalement repoussé, se réfugia en quelque sorte dans le participe présent et dans l'imparfait, où il s'emploie encore généralement dans le sens figuré.

Mais, pour cette raison, le verbe fleurir ne peut-il donc pas s'employer aux mêmes temps?

Les meilleurs auteurs du xvIIe siècle ont dit fleurissant, au figuré :

Il est certain que les affaires ne sauroient être plus fleurissantes. (Balzac, Lett. VII, 49.) La réputation toujours fleurissante de ses écrits... (Bossuet, Disc. Académ.)

Dans le sens figuré également, le verbe fleurir a été employé à l'imparfait par les écrivains du xvII et du XVIIIe siècle, ce dont voici la preuve :

Cicéron fleurissoit sur le déclin de la République Romaine. (Furetière, Dictionn.) L'empire du Mexique était détruit; celui du Pérou fleurissait encore, mais en mourant l'un de ses monarqués l'avait partagé entre ses deux fils.

(Marmontel, Incas, ch. I, p. 1.) Cet ordre respecté (les dominicains] fleurissait dans toute la France. (Voltaire, Henriade, V.)

Or, après cette constatation, qui pourrait se faire sur un bien plus grand nombre d'exemples, il ne me semble guère possible d'interdire d'une manière absolue les formes nouvelles de fleurir, à l'imparfait et au participe présent, quand il est encore permis d'employer aux mêmes temps ses formes archaïques.

Sixième Question.

Je lis dans le FIGARO du 2 février 1878 la phrase suivante: « M. Sarlande épouse la fille de M. Levert,

Par conséquent, on ne peut supprimer qu'il a vu devant gronder: on ne le peut faire que devant élever, parce que là le que de qu'il a vu remplit la fonction de régime comme celui de la même expression devant gronder. De sorle que, avant tout, la phrase du Figaro doit être construite de la manière suivante :

M. Sarlande épouse la fille de M. Leverd, ancien préfet, qu'il a vu grandir, qu'il a [vu] gronder et élever.

Cela fait, l'application de la règle du participe suivi d'un infinitif n'y offre plus aucune difficulté.

X
Septième Question.

En dehors des endroits où l'on vend des billets pour entrer à l'Exposition, on voit écrit VENTE DE TICKETS » au lieu de « VENTE DE BILLETS ». Est-ce que vous approuvez l'emploi de ce mot TICKET?

Quand les Anglais et les Américains font une exposition (une exhibition, comme ils disent), ils emploient ticket, un mot de leur langue, et non billet, un mot de la nôtre, pour désigner ce petit carré de papier ou de carton qui rend cette exposition accessible au public.

J'ai vivement regretté que nous ne les eussions pas imités, car un ticket pris pour pénétrer dans l'enceinte du Champ-de-Mars n'offensait pas moins les yeux du patriote que ceux du grammairien.

Huitième Question.

La locution J'AI SOMMEIL est-elle française? Je comprends les expressions AVOIR SOIF, AVOIR FAIM, qui | signifient avoir besoin de manger, de boire. Les mots FAIM et soif ont en effet pour équivalent envie, ou besoin de manger. Mais le mot SOMMEIL ne signifie pas le BESOIN, mais bien L'ACTION de dormir. C'est pourquoi je ne m'explique pas la locution AVOIR SOMMEIL, et je m'adresse à vous pour en avoir le cœur net.

Indépendamment du sens de action de dormir, le substantif sommeil en a encore un autre, celui de grande envie de dormir. Or, comme on dit très bien : j'ai grande envie de dormir, il est évident qu'on doit pouvoir dire tout aussi bien j'ai sommeil.

Du reste, cette construction est plus que française, car on dit, en espagnol : Tengo sueño; en allemand, Ich habe Schlafen; en italien, Ho sonno, etc.

ÉTRANGER

Première Question.

