BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES DE GRAMMAIRE ET DE LITTÉRATURE Publications de la quinzaine : Coeur-de-Panthère; par Gustave Aimard et J. B. d'Auriac. In-18 jésus, 225 p. Paris, lib. Degorce-Cadot. 1 fr. 25. Les Mariages dans l'ancienne société française; par Ernest Bertin, docteur ès-lettres. In-8°, iv-632 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 7 fr. 50. Tout à l'ambre et tout à l'ail. Pas de préface. Palsambleu, Mlle Séraphine; par Gustave Claudin. In-18 jésus, 296 p. Paris, lib. Dreyfous. 3 fr. Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie dans la seconde moitié du XIXe siècle; par Maxime du Camp. 6 édition. T. IV. In-18 jésus, 443 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 3 fr. 50. Morceaux choisis de littérature française (prose et vers) à l'usage des classes supérieures; par M. Ch. Lebaigue, professeur au lycée Charlemagne. Classe de seconde. 2e édition. In-12, ví-498 p. Paris, lib Belin. Œuvres complètes d'Eugène Scribe, de l'Académie française. 4° série. Opéras comiques. T. II. Le Kiosque; la Part du Diable; le Puits d'amour; Lambert Simnel. In-18 jésus, 367 p. Paris, lib. Dentu. 2 fr. Chroniques de l'Œil-de-Bœuf; par Touchard-Lafosse. 1re série. 3o édition. In-18 jésus, 332 p. Paris, lib. Rouff. 1 fr. 50. Cours de langue française avec de nombreux exer cices empruntés aux meilleurs écrivains; par B. Berger, inspecteur de l'enseignement primaire à Paris. I. Degré élémentaire. Livre du maître. In-12, 226 p. Paris, lib. Delagrave. 2 fr. Le Mouchard; par Alexis Bouvier. In-18 jésus, 468 p. Paris, lib. Rouff. Lettres de Fernand Cortès à Charles-Quint, complétées par les récits d'Antoine de Solis, réduites et annotées par Vallée (de la Bibliothèque nationale). In-18 jésus, 277 p. Paris, lib. Dreyfous. 2 fr. De Paris aux montagnes : le Pays de Bigorre; en Agenais; le Pays sur Orge; l'Oberland bernois; par Léonce Dupont. In-18 jésus, 320 p. Paris, lib. Dentu. Gazida; par Xavier Marmier, de l'Académie française. 2e édition. In-18 jésus, 375 p. Paris, lib. Hachette et Cie. 3 fr. 50. Les Terres d'or; par Gustave Aimard et J. B. d'Auriac. In-18 jésus, 231 p. Paris, lib. Degorce-Cadot. 1 fr. 25. Œuvres poétiques de Boileau Despréaux. Édition collationnée sur les meilleurs textes, avec une notice biographique, les variantes et les corrections de l'auteur, des notes choisies dans tous les commentateurs, une annotation nouvelle et un index; par Ch. Louandre. In-18 jésus, xxxvI-504 p. avec portrait. Paris, lib. Charpentier. 3 fr. 50. LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DEPUIS LA FORMATION DE LA LANGUE JUSQU'A NOS JOURS. ECTURES CHOISIR Par le lieutenant-colonel STAAFF, officier de la Légion d'honneur et de l'Instruction publique en France. Ouvrage désigné comme prix aux Concours généraux de 1870-1872; distribué aux instituteurs de France par son Exc. M. le Ministre de l'Instruction publique; adopté et recommandé par la Commission des bibliothèques, ainsi que pour les prix et les bibliothèques de quartier; honoré des souscriptions des ministères de l'Instruction publique, de la Guerre, de la Marine, etc., décerné en prix dans les lycées, les collèges municipaux et les écoles communales de la Seine, du Loiret, de l'Aube, de l'Aveyron, etc., etc. raux. >> CONCOURS LITTÉRAIRES. SOCIÉTÉ DES ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES. (Prix Guérin.) - Un concours est ouvert sur la question suivante: « Rechercher quelles ont été, à travers les âges et dans tous les pays, les croyances des peuples, des fondateurs de religions, des grands philosophes; sur la possibilité des communications entre