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Sapper est employé vulgairement et par atténuation pour saker, en français sacré, et par suite damné, maudit. Ne disons-nous pas dans le langage populaire sapré pour sacre?

Ce radical saker, qui est d'origine latine évidemment, nous le trouvons en allemand dans les mots sakrament, sacrement, et sakramentiren, jurer comme un damnė.

De ce qui précède, je crois donc pouvoir conclure que l'exclamation saperlotte signifie sacré sort, maudit sort. C'est une imprécation contre le sort.

Je n'ai pas besoin de montrer combien, dans toutes les langues, le peuple aime à s'en prendre à la fortune; nous avons de cela des exemples frappants dans certaines expressions populaires qui sont les vrais synonymes de saperlotte, telles que mátin de sort, coquin de sort.

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Muller, âgé de sept ans, né à Wegelsdorff (bourg appartenant à la maison d'un gentilhomme, nommé Gelorn) ayant perdu de bonne heure son pére, Jean Muller, charpentier de profession, pauvre, mais honnête homme, fut élevé par sa mére suivant sa condition. En allant apprendre à lire à l'école avec d'autres enfans, il lui tomba, dans sa septième année (qui est climatérique) une dent, à la place de laquelle il en vint une d'or. Une fille de l'âge du jeune Muller, s'en aperçut la première avec étonnement; ensuite les principaux Seigneurs et une grande partie de la Noblesse de Silesie virent cette dent avec la derniére surprise.

Après avoir raconté (vol. XI, p. 634) qu'il était né en 1593 une fille à deux têtes, au bourg de Wolmerstad, et une autre à deux corps avec une seule tête, aux environs de Francfort-sur-l'Oder, l'historien de Thou. continue en ces termes :

Jacque Horst, Professeur en médecine dans l'Université de Helmstat, fit une dissertation, dans laquelle il assûre qu'il n'y avoit point de tromperie dans cet enfant. Martin Ruland fils, qui exerçoit la Médecine à Ratisbonne, soutint que ce fait surprenant étoit naturel et il réfuta dans un long écrit le sentiment contraire de Jean Ingolsteters, médecin à Nuremberg. Ces écrits sont entre les mains des sçavans...

Mais, comme en avertit une note mise au bas de la page, on découvrit ensuite que le fait était supposé (un orfèvre, parait-il, s'aperçut que la fameuse dent était enveloppée d'une feuille d'or qu'on y avait appliquée avec l'adresse la plus parfaite), et tous les raisonnements qui avaient été faits de part et d'autre se trouvèrent ainsi confondus.

Voilà à quelle dent il est fait allusion par ceux qui disent, en parlant d'une chose tenue pour vraie pendant quelque temps, puis enfin reconnue fausse, que c'est l'histoire de la dent d'or.

Seconde Question.

Quelle est l'origine de TENIR LA DRAGÉE HAUTE A QUELQU'UN, et dans quel cas peut-on faire usage de cette expression figurée ?

-

Je crois que c'est la première explication qui est la meilleure; parce que la dragée offerte à un animal, à un chien, par exemple, se place, en effet, plus ou moins pen-haut, tandis que celle qui l'est par jeu aux enfants se tient toujours à une hauteur à peu près égale.

D'après M. Littré, cette locution est tirée de cette dragée que l'on met plus ou moins haut, pour la faire attraper aux bêtes.

Selon Quitard, elle est venue d'un jeu dans lequel on excite la convoitise des enfants en faisant voltiger devant eux une dragée suspendue par un long fil au bout d'un bâton, sans qu'il leur soit permis de la saisir autrement qu'avec la bouche.

Quant à l'emploi, on se sert de cette expression port signifier différer d'accorder à quelqu'un une chose promise, lui faire bien payer ce qu'il désire, ou encore, offrir un vain appât à son espérance.

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Troisième Question.

Quelle est la véritable acception du mot Pas dans l' expressions ÊTRE DANS UN MAUVAIS PAS, Sortir d'un Mat

VAIS PAS?

Il arriva encore cette année un effet prodigieux de la nature, plus étonnant que les deux autres, et qu'on n'avoit jamais vû jusqu'alors; prodige attesté d'ailleurs par le témoignage public des peuples de Silesie. Christophle❘ avait une variété de la joute qui consistait à représente?

Parmi les exercices militaires des chevaliers, ili

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jeu as prese

ette expres u'un urec desire, a

des chera

onsistaita

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C'estoient [les pas d'armes] des combats particuliers qui s'entreprenoient par un ou plusieurs chevaliers. Ils choisissoient un lieu, pour le plus souvent en plaine campagne, qu'ils proposoient de défendre contre tous venans, comme un pas, ou passage, qu'on ne pouvoit traverser qu'avec cette condition de combattre celui ou ceux qui le gardoient.