J'ai rencontré souvent la phrase suivante dans vos journaux « IMITER DE CONRART LE SILENCE PRUDENT ». Qu'est-ce que cela veut dire? Qu'était-ce que Conrart? Quand peut-on employer cette phrase?

|

Conrart Valentin), qui a été pour ainsi dire le père de l'Académie française, car c'est dans sa maison qu'elle est née; qui en fut le secrétaire-perpétuel dès 1635; qui en gouverna les mouvements avec tant de dignité, n'a laissé aucun écrit remarquable; trop de modestie, trop de peine à se contenter; l'envie immodérée de donner à la lecture un temps que la composition dérobe; les emplois qu'il avait à la Cour (il était conseiller et secrétaire du Roi); les soins domestiques, les maladies habituelles, une horrible goutte qui affligea les trente dernières années de sa vie, l'empêchèrent de rien publier de ses ouvrages.

Or, ce fait unique chez un académicien a inspiré à Boileau le vers suivant (Première Épitre):

J'imite de Conrart le silence prudent, vers devenu proverbial, et qui s'applique ironiquement à toute personne ayant la précaution de se taire ou de ne pas écrire dans certaines circonstances.

Relativement à son emploi, voici un exemple que le Grand Dictionnaire du XIXe siècle donne comme tiré de la Revue des Deux-Mondes:

En ce moment, M. Guizot, M. de Broglie et leurs amis doctrinaires de la Chambre, imitent aussi de Conrart le silence prudent. M. Guizot a failli perdre son portefeuille pour avoir trop parlé en faveur de la Restauration; M. de Broglie a failli perdre l'esprit pour un semblable excès de paroles. Il paraît que la leçon a été bonne, et qu'on ne se soucie pas de s'exposer à de pareils dangers.

X

Seconde Question.

D'où vient le nom d'ÉCHELLES DU LEVANT donné à certains ports de la mer Méditerranée?

Lorsqu'on relâche dans un port de la Méditerranée, on dit qu'on y fait échelle, pour signifier qu'en un tel lieu le bâtiment pousse à terre une échelle servant à opérer le débarquement de ses passagers ou de ses marchandises. Par extension, les mêmes ports ont été appelés échelles, abréviation probablement de endroits où l'on met l'échelle.

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(Rollin, Hist. anc. Eus. t. VI, p. 189.)

M. Fabry, qui avait errẻ pendant quinze mois dans les terres de l'Ouest, au-delà du fleuve Mississipi, m'a assuré qu'il avait fait souvent trois et quatre cents lieues sans ren

contrer un seul homme.

(Buffon, Quadr. t. III, 221.)

El, autre preuve que ce verbe est bien actif dans cette acception (celle de parcourir), c'est que les citations précédentes peuvent parfaitement se tourner au passif : Les dix-sept cents lieues qui ont été faites par l'armée d'Alexandre, etc.; Trois et quatre cents lieues ont été faites souvent par M. Fabry, etc.

D'où cette conséquence que, dans la phrase que vous me soumettez, le relatif que est régime direct, et que le participe fait doit naturellement s'y accorder avec lui.

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1. La lettre p n'est pas étymologique dans dompter, qui vient de domitare; elle provient d'une vicieuse tendance qu'avait le moyen âge à mettre un p entre met t, ou met n, comme cela se voyait dans condampner et

Quant au mot Levant, il est le plus souvent employé | temptation (resté dans la langue anglaise).

2o Le mot dompter ne laissait pas entendre de p dans l'ancienne langue, et preuve, c'est qu'on ne faisait pas figurer cette consonne dans l'orthographe, comme le montre l'exemple qui suit :

Maint félon ai donté, comme cheval à frain. (Roman de Rou, fo 31.) Quant à symptôme, on y prononce assez généralement le p, qui est étymologique; mais comme quelquesuns, d'après M. Littré, disent sin-tôme, je serais d'avis, pour éviter une exception non justifiée, que l'on considérât cette prononciation comme la bonne : en présence de deux manières de dire usitées toutes deux, je suis pour celle qui est selon la règle.