eux et nous, sur la persistance de la vie après ce que nous appelons la mort, sur le retour à de nouvelles vies, soit sur cette terre, soit dans quelques mondes sidéLe prix est de 3,000 francs, sur lesquels 2,000 francs seront réservés pour l'impression et la publication, par les soins de la Société scientifique d'études psychologiques, et 1,000 francs, accompagnés d'une médaille de bronze, seront donnés à l'auteur de ce travail, ou fractionnés, s'il y a lieu, entre lui, pour une moitié, et d'autres Mémoires qui présenteraient de sérieux mérites. Les Mémoires devront être envoyés avant le 1er avril 1880. — Pour les renseignements, s'adresser à M. l'Administrateur de la Société des études psychologiques, 5, rue Neuvedes-Petits-Champs, à Paris. LA SOCIÉTÉ ACADÉMIQUE DE SAINT-QUENTIN met au concours pour 1880: 1. Poésie. Le sujet est laissé au choix des concurrents. 2. Faire l'histoire d'une localité quelconque de l'ancien Vermandois, ou département de l'Aisne. 3 Raconter la vie et apprécier les travaux d'un personnage célèbre du département de l'Aisne. Les travaux des concurrents devront être envoyés, avant le 31 décembre 1879, au président de la Société académique, à St-Quentin. Vingt Le vingt-troisième Concours poétique ouvert en France le 15 août 1879, sera clos le 1er décembre 1879. médailles seront décernées. Demander le programme, qui est envoyé franco, à M. Eyariste Carrance, président du Comité, 6, rue Molinier, à Agen (Lot-et-Garonne). Affranchir. artistes. >> - SOCIÉTÉ D'ÉMULATION DE CAMBRAI. La Société décernera, s'il y a lieu, en 1880, en séance publique, une médaille d'or, de vermeil, d'argent ou une mention honorable à l'auteur du meilleur mémoire sur « Les expositions des BeauxArts en province : leur utilité, ce qu'elles sont, ce qu'elles pourraient être, dans l'intérêt des arts et des - Les envois devront parvenir franco au Président ou au Secrétaire de la Société avant le 1er Juin 1880. LA SOCIÉTÉ DES ÉTUDES HISTORIQUES décernera, dans sa séance publique de l'année 1880, un prix de 1,000 fr. à l'auteur du meilleur mémoire sur la question suivante : « Histoire des origines et de la formation de la langue française jusqu'à la fin du xvie siècle. Les mémoires manuscrits devront être adressés à M. l'Administrateur avant le 1er Janvier 1880. Ils ne seront point signés et porteront une épigraphe répétée sur un billet cacheté renfermant le nom et l'adresse de l'auteur. Ils devront être inédits et n'avoir pas été présentés à d'autres concours. L'auteur qui se sera fait connaître, sera, par ce seul fait, mis hors de concours. Les mémoires ne seront pas rendus; les auteurs auront la faculté d'en prendre ou d'en faire prendre copie. La Société pourra les publier, en tout ou partie. -- Réponses diverses. M. H. B., à Londres : J'ai justement à placer dans ce moment un jeune professeur qui pourrait peut-être convenir à Mme de T. M. N., à Paris : Le retard de mon journal date de la fermeture de la Bibliothèque nationale, et il est probable qu'il durera jusqu'à la fin de l'année, pour une cause qu'il serait trop long de vous expliquer; mais l'inconvénient n'est pas bien grave puisque les numéros ne s'en succèdent pas moins de quinze en quinze jours. M. J. M. S., à Madrid: Je viens de vous envoyer ce qui manquait à votre collection. Veuillez m'en accuser réception, s'il vous plaît. Le rédacteur du Courrier de Vaugelas est visible à son bureau de trois à six heures. 