de plus, pour y placer une épithète, il aurait fallu changer l'article et dire Qui m'offre ou son hymen, ou une mort infaillible, une mort prompte, une mort violente. Quand l'adjectif ne dit absolument rien qui ne soit nécessairement renfermé dans le substantif, cela fait une épithète insupportable. L'esprit veut toujours apprendre, et par conséquent passer d'une idée à une autre. Ce mot la mort renferme l'idée d'infaillible. Ainsi cette épithète n'apprenant rien, il faut qu'elle révolte. La Reine permettra que j'ose demander un gage à votre amour, qu'il me doit accorder (Iphigénie, III, 4). On dirait en prose la Reine permettra que j'ose demander à votre amour un gage, qu'il me doit accorder. Pourquoi l'inversion de Racine nous paraît-elle rude? Parce que l'amour de la clarté ayant placé le que relatif tout près de son substantif, l'oreille est accoutumée à ne rien entendre qui les sépare. On accuse en secret cette jeune Eriphile que lui-même captive amena de Lesbos (Iphigénie, I, 1). — Que lui- | même amena captive serait l'arrangement de la prose; mais que lui-même captive amena est une inversion forcée dont D'Olivet croit n'avoir vu d'exemple que dans Marot; encore n'en est-il pas bien sûr, Andromaque est une tragédie de Racine, que lui-même nouvelle fit jouer en 1668. Une inversion si gothique dans la prose, le serait-elle moins dans les vers ? J'eus soin de vous nommer, par un contraire choix (Britannicus, IV, 2). Par un contraire choix a quelque chose de sauvage. Il faudrait par un choix contraire. Vaugelas a fait une longue remarque qui a pour titre De l'adjectif devant ou après le substantif, où il déclare qu'après avoir bien cherché, il n'a point trouvé que l'on puisse établir là-dessus aucune règle, ni qu'il y ait en cela un plus grand secret que de consulter l'oreille. C'est un excellent avis pour qui peut en profiter. Mais combien de gens ont l'oreille fausse? Peut-être ne serait-il pas impossible de trouver ces sortes de règles. Car enfin l'oreille est un juge, mais un juge qui suit des lois et qui ne prononce que conformément à ces lois. On peut donc parvenir à les connaître. On peut donc, si cela est, les mettre aussi par écrit. Pour rédiger des jugements à cet égard, il faudrait faire le dénombrement de tous nos adjectifs, et les distribuer en quatre classes: 1° Ceux qui doivent toujours précéder le substantif. 2o Ceux qui doivent toujours le suivre. 3o Ceux qui, selon qu'ils précèdent ou qu'ils suivent, forment un sens tout différent. 4° Ceux dont la situation est à notre choix, et se règle sur le besoin que nous avons de rendre notre phrase, ou plus énergique, ou plus sonore, ou plus naïve; de rompre un vers, d'éviter une consonnance, etc. Tout cela, éclairci pardes exemples, ferait un volume; mais qui le lirait? Quand il s'agit d'une langue vivante, le chemin de l'usage est plus court que celui des préceptes. Sans espoir de pardon m'avez-vous condamnée ? (Andromaque, III, 6). Voilà ce qui s'appelle une phrase louche, sans espoir de pardon, regarde Andromaque et m'avez-vous condamnée, regarde Pyrrhus. Il fallait sans espoir de pardon me vois-je condamnée, afin que la phrase entière tombât sur Andromaque. Qu'ai-je fait, pour venir accabler en ces lieux (Alexandre, IV, 2). - Qu'ai-je fait, dit Axiane, pour que vous veniez, vous Alexandre, accabler, etc. Il ne s'agit pas de savoir si pour que ferait ici un bon effet. Il s'agit seulement de faire sentir l'équivoque qui est dans la phrase de Racine, où l'on est tenté de croire que ces mots, pour venir, regardent la personne qui dit qu'ai-je fait. Elle vient, cette équivoque, de ce qu'il y a une ellipse un