X

Cinquième Question.

Voudriez-vous bien m'expliquer ce que c'est qu'un LOUSTIC, et aussi me dire d'où la langue française a tiré ce mot-là?

Il existe dans la plupart des régiments et des compagnies une espèce de plaisant qui a le privilège d'amuser ses camarades. A la caserne, on fait cercle autour de lui; en marche, il parle sans relâche, raconte une foule d'anecdotes plus ou moins vraies, et le plus souvent tirées de son crû; il provoque le rire de ceux qui l'écoutent et leur fait trouver moins longues les heures qu'il faut marcher pour atteindre l'étape. C'est ce personnage que nous appelons un loustic.

Maintenant, d'où vient ce terme?

De l'allemand lustig, gai, jovial, qui s'employait dans les régiments suisses au service de la France avant 92, pour désigner le bouffon chargé de distraire les soldats, de les égayer, et de les préserver de la nostalgie.

PASSE-TEMPS GRAMMATICAL.

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-

1° promenaient ... en attendant que leurs conducteurs eussent; 2o car des Batignolles à Courcelles (on dit les Batignolles); 3o il ne s'agissait de rien de moins, en effet, que d'un double infanticide; 4°... comme les commis de nouveautés en congé (Voir Courrier de Vaugelas, 2o année, p. 13); 5... elles s'étaient imaginé (il n'y a pas de régime direct : elles avaient imaginé à elles); - 6° cette constitution est très complète (Voir Courrier de Vaugelas, 3° année, p. 84); -7°

de l'impiete! dit le Monde en gémissant (on ne doit pas employer un infinitif pour tenir lieu du verbe dire et d'un part, présent; voir Courrier de Vaugelas, 5° année, p. 51); -8° La belle Alice manqua de s'évanouir (la préposition est indispensable ici); -9° Mais ce qui ne laisse pas de faire douter (pas de que); 10°. Un peu avant eux, c'avait été le tour; 11° et déclare qu'il préfère être un singe perfectionné plutôt qu'un homme dégénéré; 12.. secours que m'ont fournis.

Corrections du numéro précédent.

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Phrases à corriger recueillies dans les journaux ou dans d'autres publications récentes.

1° A quoi cela les avancera-t-il de crier par-dessus les toits que le congrès de Berlin est plus abominable et plus odieux que le congrès de Vienne?

2. Il reprend aujourd'hui les Canotiers de la Seine, vaude

ville aquatique en trois actes et cinq tableaux, qui fut jadis le plus beau succès des Folies-Dramatiques, avant que le théâtre n'ait versé dans l'opérette, à partir de l'Eil crevé. 3o M. D... ancien professeur dans un collège départemental, recevait il y a quelque temps la visite d'un jeune homme vêtu d'un costume mi-partie civil et ecclésiastique, qui en arrivant lui sauta au cou.

4. Mais puisque la loi du 4 avril 1789 a reconnu à chaque citoyen le droit de manger un civet tué de sa propre main, profitons-en et faisons parler la poudre.

5o On peut dire que plus une chanson, par exemple, est singulière et offre des traits caractéristiques, plus il y a de chances pour qu'elle se trouve ailleurs que dans le pays où on la recueille.

6. Cette publication n'est malheureusement, jusqu'à présent, qu'un tirage à part de la Revista contemporanea, et est très difficile à se procurer.

7. D'après ces procès-verbaux, les séances que préside M. de Ségur, prélat romain, sont on ne peut plus remplies. Il y vient des évêques, des marquis, des industriels, etc.

8° Ils ne s'embarrasseraient guère, étant le nombre infini, de faire le bonheur de la majorité, encore qu'elle en ait.

9° C'était le congrès bizarrement jugé au point de vue de la crânologie. Mais toujours il revenait à ses crânes albanais, et quand il en parlait, il se baissait pour les toucher du doigt.