9. Année. QUESTIONS GRAMMATICALES CONSACRÉ A LA PROPAGATION COURRIER DE VAUGELAS N° 16. LE Journal Semi-Mensuel AVIS. C'est dans la 1" quinzaine de novembre que va être terminée la réimpression de la 3a année du Courrier de Vaugelas. Les souscripteurs, à qui le volume sera envoyé par la poste, sont priés de vouloir bien, après réception, en adresser immédiatement le prix (6 francs) au Rédacteur de ce journal. Paraissant le 1 et le 15 de chaque mois (Publication couronnée à l'Académie française en 1875, et doublement récompensée à l'Exposition de 1878.) PRIX : Rédacteur: EMAN MARTIN ABONNEMENTS: Par an, 6 fr. pour la France, et 7 fr. 50 pour l'étranger (Un. post.) Annonces Ouvrages, un exemplaire; Concours littéraires, gratis. ANCIEN PROFESSEUR SPÉCIAL POUR LES ÉTRANGERS Se prennent pour une année entière et partent tous de la même époque. S'adresser soit au Rédacteur soit à un libraire quelconque. SOMMAIRE. Communication sur le proverbe normand Heureux comme un coq dans un panier; — Explication de Savoir gré à quelqu'un de; Si l'on peut dire J'ai tout vu, tout examiné par moimême, rien ne m'est échappé; Lequel vaut le mieux de Désagrafer ou de Dégrafer; — Si Jusqu'à peut figurer avant le sujet d'un verbe; S'il faut écrire Pantoufles de vair, ou de verre? | Signification de Prendre la mouche; Pourquoi on peut dire si je l'avais vu (indicatif), et Si je l'eusse vu (subjonctif); Raison pour laquelle La Fontaine a dit : « Monsieur du Corbeau ». || Passe-temps grammatical. || Suite de la biographie de l'abbé d'Olivet. || Ouvrages de grammaire et de littérature. Concours littéraires. || Réponses diverses. FRANCE UNIVERSEL LE DE LA LANGUE FRANÇAISE COMMUNICATION. Dans mon numéro du 1er septembre, j'ai expliqué Être heureux comme un coq dans un panier, variante normande de notre proverbe Être heureux comme un coq en pâte. Mais ce n'a pas été de manière à satisfaire tous mes lecteurs, car l'un d'eux m'écrit ce qui suit de Forges-les-Eaux, à la date du 20 courant : Vraie dans certaines parties, votre conclusion semble contestable dans les explications de la variante usitée en Normandie. 15 Octobre 1879. QUESTIONS PHILOLOGIQUES Et d'abord, je ne pense pas qu'il faille, dans la phrase, introduire le mot petit devant le mot coq. Vous l'avez cru, à cause de la citation d'un passage de la Maison rustique du XVIe siècle, où Liébaut fait une excellente description des qualités d'un bon coq. Pour moi, tous les traits du portrait conviennent non pas à un jeune coq, mais à un coq adulte. Il suffirait pour le prouver du seul ergot roide et pointu, l'ergot n'apparaissant sur les pattes qu'au bout d'un an. Vous avez cru encore à la nécessité de ce mot «< petit » à cause de la phrase empruntée à un conte de Des Perriers « Il estoit traité comme un petit coq au panier ». Ce panier, fait de grosses branches d'osier, assez espacées et disposées en claire-voie, se compose de deux parties. La partie inférieure est une circonférence de 50 à 60 centimètres de diamètre sur 40 centimètres de hauteur, et la seconde partie est un plan incliné formant une sorte de dôme recouvrant toute la circonférence de la première partie. Ce panier n'a pas de fond, et c'est le sol qui lui en tient lieu, quand on y renferme la volaille destinée à l'engraissement. On lui prodigue alors la páte, la pâtée, ou les pátons, comme on dit ici, et l'animal, quoique prisonnier, est heureux d'avoir en abondance une nourriture délicate et choisie. Tel est le panier dont parle le dicton relaté plus haut. Loin d'être défectueuse, l'expression des Normands est donc exacte, quand ils disent être heureux comme un coq dans un panier », puisqu'un panier renferme la bête à laquelle on prodigue la nourriture en vue de l'engraissement. Toutefois votre correction de « au panier » a sa raison d'être, parce qu'elle a pour elle l'autorité de