(Du Cange, Dissert, s. l'hist, de saint Louis, p. 31, col. 2.)

Or, comme le pas d'armes était un combat difficile à soutenir et peut-être aussi très fréquent, il me semble avoir fourni, au sens d'entreprise, le pas qui se trouve dans les phrases que vous me signalez.

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Dans l'origine, le bain dont il s'agit ne s'est pas appelé balneum maris, ainsi qu'on s'est plu à le dire, mais bien balneum medicinæ, comme le montre la phrase suivante, que j'emprunte à Arnaud de Villeneuve, savant médecin né en 1238:

Et scio quod distillatio aque le pour æ se trouve dans tout l'ouvrage] habet fieri in balneo medicine, etc.

(Rosar. philosoph. liv. II, ch. 7, lig. 6, L.yon, 1509.) L'expression de bain-marie n'est autre chose que bain de marie, dont, par abréviation de langage, on a supprimé la préposition de, en vertu d'une règle de l'ancienne langue que nous appliquons encore devant un substantif propre; et la preuve de mon assertion se trouve dans les citations suivantes, où cette préposition est exprimée :

Toutes ces fleurs seront distillées en bain de marie pour en avoir les eaux en parfaite bonté, et d'odeur naturelle. (Ol. de Serres, Th. d'agric., vol. 1V, p. 347, éd. de 1802.) Apres ceste infusion, distillez le tout dans un alambic de verre au bain de marie ou sur les cendres chaudes.

(Trois liv. de l'embell. du corps hum. p. 38, ann. 1582.)

Ces faits ne suffisent-ils pas encore pour établir l'étymologie de bain-marie? Je fais appel aux langues étrangères, et je vois que, si l'espagnol dit baño maria par imitation du français, il dit aussi baño de maria; et que l'allemand dit Marienbad, ce qui signifie littéralement bain de Marie.

Maintenant, de quelle Marie est-il question ici?

Je pense avec plusieurs étymologistes que c'est de Marie, sœur de Moïse, et voici sur quels fondements j'établis cette croyance :

Borel, médecin de Castres, a publié en 1654, un volume intitulé: Bibliotheca Chimica, espèce de catalogue en latin contenant la dénomination d'environ quatre mille ouvrages sur la philosophie hermétique, la transmutation des métaux, etc., et, dans ce volume, où l'auteur déclare avoir enregistré tous les traités d'alchimie dont il a pu avoir connaissance jusqu'à l'impression de son recueil, je trouve ce qui suit, page 154:

Les alchimistes, a-t-on dit, aimaient les façons de parler hyperboliques; et, en effet, il paraît que du vivant de Fontenelle, il n'y avait pas encore longtemps que tous les raisonnements de leur art n'étaient que des espèces de fictions poétiques vives, animées, agréables à l'imagination, inintelligibles et insupportables à la raison. Or, à cause de cela, on a cru que les adeptes

du me avaient comparé à la mer le plus grand des vases em- pression de bain-marie?
AS, Som ployés dans la distillation, celui qui contenait l'eau bouil-

lante, et l'avaient appelé balneum maris, dont, par cor-
ruption, on aurait fait plus tard bain-marie.
Cette opinion est complètement erronée.

Mariæ Prophetissæ Epistola Chimica ad Aaronem, ex Riplæo.

Eadem, Epist. M. S. Lingua catalaunica, et Valdè Antiqua, aliudque ejus opus Chimicum Prolixius.

Mariæ Mosis Sororis dicta Chimica, in Allegoriis sapientum, et in arte Aurifera extant.

In Mariæ Prophetissæ opusculum Commentaria Anomini, cum Comment. ejusd. in Sendivogium, in-8°, Germanicè.

Or, après avoir lu ce passage, n'est-on pas naturellement porté à croire que c'est en l'honneur de la prophétesse Marie, sœur de Moïse et d'Aaron, fille d'Amram et de Jacobed, née en Égypte l'an 1578 avant J.-C., suivant la chronologie hébraïque, que les alchimistes du moyen âge, mus par un sentiment de vénération ou d'orgueil bien explicable, d'ailleurs, ont créé l'ex

Il me semble qu'à leur place, il y a bien des gens qui n'eussent pas procédé d'une autre manière.

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Première Question.

Faut-il écrire ALVIN ou ALEVIN le nom du petit poisson qui sert à peupler les étangs et les rivières, el vautil mieux terminer ce mot par AIN que par IN? Je serais bien désireux de connaitre votre opinion sur ce double point d'orthographe.