peu trop forte. Je t'aimois inconstant: qu'aurois-je fait fidèle (Andromaque, IV, 5). — Voilà de toutes les ellipses que Racine s'est permises, la plus forte et la moins autorisée par l'usage. Plus je vous envisage, et moins je reconnois, monsieur, votre visage (Plaideurs, II, 4). Un peu de logique suffit pour concevoir d'où vient que la conjonction et se trouve ici de trop, et même pourrait donner lieu à un contresens, puisqu'elle travestit des propositions corrélatives en propositions copulatives. D'Olivet en dit assez pour ceux à qui les termes de l'école sont familiers. Le flot qui l'apporta recule épouvanté (Phèdre, V, 6). Personne n'ignore que ce vers a causé une espèce de guerre entre la Motte, qui fut l'agresseur, et BoileauDespréaux, dont la réponse, qui est sa onzième réflexion sur Longin, ne fut imprimée qu'après sa mort. Tout ce qu'il y a de grammatical à examiner dans ce vers se réduit au mot apporta, qui est un aoriste, c'est-à-dire celui de nos deux prétérits qui n'est pas formé d'un verbe auxiliaire, et qui marque indéfiniment le temps passé. Une phrase toute semblable est condamnée dans les Sentiments de l'Académie sur le Cid. Quand je lui fis l'affront, dit le comte, parlant du soufflet qu'il venait de donner à Don Diégue. Selon l'Académie, il devait dire Je lui ai fait, et non Je lui fis, attendu qu'il ne s'était point passé de nuit entre les deux actions. Telles sont les principales Remarques de l'abbé D'Olivet sur Racine. Il a loué, il a excusé, mais il a blâmé aussi quand l'intérêt de notre langue lui a paru l'exiger. FIN. LE RÉDACTEUR-GÉRANT: EMAN MARTIN. CONTENUES DANS LA NEUVIÈME ANNÉE DE CE JOURNAL A. QUESTIONS RÉSOLUES A boule vue. Explication du double sens de celui qui donne à dîner. p. 51. peut s'employer pour Aujourd'hui. p. 178. Ant. Règles pour reconnaitre quand le mot verbal en est verbe. p. 106. Arriver comme de cire. Explication de la comparaison p. 53. P. 67. Au temps où la reine Berthe filait. De quelle Berthe'il est question dans p. 106. fièvre. p. 131. - Avoir des chambres à louer. Explication de l'expression Bain-marie. Étymologie de --- Beau. Origine de dans les noms de parenté beau-père, bellemère, etc. p. 108. Bi, Tri, Quatri, etc. Comment il se fait que représentent l'idée de Mille dans les expressions Billion, Trillion, Quatrillion, etc. p. 2. Bis. Si l'adjectif a été employé autrefois pour Noir. p. 35. Boire rubis sur l'ongle. Explication de P. 67. Bombarder quelqu'un ambassadeur. Si l'on peut dire Borinage. Ce que veut dire et d'où il dérive. p. 173. Brai. Etymologie du mot signifiant Poix. p. 138. Branle-bas d'un déménagement. Explication de C. p. 91. P. 164. Écarter la dragée. D'où vient la phrase proverbiale - p. 60. Fleurissait et Fleurissant. Si peuvent s'employer au figuré. P. 19. Franc comme osier. Origine de la comparaison - p. 83. Gai. Etymologie de l'adjectif. Garder le mulet. Comment ment. p. 2. Geindre. Quelle est l'étymologie du verbe Gendarme. Communication sur le nom de saur. p. 33. Genre. De quel sont les lettres de l'alphabet. p. 44. P. 140. nom propre. p. 139. H. Heureux comme un coq en pâle. Origine de la phrase p. 59. Heureux comme un coq dans un panier. Appréciation de P. 99. Heureux comme un coq dans un panier. Communication sur le proverbe normand - p. 121. Hippiatrique et Vétérinaire. Pourquoi on dit - p. 155. P. 18. P. 140. Saigner au nez ou Saigner du nez. S'il faut dire sion p. 58. Se lever dès le potron minet. Communication sur - p. 60. P. 74. p. 188. p. 60. P. 169. S'en moquer comme de Jean de Wert. Origine du proverbe Serrer. Comment s'explique sûr. p. 163. signifiant mettre dans un endroit |