Des Perriers dans son conte et qu'à la rigueur le coq est plutôt sous que dans le panier. De plus, le panier a bien vieilli, et il a fait place à la loge dans le Maine, et à la cage, même en Normandie. Ce sont des constructions en bois savamment disposées dont on peut voir la description complète dans le Poulailler, traité ex-professo sur la matière, par M. Ch. Jacque. Enfin, quelle que soit la forme de la prison où l'on confine la bête destinée à l'engraissement, on l'obtient toujours par une nourriture dont la pâte reste le principal élément, ce qui permet de continuer à dire « Heureux comme un coq en pâte ». Oui, le coq est heureux, mais pour quelques jours seulement; car son bonheur doit cesser brutalement quand le fermier fera le sacrifice de sa vie pour se dédommager de ses soins et de ses dépenses. L'homme que le dicton compare au coq a donc sur lui un avantage incontestable. En général, il meurt à son beure, en possession de la félicité qui lui a valu l'honneur d'être mis sur la même ligne qu'un volatile. Il n'y a d'exception que pour ceux qui seraient l'objet des faveurs du peuple; car, au dire de Tacite, « le peuple engraisse ses chefs pour les égorger: Populus saginat duces ut jugulet ». Dans ce cas, l'assimilation serait complète. Mais, comme ce cas est assez rare, et d'ailleurs l'exception confirmant la règle, on aura toujours raison de dire: Heureux comme un coq en pâte », sans tenir aucun compte du dénouement, et sans ressusciter la locution primitive des Normands, qui n'a plus guère sa raison d'être qu'en souvenir du passé rappelé ci-dessus. F. B. L'auteur de cette communication me semble entièrement dans le vrai. Oui, le coq dont il parle, le coq à la retraite que l'on gorge à dessein de nourriture, est bien celui qui a fourni la comparaison normande Heureux comme un coq dans un panier, comparaison qui a d'ailleurs son analogue dans Heureux comme un rat en paille. Mais voici une réflexion qui m'est suggérée par cette lettre et qui m'empêchera de regretter beaucoup l'erreur qu'elle est venue redresser : Étant donné ce qu'on entend par « un coq dans un panier », rien de plus naturel que d'en tirer la comparaison Heureux comme un coq en pâte; d'où cette conséquence que le coq nous a fourni ces deux locutions, qu'il ne faut pas confondre : 4o Etre là comme un coq en pâte, qui doit se dire de quelqu'un placé dans un endroit où il n'a que la tête en évidence, par allusion au coq-faisan dans un pâté; 2° Heureux comme un coq en pâte, qu'il convient d'appliquer à une personne ayant toutes ses aises, qui nage en quelque sorte dans l'abondance, et cela, par allusion à un coq mis à l'engrais. C'est, je crois, pour n'avoir pas fait cette distinction jusqu'ici que l'on a toujours été dans l'embarras pour expliquer comment Heureux comme un coq en pâte a pu recevoir la double signification que l'Académie et les autres lexicographes lui attribuent. Х Première Question. Je n'ai jamais pu me rendre compte, par l'analyse ou autrement, de l'expression SAVOIR GRÉ A QUELQU'UN DE... Le gré n'est pas une chose qui s'apprenne. Je vous serais bien reconnaissant si vous pouviez me tirer de l'embarras que j'éprouve à ce sujet. L'expression dont il s'agit est fort ancienne dans notre langue, comme le montrent les exemples suivants, qui sont du XIe siècle : Ne l'en doi pas mal gré savoir. (Rom, de la Rose, p. 137.) Quant ele oï sa volente, (Marie de France, Fab. t. I, p. 354.) Aussi cette circonstance m'a-t-elle tout d'abord donné l'idée de l'explication que voici : Le dictionnaire latin de Quicherat cite l'exemple Habere grates alicui; à l'origine, le français aura sans doute dit