10° Il voulait se battre avec tout le monde, mais il fut retenu par deux agents, qui lui firent comprendre qu'il faudrait mieux aller chercher du renfort.

FEUILLETON.

BIOGRAPHIE DES GRAMMAIRIENS

PREMIÈRE MOITIÉ DU XVIII. SIÈCLE

Claude BUFFIER.

(Suite.)

Pour ce qui est de la clarté, il ne paraît pas que nos phrases soient plus nettes et plus naïves qu'elles le sont dans Amyot, Montaigne, Brantôme et les autres écrivains du xvIe siècle. On prétend même que quelquesunes sont devenues sujettes à je ne sais quelle contorsion qui les rend moins aisées à entendre. Quant aux mots particuliers, l'usage nous en a enlevé, icelui, par exemple, qui prévenait d'importunes ambiguités où nous jette l'emploi fréquent du pronom son, sa, ses quand il se trouve après deux noms différents, comme lorsqu'on dit le pere d'Alexandre avoit prevu ses conquêtes: le mot d'icelui déterminait la signification qui demeure indéterminée dans ces occasions.

A l'égard de la brièveté, Coeffeteau, un des plus grands écrivains que nous eussions il y a soixante ou quatre-vingts ans, se plaignait qu'on y donnait atteinte par la répétition superflue de quelques mots; il voulait qu'on dit, par exemple: c'est le plus savant et judicieux homme qu'on puisse voir, au lieu de répéter le plus, et de dire c'est le plus savant et le plus judicieux homme que l'on puisse voir, parce qu'il est évident que le plus tombe également sur les deux adjectifs; pourquoi admettre, disait-il, une répétition qui fait languir notre langue, déjà plus difficile qu'aucune autre par le grand

usage des articles, des pronoms et des verbes auxiliaires? Cependant, ces répétitions se sont introduites, et ce serait aujourd'hui une faute considérable d'y manquer. Des bornes qu'on doit se prescrire dans une grammaire, et de son utilité sur tout par rapport à la langue françoise.

viennent au plus grand nombre; et celle que le P. Buffier veut indiquer est de cette nature.

Rien n'est meilleur pour parler une langue que de vivre au milieu de ceux qui la parlent. C'est ainsi qu'on parvient à l'acquérir même insensiblement; bien qu'on l'apprenne mieux quand les réflexions et les observations particulières viennent encore au secours. Lorsqu'on ne peut avoir ce commerce avec ceux qui parlent une langue, il faut y suppléer par les livres; se mettant à les lire et tâchant d'en deviner le sens par les circonstances, comme on se met dans un pays étranger à

A considérer la Grammaire en elle-même et dans sa spéculation, il n'est pas d'expression ni de mot particulier dont elle ne dût expliquer la nature et marquer les propriétés. Mais comme ce détail serait rebutant et même impossible à cause de son étendue, il faut qu'une grammaire soit bornée, et c'est ce qui en fait la perfec-entendre parler une langue qu'on ne sait point, et dont tion. En conséquence, elle doit traiter de toutes les on conçoit ce qu'on peut par des conjectures. parties du langage, mais cela, en général, pour ramener à certains principes celles qui ont à peu près la même nature et le même usage.

Celles-ci sont aidées considérablement par deux moyens. Le premier, c'est d'avoir une traduction de ce qu'on lit, et de la consulter dans les endroits les plus difficiles. Le second, c'est de jeter d'abord les yeux sur une grammaire où l'on distingue les particules, les articles et les terminaisons des noms, des verbes, et les autres mots qui se rencontrent le plus fréquemment dans la langue qu'on étudie.