J'aime mieux alevin (avec un e) que alvin (sans e), et voici pourquoi :

Le bas-latin avait le verbe alevare, dans le sens d'élever, de nourrir. De ce verbe, la langue romane a fait alever, d'où nous avons tiré alevin, pour signifier, chez les poissons, ce que nous appelons actuellement élève, chez les bestiaux.

Voyons maintenant lequel vaut le mieux de alevin ou de alevain.

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Seconde Question.

Je vous prierais de vouloir bien me diré quelle est l'origine de l'expression ironique SAUVONS LA CAISSE.

<< Ouvrez ! ouvrez! au nom de la loi!» crient des gens du dehors. - Chut! dit Bilboquet, s'esquivant par la porte à gauche pour rentrer aussitôt et s'écrier, en emportant son tambour :

Ah! sauvons la caisse!

Les Parisiens rencontrèrent bientôt l'occasion d'une allusion à ce passage désopilant du rôle d'Odry, l'acteur faisant le saltimbanque. Le mot caisse qui s'y trouve dans le sens de tambour s'emploie fréquemment aussi pour désigner un coffre à serrer l'argent : ils donnèrent à sauver la caisse le sens ironique qu'il a encore aujour

Or, alever ayant un e entre l et v, il en doit nécessai- d'hui, celui de se sauver en emportant l'argent d'une rement être de même pour l'adjectif alevin. caisse dont la garde nous a été confiée.

Du reste, indépendamment de cette raison étymologique, on pourrait encore en faire valoir une autre. C'est qu'en effet, si l'on adoptait l'orthographe alvin, il s'ensuivrait que nous aurions deux mots confondus en un seul, quand nous pouvons parfaitement l'éviter : alvin, pour désigner le petit poisson servant à peupler, et alvin, de alvus, ventre, terme de médecine dont on se sert en parlant de ce qui a rapport à l'abdomen, aux déjections principalement.

Le verbe nourrir a été employé autrefois dans le même sens qu'alever, et il comptait dans sa famille l'adjectif nourrin (que l'on écrit peut-être à lort nourrain) pour signifier un animal quelconque que l'on élevait :

Li aucun laissoient à labourer leurs terres, et à faire norrin de bestes et de chevaulx. (Du Cange, Nutricatio.) Dans ses Curiositez françoises, Antoine Oudin écrit nourrin; le wallon dit nourin; le provençal noirim.

Or, en présence de ces faits, je me crois autorisé à conclure, par analogie, que la meilleure finale à donner à alevin est in, et non ain.

D'ailleurs, tous les composés de alevin que je rencontre dans les dictionnaires (aleviner, alevinier, etc.) sont un argument de plus en faveur de celle orthographe.

Cette expression se trouve à la fin de la xvi scène (2o acte) de la comédie-parade des Saltimbanques, par Dumersan et Varin, scène dont voici une rapide analyse:

Laissant des dettes partout où il passe, Bilboquet, saltimbanque, arracheur de dents, vendant tout ce qui concerne son état, est sur le point d'être saisi. Il ne forcé de décamper au plus vite. Voilà qu'on monte par devait quitter Lagny que le lendemain; mais il est l'escalier. Il ferme la porte au nez de ses fâcheux visiteurs, et se dérobe par l'autre avec sa troupe; tous chantent en choeur, sur l'air des Puritains: Amis, de la prudence; Il faut tromper leur vigilance. Évitons en silence

Les créanciers
Et les huissiers.

J'ajoute ce qui suit relativement à l'âge de l'expression: mière fois à Paris, sur la scène des Variétés, le 25 janla pièce des Saltimbanques fut représentée pour la previer 1838. Or, comme il est à croire que le sauvons la caisse l'a suivie presque immédiatement, on peut affirmer, sans crainte de beaucoup se tromper, que cette expression compte aujourd'hui 43 ans d'existence.

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Troisième Question.

Pourquoi, en France, un maire prenant un arrêté emploie-t-il le pronom Nous au lieu de Jɛ pour se désigner: « Nous, maire de la commune de... arrêtons ce qui suit » ?

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Cette singularité de syntaxe nous vient très probablement des Romains.

Chez ce peuple, les magistratures, à commencer par le consulat, étaient exercées collectivement par plusieurs personnes. Le nous est donc le pronom qui, dans leurs actes, devait désigner ce genre d'autorité.

Lorsque, par le seul fait de la réunion des grandes magistratures dans un seul individu, on eut changé la république en monarchie, l'empereur, qui, tout à la fois consul, tribun, souverain pontife et généralissime, était prince du sénat, représentant du peuple, chef de la reli

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