avoir gré à quelqu'un comme il dit maintenant avoir de la reconnaissance à quelqu'un; puis, attendu qu'on prononçait je vous ai gré en faisant la liaison entre vous et ai, on aura cru, en ces temps d'ignorance, qu'il s'agissait du verbe savoir, et l'expression avoir gré à quelqu'un se trouva de cette façon transformée en celle de savoir gré... A la vérité, une objection d'une apparence assez grave se présentait contre cette solution, savoir que plusieurs langues modernes avaient la méme construction (italien : saper grado; provençal : saupré grat; allemand : einen Dank wissen; hollandais iemand dank weeten; etc.). Mais, cette objection, j'en triomphais avec le passage suivant de Génin (Variat., XXIX), qui pouvait me faire supposer que l'expression nous avait été empruntée : La France au moyen âge était le foyer d'où la lumière rayonnait sur l'Europe civilisée. De toutes les contrées on accourait aux leçons de la France: Thomas d'Acquin suit Albert le Grand du collège de Naples au collège SaintJacques; Dante exilé vient s'asseoir sur les bancs de nos écoles de théologie, et soutient une thèse brillante devant notre université; Boccace, envoyé à Paris pour y apprendre le commerce (tant nous étions alors les maîtres en tout genre), retourne à Florence la mémoire remplie de nos fabliaux, dont il ornera plus tard son Decameron. Le français était la langue universelle, indispensable. L'Angleterre et l'Ecosse parlaient français; dans l'un et l'autre pays, les actes publics étaient rédigés en français. Lorsqu'un parti voulait expulser des conseils royaux St Ulstan, evêque de Vigorgne, quel prétexte mit-il en avant? Un seul Ulstan ignorait le français, et par conséquent ne pouvait être qu'un idiot, indigne et incapable de siéger dans le conseil du roi (Matthieu Paris, ad ann. 1095). Le français prenait rang d'importance immédiatement après le latin, et ne tarda pas à le supplanter. Dès le xin siècle, Martino da Canale traduit en français l'histoire latine de Venise, « parce que la langue françoise cort parmi le monde, et est plus delitable a lire et a oir que nulle altre ». Ma joie ne devait pas être de longue durée : le Supplément de Littré, consulté en dernier lieu, m'apprit que j'étais dans l'erreur la plus profonde, le grec ayant xxptv etdevat tv, une expression identique à la nôtre, par les termes et par le sens. Toutefois, en mettant ainsi ma solution à néant, le même ouvrage m'en fournissait une autre que je vais vous faire connaître : Tous les peuples n'ont pas conçu la gratitude de la même manière, ce qui a eu pour conséquence qu'ils l'ont exprimée différemment. Ceux qui ont dit savoir gré à quelqu'un de quelque chose ont pu rendre par là l'idée de savoir qu'on avait pour quelqu'un du gré dans le cœur. On dit, par exemple, quant à moi, je sais que j'ai pour lui de la sympathie; or, on conçoit assez facilement que, moyennant une très forte ellipse, on puisse réduire cette phrase à je lui sais sympathie, expression toute semblable à celle de je lui sais gré. D'après l'historique » du dictionnaire de Littré, le mot reconnaissance dans la signification de gratitude ne daterait que du XVIe siècle; à cette époque, le mode de concevoir la reconnaissance a bien pu ne plus être le même Toutes les fois que l'on veut exprimer une action qui signifie tout le contraire d'une autre, une action qui détruise ce qu'une autre avait fait, on met dé devant le nom de cette dernière (le verbe qui l'exprime, je veux dire) ou dés si la particule de doit se trouver devant une A l'occasion, je crois, de ces vers de Racine (Phèdre, voyelle : acte IV, sc. 5): Peut-être, si la voix ne m'eût été