Les meilleurs livres à lire en commençant sont ceux dont le sujet nous est agréable et familier; parce que les choses qui nous sont connues et qui nous plaisent nous font aisément apercevoir et retenir les mots qui les expriment, au lieu qu'en lisant un livre dont la matière n'est pas à notre portée, notre esprit est embarrassé en même temps et des choses et des expressions; et, ne comprenant pas bien celles-là, il ne peut guère entendre celles-ci. Il paraît étrange qu'on ne fasse pas toujours cette réflexion à l'égard des jeunes gens dans certaines circonstances, et qu'on leur mette quelquefois entre les mains des livres à interpréter sur des matières qu'ils n'entendraient pas même dans leur langue maternelle. Quand on a trouvé un livre à la portée et au goût du commençant, il faut lui en faire lire chaque jour une certaine quantité, soit page à page, ou période à période, ou phrase à phrase; de manière qu'il découvre du moins, par le secours de la traduction, la signification de chacun des mots, et qu'il entrevoie leur construction grammaticale. Si on ne la découvre pas d'abord en quelque mol particulier, il ne faut pas laisser de continuer; ce qui ne vient pas les premiers jours, viendra imperceptiblement dans la suite. Il ne faut que remarquer les endroits où l'on aperçoit assez clairement cette construction, pour distinguer, supposé que ce soit un nom, de quel cas, de quel genre, de quel nombre il est; s'il est nominatif ou cas du verbe; si l'article est défini ou indéfini, masculin ou féminin; supposé que ce soit un

Il n'est presque personne, même parmi les maîtres, qui ne s'écarte en quelque point de l'usage le mieux établi; combien s'en écarteront davantage ceux qui ne parlent pour ainsi dire qu'à l'aventure et sans nulle observation qui les fixe? Plusieurs d'entre ceux, qui s'appliquent aux langues savantes, les apprennent ou les enseignent sans bien savoir la leur propre; de sorte qu'il y font des fautes où ils auraient honte de tomber en latin ou en grec, et dont la contagion s'étend sur ceux qui les approchent. Nous avons intérêt à fixer notre langue à la manière dont nous la parlons aujour-verbe, à quelle personne, à quel temps, à quel mode il

d'hui; et si l'on peut espérer d'y réussir, ce ne peut être qu'en prenant soin de faire des règles conformes à l'usage et par le soin de les étudier pour en répandre universellement la pratique.

est; supposé que ce soit un modificatif, s'il est adverbe ou préposition, ou conjonction; s'il est exprimé en un mot ou en plusieurs mots; supposé que ce soit une préposition, quel cas elle régit; quand c'est une conjonction, si elle joint ensemble deux noms, ou deux verbes, ou deux phrases.

De la meilleure maniere d'aprendre le françois, et quelque autre langue que ce soil. Chacun a coutume de se faire une méthode sur ce point, conformément à son idée et à ses dispositions particulières; mais il en est toujours certaines qui con

(La suite au prochain numéro.) LE RÉDACTEUR-GÉRANT EMAN MARTIN.

Il ne faut donc pas demander à une grammaire pratique qu'elle montre tous les tours qui font la finesse d'une langue; car la Grammaire étant destinée principalement aux commençants, on ne doit point leur proposer d'observation qui soit au-dessus de leur portée, et à laquelle ils doivent arriver plutôt par l'usage que par le secours des règles. Aussi est-ce l'opinion de ceux qui sont devenus les plus habiles dans les langues que, pour les apprendre, on ne saurait d'abord charger la mémoire d'un trop petit nombre de règles; ce qui est au-delà des préceptes généraux, concerne moins la Grammaire prise dans le sens dont il vient d'être question que l'élégance et la perfection auxquelles on ne peut atteindre qu'après un temps assez considérable.

Du reste, autant serait ennuyeuse ou rebutante pour les commençants une grammaire trop étendue, autant semble avantageuse à tous et même nécessaire une grammaire renfermée dans de petites bornes. Il n'y a que par elle qu'on puisse avoir des règles auxquelles se réduit ce qu'a introduit la bizarrerie de l'usage; car bien que celui-ci se soit établi indépendamment des règles, il n'en est pas moins vrai qu'il ne s'observe que par leur moyen.

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