coupée, nos grammairiens se sont évertués à établir, comme leurs en ces termes dans son édition de l'année dernière : Echapper s'appliqué particulièrement à ce qu'on dit, à ce qu'on fait par imprudence, par indiscrétion, par mégarde, par négligence; et alors il se conjugue le plus souvent avec l'auxiliaire étre. Il s'emploie souvent dans le même sens comme verbe impersonnel. Quant à moi (que l'Académie me pardonne ma franchise), je tiens cette règle complètement fausse, et je n'aurai pas de peine à le démontrer. Pris dans le sens propre, le verbe neutre échapper implique deux idées principales, celle d'un captif et celle d'un gardien; la phrase qui renferme ce verbe a pour sujet le nom du captif, et pour régime celui du gardien précédé de la préposition à avec la signification du latin a ou ab; elle a en quelque sorte pour formule générale : Le prisonnier échappe à son geôlier. De plus, ledit verbe doit toujours être conjugué avec avoir, puisqu'il exprime toujours un mouvement, le plus souvent très rapide, attribué au prisonnier : Le prisonnier a échappé à son geôlier. Passons maintenant au sens figuré, où échapper, ne l'oublions pas, ne doit point se construire autrement qu'au propre. Qu'est-ce qu'une chose qu'on dit, qu'on fait par imprudence, par indiscrétion, par mégarde et qui vous occasionne du repentir; une chose que, malgré son état attentif, l'esprit n'a pas remarquée? C'est tout simplement une sorte de prisonnier qui s'est soustrait à la surveillance de son geôlier. Or, comme dans ce sens figuré, il y a aussi bien action manifeste que dans le sens propre, il est de la plus grande évidence que le participe du verbe en question y requiert l'auxiliaire avoir, et que, par conséquent, Mais quand il s'agit d'un verbe composé de ad et d'un autre mot (attacher, arranger, apprendre, etc.), faut-il simplement mettre dés devant lui, ou substituer cette particule à ad? Je crois qu'il faut ajouter dés, et en voici la raison : J'ai dressé une liste de tous les verbes qui sont composés de la préposition ad, soit avec d disparu, soit changé en la consonne suivante; j'ai mis en regard de chacun d'eux son contraire formé de la préposition dé, et j'ai trouvé que sur 35 composés, il n'y en a que 2 qui remplacent a par dés, c'est-à-dire que la règle générale est de former les contraires, dans ces verbes, en préposant dé sans retrancher a. Or, attendu que agrafer est formé de la préposition ad et d'un radical graf ou graph, il s'en suit, à mon avis, que désagrafer doit mieux valoir que dégrafer. Je vous serais obligé de me faire savoir, dans un de vos prochains numéros, s'il est permis de mettre Jusqu'a avant le sujet d'un verbe; par exemple, si l'on peut dire « JUSQU'A ses amis l'ont désapprouvé dans cette occasion »? Nul doute que cette construction de jusqu'à ne soit parfaitement française; car en voici des exemples pris dans de bons auteurs: Jusqu'aux chevaux du Roi vivaient de feuilles, et aucun de cette nombreuse cavalerie de troupes et d'équipages ne s'en est bien remis. (St-Simon, vol. I, p. 9.) Les préceptes capitaux pour ménager son existence se trouvent réunis dans ce peu de mots; les médecins, les moralistes sensès n'ont pas raison autrement. Jusqu'aux ordonnances du docteur Sangrado y sont parfaitement conformes. (Macquart, Man, sur les propr. de l'eau, p. 463.) Où il a prêché, les paroissiens ont désertė; jusqu'aux marguilliers ont disparu. (La Bruyère, Caract. XV.) Du reste, cet emploi de jusqu'à est loin d'être difficile à expliquer. En effet, entre un verbe et son régime, jusqu'à se met à volonté pour l'adverbe d'extension même, ce que montrent ces exemples: |